Le 19 octobre 2025, un homme qui aurait dû être derrière les barreaux a été arrêté pour avoir menacé d’assassiner le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries. Son nom: Christopher Moynihan, 34 ans. Son crime précédent: avoir fait partie des premiers émeutiers à envahir le Capitole le 6 janvier 2021, à fouiller dans les bureaux des sénateurs en cherchant « quelque chose qu’on pourrait utiliser contre ces ordures ». Sa punition initiale: 21 mois de prison pour obstruction d’une procédure officielle et cinq délits mineurs. Mais voilà le problème — il n’a jamais terminé sa peine. Le 20 janvier 2025, lors de son premier jour de second mandat, le président Donald Trump a accordé une grâce totale, complète et inconditionnelle à près de 1 600 personnes impliquées dans l’attaque du Capitole. Moynihan faisait partie du lot. Neuf mois plus tard, il envoyait des messages textes menaçants: « Hakeem Jeffries prononce un discours dans quelques jours à NYC, je ne peux pas permettre à ce terroriste de vivre… Même si je suis haï, il doit être éliminé, je le tuerai pour l’avenir ». Voilà où nous en sommes. Un homme gracié par le président américain menace maintenant d’assassiner un membre éminent du Congrès. Et il n’est pas le seul. Au moins dix émeutiers graciés ont déjà été réarrêtés pour d’autres crimes — complots de meurtre, agressions sexuelles sur enfants, homicide involontaire en état d’ébriété. La grâce présidentielle est devenue un permis pour la violence, pour l’impunité, pour le chaos.
L'homme derrière la menace: Christopher Moynihan

Un émeutier parmi les premiers à franchir les barricades
Christopher Moynihan n’était pas un participant passif le 6 janvier 2021. Les procureurs fédéraux l’ont décrit comme faisant partie des premiers émeutiers à franchir les barricades policières et à pénétrer sur le terrain du Capitole du côté est du bâtiment. Il faisait également partie d’un groupe plus restreint d’émeutiers qui ont réussi à accéder au parquet du Sénat américain pendant le siège. Une fois à l’intérieur, Moynihan n’a pas simplement observé — il a agi. Selon le mémorandum de condamnation des procureurs, « Pendant qu’il était à l’intérieur, Moynihan a fouillé dans un carnet posé sur le bureau d’un sénateur, disant: ‘Il doit y avoir quelque chose ici qu’on peut utiliser contre ces ordures' ». Ce détail est glaçant. Ce n’était pas un manifestant pacifique égaré. C’était quelqu’un qui cherchait activement des munitions politiques, des informations à exploiter, des armes pour sa guerre contre la démocratie. Les procureurs ont également noté que Moynihan « a occupé l’estrade du Sénat, se joignant à d’autres émeutiers dans des cris et des chants », et qu’il n’a quitté la chambre que lorsque la police l’a forcé à partir. Son comportement ce jour-là démontre un mépris flagrant pour les institutions démocratiques et une volonté d’utiliser la violence et l’intimidation pour atteindre des objectifs politiques.
Une condamnation qui aurait dû être définitive
Le 23 août 2022, Christopher Moynihan a été reconnu coupable d’obstruction d’une procédure officielle, un crime grave. Il a également plaidé coupable à un total de cinq chefs d’accusation de délit. Le 1er février 2023, il a été condamné à 21 mois de prison. Cette sentence reflétait la gravité de ses actions — non seulement sa participation à l’émeute, mais aussi son rôle actif dans la violation de l’une des chambres les plus sacrées de la démocratie américaine. Les tribunaux avaient parlé. La justice avait été rendue. Moynihan devait purger sa peine et, théoriquement, réfléchir à ses actions. Mais cette notion de justice s’est effondrée le jour où Donald Trump a repris le pouvoir. Le 20 janvier 2025, Trump a signé des grâces présidentielles pour presque tous les émeutiers du 6 janvier, y compris ceux condamnés pour des crimes violents. Les conseillers de Trump avaient recommandé un examen au cas par cas pour déterminer qui méritait une grâce. Mais Trump a opté pour une approche globale, estimant que tous méritaient une forme de clémence pour ce qu’il a caractérisé comme un « jour d’amour ». Cette décision a anéanti des années de travail du ministère de la Justice et a envoyé un message dangereux: si vous commettez des actes de violence au nom d’un leader politiquement puissant, vous pouvez échapper aux conséquences.
