Vingt défaites sur vingt-deux depuis 1938
Les données historiques sont impitoyables. Brookings établit qu’au cours des 22 dernières élections de mi-mandat depuis 1938, le parti du président a perdu du terrain lors de 20 d’entre elles. Les deux seules exceptions reflètent des circonstances extraordinaires qui ne prévalent manifestement pas aujourd’hui. En 2002, les attaques terroristes du 11 septembre 2001 avaient propulsé l’approbation de George W. Bush à 63 % le jour du scrutin, créant une vague patriotique qui a défié les tendances historiques. En 1998, les républicains avaient tenté en vain de destituer Bill Clinton malgré un taux d’approbation présidentiel de 66 %, provoquant une réaction de sympathie envers le président démocrate. Aucune de ces conditions ne s’applique à Trump en 2025. Il n’a pas bénéficié d’un événement unificateur tragique, et ses taux d’approbation sont catastrophiquement bas, non pas élevés. L’analogie historique la plus pertinente pour Trump n’est pas 2002 ou 1998, mais plutôt 2010 quand Obama a perdu 63 sièges à la Chambre, ou 2018 quand Trump lui-même a perdu 41 sièges lors de son premier mandat.
Le taux d’approbation catastrophique de Trump
Le taux d’approbation présidentiel possède un pouvoir prédictif puissant sur les résultats des mi-mandats. Brookings constate que « au cours des trois dernières décennies, chaque fois que l’approbation nette du président était négative un an avant une élection de mi-mandat, le parti présidentiel a perdu du terrain à la Chambre ». Trump se trouve actuellement dans une position désastreuse : une moyenne non pondérée de sondages récents place son approbation à 45,8 % contre 50,9 % de désapprobation, soit un solde net de -5,1. Une moyenne pondérée tenant compte de la récence et de la qualité des sondages trouve 44,3 % d’approbation contre 52,2 % de désapprobation, un solde net de -7,9. Plus alarmant encore pour les républicains, la position de Trump est particulièrement faible parmi les groupes qui s’étaient déplacés vers lui lors de l’élection présidentielle — seulement 28 % d’approbation parmi les Hispaniques et les indépendants, et 29 % parmi les jeunes adultes de 18 à 29 ans. Ces chiffres présagent une hémorragie électorale en novembre 2026.
La marge républicaine trop mince pour survivre
Brookings souligne une réalité mathématique brutale : les républicains détiennent seulement 220 sièges à la Chambre, deux de plus que le minimum de 218 requis pour la majorité. Cela signifie que les démocrates n’ont besoin de gagner que trois sièges nets pour reprendre le contrôle — un nombre dérisoire selon les standards historiques. L’analyse granulaire siège par siège révèle que 29 sièges républicains sont « en danger à un certain niveau », comparé à 40 pour les démocrates. Mais l’analyse de Brookings des 37 sièges remportés par moins de cinq points en 2024 montre que les démocrates en détiennent 22 contre seulement 15 pour les républicains. Des 32 sièges remportés par une marge de 5 à 9,99 points, les démocrates en tiennent 24 contre huit pour les républicains. Cette distribution des sièges vulnérables favorise massivement les démocrates. Brookings prédit qu’un basculement de 6,5 points vers les démocrates dans le vote national à la Chambre produirait un gain démocrate d’environ 19 sièges et une majorité de 33 (234-201). Même si les républicains gagnent cinq sièges nets grâce au gerrymandering au Texas, un gain démocrate de 14 sièges leur donnerait quand même une majorité de 23 sièges.
Les responsables qui fuiront en premier
Pam Bondi, procureure générale compromise
Pam Bondi, l’actuelle procureure générale des États-Unis, figure en tête de liste d’Easley pour une raison évidente : elle a politisé le Département de la Justice d’une manière sans précédent même pour les standards trumpistes. Ancienne procureure générale de Floride de 2011 à 2019, Bondi a une longue histoire de loyauté personnelle envers Trump plutôt qu’envers les institutions démocratiques. Pendant le premier mandat de Trump, elle a défendu publiquement le président lors de son premier procès en destitution. Maintenant qu’elle contrôle l’appareil fédéral de poursuites pénales, Bondi a orienté les ressources du Département vers la persécution des ennemis politiques de Trump tout en protégeant ses alliés. Cette instrumentalisation de la justice — transformer le DOJ en arme politique personnelle du président — constitue précisément le type d’abus de pouvoir qu’un Congrès démocrate voudrait investiguer en profondeur. Bondi le sait, et elle sait également qu’elle ne peut invoquer le privilège exécutif si elle a déjà démissionné et redevenu citoyenne privée.
