Le vendredi 18 octobre 2025, le Premier ministre canadien Mark Carney a lancé une déclaration qui résonne comme un coup de tonnerre sur la scène diplomatique internationale. Interrogé lors d’une entrevue avec Bloomberg Podcasts diffusée ce jour-là, Carney a répondu d’un simple et catégorique « Oui » lorsqu’on lui a demandé si le Canada arrêterait Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, s’il entrait sur le territoire canadien. Ce oui — net, sans hésitation, sans nuance — n’est pas une simple formalité diplomatique. C’est un engagement ferme à appliquer le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale en novembre 2024 contre Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, accusés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans le contexte de la guerre à Gaza.
Cette prise de position marque un tournant dans la politique étrangère canadienne vis-à-vis d’Israël — une nation historiquement considérée comme un allié proche du Canada. Carney ne s’est pas contenté de confirmer l’application du mandat : il a aussi clairement dénoncé les actions du gouvernement Netanyahu, affirmant qu’elles visaient explicitement à « mettre fin à toute possibilité d’un État palestinien », en violation de la Charte des Nations Unies et de la politique canadienne établie depuis 1947. Les mots sont durs, le ton est sans équivoque, et les implications diplomatiques sont massives. Alors que les tensions géopolitiques au Moyen-Orient atteignent des sommets inégalés, le Canada choisit de se positionner fermement du côté du droit international — quitte à s’aliéner Tel-Aviv et à créer des frictions avec Washington. Mais cette décision, aussi courageuse qu’elle puisse paraître, soulève des questions vertigineuses : comment en sommes-nous arrivés là ? Quelles sont les ramifications concrètes ? Et surtout, le Canada sera-t-il vraiment capable de tenir cette promesse si Netanyahu décidait de tester la résolution d’Ottawa ?
Faits établis : ce que Carney a dit et ce que cela signifie

La déclaration du 18 octobre 2025
Le 18 octobre 2025, lors d’une entrevue avec Mishal Husain sur le podcast Bloomberg, Mark Carney a été interrogé directement sur l’engagement du Canada à respecter le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Benjamin Netanyahu. La question était simple : « Le Canada arrêterait-il Netanyahu s’il venait au pays ? » La réponse de Carney fut encore plus simple : « Oui ». Pas de détour, pas de clause échappatoire, pas de « nous examinerons la situation au cas par cas ». Juste un oui sec, définitif, qui a immédiatement fait le tour des médias internationaux. Cette confirmation a été relayée par des sources majeures, dont The Times of Israel, Anadolu Agency, et The Economic Times, toutes datées du 19 et 20 octobre 2025.
Carney a également profité de cette tribune pour expliquer les motivations derrière la reconnaissance canadienne d’un État palestinien — une décision officielle prise le 21 septembre 2025 dans le cadre d’un mouvement coordonné avec le Royaume-Uni, l’Australie, le Portugal, suivis rapidement par la France, la Belgique, le Luxembourg, Malte, Monaco et Andorre les 22 et 23 septembre. Selon Carney, cette reconnaissance n’était pas une solution miracle, mais une réponse politique nécessaire face aux actions du gouvernement israélien qui cherchaient, selon ses mots, à « mettre fin à toute possibilité d’un État palestinien », en violation flagrante de la politique canadienne soutenue par tous les partis depuis 1947. Il a ajouté : « Nous l’avons fait parce que cette perspective s’éloignait, et non parce que nous la voyons comme une panacée ou un changeur de jeu fondamental menant immédiatement au résultat que nous et d’autres voulons. » Ce discours, mesuré mais ferme, témoigne d’une volonté d’affirmer la souveraineté canadienne en matière de politique étrangère, même face aux pressions américaines et israéliennes.
Le contexte juridique : le mandat d’arrêt de la CPI
Le 21 novembre 2024, la Cour pénale internationale de La Haye a franchi un seuil historique en émettant des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant, l’ancien ministre israélien de la Défense. C’est la première fois dans l’histoire qu’un mandat d’arrêt est émis par la CPI contre le dirigeant d’un pays démocratique soutenu par l’Occident. Les accusations sont graves : crimes de guerre et crimes contre l’humanité, notamment pour avoir utilisé la famine comme méthode de guerre et pour avoir délibérément privé la population civile de Gaza de nourriture, d’eau, de médicaments, de fournitures médicales, de carburant et d’électricité. Le panel de trois juges a unanimement conclu qu’il existait des « motifs raisonnables de croire » que Netanyahu et Gallant portaient la responsabilité criminelle pour ces actes.
