Il y a des moments où l’on se rend compte que quelque chose de profond est en train de se briser. Ce lundi 20 octobre 2025, alors que le gouvernement fédéral américain entre dans son vingtième jour de paralysie totale, une vérité glaçante émerge des couloirs du Congrès : même les républicains—les alliés les plus fidèles du président Donald Trump—commencent à grincer des dents. Pas à cause des démocrates, pas à cause de la crise budgétaire qui asphyxie le pays, mais à cause de Trump lui-même. Car depuis le début de ce shutdown historique, le président ne se contente plus de gouverner—il s’empare, il arrache, il piétine les pouvoirs constitutionnels du Congrès avec une brutalité qui laisse même ses propres sénateurs sans voix. Le dernier épisode de cette dérive autoritaire ? Trump a décidé, seul, sans consulter personne, de puiser dans des fonds non autorisés pour payer les 1,3 million de membres de l’armée américaine pendant le shutdown. Un geste qui semble généreux en surface, mais qui cache une réalité bien plus sombre : le président des États-Unis vient de contourner le pouvoir du Congrès sur le budget fédéral—ce qu’on appelle le « power of the purse », l’un des piliers fondamentaux de la démocratie américaine. Et cette fois, même les sénateurs républicains Jerry Moran du Kansas et Lisa Murkowski de l’Alaska ne cachent plus leur colère.
« Il y a un processus requis—par la Constitution et par la loi—pour que le Congrès soit non seulement consulté, mais engagé », a déclaré le sénateur Jerry Moran, membre influent de la Commission des crédits budgétaires. « Il y a une manière de gérer cela. Ça s’appelle les crédits budgétaires. Ça s’appelle le reprogrammation des fonds. Et je ne pense pas que ce processus soit respecté », a renchéri la sénatrice Lisa Murkowski, l’une des rares républicaines à oser défier publiquement Trump. Ces déclarations, prudentes en apparence, sont en réalité explosives. Car elles révèlent une fracture qui s’élargit au sein même du Parti républicain, un camp qui jusqu’ici suivait Trump les yeux fermés, peu importe où il les menait. Mais là, c’est différent. Là, Trump ne se contente plus de défi er les démocrates ou de bousculer les normes—il s’attaque directement aux prérogatives du Congrès, y compris de ses propres alliés. Et pour la première fois depuis son retour triomphal à la Maison Blanche en janvier 2025, certains républicains osent enfin dire tout haut ce qu’ils pensent tout bas : le président va trop loin. Beaucoup trop loin. Et personne ne sait comment l’arrêter—ni même s’il est encore possible de le faire.
Le shutdown qui ne finit jamais : 20 jours de chaos et aucune issue

Le troisième plus long blocage de l’histoire américaine
Depuis le 1er octobre 2025, le gouvernement fédéral américain est en état de paralysie quasi totale. Plus de 750 000 employés fédéraux sont en chômage technique—mis à pied sans salaire, contraints de rester chez eux pendant que leurs factures s’accumulent et que leurs économies fondent. Parmi eux, des scientifiques de la NASA, des inspecteurs de la sécurité alimentaire, des agents des parcs nationaux, des fonctionnaires des impôts. Des gens ordinaires, avec des familles, des hypothèques, des enfants à nourrir. Et ils ne savent même pas quand—ou si—ils retrouveront leur emploi. Car Trump a déjà prévenu : certains d’entre eux ne recevront peut-être jamais leur salaire rétroactif. Une menace à peine voilée qui transforme ce shutdown en une purge silencieuse de la fonction publique. Pendant ce temps, environ 1,3 million de militaires et d’autres employés fédéraux considérés comme « essentiels »—agents du FBI, contrôleurs aériens, garde-côtes, patrouilleurs frontaliers—continuent de travailler, mais sans savoir quand ils seront payés. Jusqu’à ce que Trump décide, arbitrairement, de les payer quand même. Sans demander l’autorisation. Sans passer par le Congrès. Juste parce qu’il le peut. Ou parce qu’il pense pouvoir.
Ce shutdown entre lundi dans son vingtième jour consécutif, ce qui en fait désormais le troisième plus long de l’histoire des États-Unis. S’il se prolonge encore une journée, il égalera le shutdown de 1995-1996 sous Bill Clinton, qui avait duré 21 jours. Et s’il continue au-delà, seul le shutdown catastrophique de 35 jours de décembre 2018 à janvier 2019—le premier mandat de Trump—restera plus long. Mais cette fois, la dynamique est différente. En 2018, Trump avait fini par céder face à la pression publique et à la paralysie des aéroports causée par l’absence des contrôleurs aériens. Mais en 2025, Trump ne cède plus. Il ne négocie plus. Il impose. Il contourne. Il détruit les règles qui le gênent et gouverne par décrets, par ordres exécutifs, par coups de force administratifs. Et le Congrès républicain, censé être un contre-pouvoir, le laisse faire. Jusqu’à maintenant. Parce que là, même certains républicains commencent à réaliser que ce qu’ils ont créé—ou plutôt ce qu’ils ont laissé se créer—pourrait bien leur échapper complètement. Et les dévorer.
