Les rues de New York ont vibré d’une colère sourde ce samedi 18 octobre 2025, alors que des millions d’Américains descendaient dans les rues pour les manifestations « No Kings » contre l’administration Trump. Parmi cette marée humaine de contestataires, un homme se distinguait par son âge, son histoire et la puissance de ses mots. À 82 ans, ce vétéran du Vietnam a livré à la journaliste d’MSNBC Antonia Hylton un message glacant de lucidité : « Manifestez maintenant ou inclinez-vous plus tard ». Cette phrase, prononcée avec la gravité de quelqu’un qui a vu la démocratie vaciller ailleurs dans le monde, résonne comme un avertissement viscéral à toute une nation. Car cet homme n’est pas venu manifester par caprice ou par adhésion partisane, mais parce qu’il reconnaît dans les actions de l’actuel président les prémices d’un danger autoritaire qu’il refuse de voir s’installer sans combat.
Avec près de 7 millions de personnes mobilisées à travers plus de 2 600 événements organisés dans les 50 États américains, cette journée pourrait bien représenter la plus grande manifestation d’un seul jour de l’histoire des États-Unis. Les organisateurs, regroupés sous la bannière « No Kings », accusent Trump d’agir comme un monarque plutôt que comme un président élu démocratiquement. L’ampleur de cette mobilisation témoigne d’une fracture profonde qui traverse la société américaine, dix mois après le retour de Trump à la Maison-Blanche. Entre déploiements de la Garde nationale, accusations d’autoritarisme et défense acharnée des droits constitutionnels, l’Amérique semble au bord d’une rupture démocratique sans précédent.
Un vétéran parmi des millions
Cet homme de 82 ans, dont le parcours militaire au Vietnam forge encore aujourd’hui ses convictions, n’est pas un activiste de profession. Il incarne cette génération qui a servi son pays sous l’uniforme, qui a survécu aux horreurs de la jungle vietnamienne, et qui aujourd’hui refuse de voir les institutions démocratiques qu’il a défendues être érodées. Son témoignage recueilli par Antonia Hylton, correspondante primée d’MSNBC, a rapidement fait le tour des réseaux sociaux et des médias nationaux. Dans ses mots se trouve une urgence palpable, celle de quelqu’un qui comprend que l’histoire ne se répète jamais exactement de la même manière, mais qu’elle peut emprunter des chemins dangereusement similaires.
Sa présence lors de cette manifestation géante à New York n’est pas anodine. Parmi les dizaines de milliers de manifestants qui ont envahi Times Square et les artères principales de la ville, ce vétéran représente la mémoire vivante d’une époque où la contestation de l’autorité gouvernementale était considérée comme un devoir patriotique. La police de New York a rapporté « zéro arrestation liée aux manifestations », malgré la présence de plus de 100 000 personnes dans les rues de la métropole. Cette discipline collective témoigne du caractère pacifique et organisé de ce mouvement, qui refuse de tomber dans la violence malgré l’intensité des émotions.
Les manifestations « No Kings » : une mobilisation historique
La journée du 18 octobre 2025 marque la seconde vague majeure des manifestations « No Kings », après une première mobilisation en juin qui avait déjà rassemblé plus de 5 millions de personnes à travers le pays. Cette fois, les chiffres sont encore plus impressionnants. Les organisateurs affirment que près de 7 millions d’Américains ont participé aux 2 600 rassemblements organisés dans tout le pays et même à l’étranger. Si ces chiffres sont confirmés, il s’agirait potentiellement de la plus grande manifestation d’un seul jour jamais enregistrée dans l’histoire américaine, surpassant même les grandes marches pour les droits civiques des années 1960.
Le mouvement « No Kings » regroupe une coalition impressionnante de près de 200 organisations, incluant l’American Civil Liberties Union (ACLU), la Fédération américaine des enseignants, Planned Parenthood, MoveOn, et de nombreux syndicats et groupes de défense des droits civiques. Cette diversité organisationnelle reflète l’ampleur des préoccupations face aux politiques de l’administration Trump. À Washington DC, des sénateurs comme Bernie Sanders du Vermont et Chris Murphy du Connecticut ont pris la parole devant les foules. Même Bill Nye, le célèbre vulgarisateur scientifique, a dénoncé le mépris de l’administration pour les « faits scientifiques fondamentaux ».
