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Une forteresse flottante de 13 milliards de dollars

Pour comprendre la magnitude de cette menace, il faut saisir ce qu’est réellement l’USS Gerald R. Ford. Ce n’est pas simplement un porte-avions. C’est une ville flottante de guerre, un symbole vivant de la domination militaire américaine, une démonstration technologique qui n’a aucun équivalent dans le monde. Mis en service en juillet 2017 après plus d’une décennie de développement et un investissement dépassant les 13 milliards de dollars, le Ford représente la pointe de lance de la puissance navale du 21e siècle. Long de 333 mètres — plus de trois terrains de football placés bout à bout — avec un pont d’envol de 78 mètres de large, il déplace 100 000 tonnes à pleine charge. Propulsé par deux réacteurs nucléaires de nouvelle génération A1B qui lui confèrent une autonomie pratiquement illimitée et une vitesse dépassant les 30 nœuds (environ 56 km/h), ce colosse peut atteindre n’importe quel point du globe sans jamais avoir besoin de ravitaillement en carburant pendant ses 50 ans de durée de vie opérationnelle.

Mais c’est son arsenal embarqué qui le rend vraiment terrifiant. Le Ford transporte jusqu’à 90 aéronefs — un mélange mortel de chasseurs-bombardiers F/A-18E/F Super Hornet capables de frapper des cibles à des centaines de kilomètres, de chasseurs furtifs F-35C Lightning II de cinquième génération invisibles aux radars ennemis, d’avions de guerre électronique EA-18G Growler qui peuvent paralyser les systèmes de communication et de défense aérienne adverses, d’avions d’alerte précoce E-2D Hawkeye qui surveillent l’espace aérien sur 550 kilomètres à la ronde, d’hélicoptères anti-sous-marins SH-60 Seahawk, et bientôt de drones de combat autonomes. Cette flotte aérienne embarquée est plus puissante que l’armée de l’air entière de la plupart des nations. Le Ford peut lancer 160 sorties aériennes par jour en opérations soutenues, et monter en puissance jusqu’à 270 sorties quotidiennes en cas de besoin — grâce à son système révolutionnaire de catapultage électromagnétique (EMALS) qui remplace les anciennes catapultes à vapeur et permet de projeter un avion de 20 tonnes de zéro à 250 km/h en deux secondes.

Un équipage de 4 500 marins et une technologie d’avant-garde

Malgré sa taille colossale, le Ford opère avec un équipage remarquablement réduit de 4 500 personnes — environ 500 à 900 de moins qu’un porte-avions de classe Nimitz — grâce à des niveaux d’automatisation sans précédent. Des systèmes robotisés gèrent le réapprovisionnement en munitions et en carburant des avions. Des ascenseurs électromagnétiques ultra-rapides déplacent les aéronefs entre les ponts d’envol et les hangars en quelques secondes. Des radars multifonction de nouvelle génération — le AN/SPY-3 en bande X et le AN/SPY-6 en bande S — offrent une capacité de détection et de poursuite simultanée de centaines de cibles aériennes, navales et missiles à des distances dépassant les 500 kilomètres. Les systèmes de défense rapprochée incluent des missiles surface-air RIM-162 Evolved Sea Sparrow, des lanceurs de missiles Rolling Airframe (RAM) et des canons automatiques Phalanx CIWS capables d’abattre des missiles de croisière et des drones à quelques centaines de mètres du navire.

Mais le véritable génie du Ford réside dans sa capacité de génération électrique. Ses deux réacteurs nucléaires A1B produisent une puissance électrique 25 % supérieure aux réacteurs des porte-avions précédents — environ 700 mégawatts, assez pour alimenter une ville de 100 000 habitants. Cette énergie massive alimente non seulement les systèmes de propulsion et les catapultes électromagnétiques, mais elle permettra également l’intégration future d’armes à énergie dirigée — lasers de haute puissance et canons électromagnétiques (railguns) — qui pourront détruire des missiles, des drones et des petits navires à des coûts dérisoires par rapport aux munitions conventionnelles. Le Ford n’est pas simplement une plateforme militaire actuelle. C’est une plateforme conçue pour dominer les mers pendant un demi-siècle, évoluant constamment avec les technologies émergentes. Et maintenant, ce léviathan technologique se dirige vers le Venezuela. Pas pour défendre la démocratie. Pas pour protéger les droits humains. Pour servir les objectifs politiques domestiques de Donald Trump qui veut montrer qu’il est « dur avec la drogue » avant les prochaines élections.

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