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Le 17 octobre 2025, dans les eaux troubles des Caraïbes, trois hommes ont été désintégrés par un missile américain. Leur bateau, selon le secrétaire à la Défense Pete Hegseth, transportait des quantités substantielles de narcotiques et appartenait à l’Armée de libération nationale colombienne — cette guérilla marxiste que Washington a rebaptisée organisation terroriste pour justifier l’injustifiable. Pas d’interception. Pas de sommation. Pas de procès. Juste une explosion filmée depuis un drone, postée triomphalement sur les réseaux sociaux comme un trophée de chasse. Cette septième frappe porte à 32 le nombre de morts en six semaines d’une campagne militaire que l’administration Trump présente comme une guerre sainte contre le fentanyl, mais que les experts juridiques du monde entier qualifient d’exécutions extrajudiciaires et de violations massives du droit international. Le problème? Personne — absolument personne — n’a vu la moindre preuve que ces victimes étaient vraiment des trafiquants.

Pendant que Trump célèbre ses explosions virales et affirme avoir « sauvé 25 000 vies américaines » par bateau détruit (un chiffre mathématiquement délirant), la Colombie hurle à l’assassinat. Le président Gustavo Petro accuse Washington d’avoir tué Alejandro Carranza — un pêcheur innocent dont le moteur était tombé en panne, dont le bateau dérivait avec son signal de détresse activé quand le missile l’a frappé en septembre. Trump, au lieu de répondre aux accusations, a traité Petro d’« illegal drug dealer » et coupé toute l’aide américaine à la Colombie. Nous assistons en direct à quelque chose de profondément terrifiant : la transformation d’une démocratie en machine d’exécution extrajudiciaire, où un président peut ordonner la mort de dizaines de personnes sans preuve publique, sans débat congressionnel, sans contrainte juridique visible. Et le plus glaçant? Un sondage Harris révèle que 71% des Américains soutiennent ces frappes. La normalisation de l’exécution sans procès est complète. L’État de droit, cette illusion fragile qui séparait encore la démocratie de la tyrannie, vient de s’évaporer dans la mer des Caraïbes.

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