L’humiliation silencieuse d’un leader en crise
Elle est là. Devant toi. Sur le tarmac de l’aéroport d’Ottawa, vendredi matin. Mark Carney. Le premier ministre du Canada. Et il parle de « ce qu’on peut contrôler » au lieu de hurler. Il a l’air calme. Posé. Professionnel. Mais c’est pire que s’il explosait. C’est pire que s’il crachait sa colère. Parce que le silence? Le silence c’est l’acceptation. C’est la défaite. C’est un homme qu’on vient de gifler devant tout le monde—juste devant, sur la place publique—et qui murmure qu’il « se tient prêt » pour que les discussions reprennent. « Prêt ». Tu entends? Prêt à ramper. Prêt à se faire humilier à nouveau. Carney n’a pas une option. Il n’a que la soumission ou l’effondrement économique total du Canada. Et Trump? Trump le sait. Trump vient de le rappeler publiquement à 22 h 47, jeudi soir, en capsulant mille ans d’histoire commerciale canado-américaine en un message Truth Social. « TOUTES LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES AVEC LE CANADA SONT PAR LA PRÉSENTE ROMPUES. » Majuscules. Impératif. Pas de négociation possible. Pas de recours. Pas d’appel. Juste ça. Juste l’annihilation d’un accord qui était—techniquement, selon les sources—à quelques semaines de signature.
Et Carney? Il se tient sur le tarmac. Il parle de la Chine. Il parle de l’Asie. Il dit qu’il y a des « sommets » à faire. Il enfile ses commentaires comme un automate. Pas d’émotion. Pas de fureur. Juste des phrases creuses. Des platitudes diplomatiques. « On ne peut pas contrôler la politique commerciale américaine », dit-il. C’est exact. Tragiquement exact. Mais voilà la chose qu’on oublie : Carney—l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, l’homme qui a piloté l’économie britannique pendant la crise financière de 2008—a probablement jamais été dans cette position. Jamais. Un leader qui a nourri l’illusion qu’il pouvait négocier à armes égales avec Trump. Qui a cru—réellement cru—qu’en étant courtois, en visitant la Maison-Blanche il y a deux semaines, en écoutant les demandes du président américain, il pourrait construire quelque chose. Un accord. Une entente. Une paix commerciale. Deux semaines. 14 jours. C’était le temps qu’il fallait pour transformer l’optimisme en cendres.
L’optimisme qui s’est effondré en quarante-huit heures
« Très productif » : les dernières paroles avant la tempête
Attend. Remonte avec moi. Le 7 octobre. Il y a deux semaines à peine. Carney franchit les portes du Bureau ovale. Trump l’accueille. Ils parlent. Ils sourient pour les photos. Carney rentre à Ottawa et briefing les médias : les discussions sont « très productives ». Trump a dit au premier ministre canadien que les deux pays « ont beaucoup avancé ». Trump a demandé à Marco Rubio et à ses experts commerciaux de negotier spécifiquement sur l’acier, l’aluminium et l’énergie. Des secteurs clés. Des points de friction réels qu’on pourrait résoudre. Les sources gouvernementales canadiennes parlent d’un accord qui pourrait intervenir en novembre. En novembre. Quelques semaines plus tard. Le Globe and Mail rapporte qu’une entente sur ces trois secteurs semblait « très proche ». C’est le mot qu’on utilise : proche. Presque là. À portée de main. Carney descend de l’avion le 7 octobre gonflé d’une confiance qu’on n’avait pas vu depuis des mois. Le ministre du Commerce canadien prépare des déclarations. On croit à un dégel. On croit à une « reprise » de la relation commerciale. On croit qu’on peut sortir de cette crise.
