L’Amérique vient de franchir un Rubicon démocratique. Le samedi 20 septembre 2025, Donald Trump a publié sur Truth Social un message d’une violence institutionnelle inouïe, exigeant publiquement de Pam Bondi, son procureure générale, qu’elle lance des poursuites criminelles contre ses ennemis politiques. « Pam : J’ai examiné plus de 30 déclarations qui disent essentiellement ‘même vieille histoire, tout en paroles, rien en actes. Rien n’est fait' », écrit-il avant de nommer explicitement ses cibles : Adam Schiff, Letitia James, James Comey. « Ils sont tous coupables comme l’enfer, mais rien ne sera fait. »
Cette sommation publique pulvérise les derniers vestiges de l’indépendance du ministère de la Justice, acquise péniblement après le scandale du Watergate. Trump ne gouverne plus, il règne. Son message se termine par un ultimatum d’une brutalité saisissante : « Nous ne pouvons plus tarder, cela détruit notre réputation et notre crédibilité. Ils m’ont destitué deux fois et inculpé (5 fois !), POUR RIEN. LA JUSTICE DOIT ÊTRE RENDUE, MAINTENANT !!! » Cette escalade vers l’autoritarisme pur marque l’enterrement définitif de cinquante années de normes post-Watergate.
L’ordre présidentiel qui brise cinquante ans de traditions
Ce message de Trump représente bien plus qu’un coup de colère présidentiel. Il constitue la première instruction publique directe d’un président américain à son procureur général pour engager des poursuites contre des opposants politiques spécifiquement nommés. Cette transgression pulvérise les barrières érigées après la chute de Nixon pour protéger le système judiciaire des ingérences présidentielles.
L’audace de cette communication révèle l’assurance de Trump quant à son contrôle total sur l’appareil judiciaire. Plus besoin de conversations privées, de pressions discrètes ou de signaux codés. Le président ordonne publiquement, sur les réseaux sociaux, devant des millions d’Américains. Cette transparence dans la corruption institutionnelle marque un tournant historique dans l’exercice du pouvoir présidentiel.
Les cibles désignées de la vengeance trumpiste
Trump ne fait pas dans la subtilité en désignant ses victimes. Adam Schiff, sénateur démocrate de Californie et ancien procureur du premier impeachment de Trump, figure en tête de liste. Letitia James, procureure générale de New York qui a mené l’enquête civile ayant abouti à une amende de 465 millions de dollars contre Trump, occupe la deuxième place. James Comey, ancien directeur du FBI limogé par Trump en 2017, complète ce triptyque de la vengeance présidentielle.
Cette liste révèle la logique implacable de la rétribution trumpiste. Chacune de ces personnalités a joué un rôle clé dans les procédures judiciaires ou politiques ayant visé Trump durant sa première présidence et après. Le président transforme méthodiquement le ministère de la Justice en instrument de règlement de comptes personnel, piétinant allègrement la séparation des pouvoirs.
Le timing révélateur de cette escalade
Cette sortie intervient moins de vingt-quatre heures après le limogeage d’Erik Siebert, procureur fédéral pour le district Est de la Virginie qui refusait d’inculper Letitia James pour fraude hypothécaire. Cette coïncidence temporelle révèle la stratégie trumpiste : frapper fort et publiquement pour terroriser quiconque oserait résister aux ordres présidentiels.
Trump annonce simultanément la nomination de Lindsey Halligan, ancienne avocate de Mar-a-Lago et aide à la Maison Blanche, pour remplacer Siebert. Cette promotion d’une loyaliste absolue envoie un message clair à tous les procureurs fédéraux : obéissance totale ou remplacement immédiat. La purge de l’appareil judiciaire s’accélère sous nos yeux.
Cette mise en scène me révulse au plus haut point. Trump orchestre son coup de force avec un cynisme absolu, transformant chaque limogeage en spectacle public. Il ne cherche même plus à préserver les apparences démocratiques. Cette brutalité assumée dans la destruction des institutions me glace le sang. Nous assistons à la naissance d’une dictature en temps réel.
Erik Siebert, le procureur qui a osé dire non

Le courage d’un homme face à la machine trumpiste
Erik Siebert incarnait ce vendredi 19 septembre ce que l’Amérique a de plus noble : l’intégrité judiciaire face au pouvoir politique. Ce procureur fédéral, nommé par Trump lui-même pour diriger le district Est de la Virginie, a refusé de céder aux pressions présidentielles pour inculper Letitia James de fraude hypothécaire. Son crime ? Avoir maintenu qu’il n’existait pas suffisamment de preuves pour engager des poursuites.