Les messages qui ont déclenché une nouvelle arrestation
Le 18 octobre 2025, Christopher Moynihan a envoyé une série de messages textes à un destinataire non identifié qui ont immédiatement déclenché une enquête du FBI et de la police d’État de New York. Les messages étaient clairs et terrifiants: « Hakeem Jeffries prononce un discours dans quelques jours à NYC, je ne peux pas permettre à ce terroriste de vivre », a-t-il écrit selon la plainte pénale déposée au tribunal d’État de New York dans le comté de Clinton. Il a continué: « Même si je suis haï, il doit être éliminé, je le tuerai pour l’avenir ». Ces messages n’étaient pas des commentaires vagues ou ambigus. Ils constituaient une menace directe, explicite et imminente contre la vie d’un membre éminent du Congrès. Jeffries devait prendre la parole à l’Economic Club of New York le lundi 20 octobre. Moynihan connaissait la date, le lieu, et il exprimait son intention d’agir. La plainte note que « ces messages textes ont instillé une peur raisonnable chez le destinataire concernant un meurtre ou une assassinat imminent de Hakeem Jeffries par le défendeur ». Moynihan a été arrêté le dimanche 19 octobre par la police d’État de New York, moins de 24 heures avant l’événement prévu. Il fait maintenant face à une accusation de crime de classe D pour avoir fait une menace terroriste.
Les grâces présidentielles du 6 janvier: une décision controversée

L’ampleur sans précédent des grâces
Le 20 janvier 2025, lors de son premier jour de second mandat, Donald Trump a accordé des grâces ou des commutations de peine à presque toutes les près de 1 600 personnes inculpées dans l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole américain. Cette décision a été prise malgré les objections de figures républicaines importantes, notamment le vice-président JD Vance et le président de la Chambre Mike Johnson, qui avaient argué que les grâces ne devraient pas être étendues aux délinquants violents. Mais Trump est allé de l’avant, qualifiant les émeutiers condamnés de « otages » et l’événement lui-même de « jour d’amour ». Dans la plupart des cas, les individus ont reçu des grâces complètes, bien que les peines de 14 membres des Oath Keepers et des Proud Boys aient été commuées plutôt que complètement effacées. Cette action a mis fin brusquement à ce qui a été décrit comme la plus grande enquête criminelle de l’histoire du ministère de la Justice, longue de 155 ans. Au moment où Trump a pris ses fonctions, les procureurs fédéraux avaient obtenu des condamnations dans environ 80% des près de 1 600 cas, principalement par le biais de plaidoyers de culpabilité. Environ 300 cas étaient encore actifs devant les tribunaux quand Trump a ordonné au ministère de la Justice d’abandonner les poursuites. Seulement sept défendeurs avaient été entièrement acquittés.
Des grâces pour les violents et les conspirateurs
Les grâces de Trump ont inclus de nombreux individus accusés ou condamnés de crimes violents graves, notamment l’agression d’agents de police, l’utilisation d’armes mortelles, la participation à des émeutes et la destruction de propriété gouvernementale. Plus de 600 émeutiers avaient été condamnés pour avoir agressé ou obstrué des agents de police, et 170 pour avoir utilisé une arme mortelle. Parmi ceux graciés figurait Stewart Rhodes, le leader de la milice d’extrême-droite Oath Keepers, dont la peine a été commuée. Rhodes avait été condamné pour conspiration séditieuse. Enrique Tarrio, l’ancien chef des Proud Boys qui avait été condamné à 22 ans de prison pour conspiration séditieuse, a également reçu une grâce. Ces hommes n’étaient pas de simples manifestants qui s’étaient égarés. Ils étaient les cerveaux et les exécutants d’une tentative coordonnée de renverser le résultat d’une élection présidentielle légitime. Certains émeutiers avaient scandé des appels à pendre le vice-président Mike Pence, menacé de tuer la présidente de la Chambre Nancy Pelosi, et battu des policiers avec des dizaines d’armes improvisées, notamment des battes, des bâtons, des poteaux, du gaz poivré et des poutres. Certains étaient accusés de porter des armes à feu, des couteaux et des armes artisanales. Pourtant, Trump les a tous graciés.
