Quand l’humoriste biologiste entre dans l’arène politique
Boucar Diouf n’est pas du genre à se mêler de politique internationale. Ce biologiste devenu humoriste québécois, connu pour ses chroniques pleines d’humanité sur la nature et la société, préfère habituellement parler de saumons, de bélugas et de différences culturelles avec son humour unique. Mais voilà. Depuis que des rumeurs persistantes circulent sur une possible nomination de Donald Trump au prix Nobel de la paix pour son rôle dans un hypothétique accord de paix entre la Russie et l’Ukraine, Boucar a décidé de sortir du bois. Et il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Dans une chronique diffusée cette semaine sur les ondes de Radio-Canada, l’homme a livré une analyse aussi dévastatrice que nuancée de cette aberration potentielle. Et le Québec francophone tout entier s’est enflammé. Parce que quand Boucar parle, les gens écoutent. Parce qu’il a cette capacité rare de dire des vérités qui dérangent avec une douceur qui désarme. Mais cette fois, la douceur a laissé place à quelque chose de plus tranchant. De plus urgent.
Un Nobel pour Trump serait la fin de toute crédibilité
Boucar Diouf a été catégorique. Donner le prix Nobel de la paix à Donald Trump, même s’il parvenait à négocier un cessez-le-feu en Ukraine, serait une insulte à tous ceux qui l’ont reçu légitimement. Une gifle à la mémoire de Martin Luther King, de Nelson Mandela, de Malala Yousafzai. Comment peut-on récompenser un homme qui a passé sa carrière politique à attiser les divisions, à encourager la violence, à mépriser les institutions internationales et les droits humains ? Un homme qui a tenté de renverser les résultats d’une élection démocratique en 2021 ? Qui a séparé des enfants migrants de leurs parents à la frontière ? Qui a systématiquement démoli les alliances et les traités de paix existants ? Boucar soulève une question fondamentale : le Nobel de la paix récompense-t-il un acte ponctuel, ou une cohérence dans l’engagement pour la paix ? Si c’est le premier, alors n’importe quel dictateur pourrait l’obtenir en signant un accord opportuniste. Si c’est le second, alors Trump est disqualifié d’office. Et l’humoriste biologiste enfonce le clou : donner ce prix à Trump transformerait le Nobel en farce. En outil politique cynique vidé de toute signification morale.
Une prise de position qui divise déjà le Québec
Évidemment, la déclaration de Boucar Diouf a provoqué une tempête. Les réseaux sociaux québécois se sont immédiatement polarisés. D’un côté, ceux qui applaudissent son courage. Qui saluent le fait qu’une personnalité publique appréciée ose prendre position clairement contre Trump dans un contexte où beaucoup préfèrent rester neutres par peur des représailles ou des controverses. De l’autre, ceux qui l’accusent de partialité. De se mêler de ce qui ne le regarde pas. De salir un processus diplomatique qui pourrait sauver des milliers de vies. Certains vont même jusqu’à dire qu’il devrait rester dans son domaine — l’humour et la vulgarisation scientifique — plutôt que de s’aventurer dans l’analyse politique. Mais Boucar a répondu avec une simplicité désarmante : en tant que citoyen du monde, en tant qu’immigrant qui a trouvé refuge au Canada, en tant qu’humaniste, il a non seulement le droit mais le devoir de s’exprimer quand il voit une injustice aussi flagrante se profiler. Et cette réponse a résonné fort. Très fort.