Des accusations d’autoritarisme qui se multiplient
Les manifestants ne se contentent pas de crier leur mécontentement. Ils listent méthodiquement les actions qu’ils considèrent comme des « prises de pouvoir autoritaires » de la part du président Trump. Parmi ces griefs figurent le déploiement de forces fédérales dans les villes américaines, les détentions massives d’immigrés menées par des agents souvent masqués de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), les coupes drastiques dans le financement fédéral de l’éducation et des protections environnementales, ainsi que des tentatives de manipulation des circonscriptions électorales.
L’administration Trump a également suscité l’indignation en cherchant à réduire massivement les effectifs fédéraux. Des milliers d’employés fédéraux en période probatoire ont été licenciés, y compris au Département des Anciens Combattants où plus de 2 000 employés ont perdu leur poste, dont des centaines de vétérans. Des documents divulgués révèlent que l’équipe de Elon Musk, chargée du projet DOGE (Department of Government Efficiency), prévoit de licencier plus de 80 000 employés du VA, soit près de 20% des effectifs de l’agence. Pour des vétérans comme cet homme de 82 ans, ces coupes représentent une trahison inacceptable envers ceux qui ont servi leur pays.
Le parcours des vétérans du Vietnam face à Trump

Une relation complexe et contradictoire
La relation entre Donald Trump et les vétérans du Vietnam est marquée par une ambiguïté profonde et des contradictions flagrantes. Trump lui-même a évité le service militaire pendant la guerre du Vietnam grâce à plusieurs ajournements pour études universitaires jusqu’en 1968, puis à un ajournement médical pour des éperons osseux au pied. Cette histoire est particulièrement sensible pour les vétérans qui, eux, ont répondu à l’appel de leur pays et ont combattu dans l’une des guerres les plus polarisantes de l’histoire américaine. Certains vétérans, comme Brian Nickerson de South Portland dans le Maine, ont publiquement déclaré qu’ils ne voteraient jamais pour Trump, affirmant que le président avait qualifié ceux qui sont allés au Vietnam de « idiots ».
En 2017, lors de son premier mandat, Trump s’était rendu au Vietnam pour le sommet de l’APEC et avait rencontré sept vétérans américains de la guerre du Vietnam à Danang, sur le site d’une ancienne base aérienne américaine. Il les avait alors qualifiés de « guerriers formidables » et de « trésor national ». Mais ces paroles contrastent violemment avec les accusations selon lesquelles il aurait qualifié les soldats morts au combat de « perdants » et de « ratés », et aurait demandé au sujet des militaires tombés : « Qu’est-ce qu’ils y gagnaient ? » Ces allégations, jamais complètement réfutées, continuent de hanter ses relations avec la communauté des vétérans.
Des vétérans divisés mais de plus en plus critiques
La communauté des vétérans du Vietnam reste profondément divisée sur Trump. Certains le soutiennent fermement, appréciant sa rhétorique « America First » et ses promesses de réduire l’engagement américain dans les conflits étrangers. Mais un nombre croissant de vétérans, comme cet homme de 82 ans à New York, expriment une inquiétude grandissante face aux tendances autoritaires qu’ils perçoivent dans son administration. Vincent Camacho, un vétéran de l’Air Force ayant servi pendant 24 ans jusqu’en 2024, a participé à sa première manifestation en mars 2025 après avoir été licencié du Département de l’Agriculture dans le cadre des purges massives d’employés fédéraux en période probatoire.
Un vétéran handicapé du Vietnam, exposé à l’Agent Orange pendant son service avec la 5ème division d’artillerie du 42ème régiment, a publié un témoignage bouleversant en juillet 2025. Il décrit comment les coupes budgétaires de Trump au Département des Anciens Combattants mettent en danger la vie de milliers de vétérans qui dépendent des services du VA pour leur santé et leur survie. « Donald Trump aime parler de tout ce qu’il fait pour les vétérans », écrit-il, « mais la réalité est que Donald Trump est la plus grande menace pour les vétérans vivants aujourd’hui. » Ces mots font écho aux préoccupations du vétéran de 82 ans qui a manifesté à New York.
Les controverses autour des hommages militaires
L’une des controverses les plus marquantes a éclaté en juin 2025, lorsque Trump a organisé un défilé militaire massif pour célébrer le 250ème anniversaire de l’Armée américaine — qui coïncidait avec son 79ème anniversaire. Les critiques ont accusé le président d’avoir instrumentalisé cette commémoration militaire pour glorifier sa propre personne plutôt que pour honorer les forces armées. Allen Bartleman, un autre vétéran du Vietnam, s’est rendu à Washington spécifiquement pour protester contre cet événement, promettant de tourner le dos pendant la portion du défilé dédiée à l’anniversaire du président. « Je ferai ma protestation de manière pacifique et respectueuse », avait-il déclaré.