La CPI a également émis un mandat contre Mohammed Deif, commandant militaire du Hamas, accusé de crimes de guerre liés aux attaques du 7 octobre 2023 contre des civils israéliens. Toutefois, Israël affirme avoir tué Deif lors d’une frappe aérienne à Gaza en juillet 2024, bien que le Hamas n’ait confirmé sa mort qu’en janvier 2025. La CPI a finalement annulé ce mandat quelques semaines plus tard. Le procureur de la CPI, Karim Khan, avait initialement demandé des mandats pour deux autres dirigeants du Hamas, Yahya Sinwar et Ismail Haniyeh, mais les deux ont été tués par Israël avant que les mandats ne soient émis. L’enjeu principal reste donc Netanyahu et Gallant — deux hommes qui dirigeaient la machine militaire israélienne au moment où Gaza subissait l’un des bombardements les plus intenses de l’histoire récente.
Les obligations juridiques du Canada
Le Canada est l’un des 125 États membres de la Cour pénale internationale, ayant signé le Statut de Rome en 1998 et l’ayant ratifié en 2000. En tant qu’État partie, le Canada est légalement obligé de coopérer avec les décisions de la CPI, y compris l’exécution des mandats d’arrêt émis par la Cour. Cette obligation n’est pas facultative, elle est ancrée dans le droit international auquel le Canada a volontairement adhéré. Le Premier ministre Justin Trudeau, prédécesseur de Carney, avait déjà confirmé cette position en novembre 2024, déclarant : « Nous défendons le droit international, et nous respecterons tous les règlements et décisions des tribunaux internationaux. C’est simplement qui nous sommes en tant que Canadiens. » La ministre canadienne des Affaires étrangères de l’époque, Mélanie Joly, avait renchéri : « Nous avons besoin de responsabilisation dans notre monde, et sur cette base, le Canada respectera ses obligations en vertu du traité de la CPI. »
Cette obligation juridique met Ottawa dans une position délicate sur le plan diplomatique. Les États-Unis, principal allié du Canada et ardent défenseur d’Israël, ne sont pas membres de la CPI et ont fermement rejeté les mandats d’arrêt. Un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche avait déclaré en novembre 2024 : « Les États-Unis rejettent fondamentalement la décision de la Cour d’émettre des mandats d’arrêt contre des hauts responsables israéliens. Nous restons profondément préoccupés par la précipitation du procureur à demander ces mandats et les erreurs de procédure troublantes qui ont conduit à cette décision. » Malgré cette pression, Carney a choisi de maintenir la ligne tracée par Trudeau — une décision qui renforce la souveraineté juridique canadienne mais complique considérablement les relations avec Washington et Tel-Aviv.
Contexte historique : tensions croissantes entre Israël et le Canada

L’incident du printemps 2025 : Carney accusé de soutenir le terme « génocide »
Les relations entre Carney et Netanyahu n’ont jamais été simples, mais elles ont pris un tournant particulièrement acrimonieux au printemps 2025. Le 8 avril 2025, lors d’un rassemblement électoral à Calgary, un manifestant a crié : « Monsieur Carney ! Il y a un génocide en cours en Palestine ! » Carney a rapidement répondu : « Je suis au courant. C’est pourquoi nous avons un embargo sur les armes. » Cette déclaration, captée sur vidéo et largement diffusée sur les réseaux sociaux, a provoqué une tempête politique. Dès le lendemain, Netanyahu a publiquement condamné Carney dans un message sur X (anciennement Twitter), l’accusant d’attaquer « le seul et unique État juif » au lieu de soutenir Israël, « une démocratie qui mène une guerre juste avec des moyens justes contre les barbares du Hamas ». Netanyahu a exigé que Carney retire ses « déclarations irresponsables ».
