L’annonce choc qui secoue les chancelleries
Il y a des déclarations qui résonnent comme des coups de tonnerre dans le ciel diplomatique. Mercredi dernier, depuis le Bureau ovale, Donald Trump lâche une bombe : l’Inde a cédé. Narendra Modi lui aurait assuré — personnellement, intimement — que New Delhi va cesser d’acheter du pétrole russe. « C’est un grand pas », clame le président américain, le visage triomphant, en ajoutant qu’il va maintenant « convaincre la Chine de faire pareil ». L’information fait immédiatement le tour du monde. Les marchés réagissent… puis se figent. Parce que quelque chose cloche. Très vite, du côté indien, le silence devient assourdissant. Pas de confirmation officielle. Pas de communiqué enthousiaste. Juste une réponse glaciale, presque cinglante, du ministère des Affaires étrangères indien : « Notre priorité est de protéger l’intérêt du consommateur indien dans un environnement énergétique volatile ». Traduction diplomatique : nous n’avons rien promis. Et nous ne céderons pas.
Un bras de fer qui dure depuis des mois
Cette affaire ne sort pas de nulle part. Depuis des semaines — des mois, en réalité —, Trump exerce une pression colossale sur l’Inde. En août dernier, il a déjà frappé fort : doublement des droits de douane sur les produits indiens, passant de vingt-cinq à cinquante pour cent. Une sanction économique brutale, assumée, dirigée contre un pays qui ose encore commercer avec Moscou. La raison invoquée ? L’Inde finance indirectement la guerre en Ukraine en achetant du brut russe à prix cassé. New Delhi aurait du sang sur les mains, selon Peter Navarro, conseiller commercial de la Maison-Blanche. Mais voilà… l’Inde n’a pas fléchi. Elle a continué d’importer, de raffiner, de redistribuer ce pétrole bon marché qui permet à sa population de 1,4 milliard d’habitants de tenir face à la flambée des prix énergétiques mondiaux. Modi a tenu bon. Et aujourd’hui, Trump prétend avoir gagné… sans que personne du côté indien ne le confirme.
Une promesse fantôme qui embarrasse tout le monde
Jeudi matin, la confusion atteint son sommet. Le porte-parole du gouvernement indien, Randhir Jaiswal, lâche une phrase lourde de sens : « Nous ne sommes pas au courant d’une conversation entre les deux dirigeants hier ». En clair : soit l’appel n’a jamais eu lieu, soit Trump invente un engagement que Modi n’a jamais pris. L’embarras est palpable à Washington comme à Delhi. Les analystes scrutent chaque mot, chaque silence. Parce que si Trump ment — ou exagère —, c’est toute sa stratégie de pression qui s’effondre. Et si Modi a vraiment fait une concession en privé sans oser l’assumer publiquement… c’est l’opposition indienne, menée par Rahul Gandhi, qui va exploser. Entre mensonge présidentiel et double jeu diplomatique, cette affaire révèle surtout une chose : dans cette bataille autour du pétrole russe, personne ne veut perdre la face. Mais quelqu’un va devoir céder. Ou mentir.
Le pétrole russe, nerf de la guerre économique

Comment l’Inde est devenue accro au brut de Moscou
Avant février deux mille vingt-deux, l’Inde achetait moins de un pour cent de son pétrole à la Russie. Aujourd’hui, ce chiffre dépasse les trente-sept pour cent. Une explosion. Une métamorphose totale de la carte énergétique indienne. Pourquoi ? Parce que lorsque l’invasion de l’Ukraine a déclenché une avalanche de sanctions occidentales, Moscou s’est retrouvé avec des barils sur les bras et personne pour les acheter au prix fort. Résultat : des rabais massifs, parfois vingt à trente dollars sous les cours mondiaux. Pour l’Inde, c’était une aubaine inespérée. Les raffineries de Jamnagar, contrôlées par Reliance Industries — la compagnie de Mukesh Ambani, l’homme le plus riche d’Asie —, ont sauté sur l’occasion. Entre janvier et juillet deux mille vingt-cinq, ces installations ont importé cent quatre-vingt-trois millions de barils russes, soit une hausse de soixante-quatre pour cent en un an. À elle seule, cette raffinerie représente plus de quatre-vingt-dix pour cent des produits pétroliers indiens exportés vers… les États-Unis. L’ironie est cruelle.
