Un décret présidentiel qui dynamite les règles budgétaires
Ce matin, à 6h47, Donald Trump a signé un décret présidentiel qui fait trembler les fondations constitutionnelles américaines. En pleine fermeture du gouvernement fédéral — la troisième depuis son retour au pouvoir en janvier 2025 — le président a ordonné au Pentagone d’utiliser tous les fonds disponibles, peu importe leur provenance ou leur destination initiale, pour garantir le paiement des troupes militaires. Traduction : ignorez le Congrès. Ignorez les lois budgétaires. Ignorez la séparation des pouvoirs. Payez les soldats. Point. Sur le papier, ça semble noble. Protéger ceux qui servent le pays. Mais grattez un peu la surface et vous découvrez un acte profondément inconstitutionnel qui donne au président un contrôle absolu sur le budget militaire. Un précédent terrifiant. Parce que si le président peut rediriger des fonds à sa guise pour les militaires aujourd’hui, qu’est-ce qui l’empêchera de le faire pour n’importe quoi demain ? C’est un coup de force déguisé en geste patriotique. Et personne ne semble capable de l’arrêter.
Une fermeture du gouvernement devenue arme politique
Cette fermeture gouvernementale n’est pas accidentelle. C’est une stratégie délibérée. Trump refuse de signer le budget voté par le Congrès parce qu’il n’inclut pas les 50 milliards de dollars qu’il exige pour son mur à la frontière mexicaine — oui, encore ce maudit mur — et parce qu’il contient des restrictions sur ses pouvoirs exécutifs que les démocrates ont réussi à faire passer. Alors il bloque tout. Des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux ne sont pas payés. Les parcs nationaux ferment. Les services administratifs tournent au ralenti. Les Américains ordinaires souffrent. Mais Trump s’en fiche. Pour lui, c’est un levier de négociation. Une manière de forcer le Congrès à plier. Sauf que cette fois, il a ajouté une nouvelle dimension : utiliser l’armée comme otage émotionnel. En déclarant qu’il paiera les troupes peu importe quoi, il se positionne en protecteur des militaires contre un Congrès supposément indifférent. C’est du théâtre politique à son plus cynique. Et ça fonctionne auprès de sa base qui applaudit ce geste fort sans réaliser les implications constitutionnelles catastrophiques.
Un Congrès humilié et des institutions qui vacillent
Le Congrès américain détient constitutionnellement le pouvoir de la bourse. C’est lui qui vote les budgets. Qui décide comment l’argent des contribuables est dépensé. C’est un des piliers fondamentaux de la séparation des pouvoirs. Mais Trump vient de pisser dessus. Littéralement. En ordonnant au Pentagone de dépenser des fonds sans autorisation congressionnelle, il s’arroge un pouvoir qui ne lui appartient pas. Les leaders démocrates au Congrès hurlent. Ils parlent de destitution. D’inconstitutionnalité flagrante. Mais les républicains, qui contrôlent toujours les deux chambres, restent silencieux. Certains, en privé, admettent que c’est problématique. Mais publiquement, ils ne diront rien. Parce qu’ils ont peur. Peur de Trump. Peur de sa base. Peur de perdre leur siège aux prochaines élections. Alors ils laissent faire. Et pendant ce temps, les institutions américaines continuent de se dégrader. Un président qui ignore le Congrès. Un Congrès qui n’ose pas s’opposer. Une Cour suprême qui validera probablement ce décret par loyauté trumpiste. C’est l’effondrement de la démocratie en direct. Et personne ne fait rien.
