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Les revenus records masquent une crise profonde de rentabilité

Tesla a enregistré des revenus totaux de 28,1 milliards de dollars pour le trimestre clos le 30 septembre 2025, soit une augmentation de 12 % par rapport aux 25,18 milliards de la même période en 2024, selon les données officielles publiées dans le document de mise à jour trimestrielle de l’entreprise et rapportées par Reuters et CNBC le 22 octobre. Cette performance représente le chiffre d’affaires trimestriel le plus élevé jamais enregistré par le constructeur automobile, dépassant les attentes moyennes des analystes qui s’établissaient autour de 26,37 milliards de dollars d’après les estimations compilées par LSEG. Le secteur automobile a généré 21,2 milliards de revenus, en hausse de 6 % sur un an, porté par des livraisons records de 497 099 véhicules au cours du trimestre—un chiffre qui a largement surpassé les prévisions consensuelles d’environ 439 000 à 443 000 unités selon Bloomberg et FactSet. Cette ruée vers les concessions Tesla s’explique largement par l’urgence des consommateurs américains à finaliser leurs achats avant l’expiration du crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars pour les véhicules électriques le 30 septembre 2025, une mesure supprimée dans le cadre du projet de loi fiscal baptisé « One Big Beautiful Bill » signé par le président Trump en juillet 2025, comme l’ont détaillé USA Today et Kiplinger dans leurs analyses publiées en septembre.

L’impact dévastateur des droits de douane trumpiens sur la structure de coûts

Le 2 avril 2025, lors d’une journée que Trump avait pompeusement baptisée « Liberation Day », le président américain a annoncé l’imposition de droits de douane massifs visant pratiquement tous les partenaires commerciaux des États-Unis, avec un tarif de base de 10 % sur toutes les importations et des taux nettement supérieurs pour certains pays comme la Chine qui s’est vue infliger une hausse à 34 %, selon les rapports de Politico et Business Insider publiés début avril 2025. Le 3 avril, Trump a franchi un nouveau cap en appliquant un tarif de 25 % sur toutes les voitures importées, y compris celles en provenance du Mexique et du Canada qui bénéficiaient auparavant d’exemptions partielles dans le cadre de l’accord USMCA (United States-Mexico-Canada Agreement), comme l’a confirmé un communiqué officiel de la Maison-Blanche daté du 25 mars 2025. Le 3 mai, ce tarif de 25 % a été étendu aux pièces automobiles, frappant de plein fouet les chaînes d’approvisionnement hautement intégrées de l’industrie automobile nord-américaine, d’après les analyses publiées par Dentons et Automotive Logistics. Pour Tesla, ces mesures ont eu des conséquences financières immédiates et brutales : au deuxième trimestre 2025, l’entreprise a révélé que les tarifs lui avaient coûté environ 300 millions de dollars, un chiffre qui a grimpé à plus de 400 millions au troisième trimestre selon les déclarations du directeur financier Vaibhav Taneja lors de la conférence téléphonique du 22 octobre, comme l’ont rapporté Market Screener et BNN Bloomberg.

La disparition accélérée des crédits réglementaires, une source de profit qui s’évapore

Les revenus provenant de la vente de crédits réglementaires automobiles—ces certificats que Tesla vend à d’autres constructeurs pour les aider à respecter les normes d’émissions sans payer d’amendes—ont chuté de 44 % en glissement annuel pour atteindre seulement 417 millions de dollars au troisième trimestre contre 739 millions un an auparavant, d’après les chiffres publiés dans le rapport trimestriel de Tesla et analysés par Carbon Credits et CNBC le 22 octobre 2025. Cette baisse spectaculaire s’inscrit dans une tendance préoccupante pour le constructeur : au deuxième trimestre 2025, ces revenus s’élevaient encore à 595 millions de dollars, ce qui signifie qu’ils ont fondu de 30 % en seulement trois mois, selon les données compilées par YCharts et Not a Tesla App. Cette érosion rapide découle directement des changements de politique réglementaire initiés par l’administration Trump, notamment la suppression des pénalités financières pour les constructeurs qui ne respectent pas les objectifs d’émissions CAFE (Corporate Average Fuel Economy), une mesure qui a effectivement détruit le marché des crédits réglementaires puisque les autres constructeurs n’ont plus besoin d’acheter ces précieux certificats pour éviter des amendes qui n’existent plus, comme l’ont expliqué CNN Business et William Blair dans leurs analyses publiées en juillet 2025. Les analystes de William Blair estiment que les revenus de crédits réglementaires de Tesla pourraient s’effondrer de 75 % dès 2026 et potentiellement disparaître complètement d’ici 2027, privant ainsi l’entreprise d’une source de profit quasi pure qui avait représenté 2,76 milliards de dollars en 2024—une manne qui avait littéralement transformé des trimestres déficitaires en trimestres bénéficiaires par le passé, notamment au premier trimestre 2025 où les 595 millions de crédits avaient permis d’afficher un profit de 409 millions qui aurait autrement été une perte de 189 millions selon Not a Tesla App.