Les avertissements ignorés des experts
La décision de gracier tous les défendeurs du 6 janvier a suscité des critiques immédiates de la part d’experts qui craignent qu’elle ne puisse encourager des incidents similaires à l’avenir. « Ces grâces suggèrent que si vous commettez des actes de violence, tant que vous le faites au nom d’une personne politiquement puissante, vous pouvez échapper aux conséquences », a déclaré Alexis Loeb, ancienne procureure fédérale qui a supervisé de nombreux cas d’émeutes, au New York Times. « Elles sapent — et constituent un coup porté — au sacrifice de tous les officiers qui se sont mis en danger pour protéger la démocratie le 6 janvier ». Un sondage auprès de plus de 500 politologues, rapporté par NPR, a montré un « mouvement rapide de la démocratie libérale vers une forme d’autoritarisme ». Les experts en droit constitutionnel ont averti que les grâces envoient un signal dangereux: la violence politique est acceptable si elle est dirigée contre les bonnes cibles. Le représentant Dick Durbin, membre du leadership démocrate du Sénat de l’Illinois, a prononcé un discours en mars 2025 énumérant les noms d’émeutiers accusés qui avaient été arrêtés à nouveau. Les prédictions des experts se sont rapidement révélées exactes — moins de neuf mois après les grâces, au moins dix émeutiers ont été réarrêtés pour de nouveaux crimes.
Une vague de récidive parmi les émeutiers graciés

Au moins dix cas de nouvelles arrestations
Christopher Moynihan n’est pas le premier émeutier gracié du 6 janvier à être arrêté pour de nouvelles accusations criminelles distinctes. Mais il est le premier à être inculpé pour avoir fait une menace violente contre un membre du Congrès. Selon un rapport de Citizens for Responsibility and Ethics in Washington (CREW), au moins dix insurrectionnistes du 6 janvier graciés par le président Trump ont déjà été réarrêtés, inculpés ou condamnés pour d’autres crimes. Ces crimes incluent des complots de meurtre d’agents du FBI, des agressions sexuelles sur enfants, la possession de matériel d’abus sexuel d’enfants et un homicide involontaire en conduisant en état d’ébriété — soulignant les menaces pour la sécurité publique posées par les insurrectionnistes graciés. Dans deux cas, les insurrectionnistes ont commis les crimes après avoir reçu leurs grâces. Un émeutier gracié supplémentaire a été tué lors d’un contrôle routier lorsqu’il aurait résisté à l’arrestation et était armé. Cette vague de récidive valide les avertissements des critiques qui ont soutenu que gracier des délinquants violents sans discernement créerait un danger pour le public. Ces hommes n’ont pas été réhabilités par la grâce présidentielle — ils ont été enhardis.
Des crimes graves et variés
Andrew Taake avait agressé des policiers du Capitole avec du gaz poivré et un fouet en métal. Il a été condamné à plus de six ans de prison pour son rôle dans l’insurrection. Après la grâce de Trump, il a été réarrêté pour des accusations antérieures de sollicitation d’une mineure. Edward Kelley était l’un des premiers insurrectionnistes à pénétrer dans le Capitole et a été reconnu coupable de plusieurs accusations liées au 6 janvier. Il a été condamné à la prison à vie pour avoir comploté le meurtre des agents du FBI qui l’avaient enquêté dans l’affaire du 6 janvier. Emily Hernandez a plaidé coupable d’être entrée et restée dans un bâtiment et sur un terrain restreint. Après la grâce de Trump, elle a été condamnée à dix ans de prison pour avoir causé un accident de conduite en état d’ébriété en 2022 qui a tué une personne et en a blessé une autre. Daniel Ball a attaqué des policiers avec un engin explosif pendant l’insurrection, selon les procureurs. Il a été réarrêté quelques jours après la grâce de Trump pour possession illégale d’arme à feu étant donné son casier judiciaire de violence domestique et d’étranglement. Theodore Middendorf a plaidé coupable de destruction de propriété gouvernementale le 6 janvier. Il avait précédemment été condamné en 2024 à 19 ans de prison pour avoir agressé sexuellement une fillette de sept ans et reste en prison.