Et puis? Et puis il y a ce maudit discours de Reagan. Cette pub ontarienne de 75 millions de dollars. Diffusée samedi et dimanche sur Fox News, Newsmax, NBC, CNBC. Quatre jours après la visite de Carney. Quatre jours. Le temps que ça prend pour que Trump la voit. Qu’il gère le message auprès de ses conseillers. Qu’il décide que c’est une provocation. Mercredi soir, Trump tweete qu’il a vu « une pub du Canada » dont il n’est pas « heureux ». C’est un avertissement. Jeudi matin, la Fondation Ronald Reagan balance un communiqué disant que l’Ontario a utilisé les propos de Reagan « frauduleusement », « sans permission », qu’elle déforme l’intent du discours original. C’est lundi que Trump frappe. Le vendredi soir, juste avant le weekend. Timing parfait. Quand personne dans le gouvernement canadien n’est vraiment réveillé. « TOUTES LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES AVEC LE CANADA SONT PAR LA PRÉSENTE ROMPUES. » Et voilà que Carney se retrouve sur le tarmac, vendredi matin, avec zéro option. Zéro réponse. Zéro plan.
Le ministre qui ne peut rien dire
Parce que c’est là que ça devient vraiment absurde. Carney ne peut pas répondre. Il ne peut pas critiquer Trump publiquement—ce serait faire empirer les choses. Il ne peut pas defendre Ontario—ce serait mettre plus de pression sur Doug Ford, déjà dans le collimateur de Trump. Il ne peut pas dire que Trump a tort—parce que qui va l’écouter? Trump a 330 millions d’Américains qui regardent. Carney a 40 millions de Canadiens qui souffrent déjà économiquement. Carney ne peut pas gagner une bataille publique avec Trump. Le rapport de force est trop inégal. Alors il fait quoi? Il se tait. Il monte dans l’avion. Il se rend en Asie. Il parle de rencontrer Xi Jinping. Il cherche une porte de sortie. Une stratégie alternative. Quelque chose—n’importe quoi—qui dise au monde que le Canada n’est pas totalement détruit, que Carney ne s’est pas juste assis et attendu de mourir.
Mais le truc, c’est que personne n’est dupe. Les analystes économiques canadiens savent que ça change rien. Les rencontres avec la Chine? Nobles. Utiles à long terme, peut-être. Mais elles n’aident pas ce mois-ci. Elles n’aident pas face aux tarifs de 35 %. Elles n’aident pas General Motors ou Stellantis qui perdent leurs exemptions tarifaires. Elles n’aident pas les travailleurs de l’automobile en Ontario. Elles n’aident pas le Canada qui vient de voir ses meilleures chances de résoudre cette crise s’évaporer en 48 heures. Carney est coincé. Prisonniers des caprices d’un président américain. Et le pire? C’est que ça pourrait s’aggraver. Trump a dit jeudi matin que les tarifs canadiens sur les produits américains étaient « injustes », qu’il ne « tolérerait pas » plus longtemps cette situation. Il évoque les éleveurs de bétail américains qui payent—prétend-il—jusqu’à 400 % de tarifs pour exporter vers le Canada. 400 %. Le nombre est probablement faux ou énormément exagéré. Mais peu importe la véracité. Peu importe les faits. Trump va utiliser ça pour justifier une nouvelle « phase » de tarifs. Une escalade. Une destruction complète de ce qui reste de commerce canado-américain.

L’économie canadienne au bord du gouffre
Je vais être direct : le Canada fait face à une crise sans précédent. Pas depuis la Grande Dépression. Pas même depuis la récession de 2008. Les tarifs de 35 % ont commencé en août 2025. Trois mois. Trois mois de destruction. L’économie ralentit. La croissance est tombée à 1,2 %. Le taux de chômage monte. L’Ontario—la province la plus riche, la plus peuplée, le moteur industriel du Canada—risque de perdre 450 000 emplois. 450 000. Ce n’est pas une abstraction. Ce sont des familles. Ce sont des maisons hypothéquées. Ce sont des enfants qui ne vont pas à l’université. Ce sont des petites villes qui se vident. Et Carney? Il est assis à Ottawa. Il dit qu’il va « doubler les exportations » vers d’autres pays. Oui. Oui, c’est une bonne stratégie à long terme. Mais ça prend du temps. Des années. Et en attendant? En attendant que le Canada se reconfigure économiquement, que les chaînes d’approvisionnement se restructurent, que de nouveaux partenaires commerciaux acceptent d’acheter du bois canadien, du cuivre canadien, de l’aluminium canadien? Les travailleurs attendent. Et leurs comptes bancaires se vident.
