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La promesse d’une diplomatie triomphante

Il y a encore quelques semaines, Donald Trump se préparait à reconquérir l’Asie avec une tournée diplomatique d’envergure. Le sommet de l’ASEAN à Kuala Lumpur du 26 au 28 octobre, une escale prévue au Japon, et la rencontre tant attendue avec Xi Jinping au sommet APEC en Corée du Sud. Trois rendez-vous cruciaux qui devaient redéfinir l’influence américaine dans la région la plus stratégique du monde. Mais voilà… l’Amérique s’est sabotée elle-même, encore une fois.

Ce mardi 1er octobre 2025, à exactement 00h01 (heure de Washington), le gouvernement fédéral américain a officiellement cessé ses activités. Un shutdown brutal qui paralyse 750 000 fonctionnaires et handicape toute l’architecture diplomatique américaine. Les préparatifs minutieux de cette tournée asiatique — négociations commerciales avec la Malaisie, discussions sécuritaires avec Tokyo, stratégie de containment face à Pékin — tout s’arrête net. L’ironie est cruelle : Trump qui prétendait restaurer la grandeur américaine se retrouve prisonnier de ses propres dysfonctionnements institutionnels.

L’impasse politique qui tue la diplomatie

Les démocrates au Sénat ont refusé de voter le projet républicain de financement temporaire, bloquant ainsi l’adoption du budget nécessaire au fonctionnement de l’État. Cinquante-cinq voix pour, quarante-cinq contre — il manquait ces cinq voix cruciales pour atteindre le seuil des 60 requis. Au cœur du conflit : les subventions de santé, les coupes dans Medicaid, et cette obsession trumpienne de réduire l’État fédéral à sa plus simple expression. Pendant que Washington se déchire sur des questions budgétaires, Xi Jinping parcourt l’Asie du Sud-Est, séduisant les alliés américains et renforçant l’influence chinoise dans la région.

Le timing ne pouvait pas être plus catastrophique. L’Asie observait cette tournée présidentielle comme un test de la capacité américaine à maintenir son leadership régional face à la montée chinoise. Les chancelleries asiatiques découvrent aujourd’hui un allié paralysé, incapable même de financer ses propres institutions. Comment peut-on négocier des accords commerciaux quand on ne sait pas si ses propres négociateurs seront payés demain ? Comment maintenir la crédibilité militaire quand l’administration qui gère les alliances est en chômage technique ?

Les services diplomatiques à l’arrêt

Dans les ambassades américaines de Bangkok, Kuala Lumpur, Séoul et Tokyo, c’est la consternation. Les équipes qui préparaient depuis des mois la logistique présidentielle se retrouvent en congé forcé sans rémunération. Les services consulaires continuent tant bien que mal, mais les mises à jour diplomatiques s’arrêtent. L’ambassade américaine à Cuba a déjà annoncé la suspension de ses communications sur les réseaux sociaux, « sauf pour les informations urgentes liées à la sécurité ». Un symbole accablant de l’isolement diplomatique américain.

Plus grave encore : les services de renseignement et d’analyse géopolitique fonctionnent au ralenti. Comment évaluer les intentions chinoises, anticiper les mouvements nord-coréens, ou calibrer les réponses aux provocations iraniennes quand les analystes sont chez eux sans salaire ? Cette paralysie ne concerne pas que la forme — elle touche au cœur de la capacité stratégique américaine. Les adversaires de l’Amérique jubilent. Moscou, Pékin, Téhéran observent avec délectation cette autodestruction institutionnelle.

 

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