Cette instrumentalisation des cérémonies militaires a profondément choqué de nombreux vétérans qui considèrent que leur service et leurs sacrifices ne devraient jamais être utilisés à des fins politiques personnelles. Le fait que Trump ait évité le service militaire pendant la guerre du Vietnam rend cette situation encore plus difficile à accepter pour ceux qui ont effectivement combattu et vu leurs camarades mourir. L’ironie n’échappe à personne : un homme qui a esquivé la guerre organise des défilés militaires somptueux pour célébrer son propre anniversaire, pendant que d’anciens combattants de 82 ans descendent dans la rue pour défendre la démocratie qu’ils pensaient avoir protégée il y a plus de cinquante ans.
L'ampleur sans précédent de la mobilisation

Des chiffres qui donnent le vertige
Les chiffres rapportés par les organisateurs des manifestations « No Kings » du 18 octobre 2025 sont tout simplement stupéfiants. Près de 7 millions de participants répartis sur 2 600 événements dans les 50 États américains et même dans plusieurs pays étrangers via l’organisation « Democrats Abroad ». Si ces estimations sont confirmées par des sources indépendantes, cette journée dépasserait en ampleur toutes les manifestations précédentes de l’histoire américaine, y compris les marches historiques pour les droits civiques, les manifestations contre la guerre du Vietnam, ou même les Women’s Marches de 2017.
À New York seulement, plus de 100 000 personnes ont convergé vers Times Square et les artères principales de Manhattan, tenant des pancartes proclamant « Résistez aux traîtres fascistes » et « Pas de couronnes, pas de rois ». La police new-yorkaise a confirmé qu’aucune arrestation liée aux manifestations n’avait eu lieu, malgré cette présence massive. À Washington DC, des foules impressionnantes ont rempli le National Mall, écoutant les discours de sénateurs, d’anciens employés fédéraux licenciés, et de personnalités publiques comme Bill Nye. À Chicago, Los Angeles, Austin, et dans d’innombrables autres villes, des marées humaines ont défilé pacifiquement, unies par un message commun : l’Amérique n’a pas de roi.
Une organisation minutieuse et pacifique
Les organisateurs du mouvement « No Kings » ont été extrêmement méticuleux dans leur préparation de ces manifestations. Conscients que toute violence ou débordement pourrait être utilisé pour discréditer le mouvement, ils ont organisé des formations virtuelles à la sécurité avec l’aide de l’ACLU. Ces sessions ont insisté sur l’importance de maintenir un caractère strictement pacifique lors des rassemblements. Cette discipline collective a porté ses fruits : malgré la présence de plusieurs millions de personnes dans les rues à travers le pays, les incidents violents ont été quasiment inexistants.
Cette approche pacifique contraste fortement avec la rhétorique employée par certains responsables républicains pour décrire les manifestations. Le président de la Chambre des représentants Mike Johnson a qualifié l’événement de « rassemblement de haine contre l’Amérique », tandis que d’autres républicains l’ont décrit comme anti-américain. Le gouverneur du Texas Greg Abbott a même activé la Garde nationale, affirmant que le Texas « ne tolérera pas le chaos » et menaçant d’arrestations immédiates pour toute destruction de propriété. En Virginie également, des troupes de la Garde nationale ont été placées en état d’alerte, reflétant une tension palpable entre les autorités et les manifestants.
Un mouvement qui dépasse les clivages traditionnels
Ce qui rend le mouvement « No Kings » particulièrement remarquable, c’est sa capacité à fédérer des individus de tous horizons. Bien que majoritairement progressiste dans sa composition, le mouvement attire également des conservateurs traditionnels inquiets des tendances autoritaires de Trump, des libertariens attachés aux libertés constitutionnelles, et des modérés déçus par la polarisation excessive de la politique américaine. Parmi les manifestants se trouvaient des enseignants préoccupés par les coupes dans l’éducation, des employés fédéraux licenciés, des immigrants craignant les rafles de l’ICE, des scientifiques alarmés par le déni climatique, et bien sûr, des vétérans comme cet homme de 82 ans.
