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Dans les couloirs feutrés de la Maison Blanche, les dés viennent d’être jetés avec un fracas assourdissant. L’administration Trump vient de suspendre brutalement 2,1 milliards de dollars destinés aux projets d’infrastructure de Chicago, transformant cette métropole du Midwest en nouvelle victime d’une guerre politique sans merci. Cette décision, annoncée vendredi par Russell Vought, directeur du Bureau de gestion et du budget, frappe comme un coup de tonnerre sur une ville déjà meurtrie par des décennies d’abandon.

Cette suspension touche directement l’extension de la Red Line — ce projet vital qui devait enfin connecter le Far South Side au reste de la ville. Vought justifie cette mesure par la nécessité de s’assurer que les fonds « ne transitent pas via des contrats basés sur la race ». Mais derrière cette rhétorique administrative se cache une réalité bien plus brutale : Chicago paie le prix de son opposition démocrate dans une Amérique où la couleur politique détermine désormais l’accès aux services essentiels.

L’extension de la Red Line : un rêve suspendu

L’extension de la Red Line devait s’étendre sur 5,6 miles depuis la station actuelle de 95th Street jusqu’à 130th Street, créant quatre nouvelles stations dans des quartiers majoritairement afro-américains du South Side. Ce projet, estimé à des milliards de dollars, promettait de révolutionner l’accès au transport public pour près de 38 000 usagers quotidiens d’ici 2040. Les stations prévues — 103rd Street, 111th Street, Michigan Avenue et 130th Street — auraient transformé la vie de milliers de familles coincées dans des déserts de transport.

Brandon Johnson, maire de Chicago, n’a pas mâché ses mots : « L’Argentine obtient 20 milliards et le South Side n’a rien. Qu’est-il arrivé à America First ? » Cette déclaration cinglante résume l’amertume d’une communauté qui attend cette extension depuis plus de 50 ans. Le projet devait générer 25 000 emplois dans la région de Chicago et catalyser 1,7 milliard de dollars en développement immobilier d’ici 2040.

Des communautés abandonnées dans l’isolement

Rogers Jones, directeur d’un centre de prévention de la violence près de la future station Roseland, qualifie cette suspension de « coup sévère » pour les zones les plus défavorisées de la région métropolitaine. Ces quartiers, parmi les plus pauvres et isolés de Chicago, voyaient dans ce projet leur seule échappatoire vers l’emploi et les opportunités du centre-ville. L’extension promettait de réduire de 30 minutes les temps de trajet entre le Far South Side et le Loop, éliminant les transferts fastidieux entre bus et trains.

Adella Bass-Lawson, directrice de l’équité en santé chez People for Community Recovery, avait confié que l’extension était perçue comme « une créature mythique » tant l’attente avait été longue. Cette suspension brutale ravive toutes les frustrations d’une communauté habituée aux promesses non tenues et aux abandons institutionnels. Andrea Reed, directrice exécutive de la Chambre de commerce de Roseland, souligne que « couper l’accès au transport à certains groupes a été fait intentionnellement ».

Une stratégie politique calculée

Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large de l’administration Trump qui utilise la fermeture gouvernementale pour punir les territoires démocrates. Depuis mercredi, plus de 27 milliards de dollars de financement fédéral ont été suspendus ou annulés, touchant principalement 16 États sous contrôle démocrate. New York a également été visée avec 18 milliards de dollars gelés pour des projets d’infrastructure, notamment le tunnel Hudson et l’extension de la Second Avenue subway.

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