Aller au contenu

La stratégie qui se retourne contre son créateur

Octobre 2025. Le gouvernement fédéral américain plonge dans sa deuxième semaine de fermeture, et Donald Trump savoure ce qu’il appelle une « opportunité sans précédent » de sabrer dans les dépenses fédérales. Avec une brutalité calculée, l’administration Trump a déjà annulé plus de 8 milliards de dollars de projets énergétiques, ciblant ostensiblement les États démocrates. Mais dans cette guerre politique, les balles perdues touchent maintenant ses propres troupes républicaines.

Cette offensive budgétaire, orchestrée par Russell Vought, directeur du Bureau de la gestion et du budget — l’homme de Project 2025 — révèle une réalité troublante : au moins 28 districts républicains subissent les retombées de ces coupes drastiques. Des représentants comme Juan Ciscomani de l’Arizona, Gabe Evans du Colorado, et Mike Lawler de New York — tous considérés comme vulnérables aux prochaines élections — voient leurs projets locaux disparaître dans l’indifférence générale de la Maison-Blanche.

Le silence assourdissant des élus républicains

Face à cette hécatombe budgétaire qui frappe leurs propres circonscriptions, les élus républicains adoptent une stratégie du silence qui en dit long sur l’emprise de Trump sur le parti. Sur les 20 représentants républicains contactés par les médias pour réagir aux annulations dans leurs districts, seuls trois ont daigné répondre — et un seul a exprimé des préoccupations directes. Cette omertà institutionnelle témoigne d’un parti complètement assujetti à la volonté présidentielle, même quand elle se retourne contre ses propres intérêts électoraux.

Le représentant Tom McClintock de Californie a même applaudi la décision d’annuler 110 millions de dollars de projets dans son district, citant l’économiste français du XIXe siècle Frédéric Bastiat pour justifier sa position libre-échangiste. Cette adhésion idéologique aveugle révèle une fracture profonde entre les intérêts locaux et la discipline partisane — une fissure que Trump exploite avec un cynisme remarquable.

L’art de la destruction politique

Cette situation expose la méthode Trump dans toute sa brutalité : utiliser la fermeture gouvernementale comme un « nettoyage des bois morts » selon ses propres termes, tout en maintenant ses troupes dans une discipline de fer. L’administration menace désormais de couper 12 milliards supplémentaires selon une « kill list » révélée par Semafor — une escalade qui pourrait porter le total des coupes à près de 24 milliards de dollars. Cette stratégie de terre brûlée transforme la paralysie gouvernementale en opportunité de démantèlement définitif de l’État fédéral.

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!

Commentaires

0 0 votes
Évaluation de l'article
Subscribe
Notify of
guest
0 Commentaires
Newest
Oldest Most Voted
Inline Feedbacks
View all comments
More Content