Cette diversité se reflétait dans les pancartes et les slogans. Certains affichaient « Nous voulons que tout le gouvernement fonctionne », tandis que d’autres proclamaient « Rendons l’Amérique bonne à nouveau », un détournement évident du slogan de Trump. Des costumes d’Halloween faisaient leur apparition dans certaines manifestations, ajoutant une dimension presque festive à ce qui reste fondamentalement une protestation sérieuse contre des politiques jugées dangereuses pour la démocratie. Amanda Nature, une ancienne employée de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), a exprimé une frustration partagée par beaucoup : « On dit souvent que 50% du pays a voté pour ça. Mais 50% du pays n’a pas voté pour une fermeture du gouvernement ou le démantèlement des services dont les gens dépendent. »
Les politiques de Trump sous le feu des critiques

Immigration : une répression qui effraie
L’une des critiques les plus virulentes concerne la politique d’immigration de l’administration Trump. Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, le président a intensifié de manière spectaculaire l’application des lois sur l’immigration. Des agents de l’ICE, souvent masqués et lourdement armés, mènent des rafles massives dans les communautés à travers tout le pays. Ces opérations, qui se déroulent parfois sans mandat approprié selon les critiques, créent un climat de terreur dans de nombreuses communautés immigrées.
Les manifestants « No Kings » dénoncent non seulement l’ampleur de ces opérations, mais aussi leur brutalité et leur caractère potentiellement inconstitutionnel. Des familles sont séparées, des personnes sont détenues dans des conditions décriées par les organisations de défense des droits humains, et la rhétorique déshumanisante employée par certains responsables gouvernementaux rappelle à beaucoup les pages les plus sombres de l’histoire. Pour les organisateurs du mouvement, ces politiques représentent une attaque frontale contre les valeurs fondamentales américaines d’accueil et de dignité humaine.
Éducation et science : un recul inquiétant
Les coupes drastiques dans le financement fédéral de l’éducation constituent un autre point de friction majeur. L’administration Trump a réduit ou supprimé des subventions à de nombreuses universités prestigieuses, invoquant leur gestion des manifestations pro-palestiniennes liées au conflit à Gaza, leurs programmes de diversité sur les campus, et leurs politiques concernant les personnes transgenres. Pour de nombreux éducateurs présents aux manifestations, ces mesures représentent une politisation dangereuse de l’enseignement supérieur et une menace pour l’indépendance académique.
La présence de Bill Nye aux manifestations de Washington DC a mis en lumière les préoccupations de la communauté scientifique. Le célèbre vulgarisateur scientifique a dénoncé le mépris de l’administration Trump pour les « faits scientifiques fondamentaux », affirmant que cette attitude « ne fait pas avancer la science » mais la freine, « au détriment de la santé, du bien-être et de la compétitivité mondiale ». Ces préoccupations font écho à celles exprimées par des scientifiques du climat, des chercheurs médicaux, et d’innombrables autres professionnels qui voient leurs domaines d’expertise systématiquement ignorés ou attaqués.
Vétérans : une trahison ressentie
Pour les vétérans comme cet homme de 82 ans à New York, les coupes au Département des Anciens Combattants représentent peut-être la trahison la plus personnelle et la plus douloureuse. Plus de 2 000 employés du VA ont déjà été licenciés, et les documents divulgués révèlent que l’équipe DOGE d’Elon Musk prévoit d’éliminer plus de 80 000 postes supplémentaires, soit près de 20% des effectifs de l’agence. Ces suppressions d’emplois affecteront directement les services offerts aux vétérans, dont beaucoup dépendent du VA pour leurs soins de santé, leur santé mentale, et leur survie même.
Le témoignage publié en juillet 2025 par un vétéran handicapé du Vietnam exposé à l’Agent Orange illustre de manière poignante l’impact de ces politiques. « J’ai compté sur les services fournis par le Département des Anciens Combattants tout au long de ma vie civile », écrit-il, « et ils ont été cruciaux pour maintenir les vétérans comme moi en vie. Le VA a été essentiel pour préserver ma santé mentale et ce qu’il reste de ma santé physique. Mais les coupes que Donald Trump fait au VA et à d’autres agences mettent tout cela en péril, mettant en danger la vie de gens comme moi. » Ces mots résonnent comme un cri de détresse que les manifestations « No Kings » cherchent à amplifier.
Le déploiement de la Garde nationale et la militarisation

Des gouverneurs qui se préparent au pire
Avant même le début des manifestations du 18 octobre, plusieurs gouverneurs républicains ont pris la décision controversée d’activer la Garde nationale. Le gouverneur du Texas Greg Abbott a été particulièrement véhément, qualifiant les manifestations d’Austin de « protestation liée à Antifa » et avertissant que le Texas « ne tolérera pas le chaos ». Sur les réseaux sociaux, il a écrit : « Quiconque détruit des propriétés ou commet des actes de violence sera rapidement arrêté. L’ordre et la loi seront appliqués. » Des mesures similaires ont été prises en Virginie, où des troupes de la Garde nationale ont été placées en état d’alerte.
