Des tuiles du Kremlin aux perce-neige de Baïkonour, l’alerte est partout. Ni rumeurs ni essais discrets, ce coup-là se donne en plein jour. Le tableau noir du Trésor s’empêtre dans des zéros et l’éphéméride s’envole au rythme des billets.
Les organismes mondiaux feignent d’examiner les déchets en mer, mais le Sputnik du XXI siècle ne se soucie guère des parer. Une fraction de seconde, et l’Angleterre ou Santiago peuvent glisser au ralenti, comme un couple dansant sur du verglas. Paris tremble, Washington tweete, Pékin fronce le sourcil, mais la valse continue.
Dans les bureaux froids de Tushino, les ingénieurs calculent en roubles ce que d’autres traduisent en missiles. La hiérarchie handicape la paperasse, chaque report se transforme en grain de sable. Celui qui hésite perd sa place, et la place au sommet de la station, elle, ne se brade pas. Jetez vos latte, le vrai réveil spatial ne prend aucun café.
La Russie met le paquet, et ça sent presque le tonnerre
Les nouvelles passent comme une détonation. En 2025 Moscou prépare 317,4 milliards de roubles, puis 337 milliards pour l’année suivante. Chaque hausse représente plus de 30 % d’entrée, un record qui laisse les anciens plafonds derrière. Pendant ce temps le budget militaire spatial, jamais vraiment montré au grand jour, se gonfle discrètement dans l’ombre des autres tableaux. Le Kremlin, même avec l’inflation à 9 %, injecte des milliards pour éviter de montrer une faiblesse. Chaque rouble devenu une menace pour ses rivaux, une pierre dans l’eau de la concurrence mondiale. Ce n’est pas un rêve budgétaire, c’est un plan de conquête qui avance sans freins.
La militarisation de l’espace : le nerf de la guerre
De plus en plus, Moscou verse ses milliards dans des fusées de guerre au lieu de télescopes d’amour. Les projets spatiaux russes s’épaississent sous l’armure, et chaque caissier de la Défense relit le même chèque. En toile de fond, l’espace passe d’un simple laboratoire à une salle de commandement ancrée dans l’azur. Les experts jurent que chaque lancement raconté au journal de 20 heures camoufle un bunker. Aucun fil, aucun boulon, aucun risque n’échappe à la calculette froide du Kremlin. Un satellite au plafond devient, selon les conseillers, une douzaine d’yeux sur les épaules du voisin. S’étonner qu’un tel ciel soit dit imprenable, c’est oublier que l’argument est encore plus lourd que le métal qui y flotte.
Russie dans l'Espace : une station qui veut défier le ciel

La Russie se prépare à bâtir sa propre forteresse orbitale. Le projet, baptisé ROSS, a des dates claires sur le calendrier : un premier module part en 2027 et quatre autres suivront jusqu’à 2033. En les assemblant, les ingénieurs espèrent créer un X géant au-dessus de nos têtes. Chaque pièce de métal symbolise une volonté de quitter le statut de locataire sur l’ISS.
À 400 kilomètres du sol, ROSS deviendra un vrai quartier général russo-céleste. Le site devra servir de laboratoire mais aussi de poste de surveillance stratégique. Sa trajectoire héliosynchrone filmera et cartographiera l’ensemble du globe sans laisser de zone morte.
Le budget prévu dépasse les sept milliards de dollars, une somme énorme mais jugée nécessaire pour contrôler l’artère maritime du Nord. Les décideurs parlent d’économie de données autant que de rusé contre-espionnage.
Russie et ISS : Une rupture dans le ciel
La Russie vient d’annoncer, dans un timing qui ne laisse personne de marbre, qu’elle va couper le cordon avec la Station spatiale internationale. On ne parle pas d’une rupture en louches, mais bien d’une décision sur la table de mission. Entre 2028 et 2031, le ballet des Soyouz et des Progress tirera son dernier rideau. Le dernier Soyouz embarquera ses cosmonautes en 2029, le dernier cargo MS rentrera en 2030, et ça, c’est le vrai clap de fin.
Derrière cet adieu programmé, se cachent des ambitions brutales. Une nouvelle flotte de Progress-ROS doit prendre la suite, et elle emportera tout le monde vers une orbite inclinée à 96,8 degrés. Oui, c’est presque le double d’exposition aux radiations, et oui, la Russie en redemande. Pour Moscou, le danger n’est plus un frein, c’est un champ de bataille qu’on doit, littéralement, défier.
Elle n’annonce pas une transition, elle clame une déclaration d’indépendance. Plus question de brader ses projets à des accords jalousement partagés ou à des petites règles plantées par d’autres. La route, les règles et le chrono sont désormais dessinés à l’intérieur du pays. Le reste de la planète peut essayer de suivre son rythme, ou, plus brutalement, dégager le passage.
Constellations et connectivité : Sfera, la riposte russe à Starlink