Démocrates et républicains : un poker menteur qui n’a que des perdants
Techniquement, ce shutdown est né d’un désaccord budgétaire entre républicains et démocrates. Les républicains, qui contrôlent à la fois la Chambre des représentants et le Sénat avec 53 sièges contre 47, veulent que les démocrates votent pour un projet de loi de financement temporaire déjà adopté par la Chambre. Mais pour faire passer ce texte au Sénat, ils ont besoin d’atteindre le seuil de 60 voix—ce qui signifie qu’ils doivent convaincre au moins sept démocrates de se joindre à eux. Et les démocrates, acculés dans un coin depuis le retour de Trump au pouvoir, utilisent leur seule arme restante : le blocage. Ils exigent, en échange de leur vote, que le texte inclue une prolongation des subventions de l’Obamacare—ces aides qui permettent à des millions d’Américains à faible revenu d’accéder à une assurance santé abordable. Ces subventions, adoptées sous Joe Biden, doivent expirer en décembre 2025. Si elles ne sont pas renouvelées, des millions de personnes perdront leur couverture santé. Et les démocrates le savent. Ils savent aussi que ces aides sont populaires, même parmi les électeurs républicains. Alors ils tiennent bon. Refusent de voter. Forcent le shutdown à se prolonger.
Mais voilà le problème : Trump ne semble pas du tout pressé de mettre fin au shutdown. Au contraire, il l’utilise. Il en fait une arme. Depuis le début de la paralysie, son administration a annulé ou suspendu pour près de 28 milliards de dollars de projets fédéraux—dont 27 milliards concernaient des projets dans des districts contrôlés par des démocrates. Des infrastructures, des routes, des ponts, des écoles, des hôpitaux. Tous bloqués. Tous sacrifiés. Une punition collective infligée aux États démocrates pour avoir osé résister. Trump a également gelé 11 milliards de dollars de fonds destinés à des projets d’infrastructure dans des villes comme New York, San Francisco et Boston. Des milliers d’emplois supprimés. Des chantiers arrêtés. Des familles plongées dans l’incertitude. Et pendant ce temps, Trump sourit. Il tweete. Il organise des déjeuners de remerciement avec les républicains du Congrès pour les féliciter de leur « loyauté ». Comme si tout allait bien. Comme si le pays n’était pas en train de sombrer dans le chaos.
Les votes qui ne changent rien : onze tentatives, onze échecs
Le Sénat s’est réuni lundi soir à 17h30 (heure locale) pour la onzième tentative de voter sur un projet de loi visant à rouvrir le gouvernement. Onze fois. Et à chaque fois, le résultat est le même : échec. Les démocrates refusent de voter sans garanties sur l’Obamacare. Les républicains refusent d’inclure ces garanties dans le texte. Le sénateur démocrate Mark Kelly de l’Arizona a déclaré dimanche qu’il pourrait y avoir une percée cette semaine « si les républicains acceptent enfin de négocier sur les subventions santé ». Mais la sénatrice républicaine Katie Britt de l’Alabama a rétorqué que les démocrates devraient « faire ce qui est juste » et voter pour rouvrir le gouvernement d’abord. Un dialogue de sourds. Une impasse totale. Et pendant que les législateurs jouent au poker menteur dans les salles feutrées du Capitole, des centaines de milliers d’Américains ne savent plus comment payer leur loyer, nourrir leurs enfants, ou accéder aux soins médicaux. Le shutdown n’est plus une crise politique abstraite. C’est une catastrophe humanitaire en cours. Et personne ne semble capable—ou désireux—d’y mettre fin.
La paye des militaires : le coup de force qui fait exploser les républicains

Trump paie les troupes… mais personne ne sait avec quel argent
Le mercredi 15 octobre 2025, alors que le shutdown entrait dans sa troisième semaine, Trump a signé un ordre exécutif ordonnant au Pentagone de « garantir le paiement des militaires en service actif » malgré l’absence de budget fédéral. Un geste qui, en surface, semble noble et patriotique. Qui oserait s’opposer à ce que les soldats soient payés ? Mais le problème, c’est que selon la Constitution américaine, le Congrès—et seulement le Congrès—a le pouvoir de décider comment l’argent fédéral est dépensé. Ce qu’on appelle le « power of the purse », le pouvoir de la bourse. C’est l’un des mécanismes de contrôle les plus fondamentaux de la démocratie américaine, conçu précisément pour empêcher le président de devenir un monarque absolu. Mais Trump a contourné ce mécanisme. Il a ordonné au secrétaire à la Défense Pete Hegseth d’utiliser « tous les fonds disponibles » pour payer les militaires. Quels fonds ? Personne ne le sait. D’où vient cet argent ? Mystère. Quels budgets ont été ponctionnés pour financer cette opération ? Aucune réponse. Car la Maison Blanche n’a soumis aucune demande formelle au Congrès pour reprogrammer des fonds, comme l’exige la loi.
