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L’autocrate qui déclare ne pas en être un

Il suffit d’écouter. Le 24 août 2025, assis dans le Bureau ovale, Donald Trump affirme devant les caméras qu’il n’est pas un dictateur. Bizarre, non… ? Personne ne lui avait posé la question. C’est lui qui ressent le besoin de se justifier, de démentir, de nier ce que tout le monde observe depuis son retour triomphal à la Maison-Blanche en janvier 2025. Quelques jours plus tôt, il a déclaré sans détour que beaucoup d’Américains « aimeraient avoir un dictateur ». Puis il corrige — non, il n’aime pas les dictateurs. Lui, c’est différent : il est « doué de beaucoup de bon sens et intelligent ». Les mots glissent. Les actions, elles, restent gravées dans le marbre, l’or et l’ostentation. Depuis sa réélection en novembre 2024, Trump agit comme s’il régnait sur un empire — pas une démocratie. Il accumule les décrets présidentiels à une cadence hallucinante, pulvérise les contre-pouvoirs, mobilise l’armée contre des villes démocrates et traque ses opposants politiques avec une détermination glaçante. Mais il refuse le titre. « Dictateur » ? Non, trop vulgaire. Il préfère peut-être « empereur » ou « roi », comme certains chroniqueurs le surnomment maintenant… Trump 1er, souverain d’une présidence impériale qui écrase ce qui reste de la Constitution américaine.

Le premier jour qui ne s’est jamais terminé

En décembre 2023, il avait promis : « Je serai un dictateur, mais seulement le premier jour ». Ce jour-là devait suffire à tout régler — frontière, énergie, immigration. Les démocrates avaient ri jaune. Les républicains avaient minimisé. Maintenant, personne ne rit plus. Le 20 janvier 2025, Trump signe 26 décrets présidentiels lors de sa cérémonie d’investiture. Retrait de l’Organisation mondiale de la santé, sortie de l’accord de Paris, abolition du droit du sol pour les enfants d’immigrés en situation irrégulière, grâce totale aux émeutiers du 6 janvier 2021, désignation des cartels mexicains comme organisations terroristes, déclaration d’urgence nationale à la frontière, déploiement de l’armée… En quinze heures, Trump défait des décennies de diplomatie, de jurisprudence et d’équilibre institutionnel. Mais il ne s’arrête pas là. Entre le 20 janvier et le 5 février, il signe 55 executive orders — un record jamais vu dans l’histoire récente des États-Unis. En comparaison, ses prédécesseurs n’en signaient jamais plus d’une cinquantaine durant leur première année complète de mandat. Trump, lui, dépasse ce seuil en deux semaines. Et ce « premier jour » ? Il dure maintenant depuis neuf mois. Parce qu’en réalité, Trump n’a jamais eu l’intention de s’arrêter. Il a utilisé cette promesse comme cheval de Troie — pour normaliser l’inacceptable, pour habituer l’Amérique à vivre sous un pouvoir personnel débridé.

L’urgence extrême que personne ne voulait voir venir

Le 10 octobre 2025, des sources anonymes de la Maison-Blanche révèlent que Trump envisage sérieusement d’invoquer l’Insurrection Act, une loi fédérale archaïque qui lui permettrait de déployer l’armée américaine sur tout le territoire national, sous son contrôle personnel direct, sans l’autorisation des gouverneurs ou du Congrès. Ce n’est plus une hypothèse, c’est une planification active : des arguments juridiques ont été rédigés, des options ont été explorées, des scénarios ont été discutés. Cette loi, utilisée sporadiquement dans l’histoire américaine (la dernière fois en 1992 lors des émeutes de Los Angeles), donnerait à Trump un pouvoir quasi illimité pour écraser toute opposition — manifestants, élus locaux, tribunaux récalcitrants. Et pendant que les médias américains tentent encore de « contextualiser » ou de « nuancer », la machine autoritaire tourne à plein régime. Depuis le 1er octobre 2025, le gouvernement fédéral est paralysé par un shutdown orchestré délibérément par Trump et ses alliés au Congrès, afin de forcer l’adoption du fameux « Projet 2025 », ce plan ultra-conservateur de 900 pages qui vise à détruire l’État administratif, démanteler les agences fédérales et imposer une loyauté personnelle des fonctionnaires envers le président. La démocratie américaine est en train de s’effondrer — pas en théorie, pas dans un futur hypothétique, mais maintenant, sous nos yeux, en temps réel. Et le monde regarde, hésitant encore à prononcer le mot qui fait peur : dictature.

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