20 faits scandaleux sur Julie D’Aubigny, Mademoiselle La Maupin

Il faut savoir que de nombreux détails de la vie de Julie ont été rendus sensationnels par l’art, et que les faits dont nous disposons sont tellement sensationnels qu’il est parfois difficile d’y croire. Nous connaissons l’année de sa naissance – 1673 – mais pas le jour. Nous ne disposons pas non plus d’informations sur sa mère.

Comme le savent probablement tous ceux qui ont essayé de faire des recherches sur l’histoire de leur famille, l’orthographe historique n’est pas toujours facile. Au cours de sa vie, Julie a également été appelée Émilie, Julie-Émilie ou Julia. La plupart des sources contemporaines l’appellent La Maupin ou Mademoiselle Maupin, son nom professionnel (oui, même les artistes mariées étaient appelées Mademoiselle).

Si Julie ne fait pas partie de la noblesse, elle grandit à proximité de celle-ci. Son père, Gaston, est secrétaire du Maître de cheval du roi. Dès l’âge de 9 ans, Julie grandit à la cour de Versailles.

Gaston d’Aubigny était un penseur avant-gardiste selon les critères modernes. Grâce aux ressources de sa cour, il donne à son unique enfant l’éducation que tout noble reçoit. Outre la lecture, l’écriture, le dessin, la danse et le chant, Julie est entraînée à l’athlétisme.

Plus précisément, Julie s’est entraînée à l’escrime. Si l’escrime n’était pas inconnue des jeunes filles, elle n’était certainement pas courante. À l’âge de 12 ans, elle a commencé à pratiquer l’escrime en compétition et pouvait surpasser ses pairs masculins.

Julie est aussi une sorte de prodige en matière d’amour. À 14 ans, elle attire l’attention du comte d’Armagnac, beaucoup plus âgé qu’elle. Pour étouffer l’affaire, l’adolescente Julie est rapidement mariée à un autre homme plus âgé, un timide collecteur d’impôts.

Nous n’avons pas mentionné que Julie portait des pantalons pendant son entraînement à l’escrime et qu’elle continuait à les porter en dehors des duels. Il convient de noter que si Julie a trouvé les vêtements masculins confortables et pratiques, elle n’a jamais tenté de se faire passer pour un homme. Elle était simplement une femme en pantalon.

Comme tous les artistes, Julie et Séranne sont soumises au chahut. Un spectateur particulièrement éméché insiste sur le fait que Julie ment sur son sexe, car elle est trop douée en escrime pour être une femme. En réponse, elle déchire son chemisier pour prouver qu’elle l’est.

En plus de l’escrime, Julie a ajouté le chant à sa liste de performances. Bien qu’elle ait reçu une certaine éducation musicale, elle n’est en aucun cas une musicienne de formation. Néanmoins, l’incroyable voix de Julie lui permet de décrocher un rôle à l’Opéra de Marseille.

Julie avait une tessiture étonnante et pouvait chanter à peu près tout ce qui était écrit pour les femmes, du soprano aigu au contralto grave. À cette époque, l’opéra en était à ses balbutiements et la plupart des rôles féminins étaient des sopranos. Si Julie pouvait atteindre ces notes, sa tessiture naturelle était beaucoup plus basse, et les compositeurs ont donc écrit des parties plus graves pour elle, introduisant ainsi officiellement le contralto.

Outre sa personnalité effrontée, son jeu d’épée et son travestissement, il y a un autre élément qui a fait de la vie de Julie un sujet de scandale : elle était bisexuelle. Tout au long de sa vie, Julie a eu de nombreuses relations avec des hommes et des femmes, qu’il s’agisse d’aventures ou de relations à long terme.

Lorsque la première femme dont Julie est tombée amoureuse est envoyée au couvent par des parents désapprobateurs, Julie n’a d’autre choix que de la suivre. Après une pause sur scène, Julie se rend à Avignon en tant que postulante… avec des projets d’évasion. Une nuit, Julie laisse le corps d’une religieuse récemment décédée dans le lit de son amie, met le feu au couvent et s’échappe main dans la main avec son amant.

Comme vous pouvez le deviner, le gouvernement n’a pas été très satisfait de cette affaire et a inculpé Julie par contumace de toute une série de chefs d’accusation : enlèvement, vol de corps et incendie criminel. Ils l’ont également inculpée en tant qu’homme, ne pouvant croire qu’une femme puisse en enlever une autre. La punition est le bûcher public, mais Julie s’échappe, comme elle le fait toujours.

Julie n’a jamais caché qui elle aimait. Lors d’un bal royal (auquel elle assistait en habits d’homme, bien sûr), elle embrassa une noble au vu et au su de toute la cour. Outrés, trois des prétendants de la noble femme ont défié Julie en duel. Elle accepta, se battit contre les trois en même temps et retourna au bal.

Prise pour un homme par le comte d’Albert, Julie est provoquée en duel, et son épée transperce l’épaule de son adversaire. Julie s’en veut, soigne le comte et devient son amante. Bien que l’idylle n’ait pas duré, les deux hommes sont restés amis toute leur vie.

Une chose que nous avons commodément oubliée de mentionner est que le duel était illégal pendant toute cette période ! Julie a été graciée deux fois par le roi : d’abord pour l’incident du couvent, puis pour l’affaire du duel avec trois hommes en même temps. Il semblerait que le roi lui ait accordé son pardon parce qu’il trouvait Julie amusante.

Vers la fin de sa vie, Julie se rend dans un autre couvent, cette fois-ci volontairement. Bouleversée par la mort de son dernier amant, la marquise de Florensac, Julie s’est retirée dans un couvent. Il semble qu’après une vie tourbillonnante, elle ait enfin cherché le calme.

Après deux ans au couvent, Julie est décédée à l’âge de 33 ans. Il semble surprenant qu’une jeune femme aussi dynamique et audacieuse ait terminé sa vie non pas à la pointe de l’épée, mais dans une vie de contemplation tranquille. Néanmoins, le souvenir de Julie n’a jamais vraiment disparu.