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Donald Trump se pose en artisan de la paix sur la scène mondiale. Il annonce triomphalement des cessez-le-feu, libère des otages, orchestre des sommets diplomatiques à Charm el-Cheikh et Jérusalem. Devant la Knesset, il parle d’un triomphe incroyable, de la fin d’un long cauchemar, de l’aube historique d’un nouveau Moyen-Orient. Les médias internationaux évoquent même un prix Nobel de la paix pour lui — ce président qui négocie avec Israël et les pays arabes, qui promet la renaissance d’une région en feu depuis des décennies. Mais pendant ce temps, sur le sol américain, une réalité bien différente se dessine. Chicago est décrit par son administration comme une zone de guerre. Portland devient le théâtre d’affrontements entre la Garde nationale et des manifestants. Los Angeles, Washington, Memphis — toutes ces villes américaines subissent des déploiements militaires sans précédent en temps de paix. Le président qui prétend apporter l’harmonie au monde transforme son propre pays en champ de bataille. Ce paradoxe n’en est peut-être pas un… C’est une stratégie.

La militarisation de l’Amérique urbaine

Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, Trump a autorisé le déploiement de plus de dix mille militaires dans des villes américaines sous des prétextes variés — criminalité, immigration, terrorisme intérieur. La ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem affirme que des gangs, cartels et organisations terroristes connues offrent des primes aux manifestants contre les agents de l’ICE. Mais les chiffres contredisent ce discours apocalyptique. Les taux de criminalité dans ces villes ne justifient pas de telles interventions militaires. Washington, après le déploiement de la Garde nationale, a vu Trump affirmer que la ville était devenue une zone sûre avec une baisse de criminalité de quatre-vingt-sept pour cent. Pourtant, il a ensuite minimisé les violences conjugales en les décrivant comme des délits moins graves qui ne devraient pas figurer dans les statistiques — une déclaration qui a suscité l’indignation des défenseurs des droits des femmes. Environ quarante-et-un pour cent des femmes américaines sont confrontées à des violences de la part de leurs partenaires intimes au cours de leur vie. Mais pour Trump, une petite dispute avec sa femme ne devrait pas compter.

Le double discours qui révèle une stratégie

Ce double discours — paix à l’étranger, guerre à l’intérieur — n’est pas une contradiction. C’est une politique délibérée. En se posant comme président de la paix au Moyen-Orient, Trump consolide son image internationale et détourne l’attention de ses actions domestiques. Pendant qu’il serre la main de dirigeants arabes et israéliens, il réprime violemment l’opposition intérieure. Le vingt-deux septembre 2025, il a désigné le mouvement antifa comme organisation terroriste — bien qu’il s’agisse d’un mouvement décentralisé sans structure hiérarchique. La ministre de la justice Pam Bondi a promis de détruire l’organisation entière du sommet à la base. Cette désignation permet à l’administration d’utiliser des outils juridiques exceptionnels pour réprimer toute opposition de gauche, transformant des manifestants en ennemis de l’État. Pendant ce temps, Trump menace de recourir à l’Insurrection Act — une compilation de lois des dix-huitième et dix-neuvième siècles — pour déployer l’armée contre des citoyens américains, une mesure normalement interdite en temps de paix. Le chaos domestique n’est pas un échec de sa politique… c’est son instrument.

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