L’autocrate qui déclare ne pas en être un
Il suffit d’écouter. Le 24 août 2025, assis dans le Bureau ovale, Donald Trump affirme devant les caméras qu’il n’est pas un dictateur. Bizarre, non… ? Personne ne lui avait posé la question. C’est lui qui ressent le besoin de se justifier, de démentir, de nier ce que tout le monde observe depuis son retour triomphal à la Maison-Blanche en janvier 2025. Quelques jours plus tôt, il a déclaré sans détour que beaucoup d’Américains « aimeraient avoir un dictateur ». Puis il corrige — non, il n’aime pas les dictateurs. Lui, c’est différent : il est « doué de beaucoup de bon sens et intelligent ». Les mots glissent. Les actions, elles, restent gravées dans le marbre, l’or et l’ostentation. Depuis sa réélection en novembre 2024, Trump agit comme s’il régnait sur un empire — pas une démocratie. Il accumule les décrets présidentiels à une cadence hallucinante, pulvérise les contre-pouvoirs, mobilise l’armée contre des villes démocrates et traque ses opposants politiques avec une détermination glaçante. Mais il refuse le titre. « Dictateur » ? Non, trop vulgaire. Il préfère peut-être « empereur » ou « roi », comme certains chroniqueurs le surnomment maintenant… Trump 1er, souverain d’une présidence impériale qui écrase ce qui reste de la Constitution américaine.
Le premier jour qui ne s’est jamais terminé
En décembre 2023, il avait promis : « Je serai un dictateur, mais seulement le premier jour ». Ce jour-là devait suffire à tout régler — frontière, énergie, immigration. Les démocrates avaient ri jaune. Les républicains avaient minimisé. Maintenant, personne ne rit plus. Le 20 janvier 2025, Trump signe 26 décrets présidentiels lors de sa cérémonie d’investiture. Retrait de l’Organisation mondiale de la santé, sortie de l’accord de Paris, abolition du droit du sol pour les enfants d’immigrés en situation irrégulière, grâce totale aux émeutiers du 6 janvier 2021, désignation des cartels mexicains comme organisations terroristes, déclaration d’urgence nationale à la frontière, déploiement de l’armée… En quinze heures, Trump défait des décennies de diplomatie, de jurisprudence et d’équilibre institutionnel. Mais il ne s’arrête pas là. Entre le 20 janvier et le 5 février, il signe 55 executive orders — un record jamais vu dans l’histoire récente des États-Unis. En comparaison, ses prédécesseurs n’en signaient jamais plus d’une cinquantaine durant leur première année complète de mandat. Trump, lui, dépasse ce seuil en deux semaines. Et ce « premier jour » ? Il dure maintenant depuis neuf mois. Parce qu’en réalité, Trump n’a jamais eu l’intention de s’arrêter. Il a utilisé cette promesse comme cheval de Troie — pour normaliser l’inacceptable, pour habituer l’Amérique à vivre sous un pouvoir personnel débridé.
L’urgence extrême que personne ne voulait voir venir
Le 10 octobre 2025, des sources anonymes de la Maison-Blanche révèlent que Trump envisage sérieusement d’invoquer l’Insurrection Act, une loi fédérale archaïque qui lui permettrait de déployer l’armée américaine sur tout le territoire national, sous son contrôle personnel direct, sans l’autorisation des gouverneurs ou du Congrès. Ce n’est plus une hypothèse, c’est une planification active : des arguments juridiques ont été rédigés, des options ont été explorées, des scénarios ont été discutés. Cette loi, utilisée sporadiquement dans l’histoire américaine (la dernière fois en 1992 lors des émeutes de Los Angeles), donnerait à Trump un pouvoir quasi illimité pour écraser toute opposition — manifestants, élus locaux, tribunaux récalcitrants. Et pendant que les médias américains tentent encore de « contextualiser » ou de « nuancer », la machine autoritaire tourne à plein régime. Depuis le 1er octobre 2025, le gouvernement fédéral est paralysé par un shutdown orchestré délibérément par Trump et ses alliés au Congrès, afin de forcer l’adoption du fameux « Projet 2025 », ce plan ultra-conservateur de 900 pages qui vise à détruire l’État administratif, démanteler les agences fédérales et imposer une loyauté personnelle des fonctionnaires envers le président. La démocratie américaine est en train de s’effondrer — pas en théorie, pas dans un futur hypothétique, mais maintenant, sous nos yeux, en temps réel. Et le monde regarde, hésitant encore à prononcer le mot qui fait peur : dictature.
La machine à décrets — quand le Congrès devient obsolète

Cinquante-cinq coups de force en quinze jours
Les executive orders ne sont pas une nouveauté. Tous les présidents américains y ont recours — c’est un outil légitime du pouvoir exécutif, prévu par la Constitution pour permettre au président de gérer les opérations du gouvernement fédéral lorsque le Congrès est en vacances ou bloqué. Mais l’idée initiale, c’était la mesure temporaire — un décret en attendant qu’une loi soit votée. Avec le temps, cet outil est devenu un substitut à la loi. Franklin Roosevelt l’a utilisé massivement durant la Seconde Guerre mondiale. Barack Obama, acculé par un Sénat républicain obstructionniste, y a également eu recours de manière intensive. Mais Trump ? Trump explose tous les compteurs. Entre le 20 janvier et le 5 février 2025, il signe 55 décrets présidentiels — soit autant que ce que Reagan, Clinton, Bush ou Obama signaient en un an entier. Le rythme est sidérant : trois à quatre décrets par jour. Certains sont purement symboliques, comme celui qui rebaptise le golfe du Mexique en « golfe d’Amérique » ou qui renomme le mont Denali en mont McKinley — des gesticulations nationalistes destinées à galvaniser sa base. Mais la majorité de ces décrets ont une portée normative et politique massive : gel des réglementations fédérales, gel du recrutement dans la fonction publique, création du « Département de l’efficacité gouvernementale » dirigé par Elon Musk, suppression des protections pour les personnes transgenres, retrait des États-Unis de l’OMS et de l’accord de Paris… Trump agit comme si le Congrès n’existait plus. Et techniquement, il a raison — tant que les républicains contrôlent les deux chambres, personne ne le freinera.