Kash Patel, le nettoyeur du renseignement
Kash Patel, directeur du FBI nommé par Trump après avoir limogé le titulaire précédent, représente un autre candidat hautement probable pour une fuite préventive. Patel, ancien conseiller de Devin Nunes et loyaliste trumpiste de la première heure, a passé les neuf derniers mois à purger le FBI de tout agent perçu comme insuffisamment loyal envers Trump. Des centaines d’agents expérimentés ont été réassignés, mis à la retraite anticipée ou simplement licenciés pour des raisons politiques. Patel a également réorienté les ressources du Bureau loin des enquêtes sur l’extrémisme de droite — la menace terroriste domestique numéro un selon les propres évaluations du FBI — vers des investigations ciblant les activistes progressistes, les organisations pro-immigration et même certains médias critiques de Trump. Cette politisation du renseignement national compromet la sécurité américaine et viole fondamentalement le mandat statutaire du FBI. Un Congrès démocrate voudra comprendre exactement qui Patel a ciblé, pourquoi, et sur ordre de qui. Plutôt que de répondre sous serment, Patel disparaîtra probablement dans le secteur privé lucratif qui attend toujours les anciens responsables du renseignement.
Les autres rats prêts à abandonner le navire
Easley mentionne spécifiquement Bondi et Patel, mais la liste des responsables potentiellement vulnérables est beaucoup plus longue. Stephen Miller, l’architecte de la politique d’immigration brutale de Trump, a supervisé des déportations de masse qui ont séparé des familles, détenu des enfants dans des conditions déplorables et peut-être même commis ce que certains juristes internationaux considèrent comme des crimes contre l’humanité. Karoline Leavitt, l’attachée de presse de la Maison Blanche, a systématiquement menti au public américain sur des questions allant de l’économie à la politique étrangère, créant un dossier documenté de désinformation officielle. Les responsables du Department of Homeland Security qui ont exécuté les politiques de séparation familiale les plus extrêmes craindront les témoignages des victimes devant des comités démocrates. Les conseillers économiques qui ont promu les tarifs désastreux maintenant responsables de l’inflation galopante ne voudront pas expliquer leurs modèles économiques manifestement frauduleux devant un Congrès hostile. La fuite sera collective, synchronisée, une débandade bureaucratique sans précédent.
Le pouvoir dévastateur des subpoenas démocrates
Les comités d’enquête comme armes politiques
Un Congrès contrôlé par les démocrates posséderait un arsenal d’outils pour investiguer l’administration Trump. Le House Committee on Oversight and Accountability, le House Judiciary Committee, le House Intelligence Committee — tous ces comités puissants passeraient sous contrôle démocrate, avec des présidents démocrates déterminés à obtenir des réponses. Ces comités peuvent émettre des assignations à comparaître obligeant les témoins à témoigner sous serment, produire des documents internes, révéler des communications privées. Refuser de se conformer à une assignation du Congrès constitue un crime fédéral passible d’emprisonnement — comme Steve Bannon et Peter Navarro l’ont découvert lors du premier mandat de Trump. Les responsables actuels qui ont participé à des activités potentiellement illégales ou éthiquement répréhensibles savent qu’ils devront choisir entre mentir sous serment (un autre crime fédéral) ou dire la vérité et s’incriminer eux-mêmes. La seule échappatoire consiste à démissionner avant que les démocrates ne prennent le contrôle en janvier 2027, espérant ainsi échapper à la juridiction des comités.
Le précédent du premier mandat de Trump
L’expérience de 2019-2020, lorsque les démocrates contrôlaient la Chambre pendant les deux dernières années du premier mandat de Trump, illustre exactement ce qui attend les responsables actuels. Le House Intelligence Committee présidé par Adam Schiff a mené des enquêtes dévastatrices sur les liens entre la campagne Trump et la Russie. Le House Judiciary Committee a organisé des auditions explosives sur l’obstruction à la justice et les abus de pouvoir présidentiels. Des dizaines de responsables de l’administration ont été contraints de témoigner, créant un flux constant de révélations embarrassantes et parfois incriminantes. Certains ont refusé de se présenter, défiant les assignations sur instruction de Trump, ce qui a conduit à leur inculpation pour outrage au Congrès. D’autres ont témoigné mais ont menti, se retrouvant plus tard accusés de parjure. Un troisième groupe a coopéré pleinement, révélant des détails dévastateurs sur les dysfonctionnements de l’administration. Tous ces scénarios étaient perdants pour les responsables concernés — leur réputation a été détruite, leurs carrières ruinées, certains ont même fait face à des poursuites pénales.