Normalement, lorsque l’exécutif souhaite réaffecter de l’argent d’un budget à un autre, il doit soumettre une demande officielle à la Commission des crédits budgétaires du Congrès. Cette commission examine la demande, évalue les conséquences, et donne son approbation—ou pas. C’est le processus standard. La norme démocratique. Mais Trump a complètement ignoré ce processus. Il a agi unilatéralement, sans consultation, sans autorisation, sans même informer les membres républicains de la Commission des crédits. Le sénateur Jerry Moran, pourtant un allié de Trump, a déclaré qu’aucun membre de la Commission n’avait été consulté avant l’annonce. Lisa Murkowski a ajouté qu’elle ne savait même pas de quels comptes provenait l’argent utilisé pour payer les militaires, ni quels autres programmes seraient affectés par cette ponction. « Il y a une manière de faire ça. Ça s’appelle les crédits budgétaires. Ça s’appelle la reprogrammation. Et je ne pense pas que ce processus soit respecté », a-t-elle déclaré avec une frustration à peine contenue. Une frustration partagée par un nombre croissant de républicains, qui commencent à réaliser que Trump ne gouverne plus—il règne.
Le Congrès dépouillé de son pouvoir constitutionnel
Ce que Trump a fait avec la paye des militaires n’est pas un incident isolé. C’est l’aboutissement d’une stratégie délibérée et méthodique visant à centraliser tous les pouvoirs entre les mains de l’exécutif. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier 2025, Trump a multiplié les coups de force. Il a utilisé une procédure rare appelée « rescission » pour annuler unilatéralement des milliards de dollars de dépenses déjà approuvées par le Congrès—notamment des fonds pour la radiodiffusion publique et l’aide étrangère. Il a imposé des tarifs douaniers massifs sur de nombreux pays et produits, en invoquant la loi sur les pouvoirs économiques d’urgence, malgré les objections de certains législateurs qui estiment qu’il dépasse ses prérogatives. Il a ordonné des frappes militaires contre des navires vénézuéliens impliqués dans le trafic de drogue, sans en informer correctement le Congrès. Et maintenant, il paie les militaires avec de l’argent dont personne ne connaît la provenance. Chaque action, prise individuellement, pourrait être justifiée. Mais mises ensemble, elles dessinent un tableau terrifiant : celui d’un président qui ne reconnaît plus aucune limite à son pouvoir.
Un sénateur républicain, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a confié à Politico : « Ce n’est pas seulement une préoccupation pour les membres de la Commission des crédits. C’est une préoccupation pour l’ensemble du Congrès. » Un autre a ajouté : « Nous ne savons même pas sur quelle base juridique l’administration s’appuie pour faire ça. » Mais la question qui tue, la question que personne n’ose poser publiquement, c’est celle-ci : si Trump peut ignorer le Congrès pour payer les militaires, qu’est-ce qui l’empêche de l’ignorer pour tout le reste ? Qu’est-ce qui l’empêche de puiser dans n’importe quel budget fédéral, pour financer n’importe quel projet, sans jamais demander l’autorisation à personne ? La réponse, de plus en plus évidente, est : rien. Absolument rien. Car le Congrès républicain, censé être un contre-pouvoir, a abdiqué. Il a laissé Trump dévorer ses prérogatives constitutionnelles une à une. Et maintenant, il se réveille—trop tard—pour constater qu’il ne reste presque plus rien.
Des votes symboliques pour sauver les apparences
Face à la grogne montante au sein de leur propre camp, les leaders républicains du Sénat envisagent de tenir un vote cette semaine sur un projet de loi présenté par le sénateur Ron Johnson du Wisconsin, qui autoriserait officiellement le paiement des militaires et de certains autres employés fédéraux pendant le shutdown. Un vote symbolique, destiné à donner une couverture légale rétroactive aux actions de Trump. Mais les démocrates ont déjà prévenu qu’ils bloqueraient ce texte, car il ne contient aucune disposition sur les subventions de l’Obamacare. Le vote est donc voué à l’échec. Mais peu importe, car ce n’est pas vraiment le but. Le but, c’est de permettre aux républicains de dire : « Regardez, nous avons essayé de faire les choses correctement. Ce sont les démocrates qui bloquent. » Une façade démocratique pour masquer une dérive autoritaire. Une mascarade législative pour légitimer un coup de force exécutif. Et pendant ce temps, selon deux responsables de la Maison Blanche cités anonymement, Trump a l’intention de continuer à puiser dans des fonds alternatifs pour payer les militaires si le Congrès ne vote pas de budget avant la prochaine échéance de paye, fin octobre. Autrement dit : qu’importe ce que fait le Congrès, Trump fera ce qu’il veut. Comme toujours.