Qui est Boucar Diouf et pourquoi son opinion compte

Du Sénégal au Québec, un parcours hors norme
Pour comprendre pourquoi les mots de Boucar Diouf résonnent aussi fort, il faut connaître son parcours. Né au Sénégal en 1965, il a d’abord été biologiste marin. Il a étudié les océans, les poissons, les écosystèmes. Puis il est arrivé au Québec dans les années 1990 pour poursuivre ses études. Et quelque chose d’extraordinaire s’est produit. Cet homme de science, avec son accent sénégalais chantant et son regard tendre sur le monde, a découvert qu’il avait un don pour l’humour. Pour raconter des histoires. Pour faire rire en faisant réfléchir. Il a commencé à faire des spectacles d’humour où il mêlait ses observations scientifiques à des anecdotes sur le choc culturel entre l’Afrique et le Québec. Et ça a cartonné. Pas seulement parce que c’était drôle. Mais parce que c’était intelligent. Généreux. Profondément humain. Boucar est devenu une figure majeure de la culture québécoise. Un pont entre les communautés. Une voix qui rappelle constamment que derrière les différences, il y a une humanité commune.
Un intellectuel déguisé en humoriste
Mais réduire Boucar Diouf à un simple humoriste serait une erreur. C’est avant tout un intellectuel. Ses chroniques radio, ses livres, ses conférences démontrent une érudition impressionnante. Il parle de biologie évolutive avec la même aisance que de philosophie ou d’anthropologie. Il cite Darwin et Lévi-Strauss. Il analyse les comportements humains à travers le prisme de la nature. Et il le fait avec une pédagogie exceptionnelle, accessible à tous sans jamais simplifier outrageusement. C’est cette combinaison rare — rigueur scientifique, profondeur intellectuelle et capacité à communiquer avec humour — qui donne tant de poids à ses prises de position. Quand Boucar parle, ce n’est pas une opinion à l’emporte-pièce lancée sur Twitter. C’est une réflexion construite, nourrie par des années d’observation du monde et de l’humanité. Et les Québécois le savent. Ils lui font confiance. Parce qu’il n’a jamais trahi cette confiance. Parce qu’il reste fidèle à ses valeurs d’humanisme et de respect, même quand c’est difficile. Surtout quand c’est difficile.
Une crédibilité construite sur la cohérence
Ce qui rend l’intervention de Boucar particulièrement puissante, c’est sa cohérence. Il n’a jamais été un partisan politique. Il ne milite pour aucun parti. Il ne s’est jamais positionné dans les guerres idéologiques qui déchirent le Québec. Il parle de valeurs universelles : respect, dignité, solidarité, justice. Et quand il voit ces valeurs bafouées, il le dit. Simplement. Clairement. Sans calcul politique. C’est cette authenticité qui touche. Qui fait qu’on l’écoute même quand on n’est pas d’accord. Parce qu’on sait qu’il est sincère. Qu’il ne joue pas un jeu. Qu’il ne cherche pas à plaire ou à se positionner stratégiquement. Il dit ce qu’il pense parce qu’il estime que c’est important de le dire. Point. Et dans un monde où tout est calculé, où chaque déclaration publique est soupesée en termes d’image et de retombées, cette sincérité brute est presque révolutionnaire. Elle rappelle qu’on peut encore dire la vérité. Qu’on peut encore avoir des convictions et les exprimer sans se perdre dans les tactiques et les compromis.
Pourquoi l'idée d'un Nobel pour Trump est obscène

Un homme qui a construit sa carrière sur la division
Regardons les faits froidement. Donald Trump a bâti sa carrière politique sur la division. Sur l’identification d’ennemis et la mobilisation de sa base contre ces ennemis. Les immigrants mexicains qu’il a traités de violeurs et de criminels. Les musulmans qu’il a voulu interdire d’entrée aux États-Unis. Les manifestants de Black Lives Matter qu’il a qualifiés de terroristes. Les journalistes qu’il appelle ennemis du peuple. Les démocrates qu’il accuse de trahison. Même au sein de son propre parti, il a systématiquement détruit quiconque osait le critiquer. Cette stratégie de division permanente est l’antithèse absolue de ce que représente le prix Nobel de la paix. Comment peut-on récompenser un homme qui a passé des années à dresser les Américains les uns contre les autres ? Qui a encouragé la violence lors de ses meetings ? Qui a refusé de condamner clairement les suprémacistes blancs ? Qui a tenté un coup d’État le 6 janvier 2021 ? L’idée même qu’un tel homme puisse recevoir le Nobel de la paix est une obscénité. Une insulte à l’intelligence et à la mémoire historique.
