Le 18 octobre 2025 restera gravé comme une journée de fracture — celle où Meghan McCain, la fille du regretté sénateur John McCain, a déclenché une tempête de critiques en s’opposant publiquement aux manifestations massives « No Kings » organisées à travers les États-Unis. Ces rassemblements, qui attirent des millions d’Américains dans plus de 2 600 villes, dénoncent ce que les organisateurs qualifient de dérive autoritaire sous l’administration Trump. Mais Meghan McCain, héritière d’un nom politique prestigieux, ne semble pas comprendre le message. Sur son compte X, elle a posté un commentaire qui a immédiatement provoqué l’indignation : « Je ne comprends pas comment Trump est considéré comme un roi quand il a remporté chaque État pivot, le collège électoral et le vote populaire lors d’une élection démocratique. » Cette phrase, à elle seule, a suffi pour rallumer les flammes d’un débat national déjà explosif — et pour attirer des réponses cinglantes de figures politiques de premier plan.
Parmi les voix les plus percutantes : celle de Mike Madrid, sondeur républicain respecté, qui a directement interpellé Meghan avec ces mots tranchants : « Votre père a eu le courage de s’exprimer contre cela. » Une phrase courte, mais dévastatrice — un rappel brutal que John McCain, icône républicaine et défenseur de la démocratie, avait lui-même osé défier Trump à plusieurs reprises avant sa mort en 2018. Jonathan Chait, chroniqueur de The Atlantic, a enfoncé le clou en questionnant la logique de Meghan : « Est-ce que votre point de vue signifie littéralement que rien de ce qu’un président démocratiquement élu fait en fonction ne peut être antidémocratique ? » La question reste suspendue dans l’air — et Meghan McCain, elle, ne semble pas avoir de réponse convaincante.
Les manifestations « No Kings » : une insurrection pacifique contre l'autoritarisme

Des millions dans les rues
Les manifestations « No Kings » du 18 octobre 2025 constituent probablement l’une des plus grandes mobilisations de l’histoire américaine moderne. Plus de 2 600 rassemblements ont été organisés simultanément à travers tous les États, des métropoles comme New York et Los Angeles jusqu’aux petites villes comme Burns en Oregon (population : 2 700 habitants) ou Bryson City en Caroline du Nord (1 500 résidents). Les organisateurs, notamment le mouvement Indivisible et des centaines d’organisations partenaires, estiment que cette journée pourrait dépasser les 4 à 6 millions de participants enregistrés lors de la première vague de protestations en juin dernier. Le message central ? Les États-Unis ne tolèrent pas les rois — et Trump ne devrait pas agir comme tel.
Les manifestants portaient du jaune en signe d’unité et d’espoir, brandissaient des drapeaux américains et scandaient des slogans comme « No kings, no queens, no fascist USA » ou « This is what democracy looks like ». Contrairement aux accusations républicaines qui qualifiaient ces rassemblements de « rallyes anti-Amérique », les participants insistaient sur leur patriotisme — défendant les principes fondateurs du pays contre ce qu’ils perçoivent comme des abus de pouvoir systématiques. Lisa Gilbert, coprésidente de Public Citizen, une organisation de défense des consommateurs, a déclaré : « Ce que nous voyons est véritablement sans précédent. Cette administration attaque les juges, les organisations à but non lucratif, tente d’attaquer les médias, étouffe la liberté d’expression protégée par le Premier Amendement, et arrête des membres siégeants du Congrès pour leur surveillance de l’ICE. »
Un mouvement alimenté par la peur démocratique
Les organisateurs soulignent que ces protestations ne sont pas simplement des réactions émotionnelles — elles sont enracinées dans des préoccupations concrètes concernant les actions de l’administration Trump. Parmi les griefs cités : l’ordre exécutif visant à mettre fin à la citoyenneté de naissance, en violation du 14e amendement ; le licenciement de plus de 17 inspecteurs généraux sans le préavis légal de 30 jours au Congrès, sapant la surveillance indépendante ; l’invocation des lois sur les Ennemis étrangers pour des expulsions massives, une mesure de temps de guerre utilisée en temps de paix ; le gel de fonds fédéraux approuvés, empiétant sur l’autorité législative ; et l’instruction donnée aux agences de modifier les règlements électoraux avec des restrictions de vote, empiétant sur le domaine du Congrès.