La différence cruciale avec le deuxième mandat
Mais il y a une différence fondamentale entre 2019-2020 et ce qui attend en 2027-2028 : la gravité des actes commis. Pendant le premier mandat, les abus de Trump étaient limités par son inexpérience, l’opposition interne de républicains traditionalistes comme Jeff Sessions ou Jim Mattis, et sa propre incompétence administrative. Ce second mandat n’a aucune de ces contraintes. Trump a appris de ses erreurs — il n’a nommé que des loyalistes absolus, a purgé toute opposition interne, et exécute son agenda avec une efficacité brutale que le premier mandat n’avait jamais atteinte. Les politiques de déportation sont plus extrêmes, la corruption est plus flagrante, les abus de pouvoir sont plus systématiques. Cela signifie que les responsables actuels ont participé à des actes beaucoup plus répréhensibles que leurs prédécesseurs du premier mandat. Les assignations démocrates de 2027 creuseront beaucoup plus profond, révéleront des scandales beaucoup plus graves, et potentiellement mèneront à des poursuites criminelles beaucoup plus sérieuses. D’où la panique anticipée et les plans de fuite.
Les obstacles structurels à la survie républicaine
Le gerrymandering texan ne suffit pas
Les républicains ont tenté désespérément de sauver leur majorité à la Chambre en manipulant les cartes électorales au Texas. En juillet et août 2025, le gouverneur Greg Abbott a convoqué une session extraordinaire de l’Assemblée d’État pour adopter un nouveau découpage des circonscriptions qui pourrait rapporter cinq sièges républicains supplémentaires. Cette tentative de gerrymandering a provoqué une crise constitutionnelle — environ 50 élus démocrates texans ont fui l’État pour empêcher le quorum nécessaire à l’adoption du plan. Abbott a émis des mandats d’arrestation contre les fugitifs, transformant une dispute électorale en chasse à l’homme dramatique. Finalement, le plan a été adopté après que suffisamment de démocrates soient revenus ou aient été contraints de revenir. Mais Brookings calcule que même si les républicains gagnent cinq sièges nets grâce à ce gerrymandering — et si les démocrates californiens parviennent à contrebalancer avec leur propre redistricting — les démocrates n’auront toujours besoin que de 14 sièges pour reprendre le contrôle, un nombre tout à fait atteignable selon les tendances historiques.
Les électeurs trumpistes ne votent pas sans Trump
Brookings identifie un phénomène électoral crucial qui a déjà frappé les républicains en 2018 et menace de se répéter en 2026 : les partisans de Trump ne se mobilisent pas quand son nom n’apparaît pas sur le bulletin. En 2018, le soutien total aux candidats républicains à la Chambre a chuté de plus de 11,9 millions de voix (19 %) par rapport à son niveau de 2016. Beaucoup de supporters de Trump ne se sont tout simplement pas déplacés pour voter sans lui. En contraste, le total des votes pour les candidats démocrates à la Chambre en 2018 n’a chuté que de 845 000 (moins de 2 %) par rapport à deux ans plus tôt. Le résultat : un gain de 41 sièges pour les démocrates, leur permettant de reprendre le contrôle de la Chambre avec une majorité de 36 sièges. Brookings note qu’« il n’existe aucun précédent moderne d’un écart aussi faible entre la performance d’un parti aux élections présidentielles et de mi-mandat », suggérant que le soutien personnel intense pour Trump était égalé par l’antipathie qu’il suscitait chez les démocrates. Rien n’indique que l’intensité de l’opposition démocrate à Trump a diminué — si quoi que ce soit, elle s’est intensifiée.
Les districts vulnérables républicains sont éduqués et modérés
Brookings présente un profil fascinant des 19 districts républicains les plus vulnérables : un seul est majoritairement rural, et un seul se trouve dans le Sud; la majorité proviennent du Nord-Est, du Mid-Atlantique et du Midwest. La plupart sont proches ou au-dessus des moyennes nationales pour l’éducation universitaire et le revenu des ménages. « Ce ne sont pas les types de districts qui semblent mûrs pour un message national axé sur des questions culturelles divisives », conclut l’analyse. « Une campagne républicaine nationalisée mettant en vedette les appels à la viande rouge auxquels la base Maga répond pourrait se retourner gravement contre eux dans les districts pivots que le parti doit remporter pour conserver sa majorité à la Chambre ». Autrement dit, les districts que les républicains doivent absolument gagner pour survivre sont précisément ceux où le trumpisme pur et dur est le plus repoussant. C’est un cercle vicieux électoral sans issue — abandonner Trump aliène la base, mais embrasser Trump repousse les modérés dans les districts décisifs.
