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L’attaque ukrainienne contre l’usine chimique de Briansk : un coup stratégique majeur

Le mardi 21 octobre 2025, l’état-major général des forces armées d’Ukraine a publié une déclaration confirmant que les forces de défense ukrainiennes avaient frappé l’usine chimique de Briansk, située dans la région du même nom en Russie. Selon RBC Ukraine dans un article publié le 21 octobre, l’état-major a rapporté que les forces ukrainiennes continuent de frapper les cibles stratégiques du complexe militaro-industriel russe, affaiblissant ainsi le potentiel offensif de l’armée russe. « Le 21 octobre 2025, les forces aériennes des forces armées d’Ukraine, en coordination avec les forces terrestres, la marine et d’autres composantes des forces de défense d’Ukraine, ont frappé l’usine chimique de Briansk », indiquait le communiqué. L’état-major a ajouté qu’une frappe combinée massive de missiles et d’air a été effectuée, incluant l’utilisation de missiles Storm Shadow lancés depuis les airs, qui ont réussi à pénétrer le système de défense aérienne russe. Les résultats de la frappe étaient en cours de vérification au moment de l’annonce. Selon Kyiv Independent dans un article publié le 20 octobre, il s’agit d’une des premières fois que l’état-major ukrainien mentionne explicitement l’utilisation de missiles Storm Shadow dans une annonce officielle — un détail inhabituel qui suggère que Kiev voulait envoyer un message clair sur ses capacités offensives.

L’importance stratégique de cette cible ne peut être sous-estimée. Selon l’état-major ukrainien cité par RBC Ukraine et confirmé par Radio Free Europe/Radio Liberty le 21 octobre, l’usine chimique de Briansk est un élément clé de l’industrie de défense russe. L’installation fabrique de la poudre à canon, des explosifs et des composants de carburant de roquettes, y compris des matériaux utilisés pour les munitions et les missiles que l’armée russe emploie dans ses attaques contre l’Ukraine. Selon une analyse publiée par Tochnyiy Info en février 2025, cette usine joue un rôle crucial dans la fourniture de plusieurs matériaux pour la production d’explosifs et de charges nécessaires à différents systèmes d’artillerie, allant de l’artillerie roquette aux bombes planantes. L’usine est bien connue pour sa capacité de production sur une large gamme de systèmes, notamment les BM-21 GRAD, BM-27 Uragan, Tornado-S et TOS-1 Buratino. Elle exploite également plusieurs lignes de production pour les charges propulsives utilisées dans les munitions d’artillerie et les grenades propulsées par roquettes. Le gouvernement britannique avait d’ailleurs désigné l’usine chimique de Briansk dans son paquet de sanctions du 12 septembre 2025 contre la Russie, selon Kyiv Independent. L’installation a également été sanctionnée par les États-Unis, reconnaissant son rôle central dans l’effort de guerre russe.

La réaction russe : des missiles balistiques sur Kiev quelques heures plus tard

La riposte russe ne s’est pas fait attendre. Dans la nuit du 21 au 22 octobre 2025, vers 1h10 du matin heure locale, des explosions ont retenti à Kiev peu après que les forces aériennes ukrainiennes aient émis une alerte aux missiles balistiques, selon des correspondants de Kyiv Independent sur le terrain. Plusieurs autres séries d’explosions ont débuté environ 30 minutes plus tard. Des explosions ont également été signalées à Dnipro, Zaporizhzhia et dans la ville portuaire d’Izmail. Selon le maire de Kiev Vitali Klitschko cité par RBC Ukraine et Reuters le 22 octobre, les unités de défense aérienne travaillaient pour repousser l’attaque contre la capitale. Au moins un incendie s’était déclaré dans la ville et des ambulanciers avaient été dépêchés sur les sites d’attaque. Le maire a également signalé des incendies de véhicules et des dommages aux fenêtres et aux cours de certains bâtiments résidentiels. Aucune victime n’avait été signalée à Kiev à 2h40 du matin heure locale selon Kyiv Independent, bien que dans les environs de la capitale, une maison privée ait été incendiée en raison du bombardement russe, blessant une femme âgée, selon le chef de la région Mykola Kalynk cité par Reuters. Les chaînes de surveillance russes avaient rapporté un lancement de missile balistique vers la capitale depuis la région de Klintsy dans l’oblast de Briansk en Russie, préliminairement identifié comme un Iskander-M, selon RBC Ukraine.

