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Quand la réalité devient fiction présidentielle

Jamais dans l’histoire moderne des États-Unis un président n’avait autant brouillé les frontières entre réalité et fiction numérique. Donald Trump vient de franchir un nouveau cap dans la manipulation de l’information, transformant sa présidence en laboratoire grandeur nature de la désinformation par intelligence artificielle. En l’espace de quelques semaines, le maître de la Maison-Blanche a multiplié les vidéos truquées, les deepfakes racistes et les montages conspirationnistes avec une frénésie qui interroge sur son état mental. Cette escalade dans l’absurde survient en pleine crise budgétaire, comme si le président préférait jouer au troll sur les réseaux plutôt que de gouverner.

Ce qui frappe, c’est la systematisation de cette dérive. Trump ne publie plus par accident : il orchestre consciemment une campagne de guerre informationnelle où les deepfakes deviennent des armes de destruction massive de la vérité. Ses 10,8 millions d’abonnés sur Truth Social se transforment en soldats involontaires d’une armée de la manipulation, relayant sans broncher des contenus qui auraient fait scandale il y a encore quelques années.

L’obsession des vidéos truquées racistes

L’obsession commence par Hakeem Jeffries. Le leader démocrate de la Chambre des représentants est devenu la cible privilégiée des délires numériques présidentiels. Trump l’affuble d’un sombrero mexicain et d’une moustache dans des deepfakes répétés, y ajoutant des dialogues fabriqués où Jeffries incarnerait le défenseur des migrants aux dépens des Américains. Le racisme assumé de ces montages ne gêne plus personne dans l’entourage présidentiel — pire, il est revendiqué comme une « blague » par le vice-président JD Vance.

Cette récurrence n’a rien d’innocent. En répétant l’humiliation numérique de Jeffries, Trump normalise la violence symbolique contre les élus d’origine minoritaire. Chaque vidéo truquée devient un marqueur identitaire pour sa base, un code qui unit ses supporters dans la dérision de l’adversaire politique. L’effet recherché dépasse largement l’anecdote : il s’agit de déshumaniser systématiquement les opposants démocrates.

Le spectacle macabre du shutdown

Pendant que le gouvernement fédéral paralysé prive des milliers d’employés de leur salaire, Trump transforme la crise en spectacle morbide. Il met en scène Russell Vought, directeur du Budget, en faux Grim Reaper sur une parodie de « (Don’t Fear) The Reaper ». Cette mise en scène grotesque présente les licenciements massifs comme une fête, une célébration de la destruction de l’État fédéral. L’indécence atteint des sommets quand on réalise que des familles entières perdent leurs moyens de subsistance pendant que leur président joue au DJ de l’apocalypse.

Cette théâtralisation de la souffrance révèle une psychopathie institutionnelle inédite. Trump ne gouverne plus : il met en scène sa propre toute-puissance dans un délire narcissique où la réalité des autres n’existe plus. Ses deepfakes deviennent des exutoires à sa frustration politique, des compensations virtuelles à son incapacité croissante à contrôler le narratif médiatique.

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van caldenborgh
van caldenborgh
8 hours ago

destitution sans tarder

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