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Quand Madrid refuse de se laisser humilier publiquement

L’Espagne vient de claquer la porte au nez de Donald Trump. Verbalement, s’entend. Le président américain avait osé — encore une fois — pointer du doigt les pays européens qu’il juge défaillants au sein de l’Otan, citant nommément Madrid parmi les « mauvais élèves ». Erreur fatale. Le gouvernement espagnol n’a pas attendu vingt-quatre heures pour répliquer avec une fermeté rarement vue dans les relations transatlantiques. « L’Espagne remplit ses objectifs autant que les États-Unis », a tranché un porte-parole officiel lors d’une conférence de presse tendue, documents budgétaires à l’appui. Cette réponse cinglante marque un tournant dans les rapports entre alliés traditionnels. Fini le temps où les capitales européennes encaissaient en silence les reproches américains. Madrid vient d’envoyer un signal clair : les accusations non fondées ne passeront plus comme une lettre à la poste. Trump voulait montrer sa poigne ? Il vient de réveiller un adversaire diplomatique qu’il aurait mieux fait de ménager. Parce que derrière cette escarmouche apparemment technique sur des pourcentages de PIB consacrés à la défense se cache une fracture profonde qui menace la cohésion même de l’Alliance atlantique en cette année 2025.

Trump et son obsession des chiffres de défense

Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, Donald Trump a remis sur la table son vieux dada : forcer les Européens à payer davantage pour leur propre sécurité. L’objectif des deux pour cent du PIB consacrés à la défense — fixé par l’Otan en 2014 — est devenu son mantra. Lors d’un discours devant des vétérans américains début octobre, il a attaqué frontalement plusieurs pays, accusant l’Espagne, la Belgique et le Portugal de profiter du parapluie sécuritaire américain sans contribuer leur juste part. « Ils nous prennent pour des idiots », a-t-il lancé avec son élégance coutumière. « Nous dépensons des fortunes pour les protéger pendant qu’ils financent leurs systèmes sociaux luxueux. » La salle a applaudi. Les chancelleries européennes ont frémi. Madrid, en particulier, a mal digéré d’être ainsi épinglée publiquement. Car contrairement à ce que Trump laisse entendre, l’Espagne a considérablement augmenté son budget militaire ces dernières années. Les chiffres sont têtus, même si le président américain semble allergique à leur complexité… Mais Trump ne s’embarrasse pas de nuances. Pour lui, soit tu atteins exactement deux pour cent, soit tu es un parasite.

Une Alliance atlantique sous tension maximale

Cette nouvelle crise intervient à un moment critique pour l’Otan. L’organisation célèbre ses soixante-seize ans en 2025, mais l’atmosphère n’est guère festive. La guerre en Ukraine continue de mobiliser d’énormes ressources européennes — financières, militaires, humanitaires. Les tensions avec la Russie restent à leur niveau le plus élevé depuis la Guerre froide. La Chine multiplie les manœuvres militaires inquiétantes dans le Pacifique, obligeant Washington à disperser son attention stratégique. Dans ce contexte, l’Alliance devrait faire bloc, présenter un front uni face aux menaces communes. Au lieu de quoi, Trump choisit de diviser ses propres alliés, de les humilier publiquement, de transformer chaque sommet en négociation marchande où il joue les caïds réclamant leur dû. Cette stratégie a peut-être séduit son électorat américain lors de la campagne présidentielle, mais elle produit des effets dévastateurs sur la cohésion de l’Alliance. Les capitales européennes commencent sérieusement à envisager des scénarios d’autonomie stratégique accélérée, où l’Europe assurerait sa propre défense sans dépendre du bon vouloir d’un président américain imprévisible et insultant.

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