Carney a tenté de clarifier ses propos le lendemain, affirmant qu’il n’avait pas entendu le mot « génocide » en raison du bruit ambiant et qu’il avait simplement voulu dire qu’il était conscient de la situation à Gaza, d’où l’embargo sur les armes imposé par le Canada. Selon un rapport de CTV News daté du 11 avril 2025, Carney a déclaré : « Je n’ai pas entendu ce mot. C’est bruyant. Quand vous êtes là-haut, vous entendez des bribes de ce que les gens disent. J’ai entendu Gaza, et mon point était que je suis conscient de la situation à Gaza. » Cependant, cette explication n’a pas apaisé Tel-Aviv ni les organisations juives canadiennes pro-israéliennes, dont le Centre for Israel and Jewish Affairs (CIJA), qui ont exprimé leur inquiétude quant à l’implication que Carney pourrait accepter l’accusation de génocide. Cet épisode a planté les graines d’une rupture diplomatique qui ne ferait que s’approfondir.
L’embargo canadien sur les armes à Israël
L’embargo canadien sur les exportations d’armes vers Israël, mentionné par Carney lors de l’incident de Calgary, remonte aux premiers mois de la guerre à Gaza. Depuis octobre 2023, le gouvernement canadien a progressivement resserré les restrictions sur les ventes d’équipements militaires à Israël, invoquant des préoccupations humanitaires liées à l’utilisation potentielle de ces armes contre des civils palestiniens. Selon les données officielles publiées par Affaires mondiales Canada, les licences d’exportation d’équipements militaires vers Israël ont été suspendues pour plusieurs catégories d’armes, notamment les systèmes de ciblage, les drones militaires et certaines munitions. Cette décision a été saluée par des groupes de défense des droits de la personne, mais critiquée par les organisations pro-israéliennes qui y voient une rupture avec la tradition canadienne de soutien à Israël.
Il convient de noter que le Canada n’est pas un fournisseur majeur d’armes à Israël — contrairement aux États-Unis, qui fournissent des milliards de dollars d’aide militaire chaque année. Toutefois, l’embargo canadien a une valeur symbolique importante, car il reflète un changement dans la perception publique et politique de la guerre à Gaza. Plusieurs provinces canadiennes, dont le Québec et la Colombie-Britannique, ont également adopté des résolutions appelant à un cessez-le-feu immédiat et à un arrêt des exportations d’armes, renforçant la pression sur le gouvernement fédéral. Cette position a été renforcée par des manifestations massives dans les grandes villes canadiennes, où des dizaines de milliers de personnes — incluant des Canadiens juifs, musulmans et d’autres communautés — ont exigé que le Canada prenne une position plus ferme en faveur des droits palestiniens et contre ce qu’ils perçoivent comme une guerre disproportionnée.
Reconnaissance de l’État palestinien : un tournant historique
Le 21 septembre 2025, le Canada a officiellement reconnu l’État de Palestine, rejoignant ainsi une vague de pays occidentaux qui ont pris la même décision dans un mouvement coordonné. Cette annonce a été faite juste avant l’Assemblée générale des Nations Unies, en coordination avec le Royaume-Uni, l’Australie et le Portugal. Les jours suivants, la France, la Belgique, le Luxembourg, Malte, Monaco et Andorre ont suivi. Cette reconnaissance représente un changement majeur dans la diplomatie canadienne, qui avait historiquement soutenu la solution à deux États en théorie mais avait toujours refusé de reconnaître officiellement la Palestine comme État souverain, arguant que cela devait résulter de négociations directes entre Israéliens et Palestiniens.
Carney a justifié ce changement en affirmant que les actions du gouvernement Netanyahu rendaient impossible toute perspective crédible d’un État palestinien, forçant le Canada à agir unilatéralement pour préserver cette possibilité sur le papier, même si elle s’éloignait dans la réalité. Cette décision a été applaudie par les défenseurs des droits palestiniens et par plusieurs nations du Sud global, mais vivement critiquée par Israël et par les États-Unis, qui ont exprimé leur opposition à toute reconnaissance unilatérale de la Palestine. L’ambassadeur israélien au Canada, Iddo Moed, a déclaré dans un communiqué : « Nous exhortons le gouvernement canadien à rester ferme dans son soutien au droit d’Israël de se défendre en rejetant et en condamnant la décision de la CPI. » Cette tension diplomatique s’inscrit dans une dynamique plus large où le Canada cherche à affirmer une position indépendante, distincte de celle de Washington, sur la question israélo-palestinienne.