Cette militarisation de la réponse aux manifestations pacifiques a elle-même alimenté les craintes d’autoritarisme que les manifestants cherchaient justement à dénoncer. Les organisateurs « No Kings » ont souligné l’ironie de voir des gouverneurs déployer des troupes contre des citoyens exerçant pacifiquement leur droit constitutionnel à la liberté d’expression et de rassemblement. Pour beaucoup, ces déploiements rappellent les images troublantes de forces fédérales intervenant dans les villes américaines pendant l’été 2020, créant une atmosphère de confrontation plutôt que de dialogue démocratique.
Le président et ses généraux
Les préoccupations concernant la militarisation vont au-delà du déploiement de la Garde nationale pour les manifestations. Les vétérans comme Brian Nickerson de South Portland ont exprimé leur inquiétude face aux déclarations rapportées selon lesquelles Trump aurait dit vouloir « le genre de généraux qu’avait Hitler ». Selon Nickerson et d’autres critiques, cette déclaration révèle le désir du président d’avoir des généraux qui suivent aveuglément ses ordres, comme le faisaient les généraux nazis, plutôt que des officiers qui respectent la Constitution et les lois de la guerre.
Cette préoccupation n’est pas sans fondement. Tout au long de son second mandat, Trump a procédé à plusieurs remaniements au sein du commandement militaire, remplaçant des officiers jugés insuffisamment loyaux par des personnes considérées comme plus dociles. Pour un vétéran de 82 ans qui a vu les conséquences catastrophiques de l’obéissance aveugle à l’autorité dans d’autres pays, ces développements sont profondément alarmants. Son message « Manifestez maintenant ou inclinez-vous plus tard » prend tout son sens dans ce contexte : il suggère que si les citoyens ne s’opposent pas maintenant aux tendances autoritaires, il sera bientôt trop tard pour le faire.
Une atmosphère de confrontation
Le président Trump lui-même est resté relativement silencieux sur les manifestations, ne faisant que quelques commentaires. Dans une interview diffusée sur Fox Business la veille des manifestations, il a déclaré : « Ils me traitent de roi — je ne suis pas un roi. » Cette affirmation, plutôt que de calmer les inquiétudes, a été largement perçue comme une défense peu convaincante face aux accusations d’autoritarisme. Le fait même qu’un président américain doive nier publiquement être un roi semble surréaliste à beaucoup, témoignant de l’extraordinaire polarisation de la politique américaine actuelle.
Pendant ce temps, certains responsables de l’administration et du Congrès républicain ont adopté une rhétorique beaucoup plus agressive, qualifiant les manifestations de « rassemblements de haine contre l’Amérique » et accusant sans preuve l’organisation Antifa d’être derrière le mouvement. En réalité, comme l’ont documenté de nombreux médias, les manifestations ont été organisées par une coalition de groupes de défense des droits civiques et d’organisations progressistes établies, avec un engagement explicite envers la non-violence. Cette diabolisation des manifestants pacifiques ne fait qu’accroître les tensions et renforcer la perception que l’administration cherche à délégitimer toute forme de dissidence.
Le message du vétéran et son impact

Des mots qui résonnent à travers les générations
« Manifestez maintenant ou inclinez-vous plus tard. » Ces huit mots, prononcés par un homme de 82 ans dans les rues de New York, contiennent une sagesse historique qui transcende les clivages partisans. Ils ne proviennent pas d’un théoricien politique ou d’un activiste professionnel, mais d’un homme qui a vécu suffisamment longtemps pour voir comment les démocraties peuvent s’éroder progressivement, presque imperceptiblement, jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour inverser le processus. Son témoignage à Antonia Hylton d’MSNBC a été vu par des millions de personnes, partagé d’innombrables fois sur les réseaux sociaux, et cité dans des articles de presse du monde entier.
Ce message trouve un écho particulièrement fort auprès des autres vétérans. Un vétéran de combat avec 12 ans de service a déclaré qu’il ne pourrait pas accepter la Médaille d’Honneur de ce président, affirmant : « Mon amour pour mon pays est éclipsé par ma peur de ce gouvernement. » Un autre, avec 10 ans de service pendant l’opération Tempête du Désert, a exprimé son incompréhension face au soutien de certains vétérans à « un déserteur ». Ces témoignages multiples créent une chorale dissonante au sein de la communauté militaire, reflétant la division profonde qui traverse la nation.