L'anatomie d'un coup de force budgétaire

Comment le décret contourne les lois existantes
Le décret présidentiel signé ce matin invoque la Loi sur l’économie de défense de 1950, une législation d’urgence créée pendant la guerre de Corée. Cette loi permet au président de rediriger des ressources industrielles en cas de menace à la sécurité nationale. Mais elle n’a jamais été conçue pour contourner le processus budgétaire congressionnel en temps de paix. Trump l’utilise de manière complètement détournée. Il déclare que le non-paiement des troupes constitue une menace à la sécurité nationale — ce qui est techniquement vrai — et utilise cette justification pour s’arroger des pouvoirs budgétaires illimités sur le Pentagone. Les experts constitutionnels sont unanimes : c’est une interprétation abusive et probablement illégale. Mais l’administration Trump s’en fiche. Leur calcul est simple : le temps que les tribunaux examinent la légalité du décret, les soldats seront payés, Trump aura marqué des points politiques, et même si les juges annulent le décret, ça n’aura plus d’importance. Le fait accompli sera là. Et la précédent sera établi pour la prochaine fois.
D’où viendra concrètement l’argent
La grande question : où le Pentagone va-t-il trouver les milliards de dollars nécessaires pour payer les troupes ? Parce que même le département de la Défense, avec son budget colossal, n’a pas des montagnes de cash disponible. L’argent est alloué à des programmes spécifiques : achats d’équipement, entretien des bases, recherche et développement, opérations à l’étranger… Le décret autorise le secrétaire à la Défense à puiser dans n’importe lequel de ces budgets. Traduction : des programmes vont être sacrifiés. Des achats d’avions de chasse annulés. Des rénovations de bases reportées. Des projets de développement technologique gelés. Certains analystes estiment que ce pillage budgétaire pourrait affaiblir considérablement la capacité opérationnelle à long terme de l’armée américaine. Mais Trump ne pense pas à long terme. Il pense à aujourd’hui. À l’image. Au coup politique. Peu importe si dans deux ans, l’armée américaine se retrouve avec du matériel obsolète et des bases qui tombent en ruine. Ce qui compte, c’est le titre dans les journaux aujourd’hui : Trump sauve les soldats abandonnés par le Congrès.
Les militaires pris en otage d’un jeu politique
Les soldats américains ne voulaient pas de ça. Ils ne veulent pas être les pions d’un affrontement entre le président et le Congrès. Beaucoup, même parmi ceux qui ont voté pour Trump, sont profondément mal à l’aise avec cette instrumentalisation. Parce qu’ils comprennent que le président les utilise comme bouclier humain. Il dit : regardez, je protège nos braves soldats pendant que les politiciens se chamaillent. Mais la réalité est plus complexe. Si Trump avait vraiment voulu protéger les militaires, il aurait signé le budget proposé par le Congrès qui incluait leur paie. Mais non. Il a choisi de bloquer le budget pour obtenir ce qu’il veut. Et maintenant, il se présente en sauveur. C’est du cynisme pur. Et les militaires, coincés entre leur devoir de loyauté à la chaîne de commandement et leur malaise face à cette manipulation politique, ne savent plus où se mettre. Certains officiers, sous couvert d’anonymat, expriment leur inquiétude. Mais publiquement, personne n’ose rien dire. Parce que critiquer le commandant en chef, pour un militaire, c’est risquer sa carrière. Alors ils se taisent. Et encaissent.
Les réactions politiques explosives

Les démocrates crient au coup d’État constitutionnel
La leader démocrate à la Chambre a qualifié le décret de Trump de coup d’État constitutionnel. Elle a convoqué une réunion d’urgence pour discuter d’une nouvelle procédure de destitution. Des juristes démocrates préparent des recours devant les tribunaux fédéraux. Des manifestations sont organisées dans les grandes villes. Mais tout ça sonne creux. Parce qu’on a déjà vu ce film. Trump fait quelque chose d’outrageux. Les démocrates s’indignent. Ils lancent des procédures. Les tribunaux temporisent. Et finalement, soit ils valident Trump, soit ils annulent son action mais le précédent est déjà établi. C’est un cycle épuisant. Et les démocrates commencent à manquer de crédibilité. Parce qu’ils crient au loup depuis tellement longtemps que personne ne les prend plus vraiment au sérieux. Même leurs propres électeurs sont fatigués. Ils veulent de l’action concrète, pas des indignations répétées. Mais quelle action ? Les démocrates n’ont pas de majorité. Ils ne contrôlent aucun levier de pouvoir réel. Alors ils s’indignent. Encore. Et encore. En espérant que quelque chose change. Mais rien ne change. Trump continue. Imperturbable.
