La tragédie a toujours exercé un attrait étrange. Le public ne vient pas pour les fins heureuses – il vient pour voir les personnages trébucher et faire face à des conséquences qui échappent à tout contrôle. Les histoires sont dramatiques, souvent brutales, et parfois inconfortablement racontables. Nous voyons l’ambition, l’amour, l’orgueil et la trahison exploser sur la page, nous rappelant à quel point la brillance et le désastre sont souvent proches l’un de l’autre. Voici donc 20 des plus grandes tragédies jamais écrites, et les raisons pour lesquelles elles retiennent encore notre attention aujourd’hui.
1. Médée (Euripide)

Lorsque la pièce Médée d’Euripide a été présentée pour la première fois au festival de Dionysos en 431 avant notre ère, elle a bouleversé le public athénien. Au cœur de la pièce se trouve Médée, une sorcière étrangère abandonnée par Jason, qui cherche à se venger de sa trahison. Le point culminant de la pièce, au cours duquel elle doit faire un choix difficile concernant ses enfants, a choqué les spectateurs de l’Antiquité.
2. Agamemnon (Eschyle)

Agamemnon d’Eschyle présente le retour difficile du roi Agamemnon après la guerre de Troie. Ce retour s’assombrit rapidement, car Clytemnestre, toujours aigrie par le sacrifice de leur fille Iphigénie, se venge. Cette tragédie aborde les thèmes de la vengeance, de la justice divine et de la transformation politique.
3. La tragédie espagnole (Thomas Kyd)

L’intrigue de cette pièce suit Hieronimo dans sa quête de vengeance pour son fils. Elle a introduit le « fantôme de la vengeance » et la structure de la pièce dans la pièce. Très populaire auprès du public du XVIe siècle, elle a inspiré Hamlet de Shakespeare et a fait de la tragédie de la vengeance une forme dominante.
4. Hamlet (William Shakespeare)

Peu d’œuvres illustrent aussi bien la lutte humaine que Hamlet de Shakespeare, où le prince troublé se débat avec la vengeance après le meurtre de son père par Claudius. La demande obsédante de justice d’un fantôme met le feu aux poudres, mais l’hésitation d’Hamlet et son soliloque emblématique « To be or not to be » révèlent des questions plus profondes sur l’existence.
5. Bussy D'Ambois (George Chapman)

Dans Bussy d’Ambois, George Chapman transforme l’histoire vraie d’un audacieux courtisan français en un récit d’ambition et de ruine. Le courage et l’esprit de Bussy le propulsent vers le haut, mais sa liaison avec Tamyra, la femme du comte Montsurry, déclenche une intrigue mortelle. La trahison scelle son destin, laissant sa fierté écrasée dans la tragédie.
6. La duchesse de Malfi (John Webster)

En son centre se trouve la duchesse, une femme noble qui défie l’autorité de ses frères corrompus en contractant un mariage secret, ce qui l’entraîne sur une voie tragique. En bref, l’imagerie saisissante et l’intensité psychologique de Webster explorent les thèmes de l’autonomie féminine avec une force troublante.
7. Venise préservée (Thomas Otway)

Au milieu des canaux ombragés de Venise, la pièce Venice Preserv’d de Thomas Otway tisse une histoire où la trahison politique entre en collision avec l’amour. La dévotion de Jaffeir et Belvidera résiste à la conspiration et à la corruption, et la profondeur émotionnelle de la pièce lui vaut d’être considérée comme l’une des tragédies les plus durables du théâtre de la Restauration.
8. Horace (Pierre Corneille)

L’histoire d’un duel entre les frères Horatii et Curiatii révèle un conflit où la loyauté familiale s’oppose au devoir patriotique. Les thèmes de l’honneur stoïque l’emportant sur les liens affectifs donnent à cette tragédie tout son poids, et son impact durable a contribué à façonner l’identité culturelle.
9. Marie Stuart (Friedrich Schiller)

La chute d’une reine occupe le devant de la scène dans Mary Stuart, où l’emprisonnement et l’exécution finale façonnent une tragédie de pouvoir et de rivalité. La confrontation imaginée avec Élisabeth Ire aiguise le conflit et met en lumière la question de l’isolement des femmes au pouvoir.
10. Faust (Johann Wolfgang Von Goethe)