Le sénateur démocrate Chris Murphy a déclaré à l’Associated Press : « De grands rassemblements comme celui-ci donnent confiance à ceux qui sont restés sur la touche, mais qui sont prêts à s’exprimer. » D’autres personnalités démocrates de premier plan, dont le chef de file du Sénat Chuck Schumer et le sénateur indépendant Bernie Sanders, se sont joints aux manifestations — considérant ces mobilisations comme un antidote aux actions jugées antidémocratiques. Ezra Levin, cofondateur d’Indivisible, a affirmé : « Il n’y a pas de plus grande menace pour un régime autoritaire que le pouvoir populaire patriotique. »
La réponse républicaine : diabolisation et désinformation
Les dirigeants républicains n’ont pas tardé à réagir — mais pas avec des arguments rationnels. Le président de la Chambre Mike Johnson a qualifié les événements « No Kings » de « rallye anti-Amérique », affirmant qu’ils rassembleraient « la foule Antifa, la foule pro-Hamas et les marxistes » sur le National Mall à Washington. Le représentant Tom Emmer a lié les manifestations à la fermeture du gouvernement fédéral, accusant les démocrates de refuser de voter pour financer le gouvernement « pour marquer des points politiques avec l’aile terroriste de leur parti ». Ces déclarations, loin de calmer les tensions, ont renforcé la détermination des manifestants — et ont exposé le fossé béant entre les deux visions de la démocratie américaine.
Meghan McCain et l'ombre de son père

Un héritage politique complexe
Meghan McCain n’est pas une inconnue dans le paysage politique américain. Fille du sénateur John McCain, héros de guerre, prisonnier au Vietnam et figure emblématique du Parti républicain, elle a grandi dans l’ombre d’un géant. John McCain était connu pour son indépendance, son refus de suivre aveuglément la ligne du parti, et surtout — son opposition courageuse à Donald Trump. Avant sa mort en 2018 des suites d’un cancer du cerveau, McCain avait été l’un des rares républicains à critiquer ouvertement Trump, allant jusqu’à voter contre l’abrogation de l’Affordable Care Act en 2017, un geste qui avait choqué son propre parti. Ce vote, ce courage, cette intégrité — tout cela définissait John McCain.
Meghan, elle, a construit sa carrière médiatique en capitalisant sur ce nom — et sur cette réputation. Elle a été coanimatrice de l’émission The View sur ABC, où elle incarnait la voix conservatrice face à un panel majoritairement progressiste. Mais contrairement à son père, Meghan McCain semble souvent manquer de cette nuance, de cette capacité à reconnaître quand les principes démocratiques sont en jeu. Son commentaire sur les manifestations « No Kings » en est l’illustration parfaite : elle réduit la question à une simple victoire électorale, ignorant totalement les abus de pouvoir documentés qui alimentent la colère des manifestants. C’est précisément cette absence de profondeur qui a déclenché l’indignation — et les comparaisons douloureuses avec son père.
« Votre père a eu le courage » : la phrase qui résonne
La réponse de Mike Madrid — « Votre père a eu le courage de s’exprimer contre cela » — n’est pas qu’une critique. C’est un rappel historique, un contraste cinglant entre le père et la fille. John McCain, malgré ses propres convictions conservatrices, avait osé se dresser contre Trump lorsqu’il estimait que la démocratie était menacée. Meghan, en revanche, semble incapable de faire cette distinction. Madrid, sondeur républicain respecté, ne parlait pas en tant qu’adversaire partisan — il parlait en tant que témoin d’un héritage trahi. Et cette phrase, diffusée sur X (anciennement Twitter), a immédiatement résonné chez des milliers d’internautes qui se souviennent encore du John McCain qui avait défendu Barack Obama face aux attaques racistes de ses propres partisans lors de la campagne présidentielle de 2008.