Un système qui contourne toutes les sanctions
Mais comment ce commerce fonctionne-t-il concrètement, malgré les embargos et les plafonnements de prix imposés par le G7 et l’Union européenne ? Grâce à ce qu’on appelle la « flotte fantôme ». Des centaines de navires — vieux, mal identifiés, changeant régulièrement de pavillon — transportent le brut russe jusqu’aux ports indiens sans jamais apparaître officiellement dans les radars occidentaux. En avril dernier, quatre-vingt-trois pour cent du pétrole russe transitait par ces bateaux-ombres. En juin, ce chiffre était encore de cinquante-neuf pour cent. Les intermédiaires sont souvent des entreprises enregistrées dans des paradis fiscaux, des sociétés écrans qui achètent, revendent, transfèrent sans laisser de traces. L’Europe a beau désigner des centaines de navires et d’entreprises… le flux continue. Parce que l’Inde — comme la Chine — a un besoin vital de cette énergie bon marché. Et parce que Moscou a besoin de ces devises pour financer sa machine de guerre. Un mariage de raison, sombre et pragmatique.
Les chiffres qui font trembler Washington
Parlons chiffres. En deux mille vingt-quatre, l’Inde a importé pour environ soixante-sept milliards de dollars de marchandises russes, dont l’écrasante majorité est constituée de pétrole brut. Cela représente des centaines de millions de barils qui, une fois raffinés, deviennent du diesel, du kérosène, de l’essence… revendus ensuite en Europe, aux États-Unis, en Afrique. Résultat : les Occidentaux boycottent le brut russe par la porte… mais le réimportent transformé par la fenêtre indienne. Trump le sait. Ses conseillers aussi. C’est pour ça qu’il a frappé si fort en août, imposant ces tarifs punitifs de cinquante pour cent. Mais l’effet escompté ne s’est pas produit. Entre avril et septembre deux mille vingt-cinq, les importations indiennes de pétrole russe n’ont baissé que de huit virgule quatre pour cent… pas à cause des tarifs, mais à cause de la réduction des rabais offerts par Moscou et de tensions logistiques. En clair : si l’Inde ralentit, ce n’est pas par obéissance à Washington. C’est par calcul économique pur.
La réponse indienne : défense du consommateur ou stratégie géopolitique ?

« Notre priorité, c’est le consommateur indien »
Randhir Jaiswal, porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, n’a pas mâché ses mots. « L’Inde est un importateur majeur de pétrole et de gaz. Notre priorité constante est de protéger les intérêts du consommateur indien dans un environnement énergétique volatile. Nos politiques d’importation sont entièrement guidées par cet objectif ». Cette déclaration, loin d’être anodine, est une gifle diplomatique. Elle signifie : nous ne prenons pas nos ordres de Washington. Nous agissons en fonction de nos besoins nationaux. Point final. Et ces besoins sont colossaux. Avec une population de plus de 1,4 milliard d’habitants et une croissance économique qui fait de l’Inde la cinquième économie mondiale, New Delhi ne peut pas se permettre de subir les fluctuations brutales des cours du pétrole. Quand le baril flambe à cent vingt dollars, chaque roupie compte. Les familles indiennes, les transporteurs, les agriculteurs… tous dépendent de prix énergétiques stables. Accepter le diktat américain, c’est risquer une explosion sociale.
Une autonomie stratégique revendiquée
Mais il y a plus qu’une question de pouvoir d’achat. Il y a une doctrine. Depuis des décennies, l’Inde cultive ce qu’elle appelle « l’autonomie stratégique » : ne jamais dépendre d’un seul partenaire, ne jamais s’aligner aveuglément sur un bloc. Pendant la Guerre froide, Delhi refusait de choisir entre Washington et Moscou. Aujourd’hui, face à la nouvelle confrontation sino-américaine, Modi applique la même recette. Acheter du pétrole russe, c’est aussi envoyer un message : l’Inde n’est pas un vassal. Elle est une puissance souveraine qui décide seule de ses alliances commerciales. D’ailleurs, quelques jours après l’annonce de Trump, Modi s’est rendu en Chine pour la première fois en sept ans, rencontrant Xi Jinping et Vladimir Poutine. Coïncidence ? Certainement pas. C’était une démonstration de force, un rappel à l’ordre adressé à Washington : nous avons d’autres options. Vous n’êtes pas notre seul horizon.