Les républicains entre gêne et silence complice
Côté républicain, c’est le malaise. Certains sénateurs modérés admettent, en privé, que le décret pose problème. Qu’il établit un dangereux précédent. Qu’il viole l’esprit sinon la lettre de la Constitution. Mais publiquement ? Silence radio. Ou pire, soutien mou du genre : le président fait ce qu’il faut pour protéger nos troupes. Les quelques voix critiques au sein du parti républicain — de plus en plus rares — sont immédiatement attaquées par Trump sur les réseaux sociaux. Traitées de traîtres. De RINOs — Republicans In Name Only. Et leurs électeurs les bombardent de messages haineux. Résultat : même les plus courageux hésitent. Parce qu’ils savent que critiquer Trump, c’est signer leur arrêt de mort politique. Alors ils se taisent. Ils laissent faire. Ils deviennent complices par inaction. Et pendant ce temps, le parti de Lincoln, le parti qui a sauvé l’Union pendant la guerre de Sécession, le parti qui se targuait de défendre les institutions et l’État de droit, devient le parti d’un seul homme. Un homme qui détruit méthodiquement tout ce que le parti prétendait défendre. L’ironie est cruelle. Mais personne ne rit.
Les militaires à la retraite brisent le silence
Fait intéressant : plusieurs généraux et amiraux à la retraite ont publié une lettre ouverte critiquant le décret présidentiel. Ces hommes, qui ont passé leur vie dans l’armée, qui comprennent la chaîne de commandement et le respect de l’autorité civile, disent publiquement que Trump va trop loin. Qu’il instrumentalise l’armée pour des gains politiques. Qu’il met en danger l’apolitisme traditionnel des forces armées américaines. C’est un geste rare et courageux. Parce que même à la retraite, critiquer publiquement le commandant en chef va à l’encontre de toute leur formation. Mais ils estiment que le danger est trop grand. Que le silence serait une trahison de leurs serments de défendre la Constitution. Évidemment, Trump les a immédiatement attaqués. Il les a traités de losers, de généraux incompétents responsables des échecs militaires américains des vingt dernières années. Ses partisans les ont inondés de menaces. Mais ces vétérans tiennent bon. Parce qu’ils ont vu des dictatures de l’intérieur lors de leurs déploiements à l’étranger. Et ils reconnaissent les signes avant-coureurs. Ils savent où mène ce chemin. Et ils refusent de laisser leur pays y descendre sans au moins élever la voix.
Les conséquences constitutionnelles à long terme

Un précédent qui dynamite la séparation des pouvoirs
Si ce décret est validé — ou simplement non contesté efficacement — il créera un précédent catastrophique. Il établira qu’un président peut, en invoquant la sécurité nationale, rediriger des fonds fédéraux sans autorisation du Congrès. Aujourd’hui, c’est pour payer les troupes. Demain, ce sera pour construire le mur. Après-demain, pour financer des opérations de police fédérale. Puis pour n’importe quoi que le président juge prioritaire. La séparation des pouvoirs, principe fondamental de la Constitution américaine, devient purement théorique. Le Congrès perd son unique véritable pouvoir de contrôle sur l’exécutif : le contrôle budgétaire. Et un président sans contrainte budgétaire est un monarque. C’est exactement ce que les pères fondateurs voulaient éviter. C’est pour ça qu’ils ont écrit dans la Constitution que seul le Congrès peut lever des impôts et dépenser l’argent public. Mais Trump se moque de la Constitution. Il la considère comme un obstacle gênant à contourner. Et il est en train de réussir. Parce que personne ne l’arrête vraiment.