L'économie trumpiste s'effondre au pire moment
Les tarifs provoquent une inflation galopante
L’analyse de Brookings souligne que Trump obtient des notes catastrophiques sur tous les enjeux sauf la sécurité frontalière — et même là, son soutien s’affaiblit. Sur les questions que le public considère comme les plus importantes — l’inflation, l’emploi et l’économie, et les soins de santé — Trump est en grande difficulté. Dans une moyenne de sondages récents, seulement 38 % des Américains approuvent sa gestion de l’inflation, tandis que 59 % désapprouvent. Les tarifs massifs que Trump a imposés sur pratiquement tous les partenaires commerciaux américains — Canada, Mexique, Chine, Union européenne — ont provoqué exactement ce que les économistes avaient prédit : une hausse brutale des prix à la consommation. Les entreprises américaines qui importent des matières premières ou des composants répercutent les coûts tarifaires sur les consommateurs. Les détaillants augmentent leurs prix pour maintenir leurs marges. L’inflation, qui avait finalement commencé à baisser fin 2024, a explosé à nouveau en 2025, atteignant des niveaux que l’administration Biden n’avait jamais connus.
Le chômage monte, les statistiques sont manipulées
Quand le Bureau of Labor Statistics a publié récemment des chiffres montrant une hausse du chômage, Trump a simplement limogé le directeur de l’agence et nommé un nouveau commissaire — que beaucoup craignent de voir falsifier les données pour favoriser la vision économique de Trump. Cette manipulation flagrante des statistiques gouvernementales rappelle les régimes autoritaires où les chiffres économiques officiels deviennent déconnectés de la réalité vécue par les citoyens. Mais contrairement aux dictatures où les médias d’État peuvent maintenir l’illusion, les États-Unis possèdent encore des médias indépendants, des instituts de recherche privés et des universités qui publient leurs propres données économiques. Les Américains savent que l’économie se détériore — ils le voient dans leurs factures d’épicerie, leurs prix à la pompe, leurs coûts de logement. Seulement 26 % évaluent l’état de l’économie comme bon ou excellent, comparé à 71 % qui lui donnent une note passable ou mauvaise. Seulement 24 % pensent que l’économie s’améliore, tandis que 53 % la voient comme se dégradant, et seulement 29 % croient qu’ils seront financièrement mieux dans un an qu’aujourd’hui.
Les déportations de masse créent une pénurie de main-d’œuvre
L’autre catastrophe économique auto-infligée par Trump concerne ses déportations de masse d’immigrants sans papiers. Ces travailleurs, bien qu’en situation irrégulière, occupaient des postes essentiels dans l’agriculture, la construction, l’hôtellerie, les services alimentaires et d’autres secteurs à forte intensité de main-d’œuvre. Leur expulsion soudaine a créé des pénuries de travailleurs catastrophiques qui ont forcé des entreprises à fermer, des récoltes à pourrir dans les champs, des chantiers de construction à s’arrêter. Cette réduction brutale de la main-d’œuvre disponible pousse les salaires à la hausse pour les postes restants — ce qui pourrait sembler positif pour les travailleurs américains, mais crée en réalité une spirale inflationniste supplémentaire alors que les entreprises répercutent ces coûts salariaux plus élevés sur les consommateurs. De plus, les déportations ont dévasté des communautés entières, séparé des familles, traumatisé des enfants — créant une catastrophe humanitaire que même certains républicains modérés trouvent moralement intolérable. Ces images de familles déchirées seront omniprésentes dans les publicités démocrates de 2026.
Le shutdown comme stratégie électorale suicidaire
Quatre semaines sans gouvernement fonctionnel
Au moment où Easley publie son analyse le 26 octobre 2025, le gouvernement fédéral américain entre dans sa quatrième semaine de shutdown — déjà le plus long de l’histoire américaine. Des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux ne sont pas payés. Les services essentiels sont interrompus. Les parcs nationaux sont fermés. Les agences de réglementation ne fonctionnent pas. Le programme SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program) qui nourrit plus de 40 millions d’Américains à faible revenu commencera à manquer de fonds le 1er novembre, créant une crise de la faim potentielle juste avant les élections de mi-mandat. L’administration Trump et les législateurs républicains tentent désespérément de blâmer les démocrates pour cette paralysie, allant jusqu’à envoyer des courriels internes aux agences fédérales et publier des bannières sur les sites gouvernementaux affirmant que « la Gauche a fermé le gouvernement ». Ces tentatives de manipulation violent probablement les lois fédérales sur l’éthique interdisant l’utilisation des ressources gouvernementales à des fins partisanes.
