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24 août 2025 : l’ordre exécutif de tous les dangers

Maison Blanche, 24 août 2025. Donald Trump signe l’ordre exécutif le plus dangereux de sa présidence : la création d’une « force de réaction rapide » de la Garde nationale spécialement entraînée pour « mater les perturbations civiles ». Pas de déploiement ponctuel — une force permanente, équipée, formée, prête à être déployée « rapidement à l’échelle nationale » sur simple ordre présidentiel. L’aboutissement d’un rêve trumpien : sa propre armée personnelle pour « régler » l’Amérique démocrate récalcitrante. L’ordre exécutif de 14 pages transforme la Garde nationale en garde prétorienne présidentielle.

Radley Balko — expert de la militarisation policière et auteur de « Rise of the Warrior Cop » — diagnostique avec une précision clinique cette dérive autoritaire : « Trump a toujours voulu ses propres muscles. Il a toujours exprimé de l’envie pour les dictateurs étrangers qui ont des forces qu’ils peuvent déployer pour faire leurs propres volontés personnelles. » Poutine a le FSB, Erdogan a SADAT, Orban a le TEK — Trump aura sa « force de réaction rapide ». L’Amérique rejoint le club des démocraties militarisées par leurs propres dirigeants autoritaires.

Pete Hegseth : architecte de la répression militarisée

L’ordre présidentiel charge Pete Hegseth — secrétaire à la Guerre — de créer « immédiatement » cette unité spécialisée au sein de la Garde nationale de Washington DC, puis de l’étendre à tous les États américains. « Assurer que la Garde nationale de l’armée de terre et de l’air de chaque État soit dotée, formée, organisée et disponible pour aider les forces de l’ordre fédérales, étatiques et locales à réprimer les troubles civils », stipule froidement le document présidentiel. Hegseth — ancien présentateur de Fox News — devient l’organisateur de la répression militaire de l’Amérique civile.

Cette désignation révèle la logique trumpienne de destruction des garde-fous institutionnels. Plutôt qu’un général expérimenté respectueux de la tradition de séparation civilo-militaire, Trump choisit un idéologue télé-réalité pour militariser la politique intérieure. Hegseth n’a pas les scrupules professionnels qui pourraient limiter l’usage domestique de l’armée — c’est exactement pourquoi Trump l’a choisi. L’incompétence militaire au service de la compétence répressive.

Quantico, 30 septembre : l’annonce devant 800 généraux

Base de Quantico, Virginie. Devant plus de 800 généraux et amiraux convoqués d’urgence du monde entier, Trump révèle l’objectif de sa « force de réaction rapide » : « Le mois dernier, j’ai signé un ordre exécutif pour former une force de réaction rapide qui peut aider à réprimer les troubles civils. Ce sera une grande chose pour les gens dans cette salle, parce que c’est l’ennemi de l’intérieur et nous devons nous en occuper avant que cela devienne incontrôlable. » L’élite militaire américaine transformée en spectratrice de sa propre instrumentalisation politique.

Cette déclaration révèle la dimension paranoïaque de la stratégie trumpienne : l’opposition démocrate n’est plus une différence politique légitime mais un « ennemi intérieur » justiciable de répression militaire. La Garde nationale — conçue pour protéger les citoyens des catastrophes naturelles — recyclée en instrument de répression des citoyens « désobéissants ». Trump franchit le Rubicon de la militarisation politique : l’armée n’est plus au service de la nation mais au service du chef. César a trouvé ses légions.

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