La prédiction qui s’est réalisée
Matthew Huttle avait été accusé de « braquer une arme à feu sur la police » début 2025 et « a reconnu qu’il était un défendeur du 6 janvier qui avait pris d’assaut le Capitole », selon le sénateur Durbin. Huttle a été abattu mortellement par la police lors du contrôle routier. Zachary Alam, qui avait été condamné à huit ans de prison pour son rôle dans l’émeute du Capitole, a été réarrêté en mai pour une prétendue invasion de domicile et vol. Shane Jason Woods a plaidé coupable d’avoir agressé la police et un photographe de presse. Après la grâce de Trump, Woods a été condamné en avril pour plusieurs chefs d’accusation, notamment homicide involontaire et conduite sous influence en 2022. Taylor Taranto a été condamné pour plusieurs crimes liés au 6 janvier, y compris la possession d’une arme à feu non enregistrée. Il a été arrêté en 2023 pour possession illégale d’arme à feu et pour avoir fait une menace de faire exploser le National Institute of Standards and Technology, et a été condamné en mai. Brent John Holdridge a plaidé coupable de parade, de démonstration ou de piquetage dans un bâtiment du Capitole le 6 janvier. Il a été arrêté en mai pour avoir volé des dizaines de milliers de dollars de fil de cuivre industriel et fait face à des accusations de cambriolage, de vol qualifié et de possession de biens volés. Ces cas démontrent un modèle clair: les grâces présidentielles de Trump n’ont pas réhabilité ces hommes, elles les ont simplement remis dans les rues où ils continuent à représenter un danger.
Hakeem Jeffries: une cible dans une tempête de menaces

Un leader démocrate sous pression constante
Hakeem Jeffries, 54 ans, représente le 8e district de New York à la Chambre des représentants et sert comme chef de la minorité démocrate depuis janvier 2023. Il est le premier Afro-Américain à diriger un grand parti au Congrès américain. Son rôle en fait une cible naturelle pour ceux qui s’opposent à l’agenda démocrate, mais la menace contre sa vie par Christopher Moynihan représente une escalade dangereuse. Jeffries devait prendre la parole à l’Economic Club of New York le 20 octobre 2025, un événement public annoncé à l’avance. Moynihan connaissait cette information et a spécifiquement fait référence à cet événement dans ses messages menaçants. Heureusement, l’arrestation de Moynihan la veille a permis à Jeffries de prononcer son discours comme prévu, mais l’incident souligne la vulnérabilité des élus face à des individus radicalisés. Jeffries a été vocal dans sa critique des grâces présidentielles du 6 janvier, déclarant qu’elles récompensaient la violence et sapaient l’état de droit. Cette position a probablement contribué à faire de lui une cible pour des individus comme Moynihan qui considèrent les démocrates comme des « terroristes » méritant la mort.