Des crimes contre l’humanité à peine voilés
Parlons aussi des politiques concrètes de Trump. La séparation systématique des familles migrantes à la frontière mexicaine, avec des milliers d’enfants placés dans des cages. Des enfants qui ne retrouveront peut-être jamais leurs parents. C’est un crime selon les conventions internationales. Le retrait de l’accord de Paris sur le climat, condamnant des millions de personnes dans les pays vulnérables à des catastrophes amplifiées. L’abandon des Kurdes en Syrie, alliés fidèles des États-Unis, les livrant à une offensive turque meurtrière. Le soutien inconditionnel à des dictateurs — Kim Jong-un, Mohammed ben Salmane, Jair Bolsonaro — tant qu’ils flattaient son ego. La destruction méthodique des organisations internationales de défense des droits humains. On pourrait continuer pendant des pages. Trump n’est pas un artisan de paix. C’est un homme qui a causé d’immenses souffrances par calcul politique ou simple négligence. Lui donner le Nobel de la paix, c’est cracher au visage de toutes ses victimes. C’est leur dire que leur souffrance ne compte pas. Que tout peut être effacé par un accord géopolitique opportuniste.
Le précédent catastrophique que ça créerait
Mais au-delà du cas Trump, il faut penser aux conséquences d’une telle décision. Si le comité Nobel récompense Trump pour un accord de paix en Ukraine — même si cet accord sauve effectivement des vies — quel message ça envoie ? Que la fin justifie les moyens ? Qu’on peut commettre tous les abus possibles tant qu’on fait un geste diplomatique spectaculaire à la fin ? Ça ouvrirait la porte à tous les autocrates du monde. Poutine pourrait négocier un cessez-le-feu quelque part et réclamer son Nobel. Xi Jinping pourrait résoudre un conflit territorial et exiger le sien. Le prix Nobel de la paix deviendrait un outil de légitimation pour les pires dirigeants de la planète. Une récompense non plus pour une vie dédiée à la paix, mais pour une opportunité saisie. C’est exactement ce que dénonce Boucar Diouf : cette dérive utilitariste du Nobel qui transforme un symbole moral en monnaie d’échange politique. Et une fois cette dérive actée, impossible de revenir en arrière. Le Nobel serait mort. Vidé de toute signification.
La réaction du public québécois et canadien

Un clivage qui traverse toutes les générations
La prise de position de Boucar a révélé un clivage profond au sein de la société québécoise. Sur les réseaux sociaux, les commentaires se divisent presque parfaitement en deux camps. D’un côté, ceux qui applaudissent son courage et partagent son analyse. Beaucoup de jeunes progressistes, de militants pour les droits humains, d’artistes et d’intellectuels. Ils voient dans les mots de Boucar une bouffée d’air frais dans un débat public souvent aseptisé par peur de déplaire. De l’autre côté, une réaction défensive véhémente. Des gens qui accusent Boucar de partialité anti-américaine. D’autres qui estiment qu’il ne devrait pas se mêler de politique internationale. Certains invoquent même la neutralité canadienne, argument curieux venant de personnes qui n’hésitent pas à donner leur opinion sur tout le reste. Ce qui est frappant, c’est que ce clivage ne suit pas les lignes politiques habituelles. On trouve des souverainistes et des fédéralistes des deux côtés. Des gens de gauche et de droite qui partagent la position de Boucar. Ce n’est pas un débat partisan. C’est un débat moral. Et ça, c’est beaucoup plus profond. Beaucoup plus révélateur.
