Aller au contenu

Le Projet 2025 : un plan pour tout transformer

Au cœur de cette tempête se trouve le Projet 2025, un document de plus de 900 pages élaboré bien avant l’élection. Ce plan détaillé vise à refaçonner entièrement le fonctionnement du gouvernement américain, à démanteler les institutions existantes et à concentrer le pouvoir dans les mains d’un seul homme : le président. Dès ses premiers jours au pouvoir en janvier 2025, Trump met en œuvre ce programme avec une efficacité redoutable — près des deux tiers de ses décrets exécutifs reflètent ou reflètent partiellement les propositions du Projet 2025. Les experts juridiques tirent la sonnette d’alarme : cette transformation menace directement l’État de droit, la séparation des pouvoirs, la séparation de l’Église et de l’État, et les libertés publiques fondamentales. Les critiques qualifient le projet d’autoritaire, voire de nationaliste chrétien, affirmant qu’il transforme progressivement les États-Unis en autocratie.

Des villes démocrates transformées en terrains d’entraînement

Le 1er octobre 2025, Donald Trump franchit un nouveau seuil inquiétant. Devant des hauts gradés de l’armée américaine, il propose que les militaires utilisent les grandes villes démocrates comme terrains d’entraînement. San Francisco, Chicago, New York, Los Angeles — toutes ces métropoles dirigées par l’opposition deviennent dans son discours des zones de combat. Il affirme qu’une « guerre de l’intérieur » fait rage aux États-Unis et annonce la création d’une « force de réaction rapide » pour « réprimer les troubles civils » dans ces cités. Le président ne parle plus de gouverner l’ensemble du pays, mais de pacifier des territoires ennemis. Cette rhétorique transforme des citoyens américains en adversaires à soumettre, brouillant la distinction fondamentale entre ennemis intérieurs et extérieurs.

La Garde nationale et les Marines : quand l’armée se retourne contre le peuple

L’un des changements les plus marquants concerne la politisation des forces armées. La Garde nationale, déployée contre la volonté d’un gouverneur à Los Angeles — une première en 60 ans — illustre cette dérive. Les Marines, dont le mandat traditionnel concerne les menaces extérieures, sont maintenant envoyés sur le territoire national sans que ce soit un ultime recours. Le vocabulaire employé par l’administration — « état de rébellion », « libération » de la deuxième ville en importance du pays — transforme profondément le rôle des forces armées. Les militaires ne protègent plus la nation contre des ennemis extérieurs, ils deviennent les instruments d’un pouvoir présidentiel autocratique dirigé contre une partie de la population américaine elle-même.

Je me souviens d’une époque où l’armée américaine symbolisait la défense de la liberté. Aujourd’hui, je vois des tanks dans les rues, des soldats face à des civils désarmés — et je me demande si ce pays mérite encore son nom. L’Amérique… unie? Non, cette expression sonne désormais comme une cruelle ironie.

Charlie Kirk : le martyr d’une guerre culturelle

Le 10 mars 2025, l’assassinat de Charlie Kirk, militant conservateur et fondateur de Turning Point USA, marque un tournant tragique. Tué lors d’un débat public à l’Université de l’Utah Valley, Kirk devient instantanément un martyr pour l’extrême droite. Donald Trump et le vice-président J.D. Vance accusent immédiatement « la gauche radicale » d’avoir créé un environnement propice à ce meurtre. Ils ne condamnent pas simplement la violence — ils l’instrumentalisent, en font une arme politique, transforment un crime individuel en déclaration de guerre collective. Six membres du Congrès proposent même de suspendre des juges fédéraux pour « abus de pouvoir », simplement parce qu’ils ont bloqué certains décrets présidentiels. Cette récupération politique d’un assassinat intensifie la polarisation et alimente un cercle vicieux de violence.

Une nation au bord de la guerre civile

Les experts de la violence politique constatent une explosion des attaques à motivation politique. Mike Jensen chiffre ainsi le nombre d’incidents à 150 sur les six premiers mois de 2025 — soit le double de la même période en 2024. Des sondages révèlent que 40 % des démocrates soutiendraient le retrait « par la force » de Donald Trump de sa présidence, tandis que 25 % des républicains approuveraient l’usage de la violence contre les manifestations opposées aux politiques de Trump. Ces chiffres sont le double de ceux de 2024. Le professeur Lee Joseph Mars Seymour de l’Université de Montréal reconnaît que « le risque de guerre civile est plus élevé aujourd’hui que dans un passé récent », même s’il estime que ce risque n’est pas encore à son maximum. Mais la tendance fait froid dans le dos : chaque mois qui passe normalise davantage la violence comme outil politique légitime.

La polarisation affective : quand l’Autre devient l’ennemi

Au-delà des statistiques se cache une réalité psychologique dévastatrice : la polarisation affective. Les deux principaux camps politiques ne se perçoivent plus simplement comme des rivaux respectables, mais comme des ennemis existentiels. Cette haine viscérale structure désormais l’espace public américain. Les familles se déchirent autour de la table du souper. Les voisins cessent de se parler. Les communautés se fragmentent selon des lignes idéologiques rigides. À Berkeley Springs, en Virginie-Occidentale, où près de 90 % des électeurs ont choisi Trump, Nicole Harris, propriétaire de chambres d’hôtes, confie qu’elle évite toute discussion politique avec ses voisins et ses clients « pour ne pas nuire aux affaires ». Le silence devient la seule stratégie de survie sociale dans une Amérique où exprimer son opinion peut détruire des relations, des carrières, voire mettre en danger sa sécurité physique.

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!

Commentaires

0 0 votes
Évaluation de l'article
Subscribe
Notify of
guest
0 Commentaires
Newest
Oldest Most Voted
Inline Feedbacks
View all comments
More Content