Trump a provoqué le shutdown délibérément
La réalité est que Trump lui-même a orchestré ce shutdown. La Chambre des représentants contrôlée par les républicains avait adopté une Continuing Resolution simple pour financer le gouvernement jusqu’au 21 novembre — exactement le type de mesure temporaire que le Congrès adopte régulièrement pour éviter les fermetures. Mais Trump a exigé que cette résolution inclue également des dispositions sur son mur frontalier, des coupes dans Medicare et Medicaid, et d’autres éléments controversés de son agenda Maga. Les démocrates du Sénat ont refusé d’accepter ce chantage, insistant sur une résolution « propre » sans cavaliers politiques. Trump a alors instruit les sénateurs républicains de bloquer la résolution, provoquant délibérément le shutdown qu’il pourrait ensuite blâmer sur les démocrates. Cette stratégie a fonctionné lors de son premier mandat quand il contrôlait entièrement le narratif médiatique conservateur. Mais en 2025, avec son approbation déjà catastrophiquement basse, le shutdown ne fait qu’aggraver sa position électorale.
Les électeurs blâment toujours le président
L’Histoire enseigne une leçon claire : lors d’un shutdown gouvernemental, les électeurs blâment principalement le président, quel que soit le parti techniquement responsable du blocage législatif. Trump avait lui-même provoqué un shutdown de 35 jours en décembre 2018-janvier 2019 qui avait fait chuter son approbation et contribué à la vague démocrate aux élections de mi-mandat de 2018. Maintenant, il répète exactement la même erreur, mais dans des circonstances encore pires — son approbation est plus basse, l’économie est plus faible, et les élections de mi-mandat approchent rapidement. Chaque jour de shutdown supplémentaire érode davantage son soutien parmi les électeurs indépendants et même certains républicains modérés qui trouvent cette paralysie gouvernementale irresponsable et puérile. Les démocrates n’ont qu’à attendre patiemment que Trump s’autodétruise, ce qu’il fait avec une régularité prévisible.
La préparation démocrate pour 2027
Les listes de témoins sont déjà préparées
Easley note que si les démocrates reprennent le contrôle du Congrès, « le prochain président démocrate devra donner la priorité à la réparation des dommages infligés par Trump à la nation et à notre système de gouvernance ». Mais avant même qu’un nouveau président démocrate prenne ses fonctions en janvier 2029, un Congrès démocrate passera deux années à documer méthodiquement ces dommages. Les comités démocrates de la Chambre préparent déjà leurs listes de témoins, rédigent leurs assignations, collectent des preuves documentaires. Ils ont appris de l’expérience de 2019-2020 — cette fois, ils seront beaucoup plus organisés, agressifs et efficaces. Les enquêtes commenceront littéralement le premier jour de la nouvelle session du Congrès en janvier 2027. Chaque responsable de l’administration Trump sera convoqué, interrogé, ses courriels examinés, ses appels téléphoniques analysés. Ce sera deux années d’humiliation publique constante pour l’administration.
Les poursuites pénales potentielles
Les enquêtes du Congrès ne sont que la première étape. Easley souligne que le prochain président démocrate devra également s’attaquer aux aspects potentiellement criminels de l’administration Trump. Cela pourrait inclure la nomination d’un procureur spécial pour enquêter sur la corruption, les abus de pouvoir, l’obstruction à la justice, et possiblement même des crimes plus graves comme les violations des droits humains liées aux déportations de masse. Les responsables qui fuiront en démissionnant préventivement ne seront pas protégés contre les poursuites pénales — le privilège exécutif ne s’applique pas aux anciens fonctionnaires, et ils ne pourront pas invoquer le Cinquième Amendement indéfiniment sans conséquences sur leur réputation. Certains choisiront peut-être de coopérer avec les enquêteurs, témoignant contre leurs anciens collègues en échange d’immunité ou de peines réduites. D’autres tenteront de défier les assignations et finiront probablement en prison pour outrage. Un troisième groupe fuira littéralement le pays, cherchant refuge dans des nations sans traité d’extradition avec les États-Unis.