Une explosion de menaces contre les membres du Congrès
La menace alléguée contre Jeffries fait partie d’une vague de menaces en croissance rapide contre les législateurs. Dans une déclaration le mois dernier, la police du Capitole a indiqué que le nombre d’enquêtes sur les menaces en 2025 avait déjà dépassé 14 000, soit plus que le nombre de cas pour toute l’année 2024. Selon les nouvelles données de la police du Capitole, les menaces contre les membres du Congrès ont grimpé en flèche en 2024, marquant un retour à des niveaux qui n’avaient pas été vus depuis l’année suivant l’attaque du 6 janvier sur le Capitole. La section d’évaluation des menaces de la police du Capitole a ouvert 9 474 enquêtes sur des menaces contre des membres du Congrès, leurs familles et leur personnel en 2024. C’est une augmentation par rapport à un peu plus de 8 000 en 2023 et 7 500 en 2022. C’est juste en dessous des 9 625 en 2021 — l’année suivant l’attaque du 6 janvier — qui était le plus depuis le début de la première administration Trump. Le communiqué de presse a noté que « le nombre de déclarations préoccupantes et de menaces directes augmente généralement pendant les années électorales », lorsque les passions partisanes sont particulièrement vives. Cette tendance suggère que les événements chaotiques de 2024 et 2025 — ponctués par deux tentatives d’assassinat contre le président Trump — sont emblématiques d’une période volatile dans la politique américaine.
Des législateurs qui vivent dans la peur
Un article de Politico publié en juin 2025 titrait: « Les gens ont peur: les membres du Congrès se demandent ce qu’ils seront prêts à faire pour assurer leur sécurité ». Alors que les menaces contre les législateurs et leurs familles persistent et s’intensifient, les membres du Congrès se débattent avec les mesures qu’ils sont prêts à prendre pour garantir leur sécurité. Après une fusillade impliquant un membre du Congrès, le président de la Chambre Mike Johnson a déclaré en septembre 2025 que les législateurs voulaient plus de sécurité, affirmant qu’il y avait eu « un déluge » de membres appelant à une sécurité renforcée. Il envisageait déjà de déployer un nouveau programme pilote de sécurité pour les membres plus tard à l’automne. L’émeute du Capitole a blessé plus de 140 agents de police et causé des millions de dollars de dommages au complexe du Capitole. Elle a interrompu la certification du vote électoral de l’élection de 2020 et déclenché l’évacuation du Congrès, avec le leadership envoyé dans un lieu sûr et secret. Le fait que des émeutiers graciés continuent maintenant à menacer les membres du Congrès démontre que le 6 janvier n’était pas un incident isolé, mais le début d’une campagne continue d’intimidation et de violence contre les institutions démocratiques.
Les implications juridiques et constitutionnelles

Le pouvoir de grâce présidentielle et ses limites
La Constitution américaine accorde au président le pouvoir de « accorder des sursis et des grâces pour les infractions contre les États-Unis, sauf en cas de mise en accusation ». Ce pouvoir est extraordinairement large et a été interprété par les tribunaux comme étant presque sans limites. Un président peut gracier quelqu’un avant même qu’il ne soit inculpé, pendant le procès, ou après la condamnation. Il peut gracier des individus ou des groupes entiers. Il n’a pas besoin de justifier ses décisions ou de suivre un processus particulier. Pourtant, ce pouvoir n’est pas sans conséquences. Les grâces de Trump pour les émeutiers du 6 janvier représentent une utilisation sans précédent de ce pouvoir pour protéger des individus qui ont attaqué les institutions démocratiques elles-mêmes. Historiquement, les grâces présidentielles ont été utilisées pour corriger des injustices perçues, faire preuve de clémence envers des délinquants réhabilités, ou pour des raisons humanitaires. Elles n’ont pas été utilisées pour récompenser la violence politique ou pour protéger ceux qui ont tenté de renverser le résultat d’une élection. Les grâces de Trump établissent un précédent dangereux: si un président peut gracier ceux qui attaquent le gouvernement en son nom, alors le pouvoir de grâce devient un outil pour l’impunité plutôt que pour la justice.
