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La rétribution comme stratégie de gouvernance

Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, Donald Trump ne gouverne pas. Il venge. Chaque décision, chaque déclaration, chaque ordre exécutif semble conçu pour cibler, punir, humilier. Plus de cent menaces de poursuites contre des adversaires perçus. L’IRS politisé. Le Département de la Justice transformé en arme personnelle. Des agences fédérales entières — Défense, Sécurité intérieure, Éducation, Santé — mobilisées pour harceler et traquer ceux qui osent s’opposer à lui. Une analyse de NPR révèle que dans ses cent premiers jours, Trump a utilisé au moins onze agences gouvernementales pour cibler ses ennemis politiques. Ce n’est pas du chaos. Ce n’est pas de l’incompétence. C’est une stratégie délibérée. Un piège mortel. Trump provoque ses adversaires — les démocrates, les médias, les procureurs, les juges — jusqu’à ce qu’ils réagissent. Et quand ils réagissent, il les écrase. Le 25 septembre 2025, il a fait inculper James Comey, ancien directeur du FBI, cinq jours avant l’expiration du délai de prescription. Une inculpation que les procureurs de carrière avaient refusée par manque de preuves. Mais Trump a insisté publiquement sur Truth Social. Et Pam Bondi, sa procureure générale, a obéi.

Un shutdown transformé en arme politique

Depuis le 1er octobre 2025, le gouvernement américain est fermé. Pas par accident. Par calcul. Trump a transformé ce shutdown en une opportunité de détruire des programmes démocrates, de punir les États bleus, de licencier des fonctionnaires fédéraux en masse. Le 9 octobre, lors d’une réunion du Cabinet, il a déclaré sans ambages : « Nous ne coupons que les programmes démocrates ». Russell Vought, directeur du Bureau de la gestion et du budget, a gelé dix-huit milliards de dollars de financement pour des projets d’infrastructure à New York et annulé huit milliards pour le climat dans les États démocrates. Trump a même diffusé des vidéos dans les aéroports blâmant les démocrates pour le shutdown — une campagne de propagande financée par l’argent public. Les démocrates, piégés, ont refusé de voter pour rouvrir le gouvernement tant qu’il n’y aurait pas de négociations sur les soins de santé. Exactement ce que Trump voulait. Parce que maintenant, il peut les accuser de fermer le gouvernement, de priver les militaires de leur salaire, de bloquer le pays… alors que c’est lui qui a orchestré tout ça.

Portland, les manifestants et l’excuse militaire

Le 30 septembre 2025, Trump a annoncé son intention de déployer deux cents membres de la Garde nationale de l’Oregon à Portland pour « protéger les installations ICE » contre des manifestants. Il a décrit la ville comme « ravagée par la guerre », « contrôlée par des terroristes ». Les habitants de Portland ont réagi avec incrédulité — la ville est calme, les manifestations sont pacifiques et limitées. Mais Trump s’en fiche. Il a besoin d’images de chaos. D’affrontements. De violence. Parce que ça justifie l’escalade. Le procureur général de l’Oregon, Dan Rayfield, a poursuivi Trump. Un juge fédéral a bloqué le déploiement, citant un tweet de Trump lui-même comme preuve de sa mauvaise foi. Mais Trump a recommencé. Il a tenté de fédéraliser la Garde nationale de Californie pour l’envoyer à Portland. Encore une fois bloqué. Mais le mal est fait. Les médias parlent de Portland. De manifestants. De violence. De chaos. Et Trump peut se présenter comme l’homme fort qui ramènera l’ordre. Tout en transformant ses adversaires en ennemis de l’intérieur.

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