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L’accident mortel du 22 octobre sur la I-10

Mardi 22 octobre 2025, vers 14h30, sur l’autoroute Interstate 10 près d’Ontario en Californie du Sud, un carambolage catastrophique impliquant huit véhicules dont quatre semi-remorques a transformé une journée ordinaire en cauchemar absolu. Jashanpreet Singh, un jeune homme de 21 ans originaire d’Inde, conduisait un Freightliner tracteur-remorque lorsqu’il a percuté violemment des véhicules ralentis dans la circulation dense, près de l’échangeur avec l’Interstate 15. Les images de caméras embarquées de témoins, rapidement diffusées sur les réseaux sociaux, montrent le camion fonçant à pleine vitesse sans aucun signe apparent de freinage. L’impact initial a déclenché une réaction en