Les accusations de menace terroriste au niveau de l’État
Christopher Moynihan fait maintenant face à une accusation de crime de classe D pour avoir fait une menace terroriste, déposée au niveau de l’État de New York plutôt qu’au niveau fédéral. Cette distinction est cruciale. La grâce présidentielle de Trump ne s’applique qu’aux crimes fédéraux — elle n’a aucun effet sur les poursuites au niveau des États. En inculpant Moynihan au niveau de l’État, les procureurs de New York s’assurent que Trump ne peut pas simplement le gracier à nouveau pour cette nouvelle infraction. Moynihan a été inculpé devant un tribunal d’État du comté de Dutchess et a été placé en détention provisoire « en lieu et place d’une caution de 10 000 dollars en espèces, d’une obligation de 30 000 dollars ou d’une obligation partiellement garantie de 80 000 dollars ». Il doit faire sa première comparution devant le tribunal le jeudi 23 octobre 2025. L’accusation de menace terroriste de classe D est passible d’une peine maximale de sept ans de prison selon la loi de l’État de New York. Si Moynihan est condamné, il purgera cette peine indépendamment de toute action du président Trump. Cette stratégie juridique — poursuivre les émeutiers graciés au niveau des États pour de nouveaux crimes — pourrait devenir un modèle pour tenir ces individus responsables malgré les grâces présidentielles.
Le rôle du FBI et de la police d’État
L’enquête sur Christopher Moynihan a été initiée par le FBI, selon la police d’État de New York, mais l’arrestation elle-même a été effectuée par la police d’État. Cette collaboration entre les agences fédérales et étatiques est essentielle pour combler les lacunes créées par les grâces présidentielles. Le FBI continue de surveiller les émeutiers graciés du 6 janvier et a ouvert des enquêtes lorsqu’il existe des preuves de nouveaux comportements criminels. Cependant, parce que les grâces présidentielles ne s’appliquent qu’aux crimes fédéraux, les États doivent prendre en charge les poursuites. Cette approche collaborative garantit que les individus dangereux comme Moynihan ne peuvent pas simplement continuer à menacer et à commettre des crimes sans conséquences. La police d’État de New York a refusé une demande de publication immédiate d’une copie du rapport d’incident de l’agence ou d’une photo d’arrestation, citant l’enquête en cours. Le père de Moynihan a confirmé à CBS News que son fils n’avait pas encore été nommé un avocat de la défense mais a refusé de commenter davantage l’affaire en cours. L’affaire démontre que malgré les grâces présidentielles, les mécanismes de responsabilité existent toujours — ils doivent simplement être activés au niveau des États plutôt qu’au niveau fédéral.
La rhétorique présidentielle et la radicalisation

Des « otages » et un « jour d’amour »
Le langage utilisé par le président Trump pour décrire les émeutiers du 6 janvier a contribué directement à leur radicalisation et à leur sentiment d’impunité. En janvier et mars 2024, Trump a qualifié les émeutiers condamnés d' »otages ». Lors d’une interview le 31 juillet 2024, lorsque la journaliste Rachel Scott lui a demandé s’il gracierait « les émeutiers qui ont agressé des policiers », Trump a répondu: « Oh, absolument. S’ils sont innocents, je les gracierais ». Scott a dit: « Ils ont été condamnés ». Trump a répondu: « Ils ont été condamnés par un système très dur ». Cette rhétorique nie complètement la réalité de ce qui s’est passé le 6 janvier. L’attaque du Capitole n’était pas un rassemblement pacifique injustement réprimé — c’était une émeute violente qui a blessé plus de 140 agents de police, causé des millions de dollars de dommages et interrompu le processus démocratique fondamental de certification d’une élection. En qualifiant les émeutiers d' »otages » et l’événement de « jour d’amour », Trump réécrit l’histoire et envoie un message clair à ses partisans: la violence en mon nom est non seulement acceptable, mais héroïque. Vous serez protégés. Vous serez graciés. Vous serez célébrés.