La reconstruction institutionnelle après Trump
Mais au-delà des enquêtes et des poursuites, Easley identifie la tâche la plus importante : reconstruire les institutions que Trump a systématiquement détruites. Le Département de la Justice doit être dépolitisé, le FBI reconstruit avec des agents professionnels plutôt que des loyalistes, les agences de renseignement restaurées, les protections des lanceurs d’alerte renforcées, les normes éthiques réaffirmées. Cette reconstruction prendra des années, peut-être une décennie entière. Trump aura laissé derrière lui un gouvernement fédéral fonctionnellement brisé, rempli de milliers de loyalistes trumpistes dans des postes de carrière protégés qu’il sera légalement difficile de licencier. Les démocrates devront naviguer soigneusement entre la nécessité de purger le trumpisme des institutions fédérales et le respect des protections de l’emploi de la fonction publique. Ce sera un défi juridique, politique et administratif d’une complexité sans précédent.
Conclusion
La prédiction de Jason Easley — que des hauts responsables de l’administration Trump fuiront préventivement pour échapper aux assignations démocrates — n’est pas une spéculation sensationnaliste mais une extrapolation logique des données historiques et des tendances actuelles. Brookings Institution confirme que les républicains font face à une probabilité écrasante de perdre le contrôle de la Chambre en novembre 2026, étant donné l’approbation catastrophique de Trump, la minceur de leur majorité actuelle, et les patterns historiques impitoyables qui condamnent le parti présidentiel à des pertes lors des mi-mandats. Vingt défaites sur vingt-deux depuis 1938 — ces statistiques ne mentent pas. Trump détient le pire taux d’approbation présidentiel des cent premiers jours en huit décennies, son économie s’effondre sous le poids de ses tarifs autodestructeurs et de ses déportations désastreuses, et le shutdown gouvernemental qu’il a orchestré ne fait qu’aggraver sa position. Les responsables comme Pam Bondi et Kash Patel qui ont participé aux aspects les plus controversés de cette administration savent exactement ce qui les attend en 2027 — deux années d’enquêtes parlementaires brutales, de témoignages humiliants, et potentiellement de poursuites pénales.
La fuite anticipée de ces responsables révèle une vérité inconfortable : ils savent qu’ils ont commis des actes indéfendables. S’ils croyaient vraiment que leurs actions étaient justifiées, légales et morales, ils resteraient en poste et défendraient fièrement leur bilan devant les comités démocrates. Mais ils ne le feront pas. Ils démissionneront discrètement fin 2026, publieront des déclarations vagues sur leur désir de « passer du temps avec leur famille » ou « explorer de nouvelles opportunités dans le secteur privé », puis disparaîtront de la vie publique aussi rapidement que possible. Certains publieront peut-être des mémoires d’auto-justification dans lesquels ils prétendront avoir été des voix modératrices internes tentant de contraindre les pires impulsions de Trump — un narratif que personne ne croira mais qui leur permettra de prétendre avoir conservé un minimum de dignité. D’autres resteront silencieux, espérant que le public oubliera leur rôle dans cette administration cauchemardesque. Mais les démocrates n’oublieront pas, et les assignations les retrouveront même après leur départ.
L’ironie cruelle de cette situation est que ces responsables ont passé des années à crier que les démocrates étaient obsédés par Trump, que toute investigation était une « chasse aux sorcières », que les comités d’enquête représentaient un « harcèlement politique » injustifié. Maintenant, face à la perspective réelle d’un Congrès démocrate avec le pouvoir d’assignation, ils révèlent par leur fuite anticipée qu’ils avaient quelque chose à cacher depuis le début. Leur panique valide rétrospectivement toutes les accusations démocrates qu’ils avaient rejetées comme partisanes et infondées. Si vous n’avez rien à cacher, pourquoi fuir? Si vos actions étaient légales et éthiques, pourquoi éviter de témoigner sous serment? Ces questions rhétoriques répondront elles-mêmes quand les rats commenceront à abandonner le navire trumpiste fin 2026, confirmant ce que tout le monde savait déjà : cette administration a été fondamentalement corrompue depuis le premier jour, et ceux qui y ont participé le savent parfaitement. L’Histoire jugera sévèrement non seulement Trump, mais aussi tous ceux qui ont choisi de servir sa vision autoritaire de l’Amérique. Et contrairement à ce qu’ils espèrent, démissionner préventivement ne les sauvera ni de la honte historique ni, probablement, des conséquences légales de leurs actes.