Le spectre de l’opposition intérieure
Mais Modi marche sur un fil. À l’intérieur du pays, l’opposition menée par Rahul Gandhi ne tarde jamais à bondir. Dès l’annonce de Trump, Gandhi a fustigé le gouvernement, l’accusant d’avoir cédé aux pressions américaines sans rien obtenir en retour. « Vous avez humilié l’Inde », a-t-il déclaré. Si Modi confirme publiquement qu’il a promis d’arrêter les achats russes, il perd sa crédibilité nationaliste. Si au contraire il dément formellement, il met Trump dans l’embarras… et risque une escalade tarifaire encore plus violente. Résultat : le silence, l’ambiguïté, la navigation à vue. « Les discussions sont en cours », répète-t-on à Delhi. Traduction : on gagne du temps, on temporise, on espère que la tempête passe. Mais elle ne passera pas. Parce que Trump a besoin d’une victoire visible avant les prochaines échéances électorales. Et parce que Modi ne peut pas se permettre de perdre la face devant son électorat. Impasse.
Les tarifs américains, une arme à double tranchant

Cinquante pour cent : un coup de massue économique
En août dernier, Trump a appuyé sur le bouton nucléaire commercial. Doublement des tarifs douaniers sur les produits indiens : de vingt-cinq à cinquante pour cent. Une hausse historique, parmi les plus élevées jamais imposées à un partenaire commercial majeur. L’impact ? Dévastateur. En deux mille vingt-quatre, l’Inde a exporté pour quatre-vingt-sept milliards de dollars de marchandises vers les États-Unis — son premier marché d’exportation. Avec ces nouveaux tarifs, plus de quarante-huit milliards de dollars d’exportations se retrouvent menacés. Des secteurs entiers — textile, pharmacie, technologies de l’information, produits chimiques — sont frappés de plein fouet. Des entreprises indiennes calculent déjà : est-ce encore rentable d’exporter vers l’Amérique ? Pour beaucoup, la réponse est non. Résultat attendu : pertes d’emplois, ralentissement de la croissance, tensions sociales. Le gouvernement indien a dénoncé une mesure « injuste, injustifiée et déraisonnablee ». Mais les mots ne suffisent pas face aux chiffres.
Un pari risqué pour Washington
Mais cette stratégie est-elle vraiment gagnante pour Trump ? Pas si sûr. Parce que l’Inde n’est pas n’importe quel pays. C’est un partenaire stratégique dans la région indo-pacifique, un contrepoids face à la Chine, un membre du Quad (avec les États-Unis, le Japon et l’Australie). Fragiliser New Delhi, c’est fragiliser tout l’édifice de containment de Pékin. D’ailleurs, certains analystes à Washington s’inquiètent : en poussant Modi dans les bras de Moscou — et même de Pékin —, Trump ne risque-t-il pas de perdre un allié précieux ? La visite éclair de Modi en Chine, sa rencontre avec Poutine… tout cela envoye un signal clair : l’Inde peut se passer des États-Unis si nécessaire. Et cette perspective fait frémir les stratèges du Pentagone. Parce qu’un rapprochement Inde-Chine-Russie changerait totalement la donne géopolitique mondiale. Trump joue avec le feu. Il croit pouvoir plier l’Inde par la force économique… mais il pourrait bien la pousser vers ses adversaires.
Les raffineries indiennes en première ligne
Concrètement, qui souffre de cette guerre commerciale ? D’abord, les raffineries indiennes. Des géants comme Reliance, Indian Oil Corporation, Bharat Petroleum… Ils ont investi des milliards pour traiter du brut lourd et sulfureux — exactement le type de pétrole que produit la Russie. Leurs équipements, leurs infrastructures, leurs contrats… tout est calibré pour ce type d’approvisionnement. Passer brutalement à du brut léger américain ou saoudien impliquerait des coûts énormes, des modifications techniques, des délais. C’est pour ça que plusieurs responsables de raffineries, interrogés par Reuters, ont confié qu’une réduction des achats russes serait « graduelle », étalée sur des mois, voire des années. Pas question de tout arrêter du jour au lendemain. D’ailleurs, même si Modi voulait céder à Trump, il ne pourrait pas le faire sans provoquer un chaos industriel. Les contrats sont signés, les cargaisons en route, les pipelines en fonctionnement. Arrêter tout ça d’un coup ? Impossible. Sauf à accepter une paralysie économique.
