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Donald Trump, ce président qui a bâti sa réputation sur la force brute et les menaces à peine voilées, fait aujourd’hui le pari le plus risqué de sa carrière politique. Fini les provocations militaires, fini les gesticulations guerrières qui ont marqué ses précédents mandats. L’homme qui a rebaptisé le Département de la Défense en « Département de la Guerre » le 5 septembre dernier opère désormais un virage à 180 degrés. Sa cible ? Le prix Nobel de la paix 2025, cette récompense qui lui échappe depuis des années et qui ronge son ego surdimensionné.

Cette transformation radicale du tempérament trumpien n’est pas le fruit du hasard. Avec seulement 11 à 14% de chances selon les plateformes de paris Polymarket et Kalshi, Trump sait que chaque geste compte. Chaque déclaration martiale pourrait anéantir ses espoirs de rejoindre le cercle très fermé des quatre présidents américains lauréats du Nobel. Barack Obama l’a eu après huit mois seulement… Cette injustice historique le hante, le consume, le transforme.

La métamorphose d’un va-t-en-guerre

Le paradoxe est saisissant. Trump, celui qui menaçait Putin de conséquences « très sévères » s’il ne mettait pas fin au conflit ukrainien, retient aujourd’hui ses ardeurs belliqueuses. L’homme qui a déployé des Marines actifs à Los Angeles sans l’autorisation du gouverneur—première fois en soixante ans qu’un président agit ainsi—freine subitement ses pulsions autoritaires. Cette retenue calculée révèle l’ampleur de son obsession pour Oslo.

Les marchés financiers l’ont d’ailleurs bien compris. Selon Oddspedia, Trump partage la première place des favoris avec Yulia Navalnaya, veuve d’Alexeï Navalny, chacun affichant 28,6% de probabilités de remporter le prix. Cette ascension fulgurante depuis les misérables 10,6% de juillet témoigne de l’efficacité de sa nouvelle stratégie pacifiste. Shing Mon Chung d’Oddspedia l’analyse sans détour : « Trump est un candidat actif pour le prix. Quand un président américain rencontre Poutine sur le sol américain pour la première fois en une décennie, les traders y prêtent attention. »

Les guerres fantômes de Donald Trump

Trump revendique avoir « arrêté sept guerres » durant ses premiers mois de mandat, une affirmation aussi audacieuse que controversée. Sa liste inclut des conflits entre Israël et l’Iran, le Rwanda et la République démocratique du Congo, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ou encore la Thaïlande et le Cambodge. Certains de ces « conflits » n’étaient même pas des guerres à part entière, selon les experts en politique étrangère interrogés par CBS News.

Le cas israélo-iranien illustre parfaitement cette stratégie de communication. Après que Israël ait attaqué les installations nucléaires iraniennes en juin, un conflit de douze jours a fait environ 28 morts israéliens et des centaines de morts iraniens. Trump s’attribue le mérite du cessez-le-feu, affirmant avoir ordonné des frappes américaines sur les sites d’enrichissement d’uranium iraniens tout en pressant Netanyahu de retenir ses forces. Une victoire diplomatique qui gonfle son dossier Nobel, même si les tensions persistent.

La stratégie du renoncement calculé

Cette transformation comportementale de Trump n’échappe à personne à Washington. L’homme qui flirtait ouvertement avec l’idée de déployer 10 000 soldats en service actif sur le territoire américain, selon son ancien secrétaire à la Défense Mark Esper, se montre désormais d’une prudence inhabituelle. Ses conseillers de la première heure, ceux qui le freinaient dans ses pulsions militaristes, ont disparu du paysage. Pourtant, Trump résiste à ses démons guerriers.

Cette retenue stratégique transparaît même dans ses déclarations publiques. Interrogé par The Daily Caller s’il « désirait ardemment » le prix Nobel de la paix, Trump a répondu avec une fausse modestie calculée : « Non. Je veux juste être traité équitablement… Je ne peux même pas répondre à cette question parce que ça sonnerait terriblement. Supposons que j’aie dit oui, je le désire ardemment. Oh s’il vous plaît. Je ne peux pas dire ça. » Une dénégation qui confirme l’ampleur de son obsession.

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