Le « choc et effroi » — une stratégie militaire appliquée à la politique
Le Parti républicain l’a annoncé sans détour, citant explicitement une doctrine militaire : l’administration Trump cherche à produire un effet de « shock and awe » — choc et effroi. Cette expression, popularisée lors de l’invasion américaine de l’Irak en 2003, désigne une stratégie consistant à submerger l’adversaire par une puissance de feu écrasante, le paralysant avant même qu’il puisse riposter. Appliquée à la politique intérieure, cette stratégie vise à noyer les médias, les opposants et les contre-pouvoirs sous un déluge de mesures radicales, si rapide et si massif qu’il devient impossible de tout analyser, de tout contester, de tout comprendre. Quand un décret scandaleux est publié, trois autres suivent immédiatement — l’attention publique est fragmentée, épuisée, dépassée. Les tribunaux reçoivent des dizaines de recours simultanés, les ONG manquent de ressources, les journalistes courent après l’information, les citoyens perdent le fil. C’est délibéré. Trump ne cherche pas à convaincre — il cherche à saturer, à épuiser, à imposer par la force du nombre et de la vitesse. Et ça fonctionne. En quelques semaines, l’Amérique a basculé dans un nouveau régime institutionnel sans même s’en rendre compte. Les règles du jeu ont changé — mais personne n’a eu le temps de protester efficacement.
Une présidence impériale qui piétine la séparation des pouvoirs
La Constitution américaine de 1789 repose sur un principe fondamental : la séparation des pouvoirs. Le législatif (Congrès) vote les lois. L’exécutif (président) les applique. Le judiciaire (tribunaux) les interprète. Trois pouvoirs qui se contrôlent mutuellement — les fameux « freins et contrepoids » (checks and balances). Mais Trump rejette cette architecture. Il considère que le président incarne à lui seul la volonté du peuple et qu’il doit donc avoir les mains libres pour gouverner. Cette vision s’appuie sur une théorie juridique ultra-conservatrice : l’« exécutif unitaire », qui postule que tout le pouvoir exécutif découle du président, que celui-ci doit contrôler directement toutes les agences fédérales et que les limites imposées par le Congrès ou les tribunaux sont des entraves illégitimes. Trump avait déjà tenté d’imposer cette vision lors de son premier mandat (2017-2021), mais il avait été freiné par des fonctionnaires intègres, des juges indépendants et des républicains modérés. En 2025, ces obstacles ont disparu. Les fonctionnaires récalcitrants ont été licenciés. Les juges fédéraux ont été nommés en masse par Trump lui-même durant son premier mandat — plus de 200 magistrats conservateurs qui lui doivent leur carrière. Et les républicains modérés ? Ils ont été écrasés lors des primaires ou se sont alignés par peur de représailles. Le résultat, c’est une concentration du pouvoir sans précédent depuis des décennies — ce que l’historien Gary Gerstle appelle une « présidence impériale ». Trump n’est plus un président au sens constitutionnel du terme. Il est devenu un monarque électif.
L'armée dans les rues — quand le pouvoir civil bascule dans le militarisme

Los Angeles, Washington, Chicago — le déploiement qui change tout
Le 15 août 2025, Trump annonce l’envoi de la Garde nationale et de l’armée régulière à Los Angeles, officiellement pour « rétablir l’ordre » et « lutter contre la criminalité ». Un juge fédéral déclare immédiatement cette décision illégale — les forces armées américaines ne peuvent être déployées sur le territoire national sans l’accord des gouverneurs locaux, sauf en cas d’insurrection avérée. Trump ignore le jugement. Les soldats restent. Quelques jours plus tard, des troupes sont envoyées à Washington pour des « opérations de maintien de l’ordre ». Puis c’est au tour de Chicago, Baltimore, San Francisco, Boston et New York — toutes des villes démocrates, toutes dirigées par des maires qui s’opposent ouvertement à Trump. Le schéma est clair : Trump utilise l’armée comme instrument de répression politique contre les bastions de l’opposition. Il ne cherche pas à protéger ces villes, il cherche à les contrôler, à les humilier, à les soumettre. Les maires protestent. Les gouverneurs démocrates refusent de coopérer. Les tribunaux émettent des injonctions. Rien n’y fait. Trump continue. Il déclare publiquement que ces villes serviront de « terrain d’entraînement » pour l’armée américaine, comme si elles étaient des territoires ennemis à reconquérir. C’est une fracture historique. Depuis la guerre de Sécession (1861-1865), jamais l’armée américaine n’avait été utilisée de manière aussi massive contre des citoyens américains en temps de paix. Ce qui se passe en octobre 2025 aux États-Unis, c’est une forme de guerre civile froide — pas encore des affrontements armés généralisés, mais déjà une militarisation de l’espace politique et social qui annonce le pire.