La Chine, prochain objectif de Trump

« Maintenant, je vais convaincre la Chine »
Dans son annonce triomphale, Trump n’a pas caché ses ambitions. « Maintenant, je vais convaincre la Chine de faire la même chose ». Sous-entendu : après l’Inde, Pékin. Sauf que la Chine, c’est une tout autre paire de manches. Première puissance économique mondiale — ou presque —, premier importateur de pétrole russe, partenaire stratégique de Moscou… Pékin n’a aucune raison de céder. Au contraire. Pour Xi Jinping, acheter du pétrole russe, c’est soutenir un allié dans sa confrontation avec l’Occident. C’est aussi sécuriser son approvisionnement énergétique à des prix compétitifs. En deux mille vingt-cinq, la Chine a importé encore plus de brut russe que l’Inde — parfois jusqu’à deux millions de barils par jour. Et contrairement à New Delhi, Pékin ne dépend pas des marchés américains pour ses exportations pétrolières. Résultat : Trump peut menacer, mais il a peu de leviers. À moins d’imposer des tarifs de cent pour cent — ce qu’il a évoqué pour l’Union européenne si elle ne suit pas —, il ne pourra pas plier la Chine.
Une alliance sino-russe renforcée par les sanctions
Ironie de l’histoire : les sanctions occidentales ont rapproché Moscou et Pékin comme jamais. Avant la guerre en Ukraine, les deux pays entretenaient une relation ambiguë, faite de coopération et de méfiance. Aujourd’hui, ils sont presque indissociables. La Chine achète le pétrole et le gaz russes. La Russie fournit des matières premières et des technologies militaires à la Chine. Les deux pays développent des systèmes de paiement alternatifs au dollar, contournent les sanctions par des routes commerciales détournées, coordonnent leurs positions sur la scène internationale. Pour Trump, c’est un cauchemar stratégique. Parce qu’en voulant isoler la Russie, l’Occident a créé un bloc rival encore plus puissant. Et maintenant, l’Inde pourrait basculer de ce côté-là si la pression américaine devient insupportable. Un axe Moscou-Pékin-New Delhi ? Impensable il y a cinq ans. Possible aujourd’hui. Probable demain.
Le Japon, autre cible de Washington
Trump ne s’arrête pas à l’Inde et la Chine. Il vise aussi le Japon. Scott Bessent, secrétaire au Trésor américain, a récemment déclaré qu’il « attendait » de Tokyo qu’il cesse ses importations d’énergie russe. Un message direct, sans ambiguïté. Sauf que le Japon, malgré son alignement sur Washington, importe encore du gaz naturel liquéfié russe via le projet Sakhaline. Couper cet approvisionnement signifierait chercher des alternatives coûteuses, probablement au Moyen-Orient ou en Australie. Tokyo hésite. Parce que contrairement à l’Inde, le Japon n’a presque aucune ressource énergétique domestique. Chaque décision pèse lourd. Et Trump le sait. Il multiplie les pressions, mais sans garantie de succès. Parce que même les alliés les plus fidèles ont leurs limites. Surtout quand il s’agit de survie économique.
L'Ukraine, grande absente du débat

Un conflit qui dure, financé par ce pétrole
Au milieu de cette bataille commerciale et diplomatique, il y a une réalité qu’on oublie souvent : la guerre en Ukraine. Chaque baril de pétrole russe vendu à l’Inde ou à la Chine génère des revenus pour le Kremlin. Ces revenus financent l’armée, les missiles, les drones, les munitions. En achetant du brut russe à prix cassé, New Delhi contribue indirectement — mais réellement — à la prolongation du conflit. Les Ukrainiens le savent. Ils le disent. Mais leur voix se perd dans le fracas des négociations commerciales. Parce que pour l’Inde, l’Ukraine est loin. Très loin. Géographiquement, politiquement, émotionnellement. New Delhi n’a jamais condamné l’invasion russe. Elle s’est abstenue lors des votes à l’ONU. Elle appelle à la « paix », mais sans jamais nommer l’agresseur. Cette neutralité est un choix stratégique : ne pas s’aliéner Moscou, un fournisseur d’armes historique de l’armée indienne. Mais c’est aussi un choix moral… ou une absence de choix moral.