Les manifestations « No Kings » : des millions d'Américains dans la rue

Le samedi 18 octobre : une mobilisation historique contre Trump
Pendant que les républicains rongeaient leur frein au Congrès, les Américains, eux, descendaient dans la rue. Le samedi 18 octobre 2025, plus de 2 700 rassemblements ont été organisés simultanément à travers tout le pays—des grandes métropoles comme New York, Los Angeles, Chicago et Atlanta, jusqu’aux petites villes rurales des États républicains les plus conservateurs. Des millions de personnes ont défilé sous la bannière « No Kings »—Pas de rois—pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme une dérive autoritaire de Trump et une tentative de transformer la présidence américaine en monarchie absolue. C’était la troisième mobilisation de masse depuis le retour de Trump à la Maison Blanche en janvier 2025, et de loin la plus importante. Des célébrités comme l’acteur Mark Ruffalo et l’humoriste Jimmy Kimmel—dont le talk-show a ensuite été temporairement suspendu sous la pression du gouvernement Trump—ont participé aux manifestations. L’ancienne candidate démocrate à la présidentielle Kamala Harris a publié un message de soutien, tout comme le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, qui a exhorté les Américains à « ne pas se laisser intimider et réduire au silence par Donald Trump et les républicains ».
Les manifestants brandissaient des pancartes dénonçant le shutdown, les licenciements massifs de fonctionnaires fédéraux, les attaques contre les institutions démocratiques, et la rhétorique de plus en plus belliqueuse de Trump. Car depuis janvier, le président a déployé des troupes militaires dans plusieurs États démocrates, officiellement pour lutter contre l’immigration illégale et la criminalité, mais perçu par beaucoup comme une tentative d’intimidation politique. Il a menacé ses opposants de poursuites judiciaires, qualifié les critiques de son administration d’« ennemis de l’intérieur », et exhorté les généraux américains à se mobiliser contre ces « ennemis ». Un langage qui rappelle les pires heures de l’histoire américaine—le maccarthysme, les purges politiques, les listes noires. Et qui terrifie une large partie de la population. L’atmosphère des manifestations était à la fois festive—avec des concerts, des prises de parole, une ambiance de « fête de rue » comme l’a décrit Politico—et profondément grave. Car les gens ne manifestaient pas seulement contre une politique qu’ils n’aiment pas. Ils manifestaient pour la survie de la démocratie américaine elle-même.
La réponse républicaine : des « rassemblements de haine de l’Amérique »
La réaction des républicains aux manifestations « No Kings » a été immédiate et brutale. Le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a qualifié les manifestations de « rassemblements de haine de l’Amérique », accusant les participants de promouvoir des « priorités politiques de la gauche radicale ». Il a ajouté, dans une interview à Fox Business Network, qu’il espérait que les démocrates qui avaient participé aux manifestations « reviendraient à la raison après que les rassemblements soient terminés et accepteraient de gouverner le pays ». Mais il a aussi reconnu, avec un cynisme à peine voilé, qu’il ne s’attendait pas à ce que les démocrates fassent des concessions avant la fin des manifestations, car « ils ne veulent pas affronter la foule en colère ». En d’autres termes : les républicains accusent les démocrates d’être prisonniers de leur propre base militante, incapables de prendre des décisions rationnelles par peur de décevoir les manifestants. Une projection assez étonnante, venant d’un parti qui suit aveuglément Trump depuis des années par peur de sa propre base MAGA.
Mais la réponse la plus troublante est venue de Trump lui-même. Le lundi 20 octobre, Mike Johnson a dû défendre le président après que celui-ci ait partagé sur les réseaux sociaux un deepfake vidéo obscène ridiculisant les manifestants—une vidéo manipulée montrant des images scatologiques destinées à humilier et dégrader ceux qui osaient s’opposer à lui. Johnson a tenté de minimiser l’incident en affirmant que Trump « utilisait la satire pour faire passer un message ». Mais cette « satire » révèle quelque chose de bien plus sombre : un président qui ne tolère aucune dissidence, qui perçoit toute opposition comme une trahison, et qui n’hésite pas à utiliser les outils les plus vils—mensonges, manipulations, humiliations publiques—pour écraser ses adversaires. Les manifestants réclamaient le respect de la démocratie, le respect des institutions, le respect de la Constitution. Trump leur a répondu par une vidéo de merde. Littéralement. Et ses alliés républicains ont défendu cette réponse. Parce que c’est ce qu’ils font maintenant. Ils défendent l’indéfendable. Encore et encore. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à défendre.
