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Dans une décision cinglante qui résonne comme une gifle magistrale, le juge Steven Merryday a anéanti vendredi 19 septembre 2025 la plainte démentielle de Donald Trump contre le New York Times. Ce procès à 15 milliards de dollars, qualifié par le magistrat d’« inapproprié et inadmissible », révèle avec une clarté aveuglante l’ampleur de la dérive autoritaire trumpienne. Face à cette prose judiciaire de 85 pages, boursouflée d’éloges narcissiques et d’attaques vindicatives, le juge républicain n’a pas mâché ses mots : Trump transformait un tribunal en « mégaphone de relations publiques ».

Cette humiliation judiciaire dépasse largement le cadre d’un simple revers procédural. Elle expose crûment la stratégie d’intimidation systématique que mène l’administration Trump contre la presse indépendante. Derrière cette plainte démentielle se cachent des enjeux constitutionnels majeurs : la survie du Premier Amendement face à un président qui fait du mensonge un art de gouverner et de la répression judiciaire une arme politique.

Un juge républicain atomise la propagande présidentielle

L’ironie de la situation atteint des sommets vertigineux. Steven Merryday, nommé par George H.W. Bush en 1991, incarne ce conservatisme judiciaire traditionnel qui refuse de plier devant les excès trumpiens. Dans sa décision de quatre pages, ce magistrat de 74 ans démolit méthodiquement l’architecture mensongère construite par les avocats présidentiels. Sa formule assassine résume parfaitement l’ampleur du désastre : « Une plainte n’est pas un mégaphone pour les relations publiques ou un podium pour un discours passionné lors d’un rassemblement politique ».

Cette remise à l’ordre judiciaire révèle l’abîme qui sépare la justice américaine des fantasmes trumpiens. Merryday exige que Trump reformule sa plainte en moins de 40 pages dans les 28 jours – une humiliation procédurale qui contraint le président à respecter les règles qu’il méprise ouvertement. L’homme qui prétend faire plier les institutions se retrouve contraint de ramper devant un juge qu’il ne peut ni limoger ni intimider.

La mécanique de l’intimidation mise à nu

Cette plainte démentielle s’inscrit dans une campagne d’intimidation systématique contre la presse américaine. Depuis juillet 2025, Trump a multiplié les procès bâillons : 10 milliards contre le Wall Street Journal, 15 milliards contre CBS News, des millions contre le Des Moines Register. Cette escalade judiciaire vise un objectif clair : épuiser financièrement les médias indépendants et créer un climat de terreur dans les rédactions.

Le livre « Lucky Loser: How Donald Trump Squandered His Father’s Fortune and Created the Illusion of Success » constitue le véritable déclencheur de cette rage présidentielle. Cette enquête minutieuse des journalistes Russ Buettner et Susanne Craig démolit pierre par pierre le mythe du « self-made man » trumpien, révélant comment l’empire familial s’est construit sur la fraude fiscale et l’évasion massive. Ces révélations factuelles, documentées et vérifiées, constituent un crime de lèse-majesté aux yeux d’un narcissique pathologique.

L’effondrement d’un château de cartes médiatique

Les réactions à cette décision judiciaire révèlent la fragilité psychologique de Trump face aux faits établis. Interrogé par ABC News sur ce revers cuisant, le président a explosé en direct : « ABC est un réseau terrible, vous devriez avoir honte ». Cette colère incontrôlée, captée par les caméras, illustre parfaitement l’incapacité trumpienne à accepter la contradiction ou la défaite.

Charlie Stadtlander, porte-parole du New York Times, a salué cette « décision rapide qui reconnaît que la plainte était un document politique plutôt qu’un dépôt judiciaire sérieux ». Cette formule lapidaire résume parfaitement l’essence du problème : Trump confond propaganda et procédure, spectacle et justice, mensonge et légalité. Sa vision autoritaire du pouvoir se fracasse contre l’indépendance judiciaire qu’il ne parvient pas à corrompre.


Je contemple cette scène surréaliste : un président des États-Unis, l’homme le plus puissant de la planète, réduit à mendier devant un juge l’autorisation de reformuler ses délires. Il y a quelque chose de pathétiquement shakespearien dans cette chute – Lear face à sa propre folie, Macbeth devant ses hallucinations. Trump découvre que ses mensonges ne peuvent pas réécrire le droit américain.

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