La normalisation progressive de l’état d’urgence permanent
Ce qui est encore plus inquiétant, c’est la normalisation de l’urgence permanente. Trump gouverne par décrets d’urgence depuis son retour au pouvoir. Urgence à la frontière. Urgence sécuritaire. Urgence économique. Urgence sanitaire. Toujours une urgence quelconque qui justifie des pouvoirs extraordinaires. Et progressivement, l’extraordinaire devient ordinaire. Les citoyens s’habituent. Ils ne sursautent même plus quand le président annonce une nouvelle urgence et s’arroge de nouveaux pouvoirs. C’est devenu banal. Normal. Attendu, même. Et c’est exactement comme ça que les démocraties basculent vers l’autoritarisme. L’état d’urgence, qui devrait être par définition temporaire et exceptionnel, devient permanent. Il devient la nouvelle norme. Et dans un état d’urgence permanent, les libertés civiles sont des luxes qu’on ne peut plus se permettre. La dissidence devient dangereuse. La critique devient trahison. Et avant qu’on s’en rende compte, on vit dans un régime autoritaire qui a gardé toutes les apparences de la démocratie mais plus aucune de ses substances.
L’érosion irréversible de la confiance institutionnelle
Mais peut-être que le dommage le plus profond et le plus durable est l’érosion de la confiance. Chaque fois que Trump viole les normes et s’en sort, les Américains perdent un peu plus confiance dans leurs institutions. Ils constatent que les règles ne s’appliquent pas également. Que le pouvoir compte plus que le droit. Que les institutions censées protéger la démocratie sont impuissantes face à un leader déterminé et sans scrupules. Cette perte de confiance est catastrophique. Parce qu’une démocratie ne fonctionne que si les citoyens croient en ses institutions. Si cette confiance disparaît, tout le système s’effondre. Les gens arrêtent de voter parce qu’ils pensent que c’est truqué. Ils arrêtent de payer leurs impôts parce qu’ils pensent que l’argent est volé. Ils arrêtent de respecter les lois parce qu’ils voient que les puissants les ignorent. On entre dans une spirale de délégitimation dont il est très difficile de sortir. Et Trump, consciemment ou non, accélère cette spirale à chaque transgression. Il pourrit le système de l’intérieur. Et même quand il sera parti, les dégâts resteront. Peut-être pour des générations.
L'impact sur le personnel fédéral non militaire

Des centaines de milliers de fonctionnaires sans salaire
Pendant que Trump se vante de sauver les militaires, des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux civils ne reçoivent pas leur paie. Des agents de la TSA qui sécurisent les aéroports. Des gardes forestiers qui protègent les parcs nationaux. Des scientifiques de la NASA. Des inspecteurs de la sécurité alimentaire. Des employés de l’administration fiscale. Tous essentiels. Tous américains. Tous qui servent leur pays. Mais eux ne portent pas d’uniforme militaire. Alors Trump s’en fiche. Pour lui, ils ne comptent pas politiquement. Ils ne font pas de belles images. Alors ils peuvent bien souffrir. Beaucoup ne peuvent plus payer leur loyer. Ils font la queue aux banques alimentaires. Certains prennent des emplois temporaires pour survivre. D’autres démissionnent purement et simplement, dégoûtés par un gouvernement qui les traite comme des pions jetables. Cette hémorragie de talents et d’expérience affaiblit considérablement la capacité de l’État fédéral à fonctionner. Mais encore une fois, Trump ne pense pas à long terme. Il ne pense qu’à son image immédiate.
Une discrimination qui révèle les priorités trumpistes
Le choix de payer les militaires mais pas les autres employés fédéraux révèle la hiérarchie de valeurs de Trump. L’armée est utile. Elle peut être instrumentalisée politiquement. Elle projette la force. Elle impressionne sa base électorale qui valorise la puissance militaire. Les fonctionnaires civils, en revanche, sont souvent perçus par les trumpistes comme des bureaucrates inutiles, voire comme des ennemis de l’intérieur — le fameux Deep State qu’il faut démanteler. Alors leur souffrance est acceptable. Voire souhaitable. Ça fait partie du projet de destruction de l’État administratif que Trump et ses alliés poursuivent depuis le début. Cette discrimination n’est pas accidentelle. Elle est stratégique. Elle envoie un message clair : ceux qui servent l’État de manière apolitique et technique ne sont pas valorisés. Seule la loyauté personnelle au chef compte. C’est une vision profondément autoritaire du service public. Et elle transforme radicalement la nature de l’État américain.