Pire, Trump pourrait faire d’autres choses. Il pourrait imposer des tarifs sur le bois. Sur l’électricité. Sur le gaz naturel. Sur le cuivre. Sur le lithium. Il a dit qu’il était « totalement préparé » pour faire ça. Il a dit qu’il n’hésiterait pas à « faire du mal » à l’économie canadienne s’il fallait. Ces mots—ses paroles exactes—ont été rapportés par plusieurs médias. « Faire du mal. » C’est pas une métaphore. C’est une menace. Et maintenant, en tuant les négociations, Trump envoie le signal que ce n’est pas des mots. Que ça va se produire. Que la prochaine phase de la guerre commerciale arrive. Et Carney? Carney peut juste attendre. Préparer son budget. Espérer que quelque chose se retourne. Espérer que les élections américaines changent les choses en novembre 2026. Espérer que le temps guérit. Espérer, espérer, espérer. Et rien de plus.
Doug Ford : le sacrifié politique de Carney
Parce que voilà, techniquement—légalement—c’est pas Carney qui a lancé cette pub. C’est Doug Ford. Le premier ministre de l’Ontario. La province. Et Trump l’appelle « Canadiens » et les blâme tous, fedéralement, collectivement, sans distinction. Ford essayait de faire quelque chose. Il se battait. Il dépensait 75 millions de dollars—un montant massif pour une province—pour faire passer un message. Oui, c’était politique. Oui, il voulait montrer qu’il prenait les tarifs au sérieux. Mais concrètement? Il cherchait à protéger les travailleurs ontariens. Et voilà que Trump le détruit. Voilà que Trump le traite de « loser ». Voilà que Trump menace Ford de « choses pires » si Ford continue. Et Carney? Carney doit maintenant—politiquement—prendre de la distance. Il ne peut pas defendre Ford trop fort, ce serait avouer que la pub était une stratégie fédérale. Mais il ne peut pas blâmer Ford non plus, ce serait fragiliser son propre gouvernement. Donc il se tait. Encore. Ford se tait. Encore. Et pendant ce temps, les tarifs continuent. Les emplois s’évaporent. Et personne n’a le cran de crier au scandale.
La Cour suprême américaine : l’arme secrète que personne n’évoque
Voilà un détail que les médias oublient de souligner. La Cour suprême américaine doit se prononcer le 5 novembre 2025 sur la légalité des tarifs de Trump. Le 5 novembre. Dans deux semaines. Et les tarifs—tous ces tarifs—reposent sur une théorie constitutionnelle fragile. Trump utilise la loi sur les pouvoirs économiques d’urgence. Une loi de 1977. Qu’aucun président n’a utilisée de cette manière. Et plusieurs tribunaux ont déjà jugé ça « illégal ». Ça veut dire que la Cour suprême pourrait—techniquement—invalider tous les tarifs de Trump. D’un coup. Tout s’écroule. Et voilà pourquoi Trump est tellement furieux de cette pub de Reagan. Parce qu’elle parle au cœur du débat. Elle dit—au peuple américain, aux républicains—que les tarifs ne sont pas patriotiques. Que les tarifs font mal. Que Reagan lui-même, le héros de la droite, était contre les tarifs protectionnistes. Et si l’opinion publique se tourne contre les tarifs? Si les Américains décident que Trump se trompe? Si ça influence la Cour suprême? Tout s’écroule. Et Trump le sait. Trump le craint. Donc il tue les négociations. Il détruit l’optimisme. Il dit au monde entier : « non, vous ne pouvez pas me critiquer. » Et Carney? Il regarde. En silence. Parce qu’il n’a rien à faire.