Les médias anglophones découvrent Boucar
Fait intéressant : l’intervention de Boucar a dépassé les frontières du Québec francophone. Plusieurs médias anglophones canadiens ont relayé ses propos. The Globe and Mail. CBC. Même certains médias américains progressistes ont évoqué cette chronique d’un humoriste québécois inconnu aux États-Unis mais qui dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Pour beaucoup d’anglophones, c’était une découverte. Qui est cet homme qui parle avec tant de clarté et d’humanité ? Cette attention médiatique anglophone a amplifié le débat. Elle a aussi exposé Boucar à des attaques beaucoup plus virulentes. Parce que les trumpistes américains ne rigolent pas. Ils ont commencé à l’attaquer sur les réseaux sociaux. À fouiller dans son passé pour trouver quelque chose à lui reprocher. À le menacer. C’est la machine de destruction habituelle qui se met en marche dès qu’une voix critique émerge. Boucar s’y attendait probablement. Mais ça n’a pas dû être facile quand même. Passer d’humoriste aimé de tous à cible de campagnes de harcèlement internationales en quelques jours. C’est le prix à payer pour avoir osé parler.
Un débat qui révèle nos valeurs profondes
Au fond, ce débat autour des propos de Boucar est un miroir. Il révèle ce que chacun valorise vraiment. Ceux qui défendent l’idée d’un Nobel pour Trump privilégient le pragmatisme. Ils disent : peu importe qui Trump est, s’il arrête la guerre, il mérite d’être récompensé. C’est une vision utilitariste de la morale. Le résultat compte plus que l’intention ou la cohérence. À l’inverse, ceux qui partagent la position de Boucar défendent une vision plus déontologique. Les moyens comptent autant que les fins. On ne peut pas récompenser quelqu’un qui a passé sa vie à nuire sous prétexte qu’il fait une bonne action. C’est un débat philosophique fondamental. Et il n’y a pas de réponse facile. Mais ce qui est certain, c’est que cette discussion force les gens à clarifier leurs valeurs. À se demander : qu’est-ce qui compte vraiment pour moi ? La paix à tout prix ? Ou la paix avec justice ? Et cette question, franchement, on devrait tous se la poser plus souvent. Parce qu’elle définit le genre de monde qu’on veut construire.
Le prix Nobel de la paix : une institution en crise

Des choix controversés qui s’accumulent
Soyons honnêtes : le comité Nobel a déjà fait des erreurs par le passé. Henry Kissinger en 1973, alors que les États-Unis bombardaient encore le Vietnam. Yasser Arafat, Shimon Peres et Yitzhak Rabin en 1994 pour des accords d’Oslo qui n’ont jamais vraiment abouti. Barack Obama en 2009, après seulement neuf mois de présidence, avant même qu’il ne déploie ses drones à travers le Moyen-Orient. Ces choix ont été critiqués. Certains membres du comité ont même exprimé des regrets publiquement des années plus tard. Mais donner le Nobel à Trump serait d’une toute autre magnitude. Parce que les cas précédents concernaient des personnes imparfaites mais qui avaient au moins un engagement sincère pour la paix, même maladroit ou hypocrite. Trump, lui, n’a jamais prétendu être un artisan de paix. Il se vante d’être un homme fort. Un dominateur. Quelqu’un qui écrase ses adversaires. Lui donner le Nobel ne serait pas une erreur de jugement. Ce serait une capitulation morale. Un aveu que le comité Nobel n’a plus ni boussole ni principes. Juste un calcul géopolitique cynique.
La pression politique exercée sur le comité
Il faut comprendre que le comité Nobel subit des pressions énormes. Des pressions politiques venant de gouvernements influents. Des pressions médiatiques qui créent des attentes. Des pressions de l’opinion publique qui veut voir certains gestes récompensés. Dans le cas de Trump, si effectivement il négocie un accord entre la Russie et l’Ukraine, la pression pour le récompenser sera immense. Les pays occidentaux, épuisés par ce conflit, voudront célébrer la paix retrouvée. Les médias conservateurs lanceront des campagnes massives pour qu’il reçoive le Nobel. Même certains leaders européens, par pragmatisme, pourraient soutenir cette nomination. Et le comité Nobel, composé de cinq Norvégiens nommés par le parlement, n’est pas à l’abri de ces influences. Ils sont humains. Ils veulent être pertinents. Ils veulent que leur prix ait de l’impact. Mais céder à ces pressions transformerait le Nobel en outil politique plutôt qu’en symbole moral. Et une fois cette ligne franchie, impossible de revenir en arrière. Le Nobel perdrait toute légitimité.
