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Quand le ridicule devient une arme politique

Trump a hurlé que Portland était une zone de guerre. Littéralement. Via Truth Social, lors d’un meeting enflammé, dans ses discours catastrophistes habituels : cette ville de l’Oregon serait tombée aux mains de hordes anarchistes anti-ICE transformant les rues en champs de bataille. Des images apocalyptiques, des comparaisons avec Beyrouth ou Mogadiscio… Le président adore ces métaphores guerrières, elles galvanisent sa base, nourrissent le récit d’une Amérique en perdition qu’il est seul capable de sauver. Mais voilà. Les habitants de Portland ont décidé de répondre. Pas par la colère frontale. Pas par des contre-manifestations violentes qui alimenteraient la propagande trumpiste. Non. Ils ont choisi l’arme du ridicule. Et c’est absolument génial. Des déguisements absurdes, des pancartes hilarantes, une chorégraphie de l’absurde qui transforme la supposée zone de guerre en carnaval joyeux et subversif. Le message ? On ne vous prend pas au sérieux. Votre rhétorique apocalyptique ne nous effraie pas. Et on va vous le prouver en dansant.

Une mobilisation anti-ICE qui refuse la peur

Depuis des mois, Portland est effectivement un épicentre de la résistance à l’ICE. Des manifestations régulières contre les raids migratoires, des blocages devant les centres de détention, une solidarité militante avec les sans-papiers… La ville a une longue tradition d’activisme de gauche, et l’administration Trump la déteste pour ça. Mais contrairement aux fantasmes présidentiels, ces manifestations sont majoritairement pacifiques, créatives, multigénérationnelles. Des grand-mères avec des pancartes, des étudiants avec des slogans poétiques, des familles entières qui viennent témoigner leur soutien aux migrants. Oui, il y a parfois des tensions avec la police fédérale. Oui, quelques vitrines ont été brisées lors de rassemblements nocturnes plus radicaux. Mais qualifier ça de zone de guerre ? C’est une insulte à l’intelligence. Et les Portlandais ont décidé de le montrer par l’absurde.

Le pouvoir subversif de l’humour collectif

Ce week-end d’octobre 2025, la réponse a pris une tournure mémorable. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues costumées en soldats de pacotille, brandissant des fusils en mousse, portant des casques de chantier peints aux couleurs de l’arc-en-ciel. Des banderoles proclament : « Zone de guerre, recherche ennemis désespérément » ou « Victimes du brunch agressif depuis 1851 ». Des food trucks distribués gratuitement des tacos aux manifestants affamés par cette terrible guerre urbaine. Un DJ mixe du disco sur une remorque tractée. Des enfants dessinent à la craie sur les trottoirs des messages de paix. C’est jubilatoire. C’est intelligent. C’est exactement le type de protestation qui désamorce la rhétorique autoritaire en la tournant en dérision. Parce que le fascisme déteste une chose par-dessus tout : qu’on se moque de lui.

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