Les Occidentaux, prisonniers de leurs contradictions
Mais les Occidentaux peuvent-ils vraiment donner des leçons ? Eux qui, pendant des décennies, ont bâti leur prospérité sur le gaz et le pétrole russes ? L’Allemagne, qui a longtemps défendu Nord Stream malgré les avertissements ? La France, qui continue d’importer du gaz russe via des circuits détournés ? L’Europe entière, qui achète des produits pétroliers raffinés en Inde… issus de brut russe ? L’hypocrisie est partout. Trump lui-même importe des produits indiens fabriqués grâce à de l’énergie russe. Alors oui, dénoncer l’Inde est facile. Mais regarder dans le miroir est beaucoup plus difficile. Parce que si l’on creuse un peu, on découvre que presque tout le monde, d’une manière ou d’une autre, finance encore Moscou. Directement ou indirectement. Volontairement ou malgré soi. La mondialisation a créé un système si imbriqué qu’il est presque impossible de couper un fil sans que tout le tissu se déchire.
Combien de temps encore ?
La question lancinante, celle que personne ne pose vraiment, c’est : combien de temps cette guerre va-t-elle durer ? Trois ans déjà. Des centaines de milliers de morts. Des villes rasées. Une génération sacrifiée. Et pendant ce temps, le pétrole coule, l’argent circule, les affaires continuent. Trump affirme que stopper les achats indiens « accélérera la fin du conflit ». Peut-être. Ou peut-être pas. Parce que la Russie a d’autres clients, d’autres sources de revenus, d’autres moyens de contourner les sanctions. Tant que Pékin achètera, Moscou tiendra. Tant que les circuits parallèles fonctionneront, les barils arriveront à destination. Et tant que les Occidentaux eux-mêmes continueront d’importer indirectement ce pétrole… ils n’auront aucune légitimité pour exiger des autres qu’ils arrêtent. C’est brutal, mais c’est la réalité. Une réalité dont personne ne veut parler.
Les alternatives : un mirage ou une réalité ?

Le pétrole américain, une solution crédible ?
Trump ne cesse de le répéter : « Achetez américain ». Les États-Unis sont aujourd’hui le premier producteur mondial de pétrole, devant la Russie et l’Arabie saoudite. En théorie, Washington pourrait fournir à l’Inde tout le brut dont elle a besoin. En théorie. Parce qu’en pratique, c’est beaucoup plus compliqué. D’abord, le pétrole américain — du West Texas Intermediate, principalement — est léger et peu sulfureux. Exactement l’inverse de ce que les raffineries indiennes sont équipées pour traiter. Il faudrait des investissements colossaux pour adapter les infrastructures. Ensuite, le prix. Même avec les tarifs douaniers, le brut russe reste souvent moins cher que l’américain. Enfin, la logistique : transporter du pétrole depuis le Texas jusqu’en Inde coûte bien plus cher que de le faire venir de Sibérie ou de la mer Noire. Résultat : l’alternative américaine existe… mais elle n’est pas compétitive. Pas encore, en tout cas.
Le Moyen-Orient, un retour aux sources ?
Avant la guerre en Ukraine, l’Inde achetait l’essentiel de son pétrole au Moyen-Orient : Irak, Arabie saoudite, Émirats arabes unis. Ces pays produisent du brut lourd, compatible avec les raffineries indiennes. Pourquoi ne pas revenir à cette configuration ? Plusieurs raisons. D’abord, les prix. Depuis que la Russie propose des rabais massifs, le brut moyen-oriental semble cher. Ensuite, la stabilité géopolitique. La région reste volatile : tensions avec l’Iran, conflits au Yémen, rivalités entre puissances sunnites et chiites. Dépendre exclusivement du Golfe, c’est prendre un risque. Enfin, la diversification : l’Inde applique une doctrine simple : ne jamais mettre tous ses œufs dans le même panier. Avoir plusieurs fournisseurs, c’est garantir sa sécurité énergétique. Abandonner la Russie pour tout miser sur le Moyen-Orient, ce serait revenir à une dépendance qu’elle a justement cherché à éviter. Impasse, encore une fois.