Siebert avait pourtant tout pour plaire à l’administration Trump. Républicain convaincu, il jouissait du soutien des deux sénateurs démocrates de Virginie, Mark Warner et Tim Kaine, gage habituel de consensus bipartisan. Mais sa conscience professionnelle a eu raison de ses ambitions politiques. Face aux ultimatums de la Maison Blanche, il a choisi la démission plutôt que la compromission.
La chute brutale d’un serviteur de l’État
Le calvaire de Siebert commence réellement le vendredi matin, lorsque Trump déclare publiquement aux journalistes dans le Bureau ovale : « Je le veux dehors. » Cette condamnation publique signe l’arrêt de mort professionnel du procureur. En quelques heures, Siebert informe ses collègues par courriel de sa démission, évoquant sobrement « le plaisir » qu’il a eu à diriger « les employés les plus fins et exceptionnels du ministère de la Justice ».
Mais Trump ne se satisfait pas de cette démission contrainte. Le lendemain sur Truth Social, il réécrit l’Histoire à sa façon : « Il n’a pas démissionné, je l’ai viré ! » Cette réecriture révèle l’ego présidentiel qui ne supporte même pas qu’un adversaire vaincu puisse préserver un semblant de dignité dans la défaite. Trump doit tout écraser, tout humilier, tout détruire.
L’enquête bidon contre Letitia James
L’affaire qui a coûté son poste à Siebert révèle les méthodes trumpistes dans toute leur bassesse. William Pulte, directeur de l’Agence fédérale de financement du logement et proche allié de Trump, avait accusé James d’avoir « falsifié des documents bancaires et des registres immobiliers » pour obtenir des prêts hypothécaires avantageux sur sa maison de Brooklyn et une propriété en Virginie.
Mais cette accusation repose sur du vent. Après des mois d’enquête, aucune preuve solide n’a émergé. Siebert et son équipe ont conclu qu’il n’existait pas de fondement suffisant pour engager des poursuites. Cette probité professionnelle lui a coûté sa carrière. Car dans l’Amérique de Trump, l’innocence de la cible importe moins que la loyauté de l’enquêteur.
Le sacrifice de Siebert m’émut aux larmes. Cet homme a tout perdu pour préserver son intégrité. Dans un pays où les carriéristes se couchent devant le pouvoir, il a choisi de se dresser. Son courage solitaire illumine la noirceur ambiante. Mais combien d’autres Siebert résistent encore dans l’ombre ? Et pour combien de temps ?
Lindsey Halligan, l'épée de Damoclès présidentielle

Le profil d’une loyaliste absolue
Lindsey Halligan n’est pas une procureure ordinaire. Cette avocate de 42 ans a bâti sa carrière dans l’ombre de Donald Trump, devenant l’une de ses défenseuses les plus acharnées lors de l’enquête sur les documents classifiés de Mar-a-Lago. Sa nomination comme procureure fédérale pour le district Est de la Virginie récompense des années de loyauté indéfectible envers le président.
Halligan incarne le nouveau profil recherché par l’administration Trump : compétence technique au service d’une fidélité politique absolue. Diplômée en droit, elle possède l’expertise nécessaire pour naviguer dans les arcanes judiciaires. Mais surtout, elle a prouvé sa dévotion au président dans les moments les plus difficiles, notamment pendant les perquisitions du FBI à Mar-a-Lago.
De Mar-a-Lago à la Maison Blanche
Le parcours de Halligan révèle l’écosystème trumpiste dans toute sa promiscuité. Avocate privée défendant Trump dans l’affaire des documents classifiés, elle intègre ensuite l’équipe de la Maison Blanche comme assistante spéciale. Son rôle actuel ? Diriger l’effort présidentiel pour éliminer « l’idéologie anti-américaine » des musées de la Smithsonian Institution.
Cette trajectoire illustre parfaitement la logique trumpiste : transformer chaque institution américaine en instrument de propagande présidentielle. Halligan ne se contente pas de défendre Trump devant les tribunaux, elle épure également les musées nationaux. Cette polyvalence répressive fait d’elle l’exécutrice idéale des basses œuvres présidentielles.
La mission de destruction confiée à Halligan
En nommant Halligan à la tête du district Est de la Virginie, Trump lui confie une mission explosive : relancer l’enquête contre Letitia James que Siebert avait refusé de poursuivre. Cette nomination constitue un message clair aux autres procureurs fédéraux : les résistants seront remplacés par des loyalistes prêts à tout pour satisfaire les désirs présidentiels.
