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L’offensive brutale du 20 janvier

Il n’aura fallu que quelques heures à Donald Trump pour détruire soixante ans de conquêtes sociales. Dès sa réintronisation le 20 janvier 2025, le nouveau président américain a signé une série de décrets révoquant brutalement tous les programmes de diversité, d’équité et d’inclusion au sein du gouvernement fédéral. Ces mesures, baptisées « DEI » (Diversity, Equity, Inclusion), constituaient pourtant l’ossature des politiques antidiscriminatoires héritées des mouvements de droits civiques des années 1960. D’un trait de plume, Trump a effacé les acquis de générations entières qui ont lutté pour l’égalité des chances.

Cette offensive ne s’arrête pas aux portes du secteur public. L’administration Trump exerce désormais une pression sans précédent sur les entreprises privées, menaçant de leur retirer les contrats fédéraux si elles persistent dans leurs politiques d’inclusion. Plus choquant encore : cette croisade idéologique traverse les frontières. Des entreprises françaises, belges, italiennes et espagnoles reçoivent des courriers comminatoires de l’ambassade américaine, leur intimant d’abandonner leurs programmes de diversité sous peine de sanctions économiques.

Un séisme dans l’économie mondiale

Les conséquences de cette révolution conservatrice dépassent largement le cadre américain. Les économistes tirent déjà la sonnette d’alarme : supprimer la diversité en entreprise, c’est amputer l’innovation, réduire la compétitivité et fragiliser la croissance économique. Les études McKinsey démontrent pourtant qu’une entreprise diverse génère 36% de performances supérieures à ses concurrents homogènes. En déclarant la guerre à l’inclusion, Trump ne fait pas que combattre une idéologie : il saborde les fondements même de la prospérité économique moderne.

Cette radicalisation intervient dans un contexte économique déjà tendu. Alors que l’inflation ronge le pouvoir d’achat américain et que la concurrence avec la Chine s’intensifie, priver les entreprises de leurs meilleurs talents issus de la diversité relève d’un aveuglement stratégique. Les multinationales européennes se retrouvent prises en étau entre leurs valeurs d’égalité et la nécessité de préserver leurs parts de marché outre-Atlantique. Un dilemme qui illustre parfaitement l’instrumentalisation de l’économie à des fins idéologiques.

L’Europe sous pression

Face à cette offensive, l’Europe réagit avec une indignation mesurée. La France dénonce des « ingérences inacceptables », tandis que la Belgique refuse de « recevoir des leçons » sur la non-discrimination. Mais derrière ces déclarations de principe, c’est tout un modèle social européen qui vacille. Les entreprises du Vieux Continent doivent désormais choisir entre leurs convictions humanistes et leurs intérêts économiques américains. Un chantage qui révèle la fragilité de nos démocraties face aux dérives autoritaires d’outre-Atlantique.

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