La légitimité d’un témoin de l’histoire
Ce qui donne tant de poids aux paroles de ce vétéran de 82 ans, c’est sa légitimité incontestable. Il n’est pas un opportuniste politique cherchant à exploiter la situation. C’est un homme qui a littéralement risqué sa vie pour son pays, qui porte dans son corps les cicatrices de ce sacrifice, et qui maintenant, dans ce qui devrait être ses années de repos bien mérité, se sent obligé de se battre à nouveau — cette fois non pas contre un ennemi étranger, mais pour préserver les institutions démocratiques qu’il croyait avoir défendues au Vietnam.
Sa présence aux manifestations « No Kings » incarne une continuité historique entre différentes luttes pour la démocratie américaine. Les vétérans du Vietnam ont eux-mêmes été confrontés à un gouvernement qui leur mentait sur les progrès de la guerre, qui les envoyait combattre dans un conflit dont la justification était de plus en plus questionnée. Beaucoup sont revenus pour devenir des militants anti-guerre, jetant symboliquement leurs médailles sur les marches du Capitole. Aujourd’hui, des décennies plus tard, certains de ces mêmes hommes sont à nouveau dans les rues, cette fois non pas pour protester contre une guerre spécifique, mais pour défendre la structure même de la démocratie américaine.
Un avertissement à ne pas ignorer
L’avertissement « inclinez-vous plus tard » contient une prédiction sombre mais lucide. Il suggère que si les citoyens n’agissent pas maintenant pour défendre leurs droits et institutions démocratiques, un moment viendra où l’opposition ne sera plus possible, où la soumission sera la seule option restante. Cette vision n’est pas paranoïaque ou alarmiste dans un sens gratuit — elle est ancrée dans une compréhension historique de la manière dont les régimes autoritaires se consolident progressivement, érodant les contre-pouvoirs un par un jusqu’à ce que toute résistance significative devienne impossible ou mortellement dangereuse.
Pour ce vétéran et les millions de personnes qui ont manifesté à ses côtés, le moment d’agir est maintenant. Pas demain, pas après les prochaines élections, mais aujourd’hui. Cette urgence transparaît dans chaque aspect des manifestations « No Kings » — dans leur ampleur, dans leur diversité, dans leur détermination pacifique mais inflexible. Comme l’a exprimé Ezra Levin, cofondateur d’Indivisible, l’une des organisations organisatrices : « Il n’y a pas de plus grande menace pour un régime autoritaire que le pouvoir patriotique du peuple. » Et ce pouvoir, incarné par un vétéran de 82 ans dans les rues de New York, reste une force formidable.
Les réactions politiques et médiatiques

Une couverture médiatique massive
Les manifestations « No Kings » du 18 octobre 2025 ont bénéficié d’une couverture médiatique sans précédent. Pratiquement tous les grands médias américains — du New York Times à la BBC, de Reuters à NPR, de CNN à MSNBC — ont consacré une attention considérable à l’événement. Les images de Times Square rempli de manifestants, du National Mall grouillant de foules, et de rassemblements dans des milliers de villes à travers le pays ont dominé les cycles d’information pendant toute la journée et le lendemain. Cette visibilité médiatique massive a amplifié le message des manifestants bien au-delà des participants directs.
La couverture internationale a également été substantielle. Al Jazeera, par exemple, a publié une galerie photo intitulée « Des millions de manifestants américains organisent des rassemblements anti-Trump ‘No Kings’ », décrivant les manifestations comme une condamnation des « tactiques dures » de Trump et un appel à la démocratie et aux réformes. CGTN, le média d’État chinois, a également couvert les événements, tout comme de nombreux médias européens, latino-américains et asiatiques. Cette attention mondiale souligne l’importance géopolitique de ce qui se passe aux États-Unis, la plus ancienne démocratie moderne naviguant dans des eaux politiques turbulentes.
La division du paysage politique
Les réactions politiques aux manifestations ont reflété et renforcé la polarisation extrême qui caractérise la politique américaine actuelle. Du côté démocrate et progressiste, les sénateurs Bernie Sanders et Chris Murphy ont pris la parole lors des rassemblements, appelant les citoyens à défendre la démocratie. De nombreux élus démocrates ont exprimé leur solidarité avec les manifestants sur les réseaux sociaux, saluant leur engagement civique et leur détermination pacifique. Pour eux, les manifestations « No Kings » représentent le meilleur de la tradition américaine de protestation pacifique et de vigilance démocratique.