Sur un écran lumineux, Sfera apparaît moins comme un acronyme que comme un gros point de repère. C’est l’Internet des objets que Moscou veut planter au-dessus de nous.
D’ici à 2030, 360 satellites sont censés sauter en orbite et jeter un filet numérique russe autour de la Terre. Le projet promet d’acheminer des appels, de surveiller les forêts et de garder le contact même dans les coins oubliés de l’Arctique.
Pour les chefs d’État, Sfera sonne comme une réponse directe à Starlink et OneWeb. Les services de renseignement, eux, parlent d’une indépendance numérique qui réveille les vieux rêves de la guerre froide.
Sur les listes de lancement, des dizaines de noms sportifs s’entassent – y compris Yamal, Express, Skif, ou plus bizarre encore, Marathon. Chaque engin, chaque orbite, chaque puce est un claquement de porte sur la dépendance au matériel occidental.
Ceux qui tracent les courbes dans les rapports militaires ne cachent pas leur défi : la Russie ne veut plus être cliente, elle veut livrer la marchandise, elle veut marquer des points. Même les pirates du net, annonce-t-on dans les couloirs de l’industrie, pourraient bientôt devoir négocier avec ce ciel tout nouveau.
Sfera, en fin de compte, n’est pas qu’une question de Wi-Fi au-dessus des taïgas. C’est la bataille pour les données, la conquête des esprits, et autant le dire franchement, une guerre de réseaux.
Alliances qui bousculent l’ordre mondial
Le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, et bien d’autres nations africaines poussent à un nouvel agenda. Pendant ce temps, la Russie tisse sa toile avec soin. Chaque contrat, chaque sommet compte.
Les scientifiques russes parlent déjà d’une station lunaire conjointe avec Pékin. Le projet fait du bruit même au milieu des sanctions. Les dirigeants étrangers défilent au cosmodrome de Vostotchny pour ne rien rater.
Les mesures en orbite dépassent le simple tourisme spatial. Cela ressemble davantage à une diplomatie en apesanteur. Les observateurs, eux, notent une tentative de briser l’isolement.
Entre-temps, Moscou exporte son modèle technique et stratégique. Elle drague, elle rallie, et parfois elle impose.
Le paysage mondial est en train de changer lentement mais sûrement. Un nouvel équilibre se dessine, et la Russie, actrice principale de ce ballet, semble en mouvement.
Un regard sur l'Innovation militaire russe

Les stratèges rêvent parfois d’un futur où l’armement et découverte se croisent. En Russie, ce rêve prend forme sous le nom de ROSS. Une station qui ne surveille pas seulement une constellation, mais qui ajuste et ordonne en plein ciel. Les ingénieurs parlent d’ubiquité et de vitesse, et beaucoup en Occident se frottent les yeux.
Chaque progrès en mécanique, en électronique ou même en boulonnerie se télécharge maintenant sous l’abréviation militaire. Un algorithme devenu civil peut, du jour au lendemain, piloter un escadron de drones. L’enjeu n’est plus seulement d’innover, mais de rafraîchir sans cesse le brevet avant la conférence de presse. La Défense russe, au fond, investit autant pour ne pas être prise au dépourvu que pour frapper.
L’orbite, autrefois royaume de la science apolitique, se redessine en plateau de jeu. Une brèche, même invisible, peut coûter cher. Une avance, si chuchotée soit-elle, s’étale la minute suivante.
Fusées, Roubles et Révélations
En 2024, Moscou parle de plus de 40 lancements – c’est presque le double de 19 et ça donne le tournis. Quand on écoute les planificateurs, ça sonne comme une compétition où l’on serait obligé de doubler les adversaires pour rester debout.
Derrière les images, l’industrie des satellites s’extrait de l’archaïsme. De nouvelles fusées sortent des halls, les cosmodromes sont relookés et l’électronique embarquée, reconvertie vers l’usage militaire, rafle tous les budgets. Sur chaque chantier, un badge d’ingénieur ouvrier prouve qu’on est dans l’équipe, et chaque rouble investi prouve qu’on a compris le sermon du Kremlin : la deuxième place n’existe pas. Les avertissements tombent en rafale : celui qui tarde à appuyer sur le décollage recule, si ce n’est pas la mort, c’est l’oubli.