Quel avenir pour cette institution si elle se compromet ?
Si le comité Nobel commet l’erreur de récompenser Trump, l’institution ne s’en remettra probablement jamais. De nombreux lauréats passés pourraient répudier leur prix. Des voix respectées dans le monde entier appelleraient au boycott. Le Nobel de la paix rejoindrait la longue liste des institutions autrefois prestigieuses devenues insignifiantes par compromissions successives. Et ce serait une perte immense pour l’humanité. Parce que malgré ses défauts, le Nobel de la paix représente quelque chose d’important. Il rappelle qu’il existe des valeurs universelles. Qu’on peut récompenser le courage, la compassion, le sacrifice. Qu’on peut célébrer ceux qui risquent tout pour un monde meilleur. Si cette lumière s’éteint, si le Nobel devient juste un prix politique parmi d’autres, quelque chose d’essentiel sera perdu. Un repère moral. Une boussole. Et dans le monde chaotique actuel, on a besoin de ces repères. Désespérément. Leur disparition nous laisserait encore plus désorientés. Encore plus cyniques. Encore plus résignés à l’idée que seule la force brute compte, pas les valeurs ou les principes.
Ce que Boucar propose comme alternative

Reconnaître les véritables artisans de paix anonymes
Dans sa chronique, Boucar ne se contente pas de critiquer. Il propose aussi. Il suggère que si un accord de paix en Ukraine est effectivement conclu, le Nobel devrait aller aux véritables artisans de cette paix. Pas aux leaders politiques qui signent les documents pour la caméra. Mais aux négociateurs de l’ombre. Aux diplomates qui ont passé des mois dans des salles sans fenêtre à chercher des compromis. Aux organisations humanitaires qui ont maintenu des canaux de communication quand tout semblait perdu. Aux citoyens ukrainiens et russes qui ont refusé la haine malgré la guerre. Ces héros anonymes qui font le vrai travail de paix, loin des projecteurs et des ego surdimensionnés. Voilà qui mériterait d’être célébré. Qui enverrait le bon message. Que la paix n’est pas l’œuvre de grands hommes providentiels, mais d’innombrables efforts humbles et persévérants. C’est une vision radicalement différente. Démocratique. Humaniste. Et tellement plus vraie que le mythe du leader fort qui résout tout.
Créer un prix spécifique pour les accords diplomatiques
Boucar suggère aussi une réforme plus structurelle. Peut-être faudrait-il créer un prix distinct pour les accords diplomatiques majeurs, séparé du Nobel de la paix. Un prix qui reconnaîtrait l’importance géopolitique d’un accord sans pour autant le confondre avec un engagement moral pour la paix. Ce prix pourrait être attribué à des leaders qui négocient des cessez-le-feu, même s’ils sont par ailleurs des personnages controversés. Ça permettrait de préserver l’intégrité du Nobel de la paix, réservé à des personnes dont toute la vie témoigne d’un engagement pour la non-violence, la justice et la réconciliation. C’est une proposition pragmatique. Elle reconnaît qu’il faut encourager la diplomatie et la négociation, même imparfaites. Mais sans sacrifier les standards moraux du Nobel. C’est une voie médiane intelligente. Qui permet de célébrer les progrès concrets tout en maintenant des idéaux élevés. Malheureusement, le comité Nobel n’a jamais montré beaucoup d’intérêt pour ce genre de réforme. Mais peut-être que le débat actuel les forcera à y réfléchir sérieusement.