Du côté républicain, les réactions ont été beaucoup plus hostiles. Le président de la Chambre Mike Johnson a qualifié l’événement de « rassemblement de haine contre l’Amérique », tandis que d’autres responsables républicains ont accusé les organisateurs d’être anti-américains et ont suggéré sans preuve que l’organisation Antifa était derrière les manifestations. Ces accusations ont été largement réfutées par les faits — les organisateurs étaient des groupes établis de défense des droits civiques et des organisations progressistes avec une longue histoire de militantisme pacifique. Mais la rhétorique hostile persiste, créant un fossé communicationnel où les deux camps semblent vivre dans des réalités parallèles.
L’impact sur le discours public
Au-delà des réactions immédiates, les manifestations « No Kings » ont un impact plus profond sur le discours public américain. Elles ont placé les questions d’autoritarisme, de constitutionnalisme et de limites du pouvoir exécutif au centre du débat national. Des discussions qui pourraient autrefois avoir semblé académiques ou abstraites sont maintenant des préoccupations urgentes et concrètes pour des millions d’Américains. Le fait qu’un président doive publiquement nier être un roi, que des vétérans octogénaires se sentent obligés de manifester dans les rues, que des millions de personnes sacrifient leur samedi pour participer à des rassemblements politiques — tout cela témoigne d’un moment historique critique.
Les médias ont également commencé à poser des questions plus pointues sur la nature de la présidence de Trump. Les comparaisons historiques avec d’autres périodes de tension démocratique — les années McCarthy, l’ère Nixon, même des références à des régimes autoritaires internationaux — sont devenues monnaie courante. Ces comparaisons, qu’elles soient appropriées ou exagérées, reflètent une anxiété profonde quant à la direction que prend le pays. Et au cœur de cette anxiété se trouve le message simple mais puissant d’un vétéran de 82 ans : manifestez maintenant, ou il sera trop tard.
Perspectives d'avenir et questions ouvertes

Que se passera-t-il ensuite ?
Après les manifestations massives du 18 octobre 2025, la question inévitable se pose : que se passera-t-il maintenant ? Les organisateurs « No Kings » ont promis de maintenir la pression, de continuer à mobiliser les citoyens, et de transformer cette énergie protestataire en action politique concrète. Mais l’histoire des mouvements de protestation est jonchée d’exemples de mobilisations massives qui n’ont pas réussi à produire des changements durables. La vraie mesure du succès de « No Kings » viendra dans les semaines et les mois à venir, lorsqu’il faudra maintenir l’engagement face à la fatigue militante inévitable.
Certains observateurs suggèrent que ces manifestations pourraient marquer un tournant dans la résistance à Trump, galvanisant l’opposition et créant une infrastructure organisationnelle durable. D’autres sont plus sceptiques, notant que des manifestations similaires en juin 2025 avaient également rassemblé des millions de personnes sans produire de changements politiques immédiats. La réalité est probablement quelque part entre ces deux extrêmes : les manifestations ne renverseront pas l’administration Trump du jour au lendemain, mais elles peuvent contribuer à un changement culturel et politique plus graduel qui pourrait avoir des implications à long terme.
Le rôle des vétérans dans la résistance démocratique
Le témoignage du vétéran de 82 ans à New York soulève une question fascinante sur le rôle particulier que les vétérans militaires peuvent jouer dans la défense de la démocratie. Leur légitimité en tant que défenseurs du pays est difficile à contester, même pour les critiques les plus virulents des manifestations. Quand un vétéran du Vietnam dit que l’administration actuelle menace la démocratie qu’il a combattu pour défendre, ce message a un poids que les déclarations de militants ordinaires ne peuvent pas égaler. Cette autorité morale pourrait devenir un atout crucial pour le mouvement « No Kings » à l’avenir.
Cependant, il est important de reconnaître que la communauté des vétérans reste profondément divisée. Pour chaque vétéran qui manifeste contre Trump, il y en a d’autres qui le soutiennent fermement. Cette division reflète la polarisation plus large de la société américaine, et il serait simpliste de présenter tous les vétérans comme faisant partie d’un camp ou de l’autre. Néanmoins, la présence visible de vétérans dans les manifestations « No Kings » — particulièrement ceux d’un âge avancé comme cet homme de 82 ans — crée une image puissante qui résonne bien au-delà de la communauté militaire.
