Aller au contenu

Quand une poêle devient un champ de bataille

L’huile de cuisson. Oui, vous avez bien lu. Pas l’acier, pas les semi-conducteurs, pas même les terres rares… non, cette fois c’est l’huile de cuisson qui cristallise la fureur de Donald Trump contre la Chine. Le président américain a dégainé mardi dernier une menace qui a fait trembler les marchés : stopper net toutes les importations d’huile venue de l’empire du Milieu. En représailles. Parce que Pékin refuse — délibérément, selon lui — d’acheter le soja américain. Et là, tout bascule… Les agriculteurs du Midwest se retrouvent au cœur d’un brasier géopolitique qu’ils n’ont jamais demandé. Les cours s’effondrent. Les contrats sautent. La guerre commerciale entre les deux géants économiques n’est plus une abstraction : elle est dans nos assiettes, dans nos cuisines, dans chaque geste du quotidien. Trump l’a dit sur Truth Social avec cette brutalité qui le caractérise : « Nous pouvons facilement produire nous-mêmes de l’huile de cuisson, nous n’avons pas besoin d’en acheter à la Chine. » Simple. Direct. Dévastateur. Mais derrière cette phrase choc se cache une escalade terrifiante dont personne ne mesure encore l’ampleur réelle.

Un soja qui devient otage

Revenons quelques semaines en arrière — mai précisément. La Chine cesse d’acheter le soja américain. Pas une graine. Pas un seul contrat. Zéro. L’Association du Soja Américain tire la sonnette d’alarme : depuis mai, les acheteurs chinois se tournent vers le Brésil, vers l’Argentine, vers n’importe quel fournisseur… sauf les États-Unis. Pourquoi ? Parce que Trump a imposé des droits de douane pharamineux sur les produits chinois. Et Pékin riposte comme elle sait le faire : en frappant les secteurs les plus vulnérables de l’économie américaine. Le soja, c’est le symbole même de cette vulnérabilité. C’est le nerf de guerre des fermiers du Midwest, c’est des milliers d’exploitations qui tiennent à un fil. Entre janvier et août, les exportations agricoles vers la Chine ont chuté de 53 % comparé à la même période en… déjà, on ne compte plus. Les chiffres donnent le vertige. En 2016, les exportations de soja valaient 14 milliards de dollars. En 2018 — premier mandat de Trump, première guerre commerciale — elles s’effondrent à 3,1 milliards. Aujourd’hui, on refait le même chemin (mais en pire peut-être).

L’huile comme riposte

Alors Trump contre-attaque. Avec l’huile de cuisson. Ou plus précisément, l’huile de cuisson usagée — ce qu’on appelle l’UCO dans le jargon. Les États-Unis en importaient un record de 1,27 million de tonnes en 2024, pour une valeur d’environ 1,1 milliard de dollars. La Chine était le premier fournisseur. Mais voilà : après les réductions de remboursements fiscaux chinois fin 2023, et surtout après les tarifs douaniers imposés par Washington cette année, les importations se sont… effondrées. Moins 65 % entre janvier et août. On tombe à 290 690 tonnes, soit 286,7 millions de dollars. Les échanges étaient déjà en chute libre avant même que Trump ouvre la bouche. Mais il a ouvert la bouche quand même. Et quand Trump parle, les Bourses tremblent : le S&P 500 a perdu des centaines de milliards en quelques minutes après son annonce. Un commentaire sur l’huile de cuisson… 450 milliards de dollars évaporés. C’est vertigineux, c’est brutal, c’est la guerre commerciale à l’état pur — où le moindre mot devient une bombe économique.

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!

Commentaires

0 0 votes
Évaluation de l'article
Subscribe
Notify of
guest
0 Commentaires
Newest
Oldest Most Voted
Inline Feedbacks
View all comments
More Content