L’Insurrection Act — l’arme ultime de la dictature légale
L’Insurrection Act est une loi fédérale datant de 1807, modifiée à plusieurs reprises, qui autorise le président des États-Unis à déployer l’armée pour réprimer une insurrection, une rébellion ou un désordre civil grave. Elle a été utilisée à plusieurs reprises dans l’histoire américaine — notamment lors des émeutes raciales, des mouvements de désobéissance civile ou des catastrophes naturelles. Mais elle n’a jamais été invoquée de manière aussi systématique et planifiée que ce que Trump envisage maintenant. Le 10 octobre 2025, NBC News révèle que des hauts responsables de la Maison-Blanche travaillent activement sur les modalités d’invocation de cette loi. Des arguments juridiques ont été rédigés. Des scénarios ont été élaborés. Selon les sources consultées, la décision n’est « pas imminente » — mais cette formulation est trompeuse. En réalité, tout est prêt. Il ne manque plus qu’un prétexte. Une manifestation d’ampleur ? Une résistance locale ? Une crise économique ou sociale que Trump pourrait instrumentaliser ? Dès que l’occasion se présentera, l’Insurrection Act sera activée — et avec elle, Trump obtiendra un pouvoir quasi absolu. Il pourra envoyer l’armée partout, arrêter qui il veut, suspendre certaines libertés civiles, contourner les tribunaux et les gouverneurs locaux. Techniquement, cette loi est censée être utilisée pour protéger la démocratie contre le chaos. Dans les mains de Trump, elle deviendra l’instrument légal de sa propre dictature.
Une rupture avec la tradition du pouvoir civil
Depuis la fondation des États-Unis, une règle tacite domine : le pouvoir civil l’emporte sur le pouvoir militaire. L’armée obéit au président, mais elle ne doit jamais être utilisée contre le peuple américain. Les Pères fondateurs avaient une hantise : celle d’un président qui deviendrait un tyran en s’appuyant sur les baïonnettes. C’est pourquoi ils ont inscrit dans la Constitution des limites strictes à l’usage militaire du pouvoir présidentiel. Trump détruit méthodiquement ces garde-fous. Il ne se contente pas de déployer des soldats — il transforme l’armée en bras armé de son projet politique. Il nomme des généraux loyaux, limogie ceux qui résistent, politise le Pentagone. Lors d’un discours à Fort Bragg en juin 2025, il affirme ouvertement vouloir « centraliser le pouvoir » et utiliser « tous les outils à sa disposition » pour gouverner. L’historien Gary Gerstle, interrogé par Le Grand Continent, résume la situation ainsi : « Trump veut être roi — et si on le laisse faire, il le sera ». Le politologue Dan Moynihan, spécialiste de l’autoritarisme, identifie huit formes de contrôle typiques d’un régime autoritaire. Trump les applique toutes : contrôle de la bureaucratie, instrumentalisation de la justice, purge des fonctionnaires indépendants, répression des opposants, militarisation de l’espace public, manipulation de l’information, culte de la personnalité… Tout y est. Ce qui se passe aux États-Unis en 2025 n’est pas une dérive autoritaire — c’est un basculement autoritaire, rapide, méthodique, assumé.
Le Projet 2025 — le manuel secret de la contre-révolution

Neuf cents pages pour détruire l’État fédéral
Le « Projet 2025 » n’est pas un fantasme de gauchistes paranoïaques. C’est un document officiel, rédigé en 2023 par la Heritage Foundation — un think tank ultra-conservateur influent à Washington. Neuf cents pages d’un programme détaillé, méthodique, radical, destiné à transformer en profondeur les États-Unis. Pendant la campagne présidentielle de 2024, Trump avait publiquement pris ses distances avec ce texte, craignant que son extrémisme n’effraie les électeurs modérés. Mais une fois élu, il l’a adopté intégralement. Le Projet 2025, c’est la feuille de route de sa présidence impériale. Objectif principal : « déconstruire l’État administratif ». Concrètement, cela signifie détruire les agences fédérales créées depuis les années 1930 — celles qui protègent l’environnement, régulent les banques, garantissent les droits civiques, contrôlent la sécurité alimentaire, supervisent les écoles publiques. Selon cette vision, ces agences sont des obstacles bureaucratiques qui entravent la liberté économique et politique. Il faut donc les démanteler, transférer leurs pouvoirs aux États ou aux entreprises privées, et remplacer les fonctionnaires neutres par des loyalistes nommés directement par le président. Le document prévoit également la suppression du ministère de l’Éducation, la privatisation de Medicare, la réduction drastique de Medicaid, la fin des protections climatiques, la baisse massive des impôts pour les riches et les grandes entreprises, et l’élimination des lois sur les droits civils qui protègent les minorités. En somme, le Projet 2025 est une contre-révolution — il vise à défaire un siècle de progrès social, économique et environnemental pour revenir à un capitalisme sauvage du XIXe siècle, où les plus forts dominent sans entraves.