L’expiration du crédit d’impôt fédéral crée un vide économique inquiétant

Le 30 septembre 2025 à minuit marquait la fin brutale du crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars pour l’achat de véhicules électriques neufs et de 4 000 dollars pour les véhicules d’occasion—une incitation cruciale qui avait été prolongée et renforcée sous l’Inflation Reduction Act de l’administration Biden en 2022 mais qui a été abruptement supprimée par la loi fiscale républicaine « One Big Beautiful Bill » signée par Trump le 4 juillet 2025, selon les informations publiées par l’IRS, Consumer Reports et Edmunds en septembre 2025. Cette date limite a provoqué une ruée sans précédent des consommateurs américains vers les concessions Tesla dans les semaines précédant l’expiration, alimentant artificiellement les chiffres de livraisons du troisième trimestre qui ont atteint le record de 497 099 unités, comme l’ont analysé Reuters et The Washington Post. Cependant, cette bouffée de demande temporaire cache une réalité beaucoup plus sombre pour l’avenir proche : les analystes de Wall Street prévoient désormais que les livraisons de Tesla chuteront de 8,5 % en 2025 dans son ensemble à cause de la disparition du crédit d’impôt combinée à la dépendance de l’entreprise envers des modèles vieillissants et à une concurrence féroce croissante, d’après un consensus compilé par Reuters le 22 octobre. Pour compenser partiellement cette perte de compétitivité prix, Tesla a dévoilé le 7 octobre 2025 de nouvelles versions « Standard » moins chères de ses Model 3 et Model Y, avec des prix de départ respectifs de 36 990 et 39 990 dollars—soit environ 5 000 à 5 500 dollars de moins que les modèles de base précédents désormais rebaptisés « Premium »—mais ces versions dépouillées sacrifient de nombreux équipements comme l’Autosteer, les sièges en cuir et divers systèmes de confort, selon les détails publiés par Carscoops, CNN et Electrek entre le 7 et le 9 octobre 2025.

Des dépenses opérationnelles qui explosent sous le poids de l’innovation et des restructurations

Les dépenses d’exploitation de Tesla ont bondi de façon spectaculaire de 50 % en glissement annuel pour atteindre 3,43 milliards de dollars au troisième trimestre, une augmentation que l’entreprise attribue principalement à des investissements massifs dans la recherche et le développement, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la conduite autonome, de la robotique humanoïde Optimus et des technologies de robotaxis, comme l’a précisé le rapport trimestriel de Tesla et les analyses publiées par The Deep Dive et Storyboard18 le 22 octobre 2025. Cette hausse vertigineuse inclut également des charges de restructuration accrues et une augmentation substantielle de la rémunération en actions (stock-based compensation) qui pèse lourdement sur les résultats financiers, selon les détails fournis par le directeur financier lors de la conférence téléphonique aux investisseurs rapportée par CNBC et Business Insider. Tesla a par ailleurs indiqué que ses dépenses en capital (capex) continueront probablement à augmenter de façon significative en 2026 alors que l’entreprise accélère ses travaux sur de futurs produits incluant le Cybercab robotaxi, le camion électrique Semi, le système de stockage d’énergie Megapack 3 et le robot humanoïde Optimus dont la production à grande échelle est prévue pour la fin 2026, d’après les déclarations de Musk rapportées par Reuters et Ackodrive. Cette stratégie d’investissement agressif reflète la conviction de Musk que l’avenir de Tesla ne réside pas uniquement dans la vente de véhicules électriques traditionnels mais dans sa transformation en entreprise technologique dominante dans les secteurs de l’IA, de la robotique et des services de transport autonome—une vision séduisante mais qui exige des sacrifices financiers considérables à court terme au moment précis où les marges bénéficiaires sont déjà sous pression maximale.

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