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Joe Arpaio. Ce nom résonne comme un avertissement dans tout l’Arizona, particulièrement dans le comté de Maricopa — le plus peuplé de l’État, qui abrite Phoenix et ses banlieues. Pendant plus de deux décennies, cet homme s’est autoproclamé « shérif le plus dur d’Amérique », transformant son bureau en machine à terroriser les communautés latinos. Sous son règne, les adjoints du shérif effectuaient des rafles à grande échelle dans les quartiers latinos, arrêtant des gens pour des infractions mineures au code de la route — ou même sans raison valable — uniquement pour vérifier leur statut d’immigration. Ils débarquaient dans des entreprises, des magasins, des restaurants, exigeant les papiers de toute personne ayant la peau foncée ou parlant espagnol. Des citoyens américains d’origine mexicaine se retrouvaient régulièrement détenus pendant des heures, parfois des jours, simplement parce qu’ils « ressemblaient » à des immigrants sans papiers.

Le département de la Justice a lancé une enquête massive qui a révélé des « pratiques policières discriminatoires incluant des arrêts, détentions et arrestations illégaux de Latinos ». En 2013, la juge fédérale Susan Bolton a statué qu’Arpaio et son bureau avaient n’avait pas respecté les droits constitutionnels de dizaines de milliers de personnes. Le bureau du shérif est depuis placé sous surveillance judiciaire stricte — une tutelle qui dure encore aujourd’hui, plus de douze ans plus tard. Les coûts financiers de cette débâcle se chiffrent en dizaines de millions de dollars : indemnisations aux victimes, honoraires d’avocats, surveillance fédérale, réformes institutionnelles. Mais le coût humain est incalculable : confiance brisée entre la police et les communautés qu’elle est censée protéger, traumatismes générationnels, familles déchirées, vies détruites. Et pourtant, interrogé récemment par Arizona Luminaria et ProPublica, Arpaio a déclaré sans la moindre honte : « Je n’ai jamais été coupable de quoi que ce soit. Ils m’ont poursuivi. Mais c’est bon. Et vous pouvez dire à votre public que je le referais. » Cette phrase — glaçante de déni et d’arrogance — résume parfaitement pourquoi tant de responsables actuels refusent de répéter ses erreurs.

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