Jonathan Chait, chroniqueur de The Atlantic, a enfoncé le clou avec une question rhétorique dévastatrice : « Est-ce que votre point de vue signifie littéralement que rien de ce qu’un président démocratiquement élu fait en fonction ne peut être antidémocratique ? » La question expose la faille logique dans l’argumentation de Meghan : gagner une élection ne donne pas un chèque en blanc pour saper les institutions démocratiques. Les manifestants « No Kings » ne contestent pas la légitimité de la victoire électorale de Trump — ils contestent ses actions une fois au pouvoir. Et cette nuance, Meghan McCain semble incapable de la saisir.
Une réputation en chute libre
Ce n’est pas la première fois que Meghan McCain provoque la controverse sur les réseaux sociaux. En septembre 2025, elle avait déjà été critiquée pour avoir accusé les démocrates de « glorifier la mort », avant de souhaiter la mort à quelqu’un deux heures plus tard — une contradiction flagrante qui avait alimenté les accusations d’hypocrisie. Elle a également été au centre de polémiques pour ses commentaires sur le prince Harry, sur le film Maestro de Bradley Cooper, et sur une comédie musicale intitulée The Ghost of John McCain, qu’elle a qualifiée de « répugnante ». Mais cette fois, la critique va plus loin — parce qu’elle touche directement à l’héritage de son père et à ce qu’il représentait.
Les réactions : un torrent de critiques et de comparaisons

Les voix progressistes s’élèvent
La réponse à la déclaration de Meghan McCain a été immédiate — et impitoyable. Le compte Twitter populaire Nerds for Humanity a répondu directement à McCain, déclarant : « Gagner de manière équitable ne justifie pas les abus de pouvoir. » Ils ont ensuite énuméré les raisons pour lesquelles les critiques qualifient Trump de « roi » — non pas à cause de sa victoire électorale, mais à cause de ses actions en fonction : l’ordre exécutif pour mettre fin à la citoyenneté de naissance, le licenciement de plus de 17 inspecteurs généraux sans préavis légal, l’invocation des lois sur les Ennemis étrangers pour des expulsions massives, le gel de fonds fédéraux approuvés, et l’instruction donnée aux agences de modifier les règlements électoraux. La liste était longue, détaillée, et impossible à ignorer.
D’autres utilisateurs de réseaux sociaux ont souligné l’ironie de la situation : Meghan McCain, qui avait passé des années à capitaliser sur le nom de son père et sur sa réputation de « maverick », semblait maintenant trahir tout ce qu’il avait défendu. Des captures d’écran de tweets précédents de Meghan ont refait surface — notamment un tweet de janvier 2021 (aujourd’hui supprimé) où elle appelait à l’invocation du 25e amendement pour retirer Trump du pouvoir après l’insurrection du Capitole. Cette contradiction flagrante a alimenté les accusations d’opportunisme et de manque de cohérence idéologique.
Les républicains divisés
Mais la critique n’est pas venue uniquement des progressistes. Des républicains modérés et des conservateurs attachés aux principes démocratiques ont également exprimé leur désaccord avec Meghan McCain. Mike Madrid, le sondeur républicain qui a lancé la phrase devenue virale, incarne cette faction du parti qui refuse de suivre aveuglément Trump. Madrid, qui avait cofondé le Lincoln Project — un groupe de républicains anti-Trump — avait déjà été une voix dissidente au sein du parti. Sa réponse à Meghan n’était pas seulement une critique personnelle ; c’était un appel à la mémoire de John McCain, un rappel que le Parti républicain n’a pas toujours été synonyme de soumission aveugle à un seul homme.
D’autres figures conservatrices ont également pris leurs distances avec les commentaires de Meghan. Sur les plateformes de réseaux sociaux, des anciens collaborateurs de John McCain ont partagé des anecdotes sur son opposition à Trump, rappelant les moments où il avait défendu les institutions démocratiques — même au prix de sa popularité au sein de son propre parti. Ces témoignages ont créé un contraste encore plus frappant avec la position de Meghan, qui semble avoir choisi la loyauté politique au détriment des principes démocratiques.
