L’Alaska, aujourd’hui symbole de richesses naturelles et de paysages grandioses, cache une histoire fascinante : celle de sa vente par la Russie aux États-Unis. Ce transfert, longtemps jugé absurde par l’opinion publique, s’est révélé l’un des plus grands coups de poker géopolitiques de l’histoire moderne. Plongez dans les coulisses d’un deal qui a changé la carte du monde !
Quand l’Alaska était « l’Amérique russe »

Un territoire isolé, peu peuplé et difficile à défendre
Au XVIIIe siècle, la Russie s’implante en Alaska, baptisée alors « Amérique russe ». Le territoire attire les Russes pour ses fourrures précieuses, mais reste très faiblement peuplé : à peine 2 500 Russes pour plusieurs dizaines de milliers d’Inuits et d’Amérindiens. Les activités industrielles sont rares, et la distance avec Moscou rend la gestion coûteuse et complexe. Rapidement, l’Alaska devient un fardeau stratégique pour l’Empire russe.
Un contexte géopolitique explosif

La menace britannique et la tentation américaine
Après la guerre de Crimée, la Russie craint de perdre l’Alaska au profit de la Grande-Bretagne, voisine via le Canada. Isolée, difficile à défendre et peu rentable, la colonie n’a plus la cote à Saint-Pétersbourg. Pour éviter une annexion britannique et renforcer ses liens avec les États-Unis, la Russie envisage la vente du territoire dès 1858. Mais la guerre de Sécession américaine retarde les négociations.
Les négociations secrètes et la signature du traité

Un accord historique à prix cassé
Après la guerre civile, les discussions reprennent entre le diplomate russe Edouard de Stoeckl et le secrétaire d’État américain William Seward, fervent partisan de l’expansion. Le 30 mars 1867, un accord est signé à Washington : l’Alaska et les îles Aléoutiennes sont cédés pour 7,2 millions de dollars, soit environ deux cents à l’hectare. Le transfert officiel a lieu le 18 octobre 1867 à Sitka, l’ancienne capitale russe.
Une vente impopulaire et moquée

« La folie de Seward » et la méfiance des deux peuples
En Russie, on regrette de céder un territoire potentiellement riche. Aux États-Unis, beaucoup voient dans l’achat de ce « coffre de glace » une dépense inutile. L’opération est surnommée « la folie de Seward » par ses détracteurs. Personne n’imagine alors que ce bout du monde deviendra un jour un atout majeur pour l’Amérique.
La revanche de l’Alaska : or, pétrole et puissance stratégique

Des trésors insoupçonnés révélés au fil du temps
Quelques décennies après l’achat, la découverte de gisements d’or puis de pétrole transforme l’Alaska en eldorado. Le territoire devient américain en 1912, puis État à part entière en 1959. Il joue un rôle clé lors de la Seconde Guerre mondiale et s’impose comme une pièce maîtresse de la puissance économique et militaire des États-Unis.
Pourquoi la Russie a-t-elle vraiment vendu ?

Un choix dicté par la raison… et les circonstances
Pour la Russie, la vente permet de se concentrer sur l’Extrême-Orient sibérien et d’éviter un affrontement direct avec la Grande-Bretagne. C’est aussi une manière de remplir les caisses d’un empire en difficulté, tout en gardant de bonnes relations avec les États-Unis. Mais ce choix, dicté par la géopolitique et l’économie, continue de susciter des regrets et des débats en Russie, où certains voient encore cette cession comme une erreur historique.
Un héritage qui façonne encore le monde d’aujourd’hui

L’Alaska, symbole d’opportunités et de rivalités
L’achat de l’Alaska a permis aux États-Unis de s’imposer dans le Pacifique et d’accélérer leur expansion vers l’Ouest. Il a aussi renforcé la doctrine de Monroe et marqué le recul des puissances européennes en Amérique. Aujourd’hui encore, l’Alaska reste un territoire stratégique, riche en ressources et en enjeux géopolitiques.
Conclusion : De « folie » à coup de génie

Ce qui fut longtemps considéré comme une folie s’est avéré être l’un des plus grands coups de maître de l’histoire américaine. L’Alaska, de simple « coffre de glace », est devenu un pilier de la puissance des États-Unis. Un rappel que, parfois, les paris les plus risqués peuvent transformer le destin d’un pays… et du monde entier.