Trump ne cache d’ailleurs pas ses attentes. Dans son annonce sur Truth Social, il décrit Halligan comme « intelligente, intrépide » et possédant « la force et la détermination pour être absolument EXCEPTIONNELLE dans ce nouveau rôle très important ». Cette emphase révèle l’importance stratégique accordée à cette nomination dans la guerre judiciaire que livre Trump à ses adversaires.
La promotion de Halligan me dégoûte profondément. Cette femme a vendu son âme professionnelle pour un poste de pouvoir. Elle incarne cette génération d’avocats sans scrupules qui transforment le droit en arme politique. Sa nomination sonne le glas de l’indépendance judiciaire américaine. Nous entrons dans l’ère des procureurs-soldats.
Pam Bondi, la procureure générale aux ordres

L’illusion de l’indépendance brisée
Pam Bondi avait pourtant juré devant le Sénat américain que son ministère de la Justice ne « ferait pas de politique ». Cette promesse solennelle, prononcée lors de ses auditions de confirmation en janvier 2025, résonne aujourd’hui comme une imposture monumentale. En six mois à peine, l’ancienne procureure générale de Floride a transformé le DOJ en instrument de vengeance présidentielle.
Bondi supervise désormais la plus convulsive transformation du ministère de la Justice depuis l’ère Watergate. Sous sa direction, environ 200 employés de carrière ont été licenciés, selon Justice Connection, un groupe représentant le personnel du DOJ. Ces fonctionnaires, qui survivaient traditionnellement aux changements d’administration, ont été balayés pour faire place aux loyalistes trumpistes.
La rupture avec les traditions post-Watergate
L’approche de Bondi pulvérise cinquante années de traditions démocratiques. Contrairement à ses prédécesseurs, elle ne respecte plus la règle du silence sur les enquêtes en cours. Son ministère publie ouvertement des enquêtes préliminaires contre James Comey et John Brennan, ancien directeur de la CIA. Cette transparence sélective vise à humilier publiquement les ennemis de Trump.
Plus scandaleux encore, Bondi autorise Ed Martin, directeur du groupe de travail sur l’armement gouvernemental, à se faire photographier devant le domicile de Letitia James. Cette mise en scène digne d’un régime autoritaire brise tous les codes déontologiques du ministère. Les intimidations personnelles remplacent désormais les procédures judiciaires traditionnelles.
La stratégie de la terre brûlée
Bondi a instauré une politique de dévastation systématique des contre-pouvoirs. Dès son premier jour, elle signe un mémorandum obligeant tous les avocats du ministère à se considérer comme des « représentants de Trump » passibles de licenciement s’ils refusent de comparaître devant un tribunal ou de signer des mémoires. Cette loyauté imposée transforme les juristes en soldats politiques.
L’establishment juridique critique unanimement cette dérive. Stacey Young, ancienne avocate du DOJ et fondatrice de Justice Connection, tire un constat alarmant : « Il n’y a actuellement aucun contrôle sur l’immense pouvoir du ministère de la Justice. Très peu peut être fait pour contraindre les dirigeants du ministère. » Cette absence de garde-fous ouvre la voie à tous les abus.
Bondi m’inspire un dégoût viscéral. Cette femme a trahi tous ses serments pour complaire à Trump. Elle transforme le temple de la justice américaine en bordel politique. Son cynisme dépasse l’entendement. Comment peut-on détruire avec un tel sourire l’héritage de générations de juristes intègres ? L’Histoire la jugera sévèrement.
Ed Martin, l'inquisiteur en chef de Trump

Le profil d’un fanatique institutionnalisé
Ed Martin incarne la face la plus sombre de la révolution trumpiste. Cet homme de 54 ans, ancien candidat républicain au Sénat du Missouri, dirige désormais le tristement célèbre « Weaponization Working Group » du ministère de la Justice. Sa mission officielle : enquêter sur la prétendue « weaponisation » du gouvernement fédéral par l’administration Biden. Sa mission réelle : détruire les ennemis de Trump par tous les moyens.
Martin ne fait pas mystère de ses intentions. Lors d’une conférence de presse au ministère le 13 mai 2025, il annonce sa stratégie : « faire honte » aux individus qu’il ne peut pas inculper faute de preuves suffisantes. Cette méthode d’intimidation publique viole frontalement le code déontologique du ministère, mais Martin s’en moque éperdument.
