Moscou ment. Systématiquement, méthodiquement, délibérément. La dernière fois que des responsables russes ont publiquement reconnu des pertes remonte à septembre 2022 — il y a trois ans — lorsqu’ils ont admis 5937 morts au combat. Depuis, silence radio. Un silence épais, étouffant, criminel. En 2015 déjà, Poutine avait signé un décret classifiant toutes les morts militaires comme secret d’État. Cette décision n’était pas anodine, elle était stratégique. Comment mobiliser une population si elle connaît l’ampleur du massacre? Comment justifier une guerre d’agression si les cercueils s’empilent dans chaque village russe? La réponse du Kremlin est simple et brutale comme un coup de masse — ne rien dire, tout cacher, tout nier.
Mais ce n’est pas seulement une question de silence. C’est une machinerie de dissimulation parfaitement huilée. Des soldats portés disparus qui deviennent soudainement des déserteurs. Cette reclassification n’est pas un hasard administratif, c’est une tactique cynique révélée par une enquête conjointe du Kyiv Independent et d’iStories en juillet 2025. Un soldat disparu, sa famille reçoit une compensation. Un déserteur, rien. Pas un rouble. Dmitry Tsarev, conscrit russe dont le corps n’a jamais été retrouvé après les combats de 2022, a été déclaré déserteur par les autorités militaires. « Ils nous ont dit que Dmitry s’était enfui. Mais c’est impossible — il était fier de servir », a déclaré sa mère à iStories. Des centaines, peut-être des milliers de soldats russes subissent le même sort. Disparus sur le champ de bataille, transformés en lâches sur le papier.
Les cercueils scellés et l’interdiction d’ouvrir
Il y a pire encore. Les familles qui reçoivent des cercueils de leurs fils, frères, maris, se voient interdire de les ouvrir. Interdiction formelle. Valéria Mikhaïlova d’Armavir l’a appris à ses dépens. Lorsqu’elle a voulu vérifier l’identité du corps dans le cercueil censé contenir son mari Maksim, des amis l’ont mise en garde — « Pense à ce qui arriverait à ton fils de quatre ans avec son père dans la tombe et sa mère en prison ». Le ministère russe de la Défense poursuit les familles qui osent « illégalement ouvrir les cercueils » venus d’Ukraine. Et pour cause. Lors d’un échange de dépouilles en juin 2025, l’Ukraine a découvert que parmi les 6057 corps ukrainiens restitués, au moins vingt étaient en réalité des soldats russes. Certains portaient encore leur passeport russe, comme Alexandre Viktorovitch Bougaïev, né en 1974, soldat de la 39e brigade motorisée de la garde. Sa famille le cherchait désespérément depuis mars 2025. Moscou savait où il était, mais a préféré « larguer » son corps parmi les morts ukrainiens. Le président Zelensky l’a dit sans détour — « Poutine a peur d’admettre combien de gens sont morts. Parce que si le moment vient où il doit mobiliser, sa société aura peur ».
Les statistiques démographiques dissimulées
En juillet 2025, Rosstat, l’agence fédérale russe des statistiques, a cessé de publier les données sur les naissances et les décès en Russie. Plus de chiffres. Plus de transparence. Pourquoi? Parce que les morts de guerre commencent à apparaître dans les statistiques avec 12 à 18 mois de retard, et l’offensive massive de 2024 commençait justement à se refléter dans les données démographiques de 2025. L’espérance de vie en Russie a chuté de sept mois en une seule année, tombant à 72,84 ans en 2024. Au premier trimestre 2025, la Russie a enregistré 289000 naissances contre 472000 décès — un déficit démographique de 183000 personnes. Et encore, ces chiffres n’incluent pas l’impact complet de la guerre. L’Institut pour l’étude de la guerre de Washington a souligné que le Kremlin tente de supprimer les statistiques démographiques pour masquer les problèmes croissants et les pertes massives en Ukraine. Les obsèques en Russie ont généré près de 40 milliards de roubles entre janvier et avril 2025, soit une augmentation de 12,7% par rapport à l’année précédente. La mort est devenue une industrie florissante en Russie.
