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Une stratégie d’intimidation massive

L’Opération Midway Blitz a été lancée officiellement le 8 septembre 2025 par le département de la Sécurité intérieure sous l’impulsion directe du président Donald Trump. Celui-ci a déclaré que l’objectif était de capturer les « pires des pires » parmi les immigrants criminels. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. Les témoignages d’organisations communautaires et d’avocats spécialisés en immigration révèlent que la majorité des personnes arrêtées n’ont aucun casier criminel. Elles travaillent dans la construction, la restauration, le nettoyage — des secteurs où la main-d’œuvre immigrée est indispensable à l’économie locale. Le chiffre officiel avancé par le département de la Sécurité intérieure dépasse désormais les 1 500 arrestations, bien que ce nombre n’ait pu être vérifié de manière indépendante par les médias.

Lors d’une audience fédérale tenue le 20 octobre, un haut responsable du département a mentionné qu’environ 75 personnes avaient été détenues au cours de manifestations contre les opérations d’immigration. Ce chiffre alarmant suggère que les autorités fédérales ciblent désormais non seulement les migrants sans papiers, mais également les citoyens américains qui osent manifester leur opposition. Le Washington Post a qualifié cette campagne de « plus grande mobilisation urbaine d’ICE de mémoire récente », surpassant même les opérations massives menées sous les administrations précédentes. Des points de contrôle routiers, des drones de surveillance, des arrestations dans les palais de justice — tous les outils de l’État sécuritaire sont déployés pour traquer ceux que le gouvernement considère comme des menaces à la sécurité nationale.

Des citoyens américains arrêtés par erreur

L’un des aspects les plus troublants de cette offensive est la détention de citoyens américains. Le 22 octobre, lors d’une opération dans le quartier de Little Village, connu pour sa vibrante communauté mexicaine, au moins huit personnes ont été appréhendées, dont quatre citoyens américains, selon le conseiller municipal Mike Rodriguez. Ces arrestations révèlent une négligence grave dans les procédures d’identification, ou pire, une indifférence délibérée aux droits constitutionnels des résidents. Le mercredi 23 octobre, lors d’une confrontation particulièrement violente, six citoyens américains protestant contre les actions du département de la Sécurité intérieure ont été détenus, accusés de violence envers les agents. Les images vidéo de l’incident montrent pourtant des manifestants largement pacifiques, agitant des drapeaux et scandant des slogans.

Ces erreurs — si l’on peut les qualifier ainsi — ne sont pas de simples bavures administratives. Elles illustrent une logique de profilage racial et ethnique où toute personne à l’apparence latino-américaine devient suspecte par défaut. Les avocats spécialisés en droits civiques soulignent que ces détentions arbitraires violent le Quatrième Amendement de la Constitution américaine, qui protège contre les perquisitions et saisies abusives. Mais dans le climat actuel, les protections constitutionnelles semblent être des obstacles à contourner plutôt que des principes à respecter. Le gouverneur de l’Illinois, J.B. Pritzker, a qualifié le déploiement de la Garde nationale par Trump d’« inconstitutionnel », mais ses protestations n’ont pas ralenti la machine fédérale.

Le scandale du chef de la patrouille frontalière

Un nouvel élément explosif est venu s’ajouter à cette saga : le chef de la patrouille frontalière, Gregory Bovino, est maintenant au cœur d’une plainte fédérale pour usage abusif de gaz lacrymogènes. Une image largement diffusée semble montrer Bovino lançant personnellement une bonbonne de gaz lacrymogène dans une foule de manifestants lors d’un rassemblement anti-ICE au Little Village Discount Mall le jeudi 23 octobre. Selon la plainte déposée par des avocats des droits civiques, Bovino aurait agi « sans justification », en violation directe d’une ordonnance judiciaire interdisant l’usage d’armes anti-émeutes sauf en cas de menace imminente et exigeant des avertissements préalables avant tout déploiement de gaz.

Le département de la Sécurité intérieure a rapidement défendu ses agents, affirmant qu’un groupe d’environ 75 à 100 personnes avait commencé à tirer des feux d’artifice de type artillerie commerciale sur les agents et à lancer des pierres. Selon le DHS, Bovino aurait été frappé à la tête, justifiant ainsi l’usage de munitions chimiques. « Les agents ont correctement utilisé leur formation. L’usage de munitions chimiques a été effectué en pleine conformité avec les politiques du CBP et était nécessaire pour assurer la sécurité des forces de l’ordre et du public, » a déclaré le département dans un communiqué. Mais les témoins sur place, dont le manifestant Kristian Armendariz, racontent une histoire différente : « Les agents fédéraux ont commencé à agir de manière agressive, repoussant les manifestants… Encore une fois, c’étaient tous des manifestants pacifiques. » Qui dit la vérité ? La juge fédérale Sara Ellis a ordonné à Bovino de témoigner en personne mardi prochain lors d’une audience de suivi, doublant le temps initialement prévu pour son interrogatoire à cinq heures — un signe que le tribunal prend ces allégations très au sérieux.

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