Informations non confirmées et hypothèses de réaction israélienne

Scénarios sur la réaction d’Israël
À ce stade, la réaction officielle d’Israël à la déclaration de Carney du 18 octobre reste encore partiellement floue. Selon des sources médiatiques israéliennes citées par The Times of Israel et The Jerusalem Post le 20 octobre 2025, des hauts responsables israéliens ont exprimé privément leur colère et leur inquiétude face à cette prise de position canadienne. Toutefois, aucune déclaration officielle complète du bureau du Premier ministre Netanyahu n’avait été publiée au moment de la rédaction de ce texte. Les analystes israéliens explorent plusieurs scénarios possibles quant à la réponse de Tel-Aviv.
Scénario 1 : Protestation diplomatique ferme — Israël pourrait émettre une condamnation publique formelle de la position canadienne, rappeler temporairement son ambassadeur au Canada pour consultations, ou geler certains accords de coopération bilatérale. Cette approche permettrait à Israël de signaler son mécontentement sans rompre complètement les relations diplomatiques, préservant ainsi les canaux de communication pour une éventuelle réconciliation future.
Scénario 2 : Escalade rhétorique et campagne de pression — Netanyahu pourrait intensifier ses attaques verbales contre Carney, comme il l’avait fait en avril 2025, mobilisant les organisations juives canadiennes et américaines pour faire pression sur Ottawa afin qu’il revienne sur sa position. Cette stratégie exploiterait les divisions internes au Canada, où certaines communautés juives soutiennent fermement Israël tandis que d’autres adoptent des positions plus critiques.
Scénario 3 : Test diplomatique — Une hypothèse plus audacieuse, évoquée par certains commentateurs mais non confirmée, suggère qu’Israël pourrait envisager d’envoyer un représentant officiel — peut-être un ministre de rang inférieur — au Canada pour tester la résolution d’Ottawa. Cette stratégie risquée obligerait le gouvernement Carney à choisir entre exécuter le mandat d’arrêt (et subir les conséquences politiques) ou reculer (et perdre toute crédibilité sur le droit international). Aucune source officielle n’a confirmé cette possibilité, et elle reste hautement spéculative.
Réactions au sein de la communauté juive canadienne
Les réactions au sein de la communauté juive canadienne sont loin d’être uniformes. Selon un article publié par The CJN (Canadian Jewish News) le 20 octobre 2025, les organisations juives canadiennes sont profondément divisées sur la question. Le Centre for Israel and Jewish Affairs (CIJA), principal groupe de lobbying pro-israélien au Canada, a publié un communiqué critiquant la décision de Carney, affirmant que l’application du mandat de la CPI contre Netanyahu « fait une parodie du droit international et donne du réconfort au Hamas, au Hezbollah — et, derrière eux, à l’Iran — dans leurs efforts de guerre pour exterminer Israël ». Le CIJA a appelé les Canadiens à contacter leurs députés pour exiger que le Canada rejette « cette perversion du droit international ».
Cependant, d’autres groupes juifs canadiens ont adopté des positions plus nuancées ou carrément favorables à la décision de Carney. Des organisations comme Independent Jewish Voices Canada et plusieurs rabbins progressistes ont publiquement soutenu le respect du mandat de la CPI, arguant que la responsabilité pour les crimes de guerre doit s’appliquer universellement, sans exception pour Israël. Ces voix, bien que minoritaires dans les structures communautaires officielles, reflètent une diversité d’opinions au sein de la communauté juive canadienne — une diversité souvent invisibilisée dans le débat public. Certains Canadiens juifs ont exprimé leur soutien à la position de Carney sur les réseaux sociaux, affirmant que critiquer le gouvernement israélien n’équivaut pas à de l’antisémitisme et que défendre le droit international protège ultimement tous les peuples, y compris les Juifs.
Analyse contextuelle : implications juridiques, politiques et diplomatiques

Le précédent juridique et ses conséquences
La décision de Carney crée un précédent juridique majeur qui dépasse largement le cas spécifique de Netanyahu. Si le Canada exécute effectivement le mandat d’arrêt de la CPI contre le leader d’un pays démocratique allié, cela renforcera considérablement l’autorité de la Cour et enverra un signal clair que personne — pas même les dirigeants de nations occidentales — n’est au-dessus du droit international. Ce précédent pourrait encourager d’autres États membres de la CPI à adopter des positions similaires, augmentant ainsi la pression internationale sur Israël.