Les chiffres vérifiés : le travail titanesque des journalistes indépendants
Face au mensonge officiel, des journalistes ont choisi de compter. Un par un. Nom par nom. Mediazona, média indépendant russe, en collaboration avec BBC Russian Service et une armée de bénévoles, a créé une base de données des soldats russes morts en Ukraine. En septembre 2025, ils ont confirmé l’identité de plus de 130000 soldats tués. Chaque nom vérifié par des sources ouvertes — nécrologies, publications sur les réseaux sociaux, rapports des médias régionaux, déclarations des autorités locales, nouvelles pierres tombales dans les cimetières militaires. Ce travail, méticuleux, épuisant, essentiel, représente la seule source fiable face à l’opacité du Kremlin. En mars 2025, ce chiffre était de 100000 morts vérifiés. En mai, 108600. En août, 121000. La progression est constante, inexorable, terrifiante.
Mais ces journalistes sont les premiers à admettre qu’ils ne voient qu’une partie du tableau. Selon leurs propres estimations, leur liste ne couvre que 45% à 65% des morts réelles. Cela signifie que pour chaque soldat russe qu’ils parviennent à identifier, un ou deux autres meurent dans l’anonymat. En appliquant ces ratios, le nombre réel de morts russes se situerait entre 147000 et 213000 fin février 2025. Une autre méthode, développée conjointement par Meduza et Mediazona, utilise le registre public russe des successions. En Russie, lorsqu’un soldat meurt, ses proches ouvrent généralement une procédure de succession pour ses biens — appartements, voitures, comptes bancaires. En analysant ces données, les journalistes ont estimé qu’entre 160000 et 165000 soldats russes étaient morts fin 2024. En extrapolant avec les moyennes mensuelles de 2024, le chiffre atteint 180000 à 185000 morts fin février 2025. Et maintenant, en octobre 2025, nous approchons ou dépassons probablement les 200000 morts.
Le profil des morts a changé
Au début de la guerre, en 2022, le soldat russe moyen tué au combat avait 21 ans. C’était un soldat contractuel servant dans des unités d’élite — forces spéciales, troupes aéroportées, marines. Aujourd’hui, fin 2025, le profil est radicalement différent. Les morts sont désormais des hommes dans la quarantaine, la cinquantaine, parfois même la soixantaine. Des volontaires sans expérience de combat, sans formation spécialisée. Un sur cinq des morts identifiés avait signé un contrat avec l’armée russe ou la Garde nationale après le début de la guerre. Plus de la moitié n’avait aucune affiliation militaire avant février 2022. En 2022, les officiers représentaient environ 20% des pertes confirmées. Ce chiffre est tombé à 10%, puis à seulement 2-3% au printemps 2025. Pourquoi? Parce que les commandants expérimentés sont désormais préservés pour des opérations ciblées, tandis que la masse des nouvelles recrues — les volontaires — meurt à un rythme effroyable sur le front. Plus de 4800 officiers des forces armées russes et d’autres agences de sécurité sont morts, dont sept généraux. La Bachkirie et le Tatarstan ont enregistré le plus grand nombre de pertes confirmées, avec respectivement 4487 et 4371 morts vérifiés.
Les assauts de chair : la tactique meurtrière de Moscou
Comment expliquer ces pertes astronomiques? Par une tactique aussi simple qu’horrifiante — les « assauts de viande ». Des vagues humaines, mal entraînées, mal équipées, lancées contre les défenses ukrainiennes. Encore et encore. Jusqu’à ce que les munitions ukrainiennes s’épuisent ou que les positions cèdent sous le poids des cadavres. Les responsables militaires occidentaux et de l’OTAN ont confirmé qu’environ 1200 soldats russes étaient tués ou blessés chaque jour en moyenne en mai et juin 2024. En août 2024, ce chiffre atteignait environ 1000 soldats par jour. En octobre 2024, les pertes quotidiennes ont grimpé à 1500 hommes — le taux de pertes le plus élevé depuis le début de la guerre selon le chef d’état-major britannique, l’amiral Tony Radakin. En 2025, la cadence s’est légèrement stabilisée mais reste monstrueuse — entre 950 et 1200 pertes par jour en septembre et octobre 2025. Certains jours, comme le 21 octobre 2025, l’État-major ukrainien rapporte 1130 soldats russes tués ou blessés en une seule journée.
Sir Roland Walker, chef de l’état-major britannique, a déclaré en juillet 2024 qu’au rythme actuel des combats, il faudrait cinq ans à la Russie pour contrôler les quatre régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia que Moscou revendique comme siennes. Et cela coûterait à la Russie entre 1,5 et 1,8 million de pertes. « Il n’y a pas de gagnants », a-t-il dit. « C’est une dévastation totale pour les deux camps et des générations perdues ». The Economist, en analysant les données satellitaires et les changements de zones de contrôle, a estimé en octobre 2025 que depuis la stabilisation des lignes de front après la contre-offensive ukrainienne d’octobre 2022, la Russie n’a pratiquement pas progressé. Au rythme actuel d’acquisition de territoire, conquérir les zones restantes des quatre régions que Poutine revendique prendrait jusqu’à juin 2030. Occuper toute l’Ukraine nécessiterait 103 années supplémentaires. Autrement dit, Poutine sacrifie des centaines de milliers d’hommes pour gagner quelques kilomètres carrés de terre dévastée. Un massacre pour rien.