Replacer l’humain au cœur du processus de paix
Mais au-delà des mécanismes institutionnels, ce que Boucar appelle de ses vœux, c’est un changement de paradigme. Arrêter de focaliser sur les grands leaders et leurs ego. Arrêter de croire que la paix vient d’en haut, signée par des hommes puissants dans des palais dorés. La vraie paix, durable et profonde, vient d’en bas. Des citoyens qui refusent la haine. Des communautés qui reconstruisent la confiance. Des gens ordinaires qui font des choix extraordinaires de réconciliation plutôt que de vengeance. C’est ce processus-là qu’il faut célébrer et encourager. Pas les postures diplomatiques de politiciens calculateurs. Boucar, avec sa sensibilité de biologiste, comprend que la paix est comme un écosystème. Elle nécessite des milliers d’interactions positives, de micro-décisions quotidiennes, d’efforts patients et répétés. On ne peut pas la décréter d’en haut. On peut seulement créer les conditions pour qu’elle émerge. Et ces conditions, ce sont les humains, avec leur capacité infinie de compassion et de résilience, qui les créent. Pas les Trump de ce monde.
Les implications pour le Québec et le Canada

Une société qui se définit par ses valeurs
Ce débat autour des propos de Boucar révèle quelque chose d’important sur le Québec et le Canada. Ces sociétés se définissent largement par leurs valeurs : paix, multiculturalisme, droits humains, ouverture sur le monde. Ce ne sont pas juste des mots. Ce sont des ancrages identitaires profonds. Quand ces valeurs sont menacées ou bafouées, même loin d’ici, ça provoque une réaction viscérale. C’est pourquoi la possible nomination de Trump au Nobel résonne si fort ici. Parce que ça va à l’encontre de tout ce que ces sociétés valorisent. Ça représente le triomphe du cynisme, de la force brute, du mépris des normes internationales. Et beaucoup de Canadiens et de Québécois refusent d’accepter ce basculement. Ils veulent croire qu’il existe encore des standards. Que les valeurs comptent. Que le monde n’est pas juste une jungle où le plus fort impose sa loi. Boucar donne voix à cette aspiration. Il rappelle pourquoi ces valeurs sont importantes. Pourquoi il faut les défendre, même quand ça semble futile. Parce que les perdre signifierait perdre une partie essentielle de notre identité collective.
La distance critique face aux États-Unis
Ce débat illustre aussi la relation complexe que le Canada et le Québec entretiennent avec les États-Unis. Une relation faite d’admiration et de méfiance. De proximité et de distance. Les Canadiens aiment beaucoup d’aspects de la culture américaine. Mais ils sont aussi profondément troublés par certaines dérives. L’obsession des armes à feu. Les inégalités massives. Le système de santé dysfonctionnel. Et maintenant, cette descente vers l’autoritarisme sous Trump. Beaucoup de Canadiens se disent : on ne veut pas de ça ici. On veut préserver notre modèle, imparfait certes, mais qui valorise au moins la cohésion sociale et le respect des institutions. L’intervention de Boucar s’inscrit dans cette tradition de distance critique. On peut être alliés des États-Unis tout en refusant de cautionner leurs excès. On peut commercer avec eux tout en dénonçant leurs dérives. Cette nuance, cette capacité à maintenir des relations tout en gardant son intégrité morale, c’est peut-être une des forces du Canada. Et Boucar l’incarne parfaitement dans ce débat.
Un modèle de débat public respectueux mais ferme
Enfin, ce débat montre que le Québec et le Canada peuvent encore avoir des discussions passionnées sans sombrer dans la violence verbale ou la polarisation absolue. Oui, les opinions divergent. Oui, ça chauffe parfois. Mais globalement, le débat reste civilisé. Les gens écoutent encore. Ils argumentent. Ils ne se contentent pas de hurler des slogans. C’est précieux. Parce que dans beaucoup d’autres pays occidentaux, ce type de débat nuancé n’existe plus. Tout est immédiatement polarisé. Chaque position modérée est attaquée comme naïve ou complice. Le centre disparaît. Ici, pour l’instant, il résiste. Boucar peut dire ce qu’il pense sans craindre pour sa sécurité physique. Ses opposants peuvent le critiquer sans être censurés. C’est un privilège démocratique qu’on devrait chérir. Parce qu’il est beaucoup plus fragile qu’on ne le pense. Et qu’il disparaît vite quand on cesse d’y faire attention. Quand on laisse la peur et la haine remplacer le dialogue. Ce débat autour de Boucar, avec toute sa vigueur, prouve qu’on n’en est pas encore là. Espérons qu’on ne le sera jamais.