Le prix de la faiblesse : la leçon pour les petites nations
Ce qui se passe avec Carney—ce qui s’est passé jeudi soir—c’est une leçon. Pour le monde. Pour tous les autres pays. C’est une démonstration de pouvoir. Trump montre que « quand on me critique, quand on me défie, je détruis tout. » Les négociations? Détruites. L’économie d’un pays? Sacrifiée. L’amitié entre nations? Incinérée. Et personne ne peut l’arrêter. Personne. Pas le Congrès. Pas les tribunaux. Pas la presse mondiale. Personne. Et ça, c’est terrifiant. Parce que ça signifie que le monde fonctionne plus sur la loi. Sur les règles. Sur les institutions. Ça signifie que c’est le chaos. C’est la volonté unilatérale d’un seul homme qui prime. Et Carney—par sa passivité, par son silence, par son acceptation—entérine ça. Il normalise ça. Il dit au monde que c’est la nouvelle réalité. Et peut-être que ça l’est. Peut-être que je me trompe. Peut-être que dans le nouvel ordre mondial de 2025, c’est comme ça que ça marche. C’est le fort qui gagne. C’est la puissance brute. C’est la volatilité imprévisible d’un autocrate qui décide arbitrairement de détruire des accords, des économies, des relations. Et les petites nations? Les nations moyenne-puissance comme le Canada? Elles doivent juste… attendre. Accepter. Se taire. Espérer que le tyran change d’avis demain.

La perspective tragique : Carney ne gagnera jamais cette partie
Voilà l’horrible vérité que personne n’ose dire clairement. Carney ne gagnera pas. Il ne sortira pas de cette situation victorieux. Le mieux qu’il peut espérer? Un accord terrible. Un accord où le Canada fait tellement de concessions que l’économie s’en remet à peine. Ou pire—pas d’accord du tout. Juste des tarifs permanents. Une nouvelle normalité où le commerce canado-américain fonctionne à 60 % de sa capacité. À 50 %. Peut-être même moins. Et Trump? Trump s’en fout. Trump remporte ça politiquement. Il dit à ses électeurs : « J’ai défendu l’Amérique contre le Canada. » C’est faux. C’est une inversion totale de la réalité. Mais ça marche. Trump remporte l’opinion publique. Trump remporte la bataille politique. Et Carney? Carney rentre à Ottawa avec des miettes. Des accords sectoriels. Une acalmie temporaire. Et le Canada continue à saigner. À ralentir. À perdre sa place dans l’économie mondiale. Parce que Carney n’avait jamais les cartes pour gagner. Il n’a jamais eu les outils. Il n’a jamais eu l’option du non. Trump savait ça. Donc Trump pouvait être brutal. Donc Trump pouvait détruire les négociations sans conséquence. C’est la géopolitique de 2025. C’est la réalité où les petits ne peuvent pas tenir tête aux grands.
Le silence comme arme du vaincu
Et voilà ce que je vais te laisser avec. Carney sur le tarmac. En silence. Pas parce qu’il est sage. Pas parce qu’il est mesuré. Pas parce qu’il est stratégique. Mais parce qu’il a été vaincu. Complètement. Totalement. Et le silence? Le silence c’est la seule arme qui reste quand tu ne peux plus rien faire. « On ne peut pas contrôler la politique commerciale américaine », dit-il. Et c’est ça. C’est la capitulation déguisée en sagesse. C’est l’acceptation déguisée en stoïcisme. Carney aurait pu hurler. Carney aurait pu crier au despotisme. Carney aurait pu dire que c’est illégal, immoral, injustifiable. Mais il ne l’a pas fait. Il a parlé d’Asie. Il a parlé de stratégie à long terme. Il a parlé de ce qu’on « peut contrôler ». Et voilà le message qu’il envoie. Voilà ce que les petites nations écoutent partout sur la planète : « si vous vous opposez à l’Amérique, vous perdez. Et alors vous vous taisez. » Carney n’a plus rien à dire. Parce que Trump a gagné. Et tout ce qu’il peut faire, maintenant, c’est attendre que le prochain coup arrive.
Carney n’a plus rien à dire : le premier ministre fume de rage en silence