Le Faust de Goethe a occupé plus de cinquante ans de sa vie. L’histoire suit l’érudit Faust qui, insatisfait des connaissances terrestres, conclut un pacte fatidique avec Méphistophélès à la recherche de vérités plus profondes. Il mêle philosophie, magie et morale dans un récit qui continue de troubler et d’inspirer.
11. Les voleurs (Friedrich Schiller)

Dans Les voleurs, Schiller présente un affrontement passionnant entre deux frères : Karl, animé par de nobles idéaux, et Franz, rongé par la corruption. Créée à Mannheim, la pièce a déclenché des émeutes par son audacieuse attaque contre l’autorité. Elle a également alimenté les visions romantiques de liberté et de révolte.
12. La marque (Henrik Ibsen)

Brand suit un prêtre consumé par un idéalisme intransigeant, exigeant un sacrifice absolu de lui-même et des autres. Dans un décor norvégien austère, sa vision morale rigide se heurte à la faiblesse humaine, qui détruit sa famille et sa communauté.
13. Le deuil devient Électre (Eugène O'Neill)

Sous l’ombre de la guerre et des malédictions familiales, la trahison empoisonne tous les liens de cette histoire. L’amour tourne à l’obsession et chaque personnage se retrouve prisonnier d’un cycle de culpabilité inéluctable. Même le poids des péchés ancestraux entraîne la famille vers une destruction inévitable.
14. La mort d'un commis voyageur (Arthur Miller)

Un vendeur en difficulté s’accroche à des rêves qui s’évanouissent tandis que la réalité se referme sur lui. Sa quête incessante du succès le rend aveugle à l’amour et à la vérité au sein de sa famille. Bientôt, les promesses non tenues et les ambitions vaines sont dévoilées, jusqu’à ce que le poids de l’échec entraîne tout vers un effondrement déchirant.
15. Long Day's Journey Into Night (Eugene O'Neill)

Cette pièce se déroule sur une seule journée, alors qu’une famille se débat sous le poids de la dépendance, de la maladie et du ressentiment. Chaque échange révèle une douleur enfouie, l’espoir étant constamment assombri par le désespoir. De plus, la tragédie réside dans le fait de voir l’amour s’enchevêtrer dans le blâme.
16. Les dynastes (Thomas Hardy)

Drame en vers d’une grande ampleur, The Dynasts présente une scène qui s’étend à travers l’Europe alors que les guerres napoléoniennes se déroulent dans des batailles tonitruantes et des conseils désespérés. Les soldats marchent et des esprits invisibles les observent d’en haut. Enfin, chaque triomphe porte en lui les germes de la destruction, jusqu’à ce que le destin lui-même apparaisse comme le véritable maître.
17. Comtesse Cathleen (W.B. Yeats)

Dans une Irlande frappée par la famine, une noble femme est confrontée au désespoir alors que des paysans vendent leur âme à des étrangers démoniaques pour survivre. Pour les sauver, elle sacrifie sa propre âme, embrassant la perte éternelle pour leur délivrance. La tragédie réside dans sa rédemption par la ruine, mêlant le mythe et la foi aux thèmes du sacrifice.
18. Les Suppliants (Eschyle)

Au lieu de mettre en avant une seule figure héroïque, la pièce est centrée sur les Danaïdes, un chœur de femmes fuyant un mariage forcé et demandant l’asile à Argos. Ce faisant, Eschyle explore les idées de justice divine et les droits des réfugiés.
19. Ion (Euripide)

Composée vers 414 avant notre ère, Ion se déroule au temple d’Apollon à Delphes, où un jeune serviteur du temple découvre peu à peu la vérité sur sa noble ascendance. Contrairement aux spectacles sanguinolents que l’on trouve souvent dans les œuvres d’Euripide, cette pièce privilégie la réconciliation et la découverte plutôt que la destruction.
20. Les femmes de Trachis (Sophocle)

Héraclès à Trachis met en lumière non pas les conquêtes du héros, mais ses souffrances et les erreurs humaines qui scellent son destin. Au cœur de cette histoire se trouve Deianira, dont la tentative désespérée de conserver l’amour de son mari l’amène à lui offrir un vêtement empoisonné.