Cette attaque nocturne sur Kiev intervenait quelques heures seulement après que l’Ukraine ait lancé ses missiles Storm Shadow contre l’usine chimique de Briansk — un timing qui ne laissait guère de doute sur le caractère de représailles de l’opération russe. Selon Kyiv Independent dans son titre principal publié tard dans la soirée du 21 octobre et mis à jour le 22 octobre à 2h49 du matin, « la Russie frappe Kiev avec des missiles balistiques lors d’une attaque massive nocturne » et « l’attaque contre la capitale intervient peu après que l’armée ukrainienne ait lancé des missiles Storm Shadow à longue portée lors d’une frappe massive contre une usine chimique russe le 21 octobre ». Cette formulation établissait clairement le lien de causalité entre les deux événements. Le gouverneur de l’oblast de Briansk, Alexander Bogomaz, avait déclaré sur Telegram selon RFE/RL que l’Ukraine avait attaqué la région avec des drones et des missiles. Il avait ajouté que personne n’avait été blessé et qu’aucun dommage n’avait été signalé — une affirmation qui contrastait fortement avec les déclarations ukrainiennes sur le succès de la frappe et qui suggérait soit une minimisation délibérée des dégâts par les autorités russes, soit une évaluation encore incomplète de la situation. Le ministère russe de la Défense avait déclaré sur Telegram que dans l’après-midi du 21 octobre, ses unités de défense aérienne avaient détruit 57 drones ukrainiens au-dessus de la région de Briansk, selon RFE/RL — un chiffre qui, s’il était exact, indiquerait une opération ukrainienne d’envergure bien au-delà de la seule frappe aux missiles Storm Shadow.

Les capacités des missiles Storm Shadow : pourquoi cette arme change la donne

Pour comprendre l’importance stratégique de l’utilisation des missiles Storm Shadow dans cette attaque, il faut examiner les capacités de cette arme sophistiquée. Selon Sky News dans un article du 22 novembre 2024, les Storm Shadow sont des missiles de croisière développés par le Royaume-Uni et la France dans les années 1990. Lancés depuis des avions, ils ont une portée de plus de 250 kilomètres selon le fabricant MBDA, et peuvent voyager à des vitesses supérieures à 960 kilomètres par heure. Ils ont été utilisés par la Royal Air Force et l’armée de l’air française en Iraq, Libye et au Golfe, et plus récemment ont été utilisés par les forces ukrainiennes. Ce qui distingue ces missiles de certains autres projectiles, c’est qu’ils utilisent la cartographie du terrain pour naviguer vers leur cible, plutôt que de s’appuyer uniquement sur le GPS, explique l’analyste militaire Sean Bell cité par Sky News. Les missiles peuvent être utilisés avec une haute précision pour des frappes en profondeur tout en évitant la détection, selon le fabricant. Le gouvernement britannique avait annoncé en mai 2023 qu’il fournirait des missiles Storm Shadow à l’Ukraine — le premier pays à le faire. Depuis lors, ils ont été utilisés par les défenseurs de Kiev pour frapper des cibles russes à l’intérieur de l’Ukraine, sous condition qu’ils ne soient pas utilisés pour attaquer des cibles à l’intérieur de la Russie elle-même — une restriction qui a été levée en novembre 2024, permettant à l’Ukraine de frapper des cibles militaires sur le territoire russe.

