Bien avant la télévision ou les films de fantômes, la peur était présente dans le quotidien. Elle se manifestait par le bruit d’un objet raclant un plancher en bois lorsque personne d’autre n’était à la maison, ou par un second regard sur un visage qui ne semblait plus tout à fait humain. Le folklore japonais le plus ancien ne s’appuyait pas sur le spectacle. Il s’agissait d’histoires chuchotées dans l’obscurité, enveloppées de rituels, de pertes ou de vengeance. En voici vingt qui conservent un poids silencieux et obsédant.
1. Teke-Teke

On dit qu’elle est l’esprit d’une jeune fille coupée par un train et qu’elle traîne son torse avec une persistance qui fait froid dans le dos. Son nom imite le bruit de raclement qu’elle fait en rampant près des toilettes ou des gares. C’est dans ces endroits qu’elle terrorise ses victimes.
2. Kuchisake-Onna

Dans la légende de Kuchisake-onna, une simple question peut s’avérer mortelle. Une femme dont le visage est fendu de façon grotesque demande si elle est belle. Une mauvaise réponse entraîne une attaque aux ciseaux. Ses origines remontent au folklore de la période Edo.
3. Enenra

Enenra est un yokai formé d’une fumée sombre, qui s’élèverait des feux de joie selon des textes de la période Edo comme le Konjaku Hyakki Shūi (1781). Bien qu’il soit souvent vu sous une forme humanoïde, il reste insubstantiel et à la dérive. Seuls les cœurs purs peuvent percevoir sa forme.
4. Aka Manto

Les toilettes de l’école deviennent des pièges mortels dans le conte d’Aka Manto. Ce fantôme vêtu de rouge propose un choix apparemment simple : du papier rouge ou du papier bleu. Les deux options aboutissent à la mort. Le seul moyen de s’en sortir est de refuser de répondre ou de ne choisir ni l’un ni l’autre.
5. Yuki-Onna

Dans les régions montagneuses, les voyageurs parlent de Yuki-onna, la femme des neiges qui apparaît vêtue de blanc pendant les blizzards. Parfois clémente avec les innocents, elle est surtout connue pour geler les victimes par sa seule présence. Enregistrée pour la première fois au cours de la période Muromachi, sa légende perdure à travers les siècles.
6. Ubume

Ubume est le fantôme d’une femme morte en couches. Profondément ancrée dans le folklore bouddhiste, elle est souvent vue en train de pleurer ou trempée dans le sang. Dans plusieurs versions, elle offre son bébé à des étrangers, mais celui-ci devient incroyablement lourd ou se transforme en pierre.
7. Rokurokubi

Le jour, Rokurokubi semble être une femme ordinaire. La nuit, son cou s’allonge anormalement, se faufilant à travers les pièces, espionnant ou léchant l’huile de lampe. La dualité de son existence crée une horreur à plusieurs niveaux : une horreur qui remet en question l’identité et la face cachée de ceux que l’on croit connaître.
8. Yamamba

Au fin fond des montagnes, les contes parlent de Yamamba : la sorcière des montagnes. Elle dévore les voyageurs égarés. Parfois, elle se déguise en vieille femme inoffensive. Dans certaines histoires, elle nourrit même l’enfant-héros Kintarō. Associée aux grottes et aux chemins envahis par la végétation, Yamamba est à cheval entre la menace et la mère.
9. Tōfu-Kozō

Tōfu-Kozō est un esprit enfantin que l’on aperçoit souvent durant les nuits pluvieuses, portant tranquillement une assiette de tofu. Le tofu lui-même est faussement inoffensif ; ceux qui le mangent peuvent tomber malades. Parfois vu avec des parapluies, ce yokai cause rarement des dommages directs.
10. Noppera-Bō

Vous saluez quelqu’un sur un chemin tranquille et vous voyez son visage disparaître sous vos yeux. C’est le cœur de la légende du Noppera-bō : un fantôme sans visage qui semble humain jusqu’à ce qu’un second regard révèle une peau vierge. Bien qu’il ne cause aucun dommage physique, le Noppera-bō se nourrit de la peur et de la confusion.
11. Jorōgumo

Elle attend dans des endroits où personne ne s’attarde et apparaît comme une femme gracieuse. Mais Jorōgumo est tout sauf inoffensive. Yokai issue de la tradition arachnéenne, son nom signifie « fiancée ligotée » L’illusion prend fin lorsque ses victimes sont prises au piège dans la soie.
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13. Akaname

Son nom se traduit littéralement par « lécheur d’immondices », un démon dont on dit qu’il surgit dans les endroits sales et traîne sa langue sur les murs humides et les baignoires. Apparaissant dans les parchemins de la période Edo, il avait une fonction étrange : faire honte aux personnes impures. Bien qu’il ne soit pas malveillant, son apparence grotesque continue de troubler.
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15. Shirime

Shirime est un esprit dont l’œil est placé là où aucun œil ne devrait se trouver : là où le soleil ne brille pas. Sa description remonte à des anecdotes du XVIIIe siècle à Edo. La créature a surpris un samouraï errant simplement en se retournant. Malgré son absurdité, elle ne fait aucun mal, se contentant de choquer.
16. Nurarihyon

Il se glisse dans les maisons sans bruit et agit comme s’il était à sa place. Nurarihyon, personnage âgé à la tête en forme de calebasse, représente un intrus qui se comporte comme le maître. D’apparence inoffensive, sa présence dérange. Au fil du temps, il a acquis une réputation de chef yokai.
17. Oni

Massifs et souvent rouges ou bleus, les Oni sont les archétypes des démons japonais. Maniant des massues de fer et habitant des montagnes infernales, ils sont dotés d’une force brute et d’un pouvoir de rétribution. Ils apparaissent dans le folklore comme des punisseurs du mal ou des porteurs de chaos. Lors du festival Setsubun, des haricots sont lancés pour les chasser.
18. Mokumokuren

Cet esprit « aux yeux multiples » se cache dans le papier usé des écrans shoji. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le papier déchiré pour que des dizaines d’yeux clignotent à leur tour. Cette entité remonte à la tradition du Tsukumogami, selon laquelle les objets acquièrent des esprits après une longue utilisation. La réparation du papier peut apporter un soulagement temporaire, mais les yeux reviennent souvent.
19. Futakuchi-Onna

Une femme mange peu, mais la nourriture disparaît. Sous ses cheveux se cache une deuxième bouche : elle mord et demande à être nourrie. Futakuchi-onna apparaît souvent dans des histoires de cupidité ou de privation, nées d’une avarice extrême ou d’une retenue contre nature. Ses cheveux peuvent bouger comme des membres, soulevant la nourriture dans la bouche affamée.
20. Uwan

Parfois, le plus effrayant n’est pas ce que l’on voit, mais ce que l’on entend. Uwan est une voix désincarnée, connue pour crier son propre nom – « Uwan ! » – dans les bâtiments hantés ou les ruines de temples. Découvert dans le rouleau de yokai du XVIIIe siècle Hyakkai Zukan, cet esprit peut être le gardien de lieux sacrés ou maudits.