Une mobilisation qui ne changera probablement rien
Malgré l’ampleur historique des manifestations « No Kings », il y a peu de chances qu’elles changent quoi que ce soit à court terme. Trump a déjà survécu à deux procédures de destitution, à des dizaines de scandales, à des condamnations pénales. Il a été réélu malgré tout ça. Sa base reste fidèle, ses alliés républicains restent loyaux, et les institutions démocratiques censées le contrôler sont soit paralysées, soit complices. Les manifestations peuvent mobiliser des millions de personnes, générer des images puissantes, créer un sentiment d’unité parmi les opposants à Trump. Mais elles ne peuvent pas forcer le Congrès à agir. Elles ne peuvent pas obliger les républicains à défendre la Constitution qu’ils prétendent chérir. Et elles ne peuvent certainement pas arrêter Trump, qui a démontré à maintes reprises qu’il se moque éperdument de l’opinion publique, des sondages, et des critiques. Ce qui compte pour lui, c’est le pouvoir. Et tant qu’il l’aura, rien d’autre n’a d’importance. Les manifestants peuvent crier « No Kings » aussi fort qu’ils veulent. Trump continuera de se comporter comme un roi. Et le Congrès républicain continuera de se prosterner devant lui.
Les armes du shutdown : punir les États démocrates

28 milliards de dollars gelés—presque tous dans des districts démocrates
Trump ne se contente pas de gérer le shutdown. Il l’utilise comme une arme politique pour punir ses adversaires. Depuis le début de la paralysie fédérale, son administration a annulé ou suspendu pour près de 28 milliards de dollars de projets et de dépenses fédérales. Et voici le détail qui tue : sur ces 28 milliards, 27 milliards—soit 96%—concernaient des projets situés dans des districts contrôlés par des démocrates. Ce n’est pas un hasard. C’est une stratégie délibérée. Des routes en construction stoppées net. Des ponts à moitié construits abandonnés. Des écoles attendant des financements fédéraux laissées en plan. Des hôpitaux qui devaient être rénovés condamnés à rester vétustes. Et des milliers d’emplois supprimés du jour au lendemain. Tout ça parce que ces projets se trouvaient dans des États qui ont voté démocrate. Tout ça pour envoyer un message clair : si vous vous opposez à Trump, vous en payerez le prix. Vos infrastructures seront sacrifiées. Vos emplois seront détruits. Vos communautés seront abandonnées. Et il n’y a rien que vous puissiez faire pour l’empêcher.
Le 17 octobre 2025, le directeur du budget de la Maison Blanche, Russell Vought, a annoncé le gel de 11 milliards de dollars supplémentaires destinés à des projets d’infrastructure dans des villes à majorité démocrate comme New York, San Francisco et Boston. Des projets de transport public, de modernisation des réseaux d’eau potable, de rénovation de logements sociaux—tous bloqués. Vought a justifié cette décision en affirmant qu’elle s’inscrivait dans le cadre des efforts du Département de l’efficacité gouvernementale dirigé par Elon Musk, dont la mission officielle est de « réduire le gaspillage fédéral ». Mais personne n’est dupe. Ce n’est pas de l’efficacité. C’est de la vengeance. C’est de la politique partisane déguisée en gestion budgétaire. Et c’est totalement illégal, selon de nombreux experts constitutionnels, car le Congrès a déjà approuvé ces dépenses. Mais Trump s’en fiche. Il a déjà promis de continuer à utiliser la procédure de « rescission » pour annuler des milliards de dollars de dépenses approuvées par le Congrès, même après la fin du shutdown. Parce que pour lui, le budget fédéral n’est plus un outil de gouvernance. C’est une arme de guerre politique. Et il compte bien l’utiliser à fond.
Des licenciements massifs et définitifs pendant le shutdown
Mais Trump ne se contente pas de geler des projets. Il licencie aussi des gens. Pendant le shutdown, son administration a procédé au licenciement définitif de milliers d’employés fédéraux, principalement dans des agences chères aux démocrates : l’Agence de protection de l’environnement, le Département de l’éducation, les services sociaux, les programmes de lutte contre la pauvreté. Ces licenciements ne sont pas des mises à pied temporaires dues au shutdown. Ce sont des suppressions de postes permanentes. Des gens qui ne retrouveront jamais leur emploi, même quand le gouvernement rouvrira. Et Trump a prévenu que certains employés actuellement en chômage technique ne recevront peut-être jamais leur salaire rétroactif—une menace qui viole toutes les normes historiques des shutdowns précédents, où les employés ont toujours fini par être payés une fois le gouvernement rouvert. Mais Trump redéfinit les règles. Il transforme le shutdown en purge. En nettoyage idéologique. En démantèlement systématique de l’État fédéral. Et il le fait ouvertement, sans se cacher, parce qu’il sait que personne ne l’arrêtera.
Un juge fédéral bloque temporairement les licenciements
Face à cette escalade, un juge fédéral en Californie a ordonné à l’administration Trump de suspendre temporairement les licenciements massifs, le temps d’examiner la légalité de ces mesures. Mais cette injonction judiciaire ne changera probablement rien à long terme. Car Trump a déjà montré, à maintes reprises, qu’il ignore les décisions de justice qui le gênent. Il les conteste. Il les contourne. Il les défie. Et même si un tribunal finit par le condamner, le mal sera déjà fait. Les employés auront déjà été licenciés. Les projets auront déjà été annulés. Les communautés auront déjà été dévastées. Et Trump passera à autre chose, comme si de rien n’était. Parce que c’est ce qu’il fait. Il agit d’abord, défie les tribunaux ensuite, et ne subit jamais les conséquences de ses actes. C’est devenu son mode opératoire standard. Et ça marche. Parce que les institutions américaines ne sont tout simplement pas conçues pour gérer un président qui refuse de jouer selon les règles. Elles sont conçues pour un président qui respecte les normes, qui honore les traditions, qui craint les conséquences politiques et judiciaires de ses actes. Mais Trump ne craint rien. Et c’est précisément ce qui le rend si dangereux.