Les conséquences sur les services publics essentiels
À court terme, cette fermeture du gouvernement avec paiement sélectif des militaires crée un chaos dans les services publics. Des avions cloués au sol parce que les contrôleurs aériens ne se présentent pas. Des parcs nationaux saccagés parce qu’il n’y a personne pour les surveiller. Des enquêtes criminelles retardées. Des procès reportés. Des prestations sociales non versées. L’État fédéral américain, déjà affaibli par des années de sous-financement et d’attaques politiques, se délite sous nos yeux. Et les citoyens ordinaires en paient le prix. Ils constatent que leur gouvernement ne fonctionne plus. Que les services sur lesquels ils comptent disparaissent. Et ça renforce le message trumpiste : l’État ne marche pas, il faut le détruire et le reconstruire autour d’un leader fort. C’est un cercle vicieux parfait. Trump sabote l’État. L’État dysfonctionne. Les citoyens perdent confiance. Trump dit : voyez, je vous l’avais dit. Et il consolide son pouvoir. C’est d’une efficacité redoutable. Et d’une perversité absolue.
Les scénarios possibles pour sortir de la crise

Un compromis budgétaire improbable
Théoriquement, la solution est simple : Trump et le Congrès doivent trouver un compromis. Chacun lâche un peu. Trump renonce à certaines exigences. Les démocrates acceptent un budget partiel pour rouvrir le gouvernement. Tout le monde sauve la face. Problème : personne ne veut reculer. Trump a fait de cette confrontation un test de virilité politique. Reculer maintenant serait perçu par sa base comme une faiblesse. Et il ne peut pas se le permettre. De l’autre côté, les démocrates estiment qu’ils ont déjà fait trop de compromis. Qu’ils ont cédé sur trop de choses. Qu’il faut tracer une ligne rouge quelque part. Alors ils tiennent. Résultat : impasse totale. Chaque jour qui passe durcit les positions. Chaque déclaration publique rend le compromis plus difficile. On s’enfonce dans une guerre d’ego où aucun camp ne peut reculer sans perdre la face. Et pendant ce temps, le pays se paralyse. Les services publics s’effondrent. Les citoyens souffrent. Mais les politiciens jouent leur jeu de pouvoir, indifférents aux conséquences réelles sur les vies ordinaires.
Une intervention judiciaire qui arrive trop tard
Les tribunaux pourraient théoriquement bloquer le décret présidentiel. Déclarer qu’il viole la Constitution. Ordonner au Pentagone de cesser de dépenser sans autorisation congressionnelle. Mais le système judiciaire américain est lent. Très lent. Les plaintes doivent être déposées. Les audiences programmées. Les arguments entendus. Les décisions rendues. Puis les appels. Puis les contre-appels. Ça peut prendre des mois. Et pendant ce temps, le décret reste en vigueur. Les fonds sont dépensés. Les précédents établis. Même si finalement un tribunal déclare le décret illégal, le mal sera fait. Trump aura obtenu ce qu’il voulait : payer les troupes, marquer des points politiques, établir un précédent de pouvoir présidentiel élargi. La justice viendra peut-être. Mais elle viendra trop tard. C’est le calcul cynique de Trump depuis le début. Agir vite. Créer des faits accomplis. Et laisser le système judiciaire courir derrière. Parce qu’il sait que dans une bataille entre l’action exécutive rapide et le processus judiciaire lent, l’action gagne presque toujours.