Le shutdown comme arme de chantage politique
Le 1er octobre 2025, le gouvernement fédéral américain entre en shutdown — c’est-à-dire qu’il cesse de fonctionner faute de budget voté par le Congrès. Les fonctionnaires sont mis en congé sans solde. Les services publics s’arrêtent. Les allocations sociales sont suspendues. Ce n’est pas la première fois que cela arrive — les États-Unis ont déjà connu plusieurs shutdowns, notamment en 2019 sous le premier mandat de Trump (le plus long de l’histoire, avec 35 jours de paralysie). Mais cette fois, c’est différent. Ce shutdown n’est pas accidentel, il est délibéré. Trump et les républicains au Congrès refusent de voter le budget tant que les démocrates n’acceptent pas d’intégrer les mesures du Projet 2025 dans la loi de finances. C’est un chantage politique massif : soit vous acceptez de détruire l’État fédéral, soit on laisse le pays sombrer dans le chaos. Les démocrates, minoritaires au Congrès depuis les élections de novembre 2024, sont impuissants. Ils peuvent bloquer, protester, alerter — mais pas empêcher. Le shutdown dure maintenant depuis plus de deux semaines, et certains analystes prédisent qu’il pourrait devenir le plus long de l’histoire américaine. Pendant ce temps, Trump continue de signer des décrets, de déployer l’armée, de purger les agences fédérales. Le shutdown ne le gêne pas — au contraire, il l’arrange. Moins l’État fonctionne, plus il peut agir sans supervision ni contrôle. C’est l’autoritarisme par le vide — laisser les institutions s’effondrer pour mieux imposer son pouvoir personnel.
Loyauté personnelle contre neutralité républicaine
L’un des piliers du Projet 2025, c’est la transformation de la fonction publique américaine. Traditionnellement, les fonctionnaires fédéraux sont protégés par des statuts qui garantissent leur neutralité politique et leur indépendance. Ils ne peuvent être licenciés arbitrairement — ils servent l’État, pas le président. Trump veut abolir cette protection. Selon lui, les fonctionnaires doivent être loyaux envers le président élu, et ceux qui résistent doivent être licenciés. Dès janvier 2025, il signe un décret rétablissant le « Schedule F » — une réforme qu’il avait tenté d’imposer en 2020 mais qui avait été annulée par Joe Biden. Concrètement, le Schedule F permet au président de reclasser des dizaines de milliers de fonctionnaires en « postes politiques », les privant ainsi de leurs protections et les rendant révocables à volonté. Trump peut désormais virer tout fonctionnaire qui refuse d’obéir, et le remplacer par un loyaliste. C’est exactement ce qu’il fait. En septembre 2025, il congédie la statisticienne en chef du gouvernement fédéral, coupable d’avoir publié des chiffres économiques défavorables. Il tente également d’évincer une gouverneure de la Réserve fédérale (pourtant censée être indépendante), coupable d’ignorer ses préférences monétaires. Ces purges se multiplient dans toutes les agences : justice, renseignement, défense, santé, environnement… Partout, les experts intègres sont remplacés par des militants trumpistes. Le résultat, c’est un appareil d’État politisé, corrompu, soumis — qui ne sert plus l’intérêt général mais les intérêts personnels du président. La frontière entre État et parti unique s’efface. C’est la marque de fabrique des régimes autoritaires.
Justice détournée — quand les tribunaux deviennent des armes politiques

Poursuivre ses adversaires, protéger ses alliés
Le 21 septembre 2025, le sénateur démocrate Chuck Schumer déclare publiquement que Trump emprunte le « chemin de la dictature ». Ce qui provoque cette déclaration ? Trump vient d’ordonner au ministère de la Justice de poursuivre ses adversaires politiques. Pas pour des crimes avérés, documentés, prouvés — mais simplement parce qu’ils l’ont critiqué, contredit ou contrarié. C’est une rupture majeure dans l’histoire américaine. Certes, des présidents précédents ont parfois instrumentalisé la justice (Richard Nixon notamment, durant le scandale du Watergate). Mais jamais de manière aussi ouverte, aussi décomplexée, aussi systématique. Trump ne cherche même plus à dissimuler ses intentions. Lors de la cérémonie d’hommage au militant d’extrême droite Charlie Kirk, décédé en août 2025, Trump affirme sans détour qu’il « déteste ses adversaires » et qu’il ne « veut pas leur bien ». Il considère désormais toute personne ou organisation critique comme un ennemi à abattre — élus démocrates, journalistes, ONG de défense des droits civiques, universitaires, artistes… La liste s’allonge chaque jour. Et il utilise la justice fédérale comme bras armé de sa vengeance. Des enquêtes sont ouvertes sur des bases douteuses. Des procureurs loyaux sont nommés pour mener des poursuites politiques. Des tribunaux complaisants valident des accusations fragiles. Pendant ce temps, les alliés de Trump — y compris ceux qui ont commis des crimes documentés — bénéficient de grâces présidentielles. Le 20 janvier 2025, lors de sa première journée de mandat, Trump gracie l’intégralité des émeutiers du 6 janvier 2021 — ceux qui ont envahi le Capitole, agressé des policiers, tenté de renverser une élection démocratique. Message clair : si vous êtes loyal à Trump, vous êtes intouchable. Si vous lui résistez, vous serez traqué.