Les frappes au Venezuela et la guerre sans autorisation

Trump attaque des navires vénézuéliens sans consulter le Congrès
Comme si tout cela ne suffisait pas, Trump a également mené des frappes militaires contre des navires vénézuéliens impliqués dans le trafic de drogue, sans en informer correctement le Congrès. Selon la Constitution américaine, seul le Congrès a le pouvoir de déclarer la guerre. Le président peut ordonner des frappes limitées en cas d’urgence immédiate, mais il doit ensuite en informer rapidement le Congrès et obtenir une autorisation pour toute action prolongée. Or, Trump a agi unilatéralement, sans consultation préalable, sans débat parlementaire, sans vote. Il a simplement ordonné les frappes, puis en a informé le Congrès après coup, avec un minimum d’informations. Le sénateur démocrate Tim Kaine de Virginie, membre de la Commission des services armés, a dénoncé cette dérive et a présenté un projet de loi bipartisan visant à limiter les pouvoirs de guerre de Trump concernant le Venezuela. Mais lors d’un vote début octobre, seuls deux sénateurs républicains ont soutenu cette initiative. Tous les autres ont voté contre—ou se sont abstenus. Parce qu’ils ne veulent pas défier Trump. Même quand il s’agit de guerre. Même quand il s’agit de vie ou de mort.
Les tarifs douaniers massifs sans approbation du Congrès
Trump a également imposé des tarifs douaniers massifs sur de nombreux pays et produits, en invoquant la loi sur les pouvoirs économiques d’urgence et des justifications de sécurité nationale. Certains législateurs républicains estiment qu’il dépasse ses prérogatives constitutionnelles, car le Congrès est censé contrôler le commerce international. Mais les leaders républicains de la Chambre ont déjà manœuvré pour reporter un vote sur l’initiative tarifaire de Trump jusqu’à début 2026 au plus tôt—une manœuvre destinée à étouffer la dissidence au sein du parti et à éviter un affrontement direct avec le président. Pendant ce temps, Trump continue d’imposer ses tarifs, perturbant les chaînes d’approvisionnement mondiales, augmentant les prix pour les consommateurs américains, et provoquant des tensions diplomatiques avec des alliés historiques des États-Unis. Mais peu importe. Parce que Trump ne se soucie pas des conséquences économiques. Il se soucie de l’image de force. De l’apparence de contrôle. Et tant que les républicains du Congrès continuent de le laisser faire, il continuera de gouverner comme un autocrate. Comme un roi. Précisément ce contre quoi des millions d’Américains ont manifesté samedi dernier.
Un président qui cumule tous les pouvoirs
Selon Casey Burgat, directeur des affaires législatives à l’Université George Washington, cette concentration des pouvoirs entre les mains de l’exécutif est une tendance observable depuis plusieurs décennies, mais Trump la pousse à un niveau jamais vu auparavant. « Cette dynamique a été évidente avec les présidents démocrates et républicains, mais cette administration est prête à aller beaucoup plus loin », a-t-il déclaré. « Les présidents tirent leur pouvoir du Congrès, et en ce moment, le Congrès semble prêt à permettre à ce président d’aller bien au-delà de ce que les administrations précédentes ont fait. » En d’autres termes : le problème n’est pas seulement Trump. Le problème, c’est le Congrès républicain qui abdique volontairement ses responsabilités constitutionnelles. Qui cède ses pouvoirs sans combattre. Qui regarde Trump démanteler la séparation des pouvoirs et ne fait rien. Parce qu’ils ont peur. Parce qu’ils sont complices. Ou parce qu’ils croient sincèrement que Trump mérite ce pouvoir absolu. Quelle que soit la raison, le résultat est le même : la démocratie américaine est en train de mourir. Pas dans un coup d’État spectaculaire, mais dans une érosion lente et méthodique des institutions. Et quand on se réveillera enfin, il sera peut-être trop tard pour la sauver.