L’encouragement implicite à la violence future
Les grâces présidentielles ne sont pas seulement un acte de clémence rétrospectif — elles sont un signal pour le comportement futur. En graciant presque tous les émeutiers du 6 janvier, y compris ceux condamnés pour des crimes violents graves, Trump a effectivement dit à ses partisans: si vous commettez des actes de violence en mon nom, je vous protégerai. Ce message a des implications terrifiantes pour l’avenir de la démocratie américaine. Si les élections de 2028 produisent un résultat que les partisans de Trump n’aiment pas, qu’est-ce qui les empêchera de tenter une autre insurrection? La menace de poursuites pénales? Non, parce qu’ils savent maintenant qu’un président sympathique peut simplement les gracier. Le coût personnel de la violence politique a été réduit à presque zéro pour ceux qui agissent au nom d’un leader puissant. Cette dynamique est exactement ce que les experts en autoritarisme avertissent se produit lorsque les démocraties s’effondrent. Les normes s’érodent. La violence devient normalisée. Les institutions perdent leur capacité à tenir les gens responsables. Et finalement, ceux qui sont prêts à utiliser la violence l’emportent sur ceux qui respectent les règles.
Le langage de déshumanisation
Dans ses messages textes, Christopher Moynihan a qualifié Hakeem Jeffries de « terroriste » qui « ne peut pas être autorisé à vivre ». Ce langage de déshumanisation est directement tiré de la rhétorique politique contemporaine. Lorsque les dirigeants politiques qualifient systématiquement leurs opposants de « terroristes », d' »ennemis du peuple » ou de menaces existentielles, ils créent un environnement où la violence contre ces opposants semble non seulement justifiée mais nécessaire. Si quelqu’un est vraiment un terroriste, alors le tuer n’est pas un meurtre — c’est de l’autodéfense. C’est du patriotisme. Cette logique tordue est au cœur de la violence politique extrémiste. Moynihan ne se considère probablement pas comme un criminel. Il se voit probablement comme un patriote essayant de sauver son pays d’un « terroriste ». Cette conviction découle directement de l’écosystème rhétorique dans lequel il est immergé — un écosystème où les démocrates sont constamment décrits comme des ennemis de l’Amérique qui doivent être arrêtés par tous les moyens nécessaires. Tant que cette rhétorique persiste, nous continuerons à voir des individus radicalisés comme Moynihan menacer et potentiellement commettre des actes de violence.
La sécurité publique compromise

Un système de justice criminelle sapé
Les grâces du 6 janvier ont effectivement sapé des années de travail par le système de justice criminelle. Le ministère de la Justice avait mené ce qu’il a décrit comme la plus grande enquête criminelle de son histoire de 155 ans. Des milliers d’agents fédéraux, de procureurs, d’analystes et de personnel de soutien avaient travaillé sans relâche pour identifier, arrêter, poursuivre et condamner ceux responsables de l’attaque du Capitole. Ce processus avait coûté des dizaines de millions de dollars aux contribuables. Il avait abouti à environ 1 600 inculpations et plus de 1 200 condamnations. C’était un exemple de l’état de droit fonctionnant comme prévu — ceux qui avaient commis des crimes étaient tenus responsables. Et puis, en un seul jour, tout cela a été annulé. Des années de travail, effacées. Des millions de dollars, gaspillés. Des centaines de condamnations, rendues sans signification. Cette action envoie un message dévastateur aux agents de la loi: votre travail ne compte pas. Si le président n’aime pas le résultat de vos enquêtes, il peut simplement les annuler. Comment les procureurs et les agents fédéraux sont-ils censés faire leur travail dans cet environnement? Pourquoi investiraient-ils des ressources dans des enquêtes complexes si leurs résultats peuvent être arbitrairement annulés pour des raisons politiques?
Les victimes du 6 janvier abandonnées
Les grâces présidentielles ont également abandonné les victimes de l’attaque du 6 janvier — principalement les agents de police qui ont défendu le Capitole. Plus de 140 officiers ont été blessés ce jour-là, certains gravement. Certains ont subi des lésions cérébrales traumatiques, des fractures, des brûlures chimiques et un traumatisme psychologique profond. Plusieurs officiers se sont suicidés dans les mois suivant l’attaque. Ces officiers avaient témoigné lors des procès, revivant leur traumatisme pour s’assurer que justice soit rendue. Ils avaient vu leurs agresseurs condamnés et envoyés en prison. Et puis ces mêmes agresseurs ont été graciés. Imaginez ce que cela fait pour un officier qui a été battu avec une batte de baseball, pulvérisé avec du gaz poivré, écrasé dans une porte — de voir son agresseur gracié et libéré. D’entendre le président qualifier cet agresseur d' »otage » et l’événement de « jour d’amour ». C’est une trahison profonde. C’est dire à ces officiers que leur service ne comptait pas, que leurs blessures ne comptaient pas, que leur traumatisme ne comptait pas. Le sergent Aquilino Gonell, un vétéran de la guerre en Irak qui a été grièvement blessé en défendant le Capitole, a déclaré que les grâces étaient « une gifle au visage » des officiers qui avaient risqué leur vie ce jour-là.