Toutefois, des experts juridiques consultés par Reuters et Associated Press ont souligné les complexités pratiques de cette situation. La CPI ne dispose pas de sa propre force de police pour faire appliquer ses mandats ; elle dépend entièrement de la coopération volontaire de ses États membres. Si Netanyahu décidait de tester la résolution canadienne en se rendant au Canada, les autorités canadiennes seraient légalement obligées de l’arrêter dès son arrivée sur le territoire. Mais qu’arriverait-il ensuite ? Netanyahu serait-il détenu en attendant son transfert à La Haye ? Le gouvernement israélien pourrait-il exercer des pressions diplomatiques suffisantes pour obtenir sa libération ? Ces questions n’ont pas de réponses claires, et le Canada se trouverait dans une situation sans précédent, avec des implications pour sa sécurité nationale, ses relations internationales et sa crédibilité juridique.
Impact sur les relations Canada-États-Unis
L’une des conséquences les plus significatives de la position de Carney concerne les relations entre le Canada et les États-Unis. Washington a clairement exprimé son opposition aux mandats de la CPI contre Netanyahu et Gallant, et toute action canadienne visant à les exécuter serait perçue comme une rupture majeure avec la politique américaine au Moyen-Orient. Bien que les États-Unis et le Canada partagent généralement des positions communes sur de nombreux dossiers internationaux, la question israélo-palestinienne a toujours été un point de friction potentiel.
Des analystes politiques américains cités par Foreign Policy Magazine en octobre 2025 ont averti que si le Canada arrêtait effectivement Netanyahu, cela pourrait entraîner des sanctions économiques informelles, un refroidissement de la coopération en matière de renseignement et de sécurité, et une détérioration générale des relations bilatérales. Le Canada dépend fortement des États-Unis pour son commerce (environ 75 % des exportations canadiennes vont vers les États-Unis), sa sécurité (via le NORAD et l’OTAN), et sa position géopolitique. Prendre une position aussi divergente sur une question aussi sensible pourrait avoir des coûts économiques et stratégiques importants. Cependant, Carney semble avoir calculé que le respect du droit international et l’affirmation de l’indépendance canadienne valent ces risques. Reste à voir si cette évaluation se révélera juste.
Le rôle du droit international dans un monde polarisé
Au-delà des implications spécifiques pour le Canada et Israël, cette affaire pose des questions fondamentales sur le rôle du droit international dans un monde de plus en plus polarisé. La Cour pénale internationale a été créée en 2002 avec l’ambition noble de poursuivre les crimes de guerre, les génocides et les crimes contre l’humanité lorsque les États nationaux sont incapables ou refusent de le faire. Cependant, la CPI a été critiquée dès ses débuts pour ce que certains perçoivent comme un biais géographique — la majorité de ses enquêtes et poursuites ont ciblé des dirigeants africains, tandis que les dirigeants des grandes puissances occidentales et de leurs alliés sont restés largement à l’abri.
Le mandat contre Netanyahu représente donc un test crucial pour la crédibilité de la CPI. Si la Cour est capable de poursuivre le leader d’un pays occidental démocratique avec le même zèle qu’elle a poursuivi les dirigeants africains, cela renforcera sa légitimité et son universalité. Si, en revanche, les pressions politiques et diplomatiques empêchent l’exécution du mandat, la CPI risque d’être perçue comme un tribunal impuissant, capable de poursuivre uniquement les faibles mais incapable de tenir les puissants responsables. La position du Canada — un pays occidental respecté, membre du G7 et défenseur historique du multilatéralisme — joue donc un rôle disproportionné dans cette dynamique. En affirmant qu’il exécutera le mandat, Carney place le Canada du côté de ceux qui croient que le droit international doit s’appliquer universellement, sans exception pour les alliés puissants.
Éditorial : entre principe et pragmatisme, le pari risqué de Carney

Note : Cette section présente une analyse personnelle basée sur des réflexions subjectives et des projections hypothétiques, clairement distinguée des faits établis présentés précédemment.
Le courage politique ou la naïveté diplomatique ?