Les républicains frustrés… mais toujours loyaux

Des murmures de dissidence, mais aucune action concrète
Malgré la frustration croissante de certains républicains face aux coups de force de Trump, il n’y a pour l’instant aucune action concrète pour le freiner. Les sénateurs Moran et Murkowski ont exprimé leurs « préoccupations ». D’autres, comme la représentante Marjorie Taylor Greene—pourtant une alliée de longue date de Trump—ont critiqué le président de la Chambre Mike Johnson pour avoir maintenu les législateurs chez eux au lieu de les rappeler à Washington pour travailler sur des projets de loi de financement à long terme. Greene a déclaré que « le président ne devrait même pas envisager d’annuler les sessions pour une troisième semaine consécutive ». Mais Johnson l’a fait quand même. Et Greene n’a rien fait pour l’en empêcher. Parce que critiquer, c’est une chose. Agir, c’en est une autre. Et les républicains, aussi frustrés soient-ils, ne sont pas prêts à défier ouvertement Trump. Pas maintenant. Peut-être jamais.
Le déjeuner de remerciement : Trump récompense la loyauté
Le lundi 20 octobre, Trump a organisé un « déjeuner de remerciement » à la Maison Blanche pour les républicains du Congrès, afin de les féliciter de leur loyauté pendant le shutdown. Un geste qui en dit long sur la dynamique actuelle : Trump ne gouverne pas avec le Congrès. Il récompense ceux qui lui obéissent et punit ceux qui le défient. C’est une relation de vassalité, pas de collaboration démocratique. Et les républicains semblent s’en accommoder parfaitement. Ils sourient. Ils applaudissent. Ils posent pour les photos. Et ils retournent au Capitole sans rien faire pour limiter les abus de pouvoir du président. Parce qu’au fond, ils savent que défier Trump signifierait la fin de leur carrière politique. Sa base les punirait. Ils perdraient leurs primaires. Ils seraient remplacés par des trumpistes encore plus radicaux. Alors ils se taisent. Ils courbent l’échine. Et ils laissent Trump faire ce qu’il veut.
Une opposition démocrate impuissante
De leur côté, les démocrates sont tout aussi impuissants. Le chef de la minorité à la Chambre, Hakeem Jeffries, a évité de répondre directement lorsqu’on lui a demandé s’il participerait aux manifestations « No Kings ». Il a simplement déclaré qu’il espérait que les républicains « décideraient de se présenter au travail pour rouvrir le gouvernement ». Une réponse prudente, presque timorée, qui reflète la position inconfortable des démocrates. Ils ne contrôlent ni la Chambre ni le Sénat. Ils ne peuvent bloquer aucune législation à la Chambre. Au Sénat, ils peuvent bloquer certains votes grâce au seuil des 60 voix, mais cette stratégie les rend vulnérables à l’accusation de « prendre le gouvernement en otage » pour obtenir des concessions politiques. Les républicains, eux, contrôlent tout. Et pourtant, ils se comportent comme s’ils étaient les victimes. Comme si c’étaient les démocrates qui bloquaient tout. Une inversion complète de la réalité. Mais dans le climat politique actuel, où la vérité compte moins que la narration, ça marche. Et Trump le sait. C’est pour ça qu’il continue de pousser. Parce qu’il sait que personne ne peut vraiment l’arrêter.
Vers un shutdown record ? Trump part en Asie le 26 octobre

Aucun signe de résolution avant la tournée asiatique de Trump
Alors que le shutdown entre dans sa troisième semaine, une nouvelle échéance se profile à l’horizon : le 26 octobre 2025, Trump doit partir pour une tournée officielle de cinq à six jours à travers plusieurs pays d’Asie. Ce qui signifie que si aucun accord n’est trouvé d’ici vendredi, le shutdown se prolongera pendant toute la durée de son voyage—et potentiellement bien au-delà. Car il est difficile d’imaginer que les négociations avancent pendant l’absence du président. Et Trump ne semble absolument pas pressé de trouver une solution. Au contraire, il semble parfaitement à l’aise avec la situation actuelle. Il a déjà dit publiquement qu’il ne céderait pas aux demandes des démocrates. Il a menacé de veto tout projet de loi qui inclurait une extension des subventions de l’Obamacare. Et il a promis de continuer à gouverner par décrets et ordres exécutifs aussi longtemps que nécessaire. En d’autres termes : il n’y a aucune pression sur Trump pour mettre fin au shutdown. Aucune. Et tant qu’il n’y aura pas de pression, il n’y aura pas de résolution.
Vers le deuxième plus long shutdown de l’histoire ?
Si le shutdown se prolonge jusqu’au retour de Trump d’Asie début novembre, il dépassera les 21 jours du shutdown de 1995-1996, pour devenir le deuxième plus long de l’histoire américaine. Et s’il continue au-delà, il pourrait même battre le record des 35 jours établi par… Trump lui-même, lors de son premier mandat, entre décembre 2018 et janvier 2019. Un record dont il ne semble pas du tout embarrassé. Au contraire, il semble presque fier de sa capacité à maintenir le gouvernement fermé aussi longtemps. Parce que pour lui, ce n’est pas un échec. C’est une démonstration de force. Une preuve qu’il peut plier le Congrès à sa volonté. Une victoire dans sa guerre permanente contre l’establishment de Washington. Peu importe que des centaines de milliers de familles souffrent. Peu importe que l’économie américaine perde des milliards de dollars. Peu importe que la crédibilité des États-Unis sur la scène internationale soit écornée. Ce qui compte, c’est que Trump gagne. Et il est prêt à tout sacrifier pour ça.