Le poids des mots : « courage » et « trahison »
Le mot « courage » — utilisé par Mike Madrid dans sa réponse à Meghan — n’était pas choisi au hasard. Il faisait référence à l’un des moments les plus emblématiques de la carrière de John McCain : son vote contre l’abrogation de l’Affordable Care Act en 2017. Ce vote, effectué tard dans la nuit au Sénat, avait été accompagné d’un geste théâtral — un pouce vers le bas — qui avait choqué ses collègues républicains. McCain, déjà malade du cancer du cerveau, avait choisi de défendre les millions d’Américains qui dépendaient de cette loi, plutôt que de suivre la ligne du parti. Ce geste, ce courage, reste gravé dans la mémoire collective — et c’est précisément ce contraste que Madrid soulignait en interpellant Meghan.
Le contexte des manifestations : pourquoi maintenant ?

Une escalade autoritaire documentée
Les manifestations « No Kings » ne sont pas apparues dans le vide. Elles sont la réponse directe à une série d’actions de l’administration Trump que les critiques qualifient d’autoritaires et d’antidémocratiques. Depuis le retour de Trump à la présidence en janvier 2025, les observateurs ont documenté une escalade préoccupante : l’utilisation de mesures militaires dans des communautés civiles, le licenciement massif d’inspecteurs généraux chargés de la surveillance indépendante, les tentatives de modification des règlements électoraux, et les attaques contre les médias et les organisations à but non lucratif. Chaque action, prise isolément, pourrait être justifiée par des arguments légaux ou politiques. Mais ensemble, elles dessinent un tableau inquiétant — celui d’un exécutif qui cherche à concentrer le pouvoir et à affaiblir les contre-pouvoirs.
Lisa Gilbert, de Public Citizen, a résumé cette inquiétude : « Ce que nous voyons est véritablement sans précédent. Cette administration attaque les juges, les organisations à but non lucratif, tente d’attaquer les médias, étouffe la liberté d’expression protégée par le Premier Amendement, et arrête des membres siégeants du Congrès pour leur surveillance de l’ICE. » Ces accusations ne sont pas des exagérations partisanes — elles sont basées sur des incidents documentés, des ordres exécutifs publiés, et des témoignages de fonctionnaires gouvernementaux. Et c’est précisément ce contexte qui rend les commentaires de Meghan McCain si problématiques : en réduisant la question à une simple victoire électorale, elle ignore (ou pire, minimise) ces abus de pouvoir documentés.
La fermeture du gouvernement : un catalyseur supplémentaire
Les manifestations du 18 octobre 2025 coïncident également avec une fermeture du gouvernement fédéral — une crise politique qui a exacerbé les tensions déjà élevées. Les républicains au Congrès, sous la pression de la Maison-Blanche, ont refusé de voter pour un budget qui inclurait des financements pour certains programmes sociaux, provoquant une impasse budgétaire. Cette fermeture a affecté des centaines de milliers de travailleurs fédéraux, retardé des services essentiels, et alimenté la perception d’un gouvernement dysfonctionnel — contrôlé par des intérêts partisans plutôt que par le bien commun.
Pour les organisateurs de « No Kings », cette fermeture n’est pas un accident — c’est un symptôme d’un problème plus profond. Ezra Levin, cofondateur d’Indivisible, a déclaré : « Il n’y a pas de plus grande menace pour un régime autoritaire que le pouvoir populaire patriotique. » En d’autres termes, les manifestations ne sont pas simplement une réaction à des politiques spécifiques — elles sont une affirmation du pouvoir citoyen face à ce qui est perçu comme une dérive autoritaire. Et cette affirmation, répétée dans plus de 2 600 villes à travers le pays, envoie un message clair : les Américains ne resteront pas silencieux.