Les gains territoriaux dérisoires
Depuis janvier 2024, la Russie a saisi environ 5000 kilomètres carrés de territoire ukrainien — moins de 1% du territoire ukrainien — principalement dans les régions de Donetsk, Lougansk et Kharkiv. C’est dérisoire comparé aux 120000 kilomètres carrés conquis durant les cinq premières semaines de la guerre, ou aux 50000 kilomètres carrés reconquis par l’Ukraine au printemps 2022. En septembre 2025, les forces russes ont probablement saisi environ 250 km² de territoire ukrainien, une diminution notable par rapport aux 465 km² pris en août. Le ministère britannique de la Défense a conclu que la diminution du taux mensuel de pertes russes, survenue en même temps que les forces russes maintenaient un tempo opérationnel élevé et continuaient à réaliser des gains territoriaux progressifs, s’explique probablement par un changement de tactique. Les commandants russes remplacent les attaques d’infanterie de masse par des tactiques plus sophistiquées qui se rapprochent même de la guerre combinée. Mais octobre 2025 semble particulièrement meurtrier pour les forces russes. L’armée russe a perdu en moyenne plus de 1000 soldats tués ou blessés en sept jours consécutifs début octobre.
Les familles abandonnées et les compensations refusées
Pour les familles russes, la mort d’un fils ou d’un mari au combat ne signifie pas seulement la douleur du deuil. C’est aussi un parcours du combattant bureaucratique et financier. Officiellement, la loi russe stipule que si un soldat est porté disparu, les familles ont droit à une compensation de 5 millions de roubles (environ 50000 dollars), comparable à celle versée aux familles des soldats tués. Mais dans la pratique, le système est conçu pour éviter de payer. En 2024, les tribunaux russes ont reçu un nombre record de 20040 pétitions pour déclarer des personnes disparues ou mortes, soit plus du double des 8600 dossiers déposés en 2023. Au premier semestre 2025, ce chiffre a encore grimpé à plus de 26000 réclamations. Mediazona a pu établir un lien militaire dans 5090 cas en 2024, contre 500 en 2023 et seulement « quelques dizaines » en 2022. Les journalistes ont lié cette augmentation aux efforts apparents de l’armée russe pour reconstituer ses rangs tout en évitant les paiements de salaires aux familles de soldats disparus ou décédés.
Les décisions judiciaires examinées par Mediazona suggèrent que les commandants de l’armée cherchent à déclarer les soldats disparus ou morts afin de les retirer des listes d’unités et d’accélérer le recrutement. Ces décisions permettent également à l’armée d’arrêter les paiements de salaire aux familles. Alors que les salaires continuent si un soldat est porté disparu, ils s’arrêtent dès qu’un tribunal le déclare officiellement disparu ou mort. Les familles ne reçoivent la compensation de 5 millions de roubles que si un tribunal déclare séparément le soldat mort. Et c’est là que le système devient kafkaïen. Les tribunaux évitent la publicité en dissimulant les noms des demandeurs et en retenant les décisions. Mediazona a noté que la majorité des 20040 dossiers judiciaires de 2024 cachaient les noms des plaignants. Entre 30000 et 40000 militaires russes avaient fait l’objet de réclamations judiciaires pour disparition ou décès à la mi-2025. Valentina Mikhaïlova, dont le fils Maksim a été officiellement déclaré mort, exprime sa frustration — « Tout le monde autour a menti à ce sujet. Le bureau d’enrôlement militaire nous a dit que son corps avait été identifié par ses camarades soldats et son commandant, et qu’il n’y avait pas besoin de test ADN. Puis il s’est avéré que ses camarades soldats l’avaient complètement perdu et qu’il n’y avait aucune identification du tout ».