L’escalade vers une crise constitutionnelle majeure
Mais il existe aussi un scénario beaucoup plus sombre. Cette confrontation pourrait dégénérer en crise constitutionnelle ouverte. Imaginons qu’un juge fédéral ordonne au Pentagone de cesser d’exécuter le décret présidentiel. Et que Trump ordonne au Pentagone d’ignorer cette décision judiciaire. Que se passe-t-il ? Qui obéit à qui ? Le secrétaire à la Défense suit-il le président ou le juge ? Et si le Congrès vote la destitution de Trump pour abus de pouvoir, mais que le Sénat refuse de le condamner ? Et si Trump déclare que la destitution est illégale et refuse de reconnaître la procédure ? On entrerait alors dans un territoire constitutionnel complètement inexploré. Une situation où les trois branches du gouvernement se défient mutuellement. Où personne ne sait plus qui a autorité. Où le pays pourrait littéralement se fragmenter entre ceux qui suivent le président et ceux qui suivent le Congrès ou les tribunaux. C’est le scénario cauchemar. Et il n’est plus aussi improbable qu’il devrait l’être. Trump a déjà montré qu’il est prêt à tout. Absolument tout. Pour conserver et étendre son pouvoir.
Ce que cela dit de l'Amérique de 2025

Une société profondément fracturée et polarisée
Cette crise budgétaire et le décret présidentiel qui en découle sont le symptôme d’une maladie beaucoup plus profonde. L’Amérique de 2025 est une société fracturée jusqu’à l’os. Divisée entre trumpistes et anti-trumpistes. Entre zones urbaines progressistes et zones rurales conservatrices. Entre communautés blanches et minorités. Entre riches et pauvres. Ces fractures ne sont pas nouvelles. Mais elles se sont considérablement aggravées. Et surtout, elles sont devenues irréconciliables. Les deux camps ne partagent plus la même réalité factuelle. Ils ne consomment pas les mêmes médias. Ils ne croient pas aux mêmes faits. Ils ne valorisent pas les mêmes principes. Comment gouverner une société aussi divisée ? Comment trouver un terrain d’entente quand il n’existe plus de terrain commun ? Trump n’essaie même pas. Il gouverne pour sa base. Il ignore, voire méprise activement l’autre moitié du pays. Et cette moitié le lui rend bien. Résultat : une guerre permanente. Une impossibilité structurelle de coopération. Une paralysie politique totale interrompue seulement par des coups de force présidentiels comme celui d’aujourd’hui.
Des institutions démocratiques à bout de souffle
Les institutions américaines, conçues au XVIIIe siècle pour un pays agraire de quelques millions d’habitants, montrent leurs limites face aux défis du XXIe siècle. Le système de freins et contrepoids ne fonctionne que si les acteurs jouent le jeu de bonne foi. Si un président décide de les ignorer systématiquement, et qu’un parti politique majeur le soutient, le système s’effondre. La Constitution américaine n’a jamais été amendée pour s’adapter aux réalités modernes. Elle reste figée dans un cadre conceptuel du XVIIIe siècle. Et ça crée des failles béantes qu’un leader déterminé comme Trump peut exploiter. Le résultat est sous nos yeux : des institutions paralysées. Un Congrès impuissant. Une présidence qui accumule des pouvoirs jamais prévus par les fondateurs. Une Cour suprême politisée. Un État fédéral qui dysfonctionne. Ce n’est plus le système que les pères fondateurs ont imaginé. C’est devenu autre chose. Quelque chose de plus fragile. De plus autoritaire. De moins démocratique.
La tentation autoritaire qui séduit une partie du pays
Mais peut-être que le plus inquiétant est ceci : une partie significative de la population américaine applaudit ces dérives autoritaires. Ils veulent un homme fort. Ils sont fatigués des débats démocratiques interminables. Ils trouvent que le système est trop lent, trop complexe, trop inefficace. Ils veulent quelqu’un qui agisse. Qui décide. Qui impose sa volonté. Peu importe si ça viole la Constitution. Peu importe si ça détruit les institutions. Ils veulent des résultats. Et Trump leur promet exactement ça. Cette tentation autoritaire n’est pas nouvelle. Elle existe dans toutes les démocraties fatiguées. Mais aux États-Unis, elle a trouvé un véhicule parfait en Trump. Un homme qui incarne exactement ce que ces gens recherchent : force, décision, mépris des règles. Et tant que cette demande existera, l’offre autoritaire trouvera des entrepreneurs politiques pour la satisfaire. Trump n’est peut-être que le premier. Ou le plus spectaculaire. Mais il ne sera probablement pas le dernier. Cette dérive pourrait devenir la nouvelle norme de la politique américaine. Et ça, c’est terrifiant pour le monde entier.