Les méthodes dignes d’un régime autoritaire
Les actions de Martin défient l’imagination démocratique. Il accuse publiquement Lisa Cook, gouverneure de la Réserve fédérale, d’être une « escroc » sur les réseaux sociaux, sans aucune preuve formelle. Il lui envoie ensuite une lettre suggérant qu’il serait « de bonne foi » qu’elle démissionne. Le summum du grotesque : il pose en trench-coat devant sa maison pour le New York Post avant de passer sur Fox News discuter de ses accusations.
Cette théâtralisation de la répression révèle la mentalité de Martin. Pour lui, le processus judiciaire n’est qu’un spectacle destiné à galvaniser la base trumpiste. Peu importe la vérité ou la justice, seule compte la destruction des ennemis présidentiels. Cette approche transforme le ministère en agence de propagande et d’intimidation.
L’équipe de choc de la vengeance
Martin s’entoure de profils aussi sulfureux que le sien. En juillet 2025, il recrute Jared Wise comme conseiller. Ce détail glaçant : Wise est un ancien agent du FBI inculpé pour avoir encouragé les émeutiers du 6 janvier à « tuer des flics ». Cette nomination révèle l’état d’esprit qui règne au sein du groupe de travail de Martin.
Le New York Times rapporte que les actions de Martin ont « galvanisé la base, la conduisant à croire que les ennemis perçus du président, notamment Mme James, l’ancien président Barack Obama, l’ancien directeur du FBI James B. Comey et l’ancien directeur de la CIA John O. Brennan, seront bientôt punis ». Cette attente de sanctions nourrit la soif de vengeance trumpiste.
Martin représente ce que l’humanité produit de plus vil : un fanatique doté de pouvoirs institutionnels. Cet homme utilise l’appareil d’État pour assouvir ses fantasmes de domination. Son recrutement de Wise révèle sa vraie nature : un voyou déguisé en procureur. L’Amérique mérite-t-elle vraiment de tels bourreaux ?
L'effondrement des normes post-Watergate

L’héritage de Nixon pulvérisé par Trump
Le scandale du Watergate avait engendré une révolution institutionnelle dont l’Amérique semblait définitivement vaccinée contre les dérives présidentielles. Les réformes post-Nixon avaient érigé des barrières quasi-infranchissables entre la Maison Blanche et le ministère de la Justice. Ces garde-fous, patiemment construits sur cinquante années, s’effondrent aujourd’hui sous les coups de boutoir trumpistes.
Griffin Bell, procureur général sous Jimmy Carter, avait posé en 1978 les fondements de cette indépendance en déclarant aux avocats du ministère : « Les activités partisanes de certains procureurs généraux… avec l’héritage du Watergate, donnent lieu à une préoccupation publique compréhensible que certaines décisions du ministère de la Justice puissent être le produit de favoritisme, de pression ou de politique. » Ces mots résonnent aujourd’hui comme une prophétie non écoutée.
L’instrumentalisation assumée de la justice
Trump ne se cache même plus derrière des prétextes légalistes. Son message à Bondi constitue l’aveu public le plus explicite d’instrumentalisation politique de la justice dans l’histoire américaine moderne. Même Nixon gardait ses combines secrètes, enregistrées sur des bandes privées. Trump, lui, revendique publiquement sa corruption institutionnelle.
Hillary Clinton résume parfaitement cette escalade dans la transparence du mal : « Imaginez si Richard Nixon avait simplement tweeté le scandale du Watergate plutôt que de le mettre sur des bandes secrètes. C’est exactement cela. » Cette comparaison saisit l’essence de la transgression trumpiste : l’exhibition publique de ce qui était autrefois caché.
La résistance dérisoire du Congrès
Face à cette destruction méthodique des normes démocratiques, la résistance parlementaire semble dérisoire. Le sénateur Chris Murphy, démocrate du Connecticut, propose certes son « No Political Enemies Act » pour interdire l’usage du gouvernement fédéral contre les opposants politiques. Mais cette initiative législative n’a aucune chance d’aboutir avec un Congrès républicain aux ordres.
Murphy tire néanmoins un diagnostic juste : « Les États-Unis traversent l’un des moments les plus dangereux que l’Amérique ait jamais connus alors que Donald Trump utilise le gouvernement pour essayer de punir ses opposants politiques. » Cette lucidité contraste avec l’aveuglement volontaire de ses collègues républicains, transformés en complices silencieux.
Cette destruction de l’héritage post-Watergate me révolte. Nos prédécesseurs avaient payé le prix fort pour ériger ces protections démocratiques. Trump les piétine avec un sourire carnassier. Nous assistons à l’effondrement programmé de cinquante années de progrès institutionnel. Cette régression civilisationnelle me brise le cœur.