Le projet ukrainien « Je veux trouver »
Face à l’abandon de Moscou, des milliers de familles russes se tournent vers… l’Ukraine. Le projet « Je veux trouver », géré par le quartier général de coordination de Kiev pour le traitement des prisonniers de guerre, aide les proches de soldats russes à établir si leurs êtres chers sont dans des camps de prisonniers ukrainiens ou sont morts au combat, et si leurs restes ont été trouvés et identifiés. Plus de 100000 familles russes ont contacté ce projet ukrainien en juin 2025, selon les médias ukrainiens. Le programme « Notre chemin » travaille aux côtés de « Je veux trouver » pour aider à localiser les Russes dans les camps de prisonniers, faciliter le contact pour les proches et obtenir une preuve de statut pour les bureaux russes d’enregistrement et d’enrôlement militaires. Cela augmente considérablement les chances que les détenus soient officiellement reconnus comme prisonniers de guerre par Moscou et inclus dans les listes d’échange de prisonniers. Mais les familles militaires sont sous une pression sévère pour se conformer. Les travailleurs sociaux russes assignés au soutien des familles de prisonniers de guerre reçoivent des instructions pour aider les épouses à se comporter comme « l’épouse idéale d’un soldat russe ». Elles ne doivent jamais questionner « l’héroïsme » de leurs maris et doivent promettre de soutenir leur réhabilitation à leur retour. Si nécessaire, elles doivent accepter courageusement la nouvelle de leur mort « au nom de la mère patrie ». Cette propagande cynique se heurte à la réalité brutale — Moscou ne veut pas récupérer ses morts. Lors de l’échange de corps de juin 2025 négocié à Istanbul, l’Ukraine a restitué 6057 corps à la Russie. Moscou n’en a récupéré que 78. Soixante-dix-huit.
La propagande étouffée par la réalité
Poutine a bâti son régime sur le contrôle de l’information. En mars 2022, il a signé une loi criminalisant tout reportage contredisant la version officielle du gouvernement russe. Cette loi a forcé de nombreux médias indépendants à quitter le pays, à fermer ou à faire face à de longues peines de prison. Les médias d’État russes n’utilisent pas les mots « guerre » ou « invasion » et ne mentionnent pas les bombardements russes sur Kiev. Les Russes se font dire que les soldats russes sont extrêmement respectueux et prudents quant à la préservation de la vie civile ukrainienne, qu’ils sont accueillis comme des libérateurs, que tout le monde veut vivre sous domination russe, et qu’il n’y a pas de pertes civiles du côté ukrainien. Mais cette propagande se fissure. Les cercueils continuent d’arriver. Les mères, les épouses, les sœurs posent des questions. Dans les groupes de médias sociaux axés sur la localisation de soldats russes portés disparus, des messages quotidiens présentent des noms et des images, accompagnés d’appels déchirants de proches angoissés. Après l’échange de corps de juin 2025, certaines ont exprimé leur frustration — « Pourquoi peuvent-ils récupérer leurs combattants alors que nous ne le pouvons pas? ». Une autre a raconté que son mari, actuellement porté disparu, avait partagé lors d’une de leurs dernières discussions que les champs étaient « jonchés de cadavres, et personne ne les enlève ».
Le Kremlin tente de contrôler même le récit autour des morts. Un rapport de Global Rights Compliance de mai 2025 a exposé une campagne de désinformation calculée de la Russie pour obscurcir la responsabilité des crimes de guerre et induire en erreur les publics nationaux et internationaux. Le rapport révèle l’utilisation sans précédent par la Russie d’« alibis informationnels » pour distordre les récits et détourner la responsabilité. Cette campagne de désinformation est menée par de hauts personnalités politiques russes, dont le président Poutine et le ministre des Affaires étrangères Lavrov. Plus de 100000 pages de médias sociaux et un vaste réseau de chaînes Telegram populaires sont utilisés pour diffuser de faux récits sur l’Ukraine. Des présentateurs de télévision populaires auraient reçu des instructions sur la manipulation de la couverture de la guerre en Ukraine directement de Poutine. Dans certains cas, les alibis informationnels ont été plantés jusqu’à un an avant que les attaques n’aient lieu. Mais malgré cette machinerie de propagande sophistiquée, la vérité finit toujours par émerger. Les 130000 noms vérifiés par Mediazona et BBC, les registres de successions analysés par Meduza, les estimations de l’OTAN et des services de renseignement occidentaux — tous convergent vers la même conclusion apocalyptique. Plus d’un million de Russes ont été tués, blessés ou mutilés dans cette guerre. Et Poutine continue.