Les énergies renouvelables, horizon lointain
Et les énergies renouvelables ? L’Inde investit massivement dans le solaire, l’éolien, l’hydroélectrique. Modi a annoncé des objectifs ambitieux : atteindre cinq cents gigawatts de capacité renouvelable d’ici deux mille trente. Mais même avec ces investissements, les énergies vertes ne pourront pas, à court terme, remplacer le pétrole. Parce que l’Inde a besoin de carburant pour ses camions, ses avions, ses tracteurs. Le solaire ne fait pas rouler les véhicules. L’éolien ne propulse pas les jets. Il faudra encore des décennies avant que les technologies de batteries, d’hydrogène vert ou de biocarburants atteignent une échelle suffisante. En attendant, le pays doit importer du brut. Des millions de barils. Chaque jour. Et ce brut, il doit venir de quelque part. Alors oui, les renouvelables sont l’avenir. Mais l’avenir, ce n’est pas maintenant. Pas encore.
Conclusion

Le pétrole américain, une solution crédible ?
Trump ne cesse de le répéter : « Achetez américain ». Les États-Unis sont aujourd’hui le premier producteur mondial de pétrole, devant la Russie et l’Arabie saoudite. En théorie, Washington pourrait fournir à l’Inde tout le brut dont elle a besoin. En théorie. Parce qu’en pratique, c’est beaucoup plus compliqué. D’abord, le pétrole américain — du West Texas Intermediate, principalement — est léger et peu sulfureux. Exactement l’inverse de ce que les raffineries indiennes sont équipées pour traiter. Il faudrait des investissements colossaux pour adapter les infrastructures. Ensuite, le prix. Même avec les tarifs douaniers, le brut russe reste souvent moins cher que l’américain. Enfin, la logistique : transporter du pétrole depuis le Texas jusqu’en Inde coûte bien plus cher que de le faire venir de Sibérie ou de la mer Noire. Résultat : l’alternative américaine existe… mais elle n’est pas compétitive. Pas encore, en tout cas.
Le Moyen-Orient, un retour aux sources ?
Avant la guerre en Ukraine, l’Inde achetait l’essentiel de son pétrole au Moyen-Orient : Irak, Arabie saoudite, Émirats arabes unis. Ces pays produisent du brut lourd, compatible avec les raffineries indiennes. Pourquoi ne pas revenir à cette configuration ? Plusieurs raisons. D’abord, les prix. Depuis que la Russie propose des rabais massifs, le brut moyen-oriental semble cher. Ensuite, la stabilité géopolitique. La région reste volatile : tensions avec l’Iran, conflits au Yémen, rivalités entre puissances sunnites et chiites. Dépendre exclusivement du Golfe, c’est prendre un risque. Enfin, la diversification : l’Inde applique une doctrine simple : ne jamais mettre tous ses œufs dans le même panier. Avoir plusieurs fournisseurs, c’est garantir sa sécurité énergétique. Abandonner la Russie pour tout miser sur le Moyen-Orient, ce serait revenir à une dépendance qu’elle a justement cherché à éviter. Impasse, encore une fois.
Les énergies renouvelables, horizon lointain
Et les énergies renouvelables ? L’Inde investit massivement dans le solaire, l’éolien, l’hydroélectrique. Modi a annoncé des objectifs ambitieux : atteindre cinq cents gigawatts de capacité renouvelable d’ici deux mille trente. Mais même avec ces investissements, les énergies vertes ne pourront pas, à court terme, remplacer le pétrole. Parce que l’Inde a besoin de carburant pour ses camions, ses avions, ses tracteurs. Le solaire ne fait pas rouler les véhicules. L’éolien ne propulse pas les jets. Il faudra encore des décennies avant que les technologies de batteries, d’hydrogène vert ou de biocarburants atteignent une échelle suffisante. En attendant, le pays doit importer du brut. Des millions de barils. Chaque jour. Et ce brut, il doit venir de quelque part. Alors oui, les renouvelables sont l’avenir. Mais l’avenir, ce n’est pas maintenant. Pas encore.