Les conséquences économiques et humaines s’aggravent chaque jour
Chaque jour de shutdown supplémentaire aggrave les conséquences économiques et humaines. Les 750 000 employés fédéraux en chômage technique ont manqué leur premier chèque de paie le 15 octobre. Le prochain est prévu pour fin octobre. S’ils ne le reçoivent pas non plus, beaucoup ne pourront plus payer leur loyer, leur hypothèque, ou leurs factures médicales. Les programmes d’aide alimentaire, comme le SNAP (anciennement connu sous le nom de « food stamps »), subissent des réductions drastiques, laissant des millions de familles à faible revenu sans accès à la nourriture. Les inspections de sécurité alimentaire sont interrompues, augmentant les risques de contamination et d’intoxication. Les contrôleurs aériens, obligés de travailler sans salaire, commencent à s’absenter en masse, provoquant des retards et des annulations de vols dans tout le pays. Les parcs nationaux sont fermés, privant les communautés locales de revenus touristiques essentiels. Et les tribunaux fédéraux, qui fonctionnent avec des budgets réduits, retardent des centaines de procès, y compris des affaires pénales graves. Tout cela pour un shutdown qui n’a aucune raison d’être, si ce n’est l’entêtement d’un président qui refuse de négocier et l’abdication d’un Congrès qui refuse de le contraindre.
Conclusion

Ce lundi 20 octobre 2025 marque un tournant dans l’histoire politique américaine. Non pas parce que le shutdown entre dans son vingtième jour—aussi catastrophique soit-il. Mais parce que, pour la première fois depuis le retour de Trump au pouvoir, des fissures visibles apparaissent au sein même de son propre camp. Des sénateurs républicains—Jerry Moran, Lisa Murkowski, et d’autres qui murmurent dans l’ombre—osent enfin exprimer publiquement leur frustration face aux abus de pouvoir du président. Ils dénoncent le fait que Trump contourne le Congrès pour payer les militaires, qu’il ignore les procédures constitutionnelles, qu’il piétine le « power of the purse » qui est pourtant l’une des fondations de la démocratie américaine. Mais voilà le problème : ils dénoncent, ils s’inquiètent, ils expriment leurs « préoccupations »… mais ils ne font rien. Absolument rien pour stopper cette dérive. Parce qu’au fond, ils ont trop peur. Peur de Trump. Peur de sa base. Peur de perdre leurs sièges. Alors ils regardent la démocratie s’effondrer en direct, et ils laissent faire. Ils sont complices par leur silence. Complices par leur inaction. Complices par leur lâcheté.
Pendant ce temps, Trump continue son offensive tous azimuts. Il gèle des milliards de dollars de projets dans les États démocrates. Il licencie des milliers d’employés fédéraux. Il mène des frappes militaires au Venezuela sans autorisation du Congrès. Il impose des tarifs douaniers massifs sans approbation législative. Il gouverne par décrets, par ordres exécutifs, par coups de force. Et à chaque transgression, le Congrès républicain recule un peu plus, cède un peu plus de terrain, abandonne un peu plus de ses prérogatives constitutionnelles. Ce n’est plus un gouvernement. C’est une monarchie élective. Ce n’est plus une démocratie. C’est un régime autoritaire en construction. Et le plus terrifiant, c’est que tout se passe au grand jour. Trump ne cache rien. Il ne ment même pas. Il annonce ouvertement ce qu’il fait, et il le fait. Parce qu’il sait qu’il peut. Parce qu’il sait que personne ne l’arrêtera. Les manifestations « No Kings » ont mobilisé des millions d’Américains samedi dernier. Mais Trump leur a répondu par une vidéo obscène. Un deepfake scatologique destiné à les humilier et les dégrader. Voilà où nous en sommes. Voilà ce qu’est devenue la présidence américaine. Un roi qui insulte ses sujets. Un autocrate qui se moque de ceux qui osent le défier. Et un Congrès qui applaudit. Ou qui se tait. Ce qui revient au même. Le shutdown entrera probablement dans sa quatrième semaine. Peut-être même dans sa cinquième. Trump partira en Asie le 26 octobre, laissant derrière lui un pays en lambeaux. Et quand il reviendra, rien n’aura changé. Parce que rien ne changera jamais tant que ceux qui ont le pouvoir de l’arrêter refuseront de le faire. Les républicains sont frustrés ? Très bien. Qu’ils agissent. Qu’ils votent. Qu’ils utilisent leurs pouvoirs constitutionnels pour limiter cette dérive. Mais ils ne le feront pas. Et c’est ça, la vraie tragédie. Pas le shutdown. Pas les abus de pouvoir. Mais l’abdication volontaire de ceux qui auraient dû défendre la démocratie. Et qui ont choisi de la laisser mourir.