L’histoire se répète : de juin à octobre
Les manifestations du 18 octobre ne sont pas les premières du genre. En juin 2025, une première vague de protestations « No Kings » avait attiré entre 4 et 6 millions de participants à travers plus de 2 100 sites. Ces manifestations coïncidaient avec un défilé militaire organisé par Trump à Washington — un événement que les critiques avaient qualifié de démonstration de force autoritaire. La juxtaposition était frappante : d’un côté, un président organisant une parade militaire digne d’un régime autoritaire ; de l’autre, des millions de citoyens dans les rues, brandissant des drapeaux américains et scandant des slogans en faveur de la démocratie.
John McCain : l'héritage d'un maverick

Le prisonnier de guerre devenu icône
Pour comprendre la gravité de la critique adressée à Meghan McCain, il faut comprendre qui était John McCain — et ce qu’il représentait. Né en 1936, McCain était le fils et le petit-fils d’amiraux de la Marine américaine. Pilote de chasse pendant la guerre du Vietnam, il avait été abattu au-dessus de Hanoï en 1967 et capturé par les forces nord-vietnamiennes. Pendant plus de cinq ans, McCain avait été prisonnier de guerre — torturé, battu, maintenu en isolement. On lui avait offert une libération anticipée en raison du statut de son père, mais McCain avait refusé, respectant le code militaire qui exigeait que les prisonniers soient libérés dans l’ordre de leur capture. Cette décision, ce refus du privilège, avait défini sa carrière politique.
Après sa libération en 1973, McCain avait continué sa carrière militaire avant de se lancer en politique. Élu au Congrès en 1982, puis au Sénat en 1986, il était devenu une figure respectée des deux côtés de l’échiquier politique. Sa réputation de « maverick » — un indépendant au sein du Parti républicain — provenait de sa volonté de travailler avec les démocrates, de critiquer son propre parti, et de défendre des causes impopulaires lorsqu’il estimait qu’elles étaient justes. En 2008, il avait été le candidat républicain à la présidence, perdant face à Barack Obama — mais même dans la défaite, il avait fait preuve de dignité et de respect envers son adversaire.
Le vote qui a tout changé
Le moment le plus emblématique de la carrière de John McCain est probablement survenu en juillet 2017, lorsqu’il avait voté contre l’abrogation de l’Affordable Care Act (Obamacare). À l’époque, McCain était déjà malade du cancer du cerveau — le glioblastome qui finirait par l’emporter en 2018. Il avait quitté son lit d’hôpital pour retourner au Sénat, sachant que son vote serait décisif. Tard dans la nuit, entouré de ses collègues républicains qui attendaient qu’il se conforme à la ligne du parti, McCain avait levé le bras — et avait abaissé le pouce. Ce geste simple, théâtral, avait fait échouer l’abrogation d’Obamacare et avait choqué le Parti républicain.
Ce vote n’était pas simplement une position politique — c’était un acte de courage. McCain savait qu’il serait critiqué, qu’il serait accusé de trahison par son propre parti. Mais il avait choisi de défendre les millions d’Américains qui dépendaient de cette loi pour leur couverture santé. Dans son discours au Sénat, il avait déclaré : « Nous devons apprendre à faire des compromis. Nous devons apprendre à travailler ensemble. » C’était un appel à la raison, à la coopération, à la mise en avant du bien commun plutôt que des intérêts partisans. Et c’est précisément cet héritage que Mike Madrid rappelait lorsqu’il a interpellé Meghan McCain : « Votre père a eu le courage de s’exprimer contre cela. »
McCain contre Trump : une opposition constante
John McCain n’avait jamais caché son mépris pour Donald Trump. Dès la campagne présidentielle de 2016, McCain avait critiqué les commentaires de Trump sur les immigrés mexicains, les musulmans, et les femmes. Après que Trump ait déclaré que McCain n’était « pas un héros de guerre » parce qu’il avait été capturé (« J’aime les gens qui n’ont pas été capturés », avait dit Trump), la relation entre les deux hommes s’était définitivement détériorée. Même après la victoire de Trump en 2016, McCain avait continué à critiquer ses politiques — notamment sur la Russie, où McCain s’inquiétait de l’influence de Moscou sur l’élection américaine.