Purge des inspecteurs fédéraux et des juges récalcitrants
Aux États-Unis, chaque agence fédérale dispose d’un inspecteur général — un fonctionnaire indépendant chargé de surveiller les abus, la corruption, les irrégularités. Ces inspecteurs sont nommés pour des mandats fixes, précisément pour les protéger des pressions politiques. Mais Trump les considère comme des obstacles. Dès février 2025, il lance une vague de licenciements massifs d’inspecteurs généraux — ceux qui enquêtent sur ses proches, ceux qui refusent de fermer les yeux, ceux qui osent publier des rapports embarrassants. Légalement, ces licenciements sont contestables. Trump s’en moque. Il argue que ces fonctionnaires sont « déloyaux » et qu’ils entravent son action. Résultat : les agences fédérales ne sont plus surveillées. Les abus prolifèrent. La corruption prospère. Parallèlement, Trump s’attaque aux juges. Il ne peut pas les licencier directement — les juges fédéraux sont nommés à vie, justement pour garantir leur indépendance. Mais il peut les discréditer, les intimider, les contourner. Il dénonce publiquement les jugements qui lui déplaisent, qualifie les juges récalcitrants de « partisans » ou de « traîtres », ignore certaines décisions judiciaires (comme celle qui déclarait illégal le déploiement de l’armée à Los Angeles). Et surtout, il capitalise sur les 200 juges conservateurs qu’il a nommés durant son premier mandat. Ces magistrats, souvent jeunes et idéologiquement alignés sur Trump, resteront en poste pendant des décennies — et influenceront durablement la jurisprudence américaine dans un sens favorable au pouvoir exécutif. C’est une transformation en profondeur de l’appareil judiciaire, qui perd progressivement son rôle de contre-pouvoir pour devenir un instrument de légitimation du pouvoir présidentiel.
Une vendetta judiciaire assumée
Le 25 août 2025, le magazine français Le Point publie un article intitulé : « L’Amérique de Trump va-t-elle basculer dans l’autoritarisme ? ». La réponse, pour beaucoup d’observateurs, est désormais évidente : oui. Le politologue Christophe Cloutier-Roy, de l’Observatoire sur les États-Unis de l’UQAM, identifie plusieurs signes alarmants, dont la vendetta judiciaire contre les opposants. Selon lui, ce qui distingue Trump de ses prédécesseurs, c’est qu’il ne cherche même plus à préserver les apparences démocratiques. Il assume publiquement sa volonté de punir ceux qui l’ont contrarié. Il parle de ses adversaires en termes militaires — « ennemis », « traîtres », « terroristes ». Il appelle ses partisans à « se battre » contre eux. Cette rhétorique martiale n’est pas anodine — elle prépare le terrain pour une répression physique. En octobre 2025, plusieurs élus démocrates reçoivent des menaces de mort. Des journalistes sont harcelés en ligne par des comptes pro-Trump coordonnés. Des manifestants pacifiques sont arrêtés préventivement par des forces fédérales. L’espace démocratique se rétrécit. La peur s’installe. Et la justice, censée protéger les citoyens contre l’arbitraire du pouvoir, devient complice de cet arbitraire. C’est peut-être le signe le plus inquiétant de tous — quand la justice elle-même devient une arme, il ne reste plus aucun recours institutionnel. Ne restent que la résistance civile et la désobéissance. Mais combien de temps tiendront-elles face à l’armée, aux tribunaux complaisants, à la répression policière et à l’usure psychologique ?
Propagande, culte de la personnalité et contrôle de l'information

Les bannières géantes et les réunions à la Kim Jong-un
En août 2025, des bannières géantes à l’effigie de Donald Trump apparaissent dans plusieurs villes américaines — officiellement financées par des groupes de soutien privés, mais tolérées et encouragées par l’administration. Ces images montrent Trump en costume militaire, en posture héroïque, avec des slogans comme « Leader éternel » ou « Sauveur de l’Amérique ». Les médias démocrates les comparent immédiatement aux affiches de propagande nord-coréennes ou chinoises. L’analogie est frappante. Mais elle ne s’arrête pas là. Lors de réunions du cabinet présidentiel, les ministres et conseillers de Trump l’applaudissent avant même qu’il prenne la parole. Chacun rivalise de compliments obséquieux, de déclarations d’allégeance, de serments de loyauté. C’est exactement le rituel qu’on observe dans les dictatures — où le chef doit être flatté, glorifié, déifié. Trump adore ce spectacle. Il le met en scène, le filme, le diffuse. Il transforme la Maison-Blanche en théâtre du pouvoir absolu. En septembre 2025, il annonce la construction d’une nouvelle salle de bal à la Maison-Blanche, décorée de marbre, d’or et de cristaux, pour organiser des réceptions fastueuses dignes d’un empereur. La presse française titre ironiquement : « Trump, le ‘chic dictateur’ : son pouvoir gravé dans le marbre, l’or et l’ostentation ». Ce culte de la personnalité n’est pas qu’esthétique — il a une fonction politique. Il normalise l’idée qu’un homme puisse incarner à lui seul la nation, qu’il soit au-dessus des lois, qu’il mérite une soumission totale. C’est une rupture radicale avec l’idéal républicain américain, qui repose précisément sur le refus du culte du chef et la défiance envers le pouvoir concentré.