Les élections à venir et l’avenir de la démocratie américaine
En fin de compte, de nombreuses questions soulevées par les manifestations « No Kings » ne trouveront probablement de réponse qu’aux prochaines élections. Les élections de mi-mandat approchent, et elles seront un test crucial de l’humeur politique du pays. Si l’opposition à Trump réussit à transformer l’énergie des manifestations en victoires électorales, cela pourrait restreindre significativement le pouvoir du président et valider la stratégie de résistance active. Si, au contraire, les républicains maintiennent ou renforcent leur contrôle du Congrès, cela suggérerait que les manifestants, malgré leur nombre, ne représentent pas la majorité de l’électorat américain.
Mais au-delà des calculs électoraux immédiats, les manifestations « No Kings » posent des questions plus profondes sur la nature de la démocratie américaine au XXIe siècle. Quelles sont les limites acceptables du pouvoir présidentiel ? Comment les citoyens doivent-ils réagir lorsqu’ils perçoivent que leurs institutions démocratiques sont menacées ? Quel équilibre entre ordre et liberté, entre sécurité et droits civils, entre unité nationale et dissidence patriotique ? Ces questions n’ont pas de réponses faciles, et elles continueront à être débattues longtemps après que les pancartes des manifestations auront été rangées et que les rues se seront vidées. Mais le fait même que ces questions soient posées avec une telle urgence et intensité témoigne d’un moment de transformation potentielle dans l’histoire américaine.
Conclusion

« Manifestez maintenant ou inclinez-vous plus tard. » Ces mots, prononcés par un vétéran de 82 ans dans les rues tumultueuses de New York lors des manifestations « No Kings » du 18 octobre 2025, résonnent comme un écho à travers l’histoire américaine. Ils ne sont pas seulement un slogan de protestation, mais un avertissement ancré dans l’expérience vécue de quelqu’un qui a vu comment les démocraties peuvent s’effriter lorsque les citoyens restent passifs face à l’accumulation progressive du pouvoir autoritaire. Ce vétéran, qui a risqué sa vie au Vietnam il y a plus d’un demi-siècle, se retrouve à nouveau sur le front — cette fois non pas dans une jungle étrangère, mais dans les rues de sa propre nation, défendant les principes démocratiques qu’il croyait avoir protégés durant sa jeunesse.
Les manifestations « No Kings » du 18 octobre, avec leurs près de 7 millions de participants répartis sur 2 600 événements à travers tous les États américains, représentent potentiellement la plus grande mobilisation d’un seul jour dans l’histoire américaine. Cette ampleur extraordinaire témoigne de la profondeur de l’inquiétude ressentie par une partie significative de la population face aux politiques de l’administration Trump — des rafles d’immigration menées par des agents masqués aux coupes massives dans les services aux vétérans, du déploiement de la Garde nationale contre des manifestants pacifiques à la rhétorique qui évoque des comparaisons troublantes avec des régimes autoritaires passés. Pour des millions d’Américains, le moment de choisir entre protestation active et soumission passive est arrivé, et ils ont choisi la première option.
L’impact de ces manifestations se mesurera non pas dans les jours ou les semaines à venir, mais dans les mois et les années qui suivront. Marqueront-elles un tournant dans la résistance à ce que les organisateurs appellent les « prises de pouvoir autoritaires » de Trump ? Ou s’estomperont-elles comme tant d’autres mouvements de protestation, submergées par la fatigue militante et l’inertie politique ? La réponse dépendra en grande partie de la capacité du mouvement à maintenir la mobilisation, à transformer l’énergie de la rue en changement politique concret, et à continuer d’attirer dans ses rangs des figures au crédit moral incontestable — comme ce vétéran de 82 ans dont le message simple mais puissant a touché des millions de cœurs.
Ce qui reste indéniable, c’est que l’Amérique traverse un moment de tension démocratique intense, où les questions fondamentales sur la nature du pouvoir, les limites de l’autorité présidentielle, et le rôle des citoyens dans la défense de leurs droits constitutionnels sont au premier plan du discours national. Dans ce contexte, la voix d’un vétéran octogénaire — portant dans son corps les cicatrices de guerres passées et dans son esprit la sagesse de décennies d’observation de l’histoire — offre une perspective qui transcende les clivages partisans immédiats. Son message n’est pas partisan, mais profondément patriotique : défendez maintenant les institutions démocratiques, ou préparez-vous à les voir disparaître. Et dans cette urgence tranquille mais insistante, résonne l’appel éternel de la vigilance démocratique que chaque génération doit réapprendre à ses propres risques.