Quand je regarde cette déclaration de Carney — ce « oui » catégorique qui résonne comme un défi lancé à Tel-Aviv — je me demande si nous assistons à un acte de courage politique ou à une erreur diplomatique majeure. D’un côté, il y a quelque chose d’admirable dans cette volonté de respecter le droit international coûte que coûte, de refuser les exceptions hypocrites qui permettent aux alliés puissants d’échapper à la justice pendant que les pays faibles sont traînés devant les tribunaux. Le Canada, historiquement un champion du multilatéralisme et des institutions internationales, se positionne ici comme un défenseur des principes — une position rare dans un monde où le pragmatisme cynique l’emporte souvent sur les idéaux.
Mais d’un autre côté, je ne peux m’empêcher de me demander si Carney a pleinement mesuré les conséquences de ses paroles. Arrêter le Premier ministre d’Israël — un allié historique, une démocratie parlementaire, un partenaire en matière de renseignement et de technologie — n’est pas une décision anodine. Cela créerait une crise diplomatique sans précédent, non seulement avec Israël mais aussi avec les États-Unis et d’autres alliés occidentaux qui soutiennent Tel-Aviv. Le Canada pourrait se retrouver isolé, critiqué, peut-être même sanctionné économiquement ou politiquement. Et pour quoi ? Pour un mandat de la CPI que la plupart des grandes puissances ignorent allègrement lorsque cela les arrange ? Est-ce vraiment le moment pour le Canada de jouer au chevalier blanc du droit international, sachant que cela pourrait lui coûter cher ?
Le risque de l’instrumentalisation politique
Je m’interroge également sur les motivations politiques derrière cette déclaration. Carney, qui a récemment pris la tête du Parti libéral après la démission de Trudeau, cherche manifestement à se distinguer, à marquer son mandat d’une empreinte personnelle forte. Prendre une position audacieuse sur Israël-Palestine — un dossier qui divise profondément l’opinion publique canadienne — pourrait être perçu comme une tentative de mobiliser la base progressiste du parti, notamment les jeunes électeurs et les communautés musulmanes et arabes canadiennes qui ont été particulièrement critiques envers le soutien occidental à Israël durant la guerre de Gaza.
Mais cette stratégie comporte des risques. Elle pourrait aliéner d’autres segments de l’électorat, notamment certaines communautés juives qui voient dans cette position une trahison et un danger. Elle pourrait également être exploitée par les partis d’opposition — les Conservateurs, par exemple, pourraient accuser Carney de mettre en danger les relations canado-américaines, d’abandonner un allié démocratique face à des ennemis terroristes, et de sacrifier les intérêts canadiens sur l’autel de l’idéologie progressiste. Le risque d’instrumentalisation politique est réel, et il transforme une question de principe juridique en un enjeu électoral polarisant. Est-ce vraiment cela que nous voulons ? Que le droit international devienne un ballon de football politique lancé entre les partis ?
Et si Netanyahu appelait le bluff de Carney ?
Voici le scénario qui me hante : et si Netanyahu, dans un geste de défi calculé, annonçait demain qu’il se rendra au Canada pour une visite officielle ? Que ferait Carney ? Irait-il vraiment jusqu’au bout, ordonnant à la GRC d’arrêter le Premier ministre israélien à son arrivée à l’aéroport de Pearson ou de Trudeau ? Ou trouverait-il une excuse — un problème technique, une clause juridique obscure, une intervention diplomatique de dernière minute — pour éviter d’exécuter sa promesse ? Parce que si Carney recule, toute sa posture morale s’effondre. Il devient alors un hypocrite qui parle beaucoup mais agit peu, qui brandit le droit international comme une arme rhétorique mais refuse de l’appliquer quand ça compte vraiment.
Mais s’il va jusqu’au bout — s’il arrête effectivement Netanyahu — les conséquences seraient cataclysmiques. Israël pourrait rompre ses relations diplomatiques avec le Canada. Les États-Unis pourraient imposer des représailles économiques. Les organisations juives canadiennes pro-israéliennes pourraient lancer une campagne massive contre Carney, l’accusant d’antisémitisme et de mise en danger de la communauté juive. Et tout cela pour quoi ? Pour un mandat de la CPI que la communauté internationale ne peut même pas faire respecter universellement ? Je ne dis pas que le droit international ne compte pas — il compte énormément. Mais je me demande si Carney a vraiment réfléchi à ce qui se passerait si son bluff était appelé. Parce que dans ce genre de poker diplomatique, une fois que vous avez misé, vous ne pouvez plus reculer sans perdre toute crédibilité.