Censure, intimidation et réécriture de l’histoire
Trump affirme vouloir « rétablir la liberté d’expression ». Mais en réalité, il fait l’inverse. Dès janvier 2025, il signe un décret accusant l’administration Biden d’avoir pratiqué la « censure fédérale » — sans preuves concrètes. Ce décret vise en réalité à intimider les universités, les médias, les plateformes numériques et les chercheurs qui osent critiquer Trump ou contester ses mensonges. Plusieurs universités américaines voient leurs financements fédéraux menacés si elles maintiennent des programmes d’études critiques sur le racisme, le sexisme ou l’autoritarisme. Des bibliothèques reçoivent des pressions pour retirer des livres jugés « anti-américains ». Des historiens sont attaqués pour avoir documenté les violences policières ou les abus de l’administration Trump. En août 2025, Trump ordonne la modification des manuels scolaires fédéraux pour minimiser l’esclavage, glorifier les pères fondateurs sans nuance et présenter les États-Unis comme une nation « toujours du côté du bien ». C’est une réécriture idéologique de l’histoire, typique des régimes autoritaires. Parallèlement, Trump continue de qualifier les médias critiques d’ « ennemis du peuple » — une expression empruntée directement au vocabulaire stalinien. Des journalistes sont harcelés, menacés, parfois arrêtés lors de manifestations. Certains reçoivent des assignations à comparaître devant des tribunaux pour refus de révéler leurs sources. L’espace d’information libre se rétrécit. La peur gagne les rédactions. L’autocensure devient la norme. Et dans ce vide, la propagande trumpiste prospère — via les réseaux sociaux, les chaînes de télévision conservatrices, les influenceurs payés par des organisations pro-Trump.
Le contrôle des statistiques et des données officielles
En septembre 2025, Trump franchit une nouvelle ligne rouge : il limogie la statisticienne en chef du gouvernement fédéral. Son crime ? Avoir publié des données économiques défavorables — taux de chômage en hausse, inflation persistante, croissance décevante. Trump refuse d’accepter ces chiffres. Il les qualifie de « faux », de « manipulés par les démocrates », de « fake news bureaucratiques ». Puis il ordonne une révision complète des méthodes de calcul statistique, confiée à des économistes alignés sur sa vision. Résultat : les prochaines publications de données économiques seront probablement plus flatteuses — non pas parce que la situation s’améliore, mais parce que les chiffres auront été falsifiés. C’est une manipulation classique des régimes autoritaires : contrôler la réalité en contrôlant les chiffres. Si les statistiques officielles disent que l’économie va bien, comment prouver le contraire ? Comment contester, argumenter, mobiliser ? Trump applique la même logique à toutes les données sensibles : criminalité, immigration, santé publique, environnement… Chaque agence fédérale reçoit l’ordre de « recalibrer » ses méthodes pour produire des résultats conformes au discours présidentiel. Les experts indépendants sont écartés. Les chercheurs critiques perdent leurs financements. Et progressivement, la vérité factuelle devient une notion floue, contestée, politisée — au point que personne ne sait plus vraiment ce qui est vrai et ce qui est propagande. C’est l’un des piliers de l’autoritarisme moderne : brouiller les faits pour empêcher toute critique fondée sur des preuves.
Résistances fragiles — que reste-t-il de la démocratie américaine ?

Les contre-pouvoirs qui lâchent un à un
En juillet 2025, l’historien Jack Norman Rakove publie une tribune dans Le Monde sous un titre alarmant : « Aux États-Unis, le Parti républicain est désormais une secte autoritaire centrée autour d’une personnalité ». Selon lui, les « freins et contrepoids » américains, censés protéger la démocratie, sont en train de lâcher. Le Congrès ? Dominé par les républicains, qui refusent de contrarier Trump de peur de perdre leurs sièges lors des prochaines élections. Les tribunaux ? Colonisés par 200 juges nommés par Trump lui-même. Les médias ? Intimidés, harcelés, discrédités. La fonction publique ? Purgée, politisée, soumise. Les États fédérés ? Impuissants face aux décrets présidentiels et au déploiement de l’armée. Les citoyens ? Divisés, épuisés, désorientés. Que reste-t-il, alors ? Des protestations sporadiques — manifestations locales, pétitions en ligne, grèves symboliques. Mais ces mouvements manquent de coordination, de financement, de leadership. Les grandes organisations de défense des droits civiques (ACLU, NAACP, etc.) sont submergées de procès et manquent de ressources. Les syndicats sont affaiblis. Les universités sont sous pression. Les opposants politiques sont traqués. En septembre 2025, des assemblées publiques houleuses éclatent dans plusieurs villes — des citoyens en colère interpellent leurs élus, exigent des comptes, dénoncent la dérive autoritaire. Mais ces rassemblements restent fragmentés, sans stratégie commune. Et surtout, ils sont confrontés à une question terrible : comment résister à un pouvoir qui contrôle l’armée, la justice, les médias et l’appareil d’État ?
L’opposition démocrate paralysée et désorganisée
Le Parti démocrate, en théorie la principale force d’opposition, est en pleine crise existentielle. Minoritaire au Congrès depuis novembre 2024, il ne peut bloquer aucune loi, aucun budget, aucune nomination. Ses élus protestent, débattent, tweetent — mais n’ont aucun levier réel. Pire encore : le parti est divisé entre modérés (qui veulent négocier avec les républicains pour limiter les dégâts) et progressistes (qui refusent tout compromis et appellent à la résistance totale). Cette division paralyse toute action collective. Pendant que les démocrates se disputent sur la stratégie à adopter, Trump avance. Certains analystes espèrent que les élections de mi-mandat de novembre 2026 permettront aux démocrates de reprendre le Congrès. Mais d’autres en doutent — Trump pourrait manipuler le processus électoral, purger les commissions électorales, intimider les électeurs, invalider des résultats défavorables. En septembre 2025, plusieurs États républicains adoptent des lois restreignant drastiquement le droit de vote — fermeture de bureaux de vote dans les quartiers démocrates, exigences d’identification complexes, réduction des périodes de vote anticipé, interdiction du vote par correspondance… Toutes ces mesures visent à réduire la participation électorale des minorités, des jeunes et des citadins — des électorats majoritairement démocrates. Si ces lois restent en vigueur, les démocrates n’auront aucune chance de reprendre le pouvoir par les urnes. Et si les urnes ne suffisent plus, que reste-t-il ? La désobéissance civile ? La grève générale ? L’insurrection populaire ? Personne ne veut en arriver là — mais personne ne sait comment l’éviter.