Conclusion

Ce qu’il faut retenir de ce coup de force budgétaire
Le décret de Trump ordonnant au Pentagone d’utiliser tous les fonds disponibles pour payer les troupes n’est pas un geste patriotique de protection des militaires. C’est un coup de force constitutionnel qui établit un précédent catastrophique. En s’arrogeant le pouvoir de dépenser sans autorisation du Congrès, Trump dynamite la séparation des pouvoirs et transforme la présidence en quasi-monarchie. Cette transgression s’ajoute à une longue liste d’abus qui, cumulés, détruisent méthodiquement les fondations de la démocratie américaine. Et le plus terrifiant est que personne ne semble capable de l’arrêter. Le Congrès est paralysé par la lâcheté républicaine. Les tribunaux sont lents et partiellement compromis. Les citoyens sont divisés et épuisés. Les institutions s’effondrent une à une. Et pendant ce temps, Trump continue d’avancer. De repousser les limites. De normaliser l’inacceptable. Ce décret n’est pas une fin. C’est une étape. Une étape de plus vers quelque chose de beaucoup plus sombre. Et nous regardons, impuissants ou complices, cette descente se poursuivre.
Ce qui change dès maintenant dans l’équilibre des pouvoirs
À partir d’aujourd’hui, le président américain dispose effectivement d’un pouvoir budgétaire qu’il n’est pas censé avoir. Si ce décret n’est pas annulé rapidement et fermement, tout futur président pourra invoquer ce précédent. Rediriger des fonds. Ignorer le Congrès. Gouverner par urgence permanente. C’est un changement fondamental dans l’architecture constitutionnelle américaine. Un changement qui se fait sans amendement. Sans débat national. Sans consentement démocratique. Juste par la force d’un décret présidentiel. Et les conséquences vont bien au-delà du budget militaire. Elles touchent à la nature même du système politique américain. Est-ce encore une démocratie quand un homme peut dépenser l’argent public à sa guise ? Quand il peut ignorer les représentants élus du peuple ? La réponse, honnêtement, penche de plus en plus vers le non. L’Amérique de 2025 ressemble de moins en moins à une démocratie fonctionnelle. Et de plus en plus à un régime autoritaire avec des apparences démocratiques. Cette transformation se fait sous nos yeux. En direct. Et nous ne faisons rien pour l’arrêter.
Ce que je recommande face à cette dérive catastrophique
Face à cette situation, je ne peux que répéter ce que je dis depuis des mois : résistez. Documentez ces abus. Témoignez. Soutenez les organisations de défense des libertés civiles. Manifestez quand vous le pouvez. Votez à chaque élection, même locale. Parce que les contre-pouvoirs se construisent aussi à l’échelle locale. Refusez la normalisation de ces transgressions. Continuez de dire que ce n’est pas normal. Que ce n’est pas acceptable. Même si vous avez l’impression de crier dans le vide. Parce que le silence est complice. Et la résignation est une victoire pour l’autoritarisme. Oui, les chances de succès semblent minces. Oui, on a l’impression de se battre contre un rouleau compresseur. Mais l’Histoire montre que même les régimes qui semblent invincibles finissent par tomber. Parfois soudainement. Parfois de manière inattendue. Et quand ils tombent, ceux qui ont résisté sont là pour reconstruire. Pour témoigner. Pour rappeler ce qui s’est passé et pourquoi ça ne doit jamais se reproduire. Soyez ces résistants. Pas des héros. Juste des citoyens obstinés qui refusent de baisser la tête. C’est tout ce qu’on peut faire. Mais c’est déjà beaucoup. C’est déjà essentiel.