Conclusion

La déclaration de Mark Carney du 18 octobre 2025, affirmant que le Canada arrêterait Benjamin Netanyahu s’il entrait sur le territoire canadien, marque un tournant décisif dans la politique étrangère du pays. Cette position — ferme, sans équivoque, ancrée dans le respect du droit international — distingue le Canada de nombreux autres pays occidentaux qui hésitent à appliquer le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. En choisissant de défendre les principes juridiques internationaux plutôt que les alliances politiques traditionnelles, Carney affirme l’indépendance diplomatique du Canada et sa volonté de tenir tous les dirigeants — y compris ceux des nations démocratiques alliées — responsables de leurs actions.
Cependant, cette position comporte des risques considérables. Sur le plan diplomatique, elle pourrait détériorer les relations avec Israël et les États-Unis, deux partenaires stratégiques importants pour le Canada. Sur le plan politique intérieur, elle pourrait exacerber les divisions au sein de la société canadienne, notamment au sein de la communauté juive et entre les différentes communautés concernées par le conflit israélo-palestinien. Et sur le plan pratique, elle pose la question vertigineuse : que se passera-t-il réellement si Netanyahu décide de tester la résolution d’Ottawa ? Le Canada ira-t-il jusqu’au bout, au risque de déclencher une crise diplomatique majeure ? Ou trouvera-t-il un moyen de reculer sans perdre complètement la face ?
Au-delà du cas spécifique de Netanyahu, cette affaire pose des questions fondamentales sur le rôle du droit international dans un monde multipolaire et polarisé. La Cour pénale internationale peut-elle vraiment tenir les dirigeants des grandes puissances responsables, ou est-elle condamnée à ne poursuivre que les faibles et les vaincus ? Le Canada, en prenant cette position audacieuse, tente de prouver que le droit international peut s’appliquer universellement. Mais cette tentative ne réussira que si d’autres pays suivent l’exemple canadien — et pour l’instant, peu semblent prêts à le faire. Le temps nous dira si la position de Carney était visionnaire ou naïve, courageuse ou imprudente. Une chose est sûre : le Canada vient de franchir une ligne, et il n’y a pas de retour en arrière facile.
Encadré de transparence du rédacteur

Les informations factuelles présentées dans cet article proviennent de sources vérifiables et datées, notamment : l’entrevue de Mark Carney avec Bloomberg Podcasts diffusée le 18 octobre 2025 et rapportée par The Times of Israel, Anadolu Agency, The Economic Times et The Jerusalem Post les 19 et 20 octobre 2025 ; les déclarations officielles du gouvernement canadien concernant le mandat de la CPI rapportées par CTV News et CBC News en novembre 2024 ; les documents de la Cour pénale internationale concernant les mandats d’arrêt émis le 21 novembre 2024 contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant ; les rapports sur l’incident de Calgary en avril 2025 publiés par CTV News, Global News et National Post ; et les analyses contextuelles publiées par Reuters, Associated Press et Foreign Policy Magazine en octobre 2025.
Les sections d’analyse et d’éditorial (notamment la section « Éditorial : entre principe et pragmatisme ») sont clairement identifiées comme telles et reflètent des interprétations subjectives, des projections hypothétiques et des réflexions personnelles. Elles ne constituent pas des faits établis mais des analyses critiques visant à explorer les implications et les zones d’incertitude de cette situation complexe.
Ce texte respecte la distinction du rédacteur fondamentale entre faits vérifiés (confirmés par des sources multiples, datées et contextualisées) et commentaires interprétatifs (analyses, hypothèses, projections et réflexions éditoriales présentées explicitement comme telles). Aucune spéculation n’est présentée comme un fait établi, et toutes les sources sont intégrées dans le texte sans références numérotées, conformément aux standards de transparence.
Cet article sera mis à jour si de nouvelles informations officielles ou des développements significatifs surviennent dans ce dossier. La situation évolue rapidement, et les lecteurs sont encouragés à consulter les sources primaires pour obtenir les informations les plus récentes.