Le spectre d’une guerre civile qui rôde
En octobre 2025, plusieurs médias internationaux posent ouvertement la question : les États-Unis vont-ils sombrer dans une guerre civile ? Le terme peut sembler excessif, mais les signaux sont là. Des milices d’extrême droite, armées et organisées, patrouillent dans certaines villes et soutiennent ouvertement Trump. Des groupes antifascistes (Antifa, Black Lives Matter, etc.) se préparent à des affrontements. Des élus locaux démocrates parlent de « sécession » ou de « résistance armée ». Des sheriffs républicains refusent d’appliquer les décisions de justice fédérales. Des unités de la Garde nationale hésitent à obéir aux ordres de déploiement contre des citoyens. Le pays est fragmenté géographiquement, politiquement, idéologiquement. Et Trump attise délibérément ces tensions — il présente les villes démocrates comme des « territoires ennemis », traite les opposants de « terroristes », appelle ses partisans à « défendre l’Amérique ». Ce vocabulaire martial n’est pas innocent. Il prépare psychologiquement la population à accepter la violence. Certains historiens comparent la situation actuelle à celle de 1860, à la veille de la guerre de Sécession — une nation profondément divisée, des institutions paralysées, un président qui refuse tout compromis. À l’époque, la rupture avait été brutale : sécession des États du Sud, début de la guerre. Aujourd’hui, la rupture serait peut-être plus diffuse — pas deux camps géographiquement séparés, mais un éclatement généralisé, des violences localisées, une guerre civile froide qui pourrait dégénérer en affrontements ouverts. Personne ne souhaite ce scénario. Mais personne ne sait comment l’empêcher.
Le monde regarde — et hésite à intervenir

L’Amérique qui était phare devient menace
Pendant des décennies, les États-Unis se sont présentés comme le champion de la démocratie — celle qui défendait les droits humains, soutenait les opposants aux dictatures, sanctionnait les régimes autoritaires. Aujourd’hui, ce discours sonne creux. Comment Washington peut-il dénoncer les dérives autoritaires en Hongrie, en Turquie, en Russie, en Chine… alors que Trump applique lui-même des méthodes similaires ? Les alliés traditionnels des États-Unis — Union européenne, Canada, Japon, Australie — observent la situation avec un mélange d’inquiétude et d’impuissance. Officiellement, ils maintiennent les relations diplomatiques, évitent les critiques trop frontales, espèrent que la situation se stabilisera. Mais en coulisses, les discussions sont plus sombres. Des dirigeants européens parlent ouvertement d’un « découplage stratégique » avec Washington. Ils envisagent de réduire leur dépendance militaire envers l’OTAN, de développer une défense européenne autonome, de diversifier leurs partenaires commerciaux. Le Canada commence à se préparer à une éventuelle fermeture de la frontière si la situation dégénère. Le Mexique renforce ses dispositifs de sécurité pour contenir un éventuel afflux de réfugiés américains. Car c’est maintenant une hypothèse crédible : des Américains fuyant leur propre pays pour échapper à la répression. Jamais, depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Amérique n’avait inspiré autant de méfiance et de peur à ses propres alliés.
Les dictatures du monde applaudissent
En revanche, les régimes autoritaires jubilent. Vladimir Poutine, Xi Jinping, Viktor Orbán, Recep Tayyip Erdoğan, Narendra Modi — tous observent avec satisfaction la dérive américaine. Pour eux, c’est une victoire idéologique majeure. Pendant des années, Washington les sermonnait sur la démocratie, les droits humains, l’État de droit. Maintenant, c’est terminé. Trump leur offre une légitimité inespérée. Si les États-Unis eux-mêmes deviennent autoritaires, comment justifier les critiques contre les autres ? Poutine, en particulier, savoure le spectacle. Depuis des années, il affirmait que la démocratie occidentale était une hypocrisie, un mensonge, une façade. Trump lui donne raison. Xi Jinping, de son côté, utilise la crise américaine pour renforcer son discours nationaliste en Chine : « Voyez ce que devient l’Occident quand il s’affaiblit — chaos, violence, division. La Chine, elle, reste stable grâce à son système autoritaire fort ». Orbán et Erdoğan applaudissent ouvertement Trump, le qualifient de « leader visionnaire », saluent son « courage » face aux « élites corrompues ». Certains évoquent même une internationale autoritaire — une alliance informelle de régimes qui partagent une vision commune : pouvoir personnel concentré, rejet du multilatéralisme, hostilité envers les contre-pouvoirs, culte du chef, nationalisme agressif. Si cette tendance se confirme, le monde bascule dans une nouvelle ère — celle d’un affrontement idéologique global entre démocraties libérales affaiblies et autoritarismes triomphants.