Selon Al Jazeera dans un article du 18 septembre 2024, la portée de 250 kilomètres des missiles Storm Shadow permettrait à l’Ukraine de frapper des cibles bien à l’intérieur du territoire russe avec une force suffisante pour percer les bunkers et les dépôts de munitions. Les cibles potentielles incluent des emplacements comme Koursk, Millerovo et Rostov-sur-le-Don. Si lancés depuis la région de Tchernihiv en Ukraine, selon Forbes dans un article du 27 mai 2025, les Storm Shadow à portée complète pourraient théoriquement atteindre des cibles autour de Moscou, à environ 480 kilomètres. Cependant, la nécessité de lancer depuis des altitudes plus basses pour éviter les défenses aériennes russes peut limiter leur portée effective. L’Ukraine a déjà obtenu des succès notables en utilisant des missiles à longue portée fournis par l’Occident pour frapper les forces russes sur son territoire. Selon Forbes, les missiles Storm Shadow lancés par les bombardiers soviétiques Su-24M de l’Ukraine auraient tué un général russe dans un poste de commandement, endommagé plusieurs ponts critiques, dévasté le quartier général de la flotte de la mer Noire, et détruit deux grands navires de débarquement. La mention explicite par l’état-major ukrainien de l’utilisation de Storm Shadow dans la frappe du 21 octobre contre Briansk était donc significative — elle annonçait que l’Ukraine utilisait désormais ouvertement ses armes occidentales les plus sophistiquées contre des installations militaro-industrielles stratégiques en profondeur sur le territoire russe.

Les attaques russes parallèles : un schéma de terreur systématique contre les civils

L’attaque nocturne sur Kiev n’était pas un incident isolé mais s’inscrivait dans un schéma plus large d’attaques russes intensives contre les villes ukrainiennes et les infrastructures civiles en cet automne 2025. Selon Kyiv Independent dans un article du 20 octobre, des attaques de drones russes sur la ville nordique ukrainienne de Sumy et sur une ville de l’oblast de Tchernihiv avaient tué au moins quatre personnes et blessé 16 le 21 octobre, selon les autorités locales. La Russie avait attaqué Novhorod-Siverskyi, dans l’oblast de Tchernihiv, avec des drones de type Shahed, et environ 20 sites avaient été touchés, a écrit le gouverneur Viacheslav Chaus sur Telegram. Quatre civils avaient été tués — deux hommes et deux femmes. Sept personnes avaient été blessées, dont une fille de 10 ans. « La fillette est transportée à l’hôpital régional pour enfants. L’une des blessées est dans un état grave, tandis que les autres sont dans un état modéré », avait déclaré Chaus. « Il y a beaucoup de destruction dans la ville. » À Sumy, neuf civils avaient été blessés dans une attaque de drones contre des infrastructures civiles, selon le gouverneur Oleh Hryhorov. Ces attaques s’inscrivaient dans la campagne aérienne russe qui s’intensifiait contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes à l’approche des mois d’hiver, selon plusieurs sources.

Selon The Guardian dans un briefing du 20 octobre 2025, entre le 5 et le 12 octobre seulement, la Russie avait déchainé plus de 3 000 drones, 92 missiles et près de 1 400 bombes planantes sur l’Ukraine, ciblant les centres urbains et les infrastructures critiques, notamment les installations énergétiques. Une série d’assauts la semaine précédente avait entraîné des coupures d’électricité dans huit régions. « Il semble s’agir d’une campagne à grande échelle contre les infrastructures énergétiques et de chauffage à l’approche de l’hiver », avait remarqué un analyste cité par The Guardian. « Les Ukrainiens sont habitués à cela — de tels événements ne les surprennent pas, et beaucoup sont habitués à recevoir six heures ou moins d’électricité par jour. » Cependant, les améliorations apportées à l’arsenal russe, permettant aux drones et aux missiles de mieux éviter les défenses aériennes, pourraient donner à Moscou un avantage tactique. Selon Al Jazeera dans un article du 21 octobre intitulé « Comment les nouvelles tactiques de la Russie posent une nouvelle menace hivernale pour l’Ukraine », la Russie déploie des centaines de drones pour chaque opération, dont beaucoup ont été modifiés pour une vitesse accrue, des vols à plus haute altitude et des plongées abruptes sur les cibles pour échapper à l’interception. De plus, la Russie a mis à jour ses missiles avec des modifications logicielles pour modifier leurs trajectoires de vol et confondre les systèmes de défense aérienne avancés fournis par l’Occident, y compris les Patriots fabriqués aux États-Unis. Selon une analyse du Centre pour la résilience de l’information basé à Londres citée par Al Jazeera, ces modifications ont drastiquement réduit les taux d’interception de 37 pourcent en août à seulement 6 pourcent en septembre.