Le précédent pour les futures violences
Le précédent établi par les grâces du 6 janvier aura des répercussions pendant des décennies. Chaque fois qu’un partisan politique envisage maintenant de commettre un acte de violence, il fera le calcul: quelles sont les chances que je sois gracié? Si je fais cela au nom d’un leader politique puissant, serai-je protégé? Les grâces de Trump ont effectivement répondu: oui, probablement. Cette certitude transforme le calcul risque-récompense de la violence politique. Historiquement, la menace de poursuites pénales et d’emprisonnement a servi de dissuasion contre la violence politique. Mais si cette menace est supprimée par la promesse implicite de grâces présidentielles, alors qu’est-ce qui reste pour dissuader la violence? Les appels à la conscience? Les normes morales? Clairement, cela ne suffit pas pour des individus comme Christopher Moynihan, qui neuf mois après avoir reçu une grâce présidentielle menaçait d’assassiner un membre du Congrès. Le génie est sorti de la bouteille. La violence politique a été normalisée et même récompensée. Et nous vivrons avec les conséquences de cette décision pendant très, très longtemps.
Conclusion

L’arrestation de Christopher Moynihan pour avoir menacé d’assassiner le chef de la minorité démocrate Hakeem Jeffries représente l’aboutissement logique d’une série de décisions catastrophiques. En graciant presque tous les émeutiers du 6 janvier, y compris ceux condamnés pour des crimes violents graves, le président Trump a créé une classe de criminels qui se croient au-dessus de la loi. Moynihan n’est pas une aberration — il est le produit prévisible d’un système qui récompense la violence politique et punit ceux qui défendent les institutions démocratiques. Au moins dix émeutiers graciés ont déjà été réarrêtés pour de nouveaux crimes, allant de complots de meurtre à des agressions sexuelles sur enfants. Cette vague de récidive valide tous les avertissements que les experts avaient lancés: gracier des délinquants violents sans discernement crée un danger pour la sécurité publique. Mais au-delà des cas individuels, les grâces du 6 janvier établissent un précédent terrifiant pour l’avenir de la démocratie américaine. Elles disent effectivement: si vous commettez des actes de violence au nom d’un leader politique puissant, vous pouvez échapper aux conséquences. Ce message encouragera inévitablement de futures violences. Les menaces contre les membres du Congrès ont explosé, dépassant 14 000 enquêtes en 2025. Les législateurs vivent maintenant dans la peur, se demandant quelles mesures de sécurité ils doivent prendre pour protéger leurs vies et celles de leurs familles. C’est ainsi que meurent les démocraties — pas dans un coup d’État spectaculaire, mais dans cette lente normalisation de la violence, cette érosion progressive de la responsabilité, cette impunité grandissante pour ceux qui utilisent la force pour atteindre des objectifs politiques. Nous sommes à un point de basculement. Soit nous réaffirmons que personne n’est au-dessus de la loi, que la violence politique ne sera pas tolérée, que les institutions démocratiques doivent être protégées — soit nous glissons plus profondément dans l’autoritarisme et le chaos. Christopher Moynihan attend maintenant son procès au niveau de l’État, où la grâce présidentielle ne peut pas le sauver. C’est une petite victoire pour l’état de droit. Mais ce n’est qu’une bataille dans une guerre beaucoup plus grande pour l’âme de la démocratie américaine.