L’Europe face à un dilemme stratégique
Pour l’Union européenne, la dérive américaine pose un dilemme stratégique majeur. Depuis 1945, la sécurité européenne repose sur l’alliance avec les États-Unis via l’OTAN. Mais que se passe-t-il si les États-Unis deviennent un régime autoritaire ? Peut-on continuer de s’allier avec un pays qui bafoue les valeurs démocratiques que l’Europe prétend défendre ? Peut-on faire confiance à un président qui menace d’envahir ses propres villes avec l’armée, qui poursuit ses opposants politiques, qui falsifie les statistiques, qui manipule les élections ? Certains dirigeants européens, comme Emmanuel Macron en France ou Olaf Scholz en Allemagne, plaident pour une autonomie stratégique — c’est-à-dire une capacité de l’Europe à se défendre seule, sans dépendre de Washington. Mais cette transition prendra des années, voire des décennies. En attendant, l’Europe reste vulnérable. Si Trump décide de retirer les troupes américaines d’Europe (une hypothèse qu’il a déjà évoquée), si une crise éclate avec la Russie ou la Chine, l’Europe sera impuissante. D’autres dirigeants, notamment en Europe de l’Est (Pologne, Pays baltes), craignent qu’un affaiblissement de l’alliance atlantique ne profite à Poutine et ne menace directement leur sécurité nationale. Le débat est ouvert, urgent, mais sans réponse claire. Et pendant que l’Europe hésite, Trump avance — indifférent aux conséquences internationales de ses actes. Pour lui, seule l’Amérique compte. Le reste du monde peut bien s’effondrer.
Conclusion

Ce qu’il faut retenir — un tournant historique terrifiant
Trump n’est plus un président au sens constitutionnel du terme. Il est devenu un autocrate, un monarque électif, un empereur qui règne par décrets, par intimidation, par manipulation. Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, il a pulvérisé les contre-pouvoirs, militarisé l’espace public, purgé les institutions, instrumentalisé la justice, falsifié les statistiques, instauré un culte de la personnalité et préparé l’invocation de l’Insurrection Act — une loi qui lui donnerait un pouvoir quasi absolu. Ce qui se passe aux États-Unis en octobre 2025 n’est pas une simple « dérive autoritaire » — c’est un basculement autoritaire, méthodique, assumé, irréversible. La démocratie américaine ne fonctionne plus. Les élections sont menacées. Les opposants sont traqués. L’armée occupe les villes. Les tribunaux obéissent. Les médias se taisent. Et le monde regarde, sidéré, impuissant, terrifié. Trump avait promis d’être un dictateur « seulement le premier jour ». Ce premier jour n’a jamais pris fin. Il dure toujours. Il durera peut-être éternellement.
Ce qui change dès maintenant — une Amérique méconnaissable
L’Amérique de 2025 n’est plus celle de 2020. Le changement est radical, brutal, effrayant. Les citoyens vivent désormais sous surveillance militaire dans plusieurs grandes villes. Les fonctionnaires fédéraux sont soumis à des tests de loyauté personnelle envers Trump. Les statistiques officielles sont falsifiées. Les opposants politiques sont poursuivis en justice sans preuves. Les manifestants risquent d’être réprimés par l’armée. Les médias indépendants sont intimidés. Les universités sont censurées. Les juges sont discrédités. Les élections futures sont compromises. Et tout cela se passe légalement — ou du moins avec une apparence de légalité, puisque Trump utilise des décrets présidentiels, des lois anciennes réactivées, des nominations stratégiques et des purges administratives. C’est l’autoritarisme moderne : pas un coup d’État violent, mais une déconstruction méthodique des institutions démocratiques de l’intérieur. Et le plus terrifiant, c’est que personne ne sait comment l’arrêter. Les contre-pouvoirs ont lâché. Les alliés hésitent. Les citoyens sont divisés, épuisés, désorientés. L’Amérique est en train de sombrer — et elle entraîne avec elle une partie du monde, car la chute de la première puissance mondiale déstabilise l’équilibre géopolitique global, renforce les autocrates partout, affaiblit les démocraties et ouvre la voie à une ère de violence, de chaos et de désespoir.
Ce que je recommande — résister avant qu’il ne soit trop tard
Je ne suis ni Américain ni politicien, mais expert observateur de ces dynamiques autoritaires. Et mon analyse est claire : si les Américains n’agissent pas maintenant, il sera bientôt trop tard. La fenêtre de résistance se referme. Chaque jour qui passe, Trump consolide son pouvoir, élimine ses opposants, normalise l’inacceptable. Que peuvent faire les citoyens ? S’organiser localement — créer des réseaux de solidarité, protéger les personnes menacées, documenter les abus, résister pacifiquement mais fermement. Soutenir les institutions fragiles qui tiennent encore — médias indépendants, ONG de défense des droits, avocats courageux, élus locaux intègres. Refuser la normalisation — ne pas accepter que cette situation devienne la nouvelle norme, continuer de protester, de témoigner, de dénoncer. Et surtout, se préparer aux élections de 2026 — car si les démocrates reprennent le Congrès, ils pourront freiner Trump, lancer des enquêtes, voter des lois de protection. Mais attention : Trump fera tout pour manipuler ces élections, les invalider si nécessaire, voire les suspendre en invoquant une « urgence nationale ». C’est pourquoi la mobilisation doit être massive, visible, incontournable. Quant au reste du monde — Europe, Canada, démocraties d’Asie et d’Amérique latine —, il doit cesser de regarder passivement. Il doit condamner publiquement les dérives de Trump, soutenir les opposants américains, préparer des sanctions économiques et diplomatiques si la situation dégénère. Car ce qui se joue aux États-Unis en octobre 2025, ce n’est pas qu’une crise américaine. C’est un test pour l’humanité — celui de savoir si les démocraties peuvent survivre à l’ère des réseaux sociaux, de la désinformation massive, des populismes autoritaires et des crises multiples. Pour l’instant, le test est en train d’être raté.