Les frappes ukrainiennes en territoire russe : une campagne systématique contre l’industrie militaire

L’attaque du 21 octobre contre l’usine chimique de Briansk n’était pas non plus un événement isolé mais faisait partie d’une campagne ukrainienne systématique visant les installations du complexe militaro-industriel russe. Selon Kyiv Independent dans une mise à jour du 20 octobre, des drones ukrainiens avaient lancé une « attaque aérienne massive » sur les oblasts russes de Briansk et Rostov dans la nuit du 21 octobre, selon les autorités locales, blessant deux personnes et causant des dégâts limités. Trois voitures avaient été endommagées, ainsi que l’extérieur de deux immeubles d’appartements dans la ville russe de Klintsy à la suite d’une attaque de drones ukrainiens, avait déclaré le gouverneur de l’oblast de Briansk Alexander Bogomaz dans un message sur Telegram. Dans l’oblast de Rostov, un immeuble résidentiel, une clinique médicale, des magasins et plusieurs maisons avaient été endommagés à la suite d’une attaque de drones, selon les autorités locales. Ces frappes multiples suggéraient une coordination opérationnelle sophistiquée de la part des forces ukrainiennes. La région de Briansk avait été fréquemment la cible d’attaques de drones non identifiés et d’autres armes au cours des dernières semaines, selon RBC Ukraine. Par exemple, durant la nuit du 6 octobre, des sources russes s’étaient plaintes d’un grand incendie dans une sous-station thermique dans la ville de Klintsy. Les résidents avaient ensuite signalé des coupures de courant et affirmé que l’installation avait été touchée par une frappe de missile.

Plus récemment, le 19 octobre, des membres du mouvement de partisans ATESH avaient détruit un système russe de commandement et de contrôle dans la zone frontalière de Briansk, selon RBC Ukraine. Selon le groupe, une tour de communications utilisée pour coordonner les troupes d’occupation et les unités frontalières avait été désactivée lors de l’opération. Au-delà de Briansk, l’Ukraine menait également des frappes à longue portée contre des raffineries de pétrole russes dans d’autres régions. Selon The Guardian citant Reuters le 20 octobre, il y avait eu au moins 58 assauts sur des sites énergétiques russes vitaux depuis le début de l’année, atteignant jusqu’à 2 400 kilomètres à l’intérieur du territoire russe. En contraste, il n’y avait eu que trois de ces attaques en juin et juillet combinés. L’Ukraine avait mené des attaques contre la raffinerie de Saratov à trois reprises en un mois, selon The Guardian. Cette intensification des frappes ukrainiennes en profondeur sur le territoire russe reflétait une stratégie ukrainienne délibérée visant à perturber la capacité de la Russie à produire les munitions, le carburant et les systèmes d’armes nécessaires pour soutenir son offensive. Comme l’avait déclaré le président Zelensky cité par Reuters le 16 octobre : « Le président Poutine a ignoré tout ce que la communauté internationale a exprimé, donc le seul langage qui peut encore l’atteindre est celui de la pression. »

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