Conclusion

Ce qu’il faut retenir de cette prise de position courageuse
L’intervention de Boucar Diouf dans le débat sur un possible prix Nobel pour Donald Trump n’est pas anodine. Elle représente le refus d’une normalisation de l’inacceptable. Le refus de laisser le cynisme politique éroder les derniers remparts moraux de nos sociétés. Boucar dit ce que beaucoup pensent mais n’osent pas exprimer : donner le Nobel de la paix à Trump serait une insulte à tous ceux qui se battent réellement pour la paix, la justice et la dignité humaine. Ce serait transformer ce prix prestigieux en outil de légitimation politique pour des dirigeants autoritaires. Ce serait envoyer le message que tout est permis tant qu’on fait un geste diplomatique spectaculaire au bon moment. Cette prise de position révèle aussi quelque chose de profond sur nos sociétés. Il existe encore des gens prêts à prendre des risques pour défendre des valeurs. Des gens qui refusent le silence complice. Qui croient que les mots ont du poids. Que la vérité mérite d’être dite, même quand ça dérange. C’est cette obstination morale qui empêche nos démocraties de basculer complètement dans l’indifférence et le cynisme. Et on en a besoin. Désespérément.
Ce qui change dès maintenant dans notre rapport aux symboles
À partir de maintenant, chaque décision concernant des prix internationaux, des honneurs symboliques, des célébrations officielles sera scrutée avec une attention nouvelle. Parce que Boucar et d’autres ont rappelé que ces symboles comptent. Qu’ils façonnent nos valeurs collectives. Qu’ils disent au monde ce qu’on célèbre, ce qu’on encourage, ce qu’on tolère. On ne peut plus prétendre que ce ne sont que des gestes protocolaires sans importance. Chaque choix est un message. Chaque honneur est une déclaration de valeurs. Et si on laisse ces symboles être capturés par des calculs politiques cyniques, on perd quelque chose d’essentiel. On perd la capacité de distinguer le bien du mal. Le courage de la lâcheté. La paix de la simple absence temporaire de conflit. Cette clarté morale est notre seule protection contre la barbarie. Sans elle, nous sommes perdus. Alors oui, ça compte. Énormément. Et Boucar vient de nous le rappeler avec une force tranquille mais implacable.
Ce que je recommande à tous les citoyens conscients
À tous ceux qui partagent les préoccupations de Boucar, je dis : exprimez-vous. Écrivez au comité Nobel. Signez des pétitions. Parlez autour de vous. Ne laissez pas cette décision se prendre dans le silence. Faites entendre votre voix. Parce que les comités, les institutions, les gouvernements écoutent quand suffisamment de gens parlent. Ils cèdent aux pressions, certes. Mais ça signifie qu’on peut faire contre-pression. Qu’on peut influencer les décisions. Qu’on n’est pas complètement impuissants. Et même si on échoue, même si Trump reçoit ce maudit prix, au moins on aura essayé. On aura témoigné. On aura dit non. Et ce témoignage compte. Pour l’Histoire. Pour nos enfants. Pour nous-mêmes. Parce qu’il faut pouvoir se regarder dans le miroir et se dire : j’ai fait ce que je pouvais. Je n’ai pas baissé les bras. Je n’ai pas accepté l’inacceptable en silence. C’est ça, finalement, la dignité. C’est ça, la résistance. Pas des actes héroïques spectaculaires. Juste le refus obstiné de se taire quand la conscience nous pousse à parler. Alors parlons. Ensemble. Fort. Maintenant. Avant qu’il ne soit trop tard.