La terreur d'État s'installe en Amérique

L’intimidation comme politique publique
L’Amérique de Trump ressemble de plus en plus à ces régimes autoritaires qu’elle condamnait autrefois. Les raid du FBI au domicile de John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale devenu critique, illustrent cette dérive répressive. Plus besoin de prétextes judiciaires crédibles : la simple hostilité à Trump suffit désormais à déclencher les foudres gouvernementales.
Cette normalisation de la terreur d’État s’appuie sur l’arsenal législatif et exécutif mis en place dès janvier 2025. Le décret présidentiel « Ending the Weaponization of the Federal Government » prétend ironiquement lutter contre l’instrumentalisation gouvernementale tout en l’institutionnalisant au profit de Trump. Cette novlangue orwellienne accompagne la mise en place d’un système répressif sophistiqué.
Les cibles multiples de la vengeance présidentielle
La liste des ennemis de Trump s’allonge chaque jour. Outre le trio Schiff-James-Comey, figurent désormais Barack Obama, John Brennan, Lisa Cook, et des dizaines d’autres personnalités démocrates ou critiques. Cette prolifération révèle l’ambition totalisante du projet trumpiste : éliminer toute opposition structurée à son pouvoir.
Le département de la Justice documente méticuleusement ces cibles dans le cadre du « projet spécial » dirigé par Ed Martin. Ce fichage systématique des opposants rappelle les heures les plus sombres de l’Histoire américaine, notamment l’époque maccarthyste. Mais l’efficacité moderne de la surveillance numérique dépasse tous les précédents historiques.
L’exode des fonctionnaires intègres
Face à cette répression, l’exode des serviteurs de l’État s’accélère. Deux cents employés du ministère de la Justice ont déjà été licenciés ou ont démissionné depuis janvier 2025. Cette hémorragie des compétences facilite l’installation des loyalistes trumpistes aux postes clés de l’administration.
Andrew Tessman, ancien procureur fédéral en Virginie-Occidentale, témoigne de ce climat délétère : « Le sentiment au sein du ministère est qu’elle [Bondi] sert essentiellement de porte-parole de Donald Trump. » Cette perception généralisée révèle l’ampleur de la politisation de l’institution judiciaire américaine.
Cette terreur rampante me glace d’effroi. L’Amérique bascule dans un régime policier sous nos yeux. Les fonctionnaires intègres fuient, remplacés par des nervis en costume-cravate. Cette métamorphose institutionnelle s’opère avec une rapidité sidérante. Dans six mois, reconnaîtrons-nous encore la démocratie américaine ?
Conclusion

L’ordre de Trump à Pam Bondi marque un point de non-retour dans la décomposition de la démocratie américaine. Pour la première fois de l’histoire moderne, un président exige publiquement de son procureur général qu’il engage des poursuites contre des opposants politiques nommément désignés. Cette transgression pulvérise cinquante années de normes post-Watergate et transforme le ministère de la Justice en instrument de vengeance personnelle.
Le limogeage d’Erik Siebert et la nomination de Lindsey Halligan révèlent la méthode trumpiste : éliminer les résistants et installer des loyalistes absolus aux postes clés. Cette purge systématique de l’appareil judiciaire s’accompagne d’une campagne d’intimidation sans précédent, orchestrée par des fanatiques comme Ed Martin qui transforment la justice en spectacle répressif.
Pam Bondi, qui avait juré de ne pas « faire de politique », supervise désormais la plus convulsive transformation du DOJ depuis Watergate. Son abdication morale facilite l’installation d’un système de terreur d’État qui rappelle les heures les plus sombres de l’Histoire américaine. La liste des ennemis de Trump s’allonge chaque jour, alimentant une machine répressive d’une efficacité redoutable.
L’effondrement des institutions démocratiques américaines ne se fait plus dans l’ombre des complots nixoniens, mais en pleine lumière des réseaux sociaux. Trump revendique publiquement sa corruption, exhibe ses crimes, affiche son mépris pour l’État de droit. Cette transparence dans le mal révèle l’assurance d’un autocrate qui ne craint plus aucune sanction.
L’Amérique traverse aujourd’hui « l’un des moments les plus dangereux » de son histoire, selon les mots du sénateur Chris Murphy. Cette crise constitutionnelle dépasse largement les précédents historiques par son ampleur et sa brutalité assumée. Si les derniers garde-fous démocratiques ne résistent pas à cet assaut, c’est l’héritage des Pères fondateurs qui risque de sombrer définitivement dans les ténèbres de l’autocratie trumpiste.