Les morts anonymes et les fosses communes
Sur une colline dans la province ukrainienne de Donetsk gisent sept soldats russes. Trois sont carbonisés et quatre se décomposent. Les asticots sortent des cavités crâniennes, et les mouches recouvrent complètement leurs corps. L’odeur de décomposition est écrasante. Oleksii Yukov, un soldat qui dirige une équipe de collecteurs de corps, l’unité Platsdarm, est satisfait car parmi les cendres d’un des cadavres se trouvent des fragments de la colonne vertébrale, à partir desquels l’ADN peut être extrait. Un autre a un collier qui pourrait aider la famille à l’identifier. Des dizaines de milliers de familles des deux côtés vivent dans l’angoisse, ne connaissant pas le sort de leurs proches perdus au combat. Tant que leur corps n’est pas récupéré et identifié, leur décès ne peut être certifié. Le Comité international de la Croix-Rouge estime que 146000 personnes d’Ukraine et de Russie sont « portées disparues » dans la guerre en Ukraine. Cette définition inclut toute personne qui n’a pas été retrouvée, ou dont les restes n’ont pas été récupérés, même lorsqu’il existe des preuves significatives montrant qu’elle est morte. Pour beaucoup de familles russes, l’absence de sépulture signifie qu’elles n’ont pas pu honorer leur proche comme il le méritait. Myroslava Melnychenko connaît le village, l’endroit exact, où se trouve le corps de son frère cadet. Elle a vu les images granuleuses de drone de lui se faisant tuer au combat. Mais il est dans un endroit où ni elle ni les experts dont le travail est de récupérer les corps de soldats tombés ne peuvent aller, près de trois ans après sa mort.
Conclusion
Plus d’un million. Ce chiffre résonne comme un coup de gong funèbre sur toute la Russie. 1,13 million de soldats russes, tués, blessés, disparus, mutilés, entre février 2022 et octobre 2025 selon l’État-major ukrainien. Entre 147000 et 250000 morts, pas blessés, morts, selon les estimations indépendantes croisées de journalistes, d’instituts de recherche occidentaux et de services de renseignement. Chaque jour, la Russie perd entre 950 et 1200 hommes sur le champ de bataille ukrainien. Pour quoi? Pour quelques kilomètres carrés de terre calcinée dans le Donbass. Pour l’ego démesuré d’un dictateur vieillissant qui refuse d’admettre son échec. Poutine a transformé sa propre armée en chair à canon, envoyant vague après vague d’hommes mal formés, mal équipés, souvent recrutés dans les prisons ou les régions pauvres de Russie, se briser contre les défenses ukrainiennes.
Le Kremlin cache ces pertes avec l’énergie du désespoir. Décrets classifiant les morts militaires comme secrets d’État. Soldats disparus transformés en déserteurs pour éviter de payer les compensations. Cercueils scellés qu’on interdit aux familles d’ouvrir. Corps russes largués parmi les morts ukrainiens lors des échanges. Statistiques démographiques censurées par Rosstat. Tribunaux qui cachent les noms des plaignants dans des milliers de procédures pour déclarer des soldats morts ou disparus. Propagande d’État martelant que tout va bien, que les Russes sont accueillis en libérateurs, que les pertes sont minimes. Mais les cercueils continuent d’arriver. Les mères continuent de pleurer. Les villages se vident de leurs hommes jeunes. Et les journalistes indépendants — Mediazona, BBC Russian Service, Meduza, des dizaines de bénévoles courageux — continuent de compter, un nom à la fois, pour que ces morts ne sombrent pas dans l’oubli que leur voudrait imposer Poutine.
Les chiffres sont là, immuables, incontestables. Plus de 130000 noms vérifiés. Des estimations convergentes entre 180000 et 250000 morts. Un million de pertes totales. Des gains territoriaux dérisoires — 5000 km² en presque deux ans, moins de 1% de l’Ukraine. Un coût humain catastrofique — cinq fois plus de morts que tous les conflits soviétiques et russes depuis 1945 réunis. Une démographie en chute libre que Moscou tente désespérément de dissimuler. Des familles abandonnées qui se tournent vers l’Ukraine, l’ennemi officiel, parce que leur propre gouvernement les a trahies. Octobre 2025, et la guerre continue. Les hommes continuent de mourir. Les statistiques continuent de grimper. Et Poutine continue de mentir. Mais les chiffres, eux, ne mentent jamais. Plus d’un million de soldats russes sacrifiés pour rien. Voilà la vérité que le Kremlin voulait enterrer. Voilà les chiffres que Poutine ne veut pas que vous connaissiez. Voilà le prix sanglant de son ambition dévorante et de sa guerre criminelle contre l’Ukraine.