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L’exercice de l’humiliation volontaire

Dans cette cathédrale du pouvoir américain qu’est le Bureau ovale, Mark Carney vient de commettre l’irreparable : transformer la dignité canadienne en spectacle de flagornerie. Mardi 7 octobre 2025, devant les caméras du monde entier, le premier ministre canadien déroule un chapelet d’éloges d’une servilité glaçante pour qualifier Donald Trump de « président transformateur ». Pas une fois, pas deux fois, mais de manière systématique, obsessionnelle, comme si répéter cette formule magique pouvait conjurer l’évidence : le Canada ne négocie plus, il mendie.

L’opération séduction tourne au masochisme politique quand Carney énumère les « accomplissements » de Trump avec une conviction d’acteur payé : transformation économique, engagements de l’OTAN, paix mondiale… Cette litanie de compliments serviles atteint son paroxysme quand le premier ministre canadien remercie Trump pour ses efforts de paix au Moyen-Orient, comme si Gaza était devenu un havre de tranquillité grâce à la bienveillance trumpienne. La flatterie devient falsification historique quand elle nie la réalité pour préserver l’ego du tyran.

L’inversion tragique des rôles

Cette scène révèle une inversion dramatique des rapports de force diplomatiques traditionnels. Là où les alliés américains maintiennent habituellement une dignité minimale dans leurs échanges avec Washington, Carney transforme chaque phrase en acte de soumission volontaire. Il ne s’agit plus de diplomatie — c’est de la vassalité assumée, de la génuflexion institutionnalisée, de la capitulation érigée en stratégie.

L’ampleur de cette déchéance diplomatique devient manifeste quand on mesure l’écart entre les flatteries prodiguées et les résultats obtenus. Carney multiplie les courbettes — « président transformateur », « leader mondial », « efforts de paix » — pendant que Trump maintient ses tarifs punitifs et ressort ses « plaisanteries » sur l’annexion. Cette asymétrie tragique révèle l’étendue de l’effondrement de la stratégie canadienne : plus Carney flatte, moins il obtient, mais plus il se sent obligé de flatter encore.

La mécanique de l’auto-destruction

Cette avalanche de compliments ne relève pas de la courtoisie diplomatique — elle constitue un suicide politique en direct. Chaque éloge prononcé par Carney légitime un peu plus l’attitude predatrice de Trump envers le Canada. En qualifiant de « transformateur » un président qui menace ouvertement d’annexer son pays, Carney valide la normalité de cette agression. Il transforme l’inacceptable en acceptable, l’humiliation en honneur, la menace en blague amicale.

Cette stratégie de flatterie compulsive produit exactement l’effet inverse de celui recherché. Plus Carney se montre docile et admiratif, plus Trump se sent autorisé à durcir ses positions. La servilité appelle la domination, la flagornerie encourage la cruauté. En choisissant l’excès de compliments plutôt que la fermeté diplomatique, Carney programme sa propre défaite négociatrice.

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