La question centrale : démocratie vs. autoritarisme

Qu’est-ce qu’un roi en démocratie ?
La question posée par Meghan McCain — « Comment Trump peut-il être considéré comme un roi quand il a remporté une élection démocratique ? » — repose sur une confusion fondamentale entre légitimité électorale et comportement démocratique. Gagner une élection ne confère pas un pouvoir illimité. La démocratie américaine est construite sur un système de séparation des pouvoirs — exécutif, législatif, judiciaire — précisément pour empêcher qu’un seul individu ou institution ne concentre trop de pouvoir. Les manifestants « No Kings » ne contestent pas la victoire de Trump ; ils contestent ses actions en fonction, qui, selon eux, sapent ces contre-pouvoirs.
Jonathan Chait a parfaitement résumé cette distinction dans sa réponse à Meghan : « Est-ce que votre point de vue signifie littéralement que rien de ce qu’un président démocratiquement élu fait en fonction ne peut être antidémocratique ? » L’histoire est remplie d’exemples de dirigeants élus démocratiquement qui ont ensuite érodé les institutions démocratiques — de Viktor Orbán en Hongrie à Recep Tayyip Erdoğan en Turquie. L’élection n’est que le début du processus démocratique ; le véritable test est de savoir si un dirigeant respecte les limites de son pouvoir une fois en fonction. Et pour les manifestants « No Kings », Trump a échoué à ce test.
Les abus de pouvoir documentés
Les critiques de Trump ne sont pas basées sur des opinions subjectives ou des préférences partisanes — elles sont ancrées dans des actions spécifiques et documentées. Le compte Twitter Nerds for Humanity a énuméré plusieurs exemples dans sa réponse à Meghan McCain : l’ordre exécutif pour mettre fin à la citoyenneté de naissance, en violation du 14e amendement de la Constitution ; le licenciement de plus de 17 inspecteurs généraux sans le préavis légal de 30 jours au Congrès, affaiblissant la surveillance indépendante ; l’invocation des lois sur les Ennemis étrangers pour des expulsions massives, une mesure de temps de guerre appliquée en temps de paix ; le gel de fonds fédéraux approuvés par le Congrès, usurpant l’autorité législative ; et l’instruction donnée aux agences de modifier les règlements électoraux pour imposer des restrictions de vote, empiétant sur le domaine du Congrès.
Chacune de ces actions, prise isolément, pourrait être débattue devant les tribunaux ou dans l’arène politique. Mais ensemble, elles forment un pattern — une tendance à concentrer le pouvoir, à affaiblir les contre-pouvoirs, et à agir sans égard pour les limites constitutionnelles. Et c’est précisément ce pattern que les manifestants « No Kings » dénoncent. Ils ne disent pas que Trump est un roi parce qu’il a gagné une élection — ils disent qu’il agit comme un roi parce qu’il ignore les limites de son pouvoir.
Le rôle des citoyens dans une démocratie
Les manifestations « No Kings » soulèvent également une question plus profonde : quel est le rôle des citoyens dans une démocratie ? Voter tous les quatre ans est-il suffisant, ou les citoyens ont-ils la responsabilité de rester vigilants, de protester lorsque les institutions sont menacées ? Les organisateurs de « No Kings » défendent cette dernière vision. Ezra Levin, d’Indivisible, a déclaré : « Il n’y a pas de plus grande menace pour un régime autoritaire que le pouvoir populaire patriotique. » En d’autres termes, la démocratie n’est pas un état passif — c’est un processus actif qui nécessite la participation continue des citoyens.
L'impact sur l'héritage McCain

Une famille divisée ?
La controverse autour des commentaires de Meghan McCain soulève également des questions sur l’héritage familial. John McCain avait trois autres enfants de son premier mariage — Doug, Andy, et Sidney — ainsi que deux filles adoptives issues du second mariage avec Cindy McCain — Bridget et Meghan. Bien que la famille McCain ait généralement évité les conflits publics, les différences d’opinions entre Meghan et sa mère, Cindy McCain, ont parfois fait surface. Cindy, qui est aujourd’hui directrice exécutive du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, a publiquement soutenu Joe Biden lors de l’élection présidentielle de 2020 — un geste qui avait surpris de nombreux républicains mais qui était cohérent avec l’opposition de John McCain à Trump.
Meghan, en revanche, a souvent semblé plus ambiguë dans ses positions. Bien qu’elle ait critiqué Trump à plusieurs reprises — notamment après l’insurrection du Capitole en janvier 2021, lorsqu’elle avait appelé à l’invocation du 25e amendement — elle a également défendu des positions conservatrices alignées avec le Parti républicain sous Trump. Cette ambiguïté a alimenté les accusations d’opportunisme et a créé un contraste frappant avec l’intégrité de son père. La question qui se pose maintenant : l’héritage de John McCain survivra-t-il aux commentaires de sa fille ?
Le poids de l’Histoire
L’héritage de John McCain dépasse largement sa famille. Il incarne une époque où le Parti républicain, bien que conservateur, respectait encore les normes démocratiques et les institutions. McCain représentait un conservatisme de principes — un conservatisme qui défendait la petite gouvernance, la responsabilité fiscale, et une politique étrangère forte, tout en respectant les limites constitutionnelles et en cherchant des compromis avec les démocrates. C’est ce conservatisme qui semble avoir disparu dans l’ère Trump — remplacé par un culte de la personnalité et une loyauté aveugle à un seul homme.
Les commentaires de Meghan McCain sur les manifestations « No Kings » symbolisent cette transformation. En réduisant la question à une simple victoire électorale, elle ignore les principes que son père défendait — les principes qui avaient fait de lui une figure respectée des deux côtés de l’échiquier politique. Et dans cette ignorance, elle risque de ternir l’héritage de son père — un héritage qui, ironiquement, était précisément basé sur le courage de s’opposer à son propre parti lorsque les principes démocratiques étaient en jeu.
Un moment de réflexion
La controverse autour de Meghan McCain offre également un moment de réflexion pour le Parti républicain dans son ensemble. Que reste-t-il des principes conservateurs lorsqu’un dirigeant ignore les limites constitutionnelles ? Que signifie être républicain lorsque le parti défend un homme plutôt que des idées ? Ces questions, bien que difficiles, sont essentielles — et les manifestations « No Kings » les posent de manière frontale. Mike Madrid, en interpellant Meghan sur le courage de son père, ne faisait pas que critiquer une personne — il rappelait à tout un parti ce qu’il a perdu.
Conclusion

Le 18 octobre 2025 restera gravé comme une journée de contrastes brutaux — entre les millions d’Américains qui ont marché dans les rues pour défendre la démocratie, et une héritière politique qui semble avoir oublié ce que son propre père avait défendu. Meghan McCain, en minimisant les manifestations « No Kings » et en réduisant la question à une simple victoire électorale, a trahi l’héritage de John McCain — un homme qui avait passé sa vie à défendre les principes démocratiques, même au prix de sa popularité au sein de son propre parti. Les réponses cinglantes de figures comme Mike Madrid et Jonathan Chait ne sont pas simplement des critiques — ce sont des rappels douloureux de ce qui a été perdu.
Les manifestations « No Kings » ne sont pas des « rallyes anti-Amérique », comme le prétendent les républicains. Elles sont l’expression d’un patriotisme profond — un patriotisme qui refuse d’accepter que la démocratie américaine devienne une monarchie déguisée. Et dans cette expression, dans ces millions de voix qui scandent « No kings, no queens, no fascist USA », il y a quelque chose de fondamentalement américain — quelque chose que John McCain aurait reconnu et soutenu. Meghan McCain, elle, a choisi un autre chemin. Et dans ce choix, elle a perdu bien plus qu’un débat sur Twitter — elle a perdu la boussole morale qui avait défini sa famille pendant des générations. L’Histoire se souviendra de cette journée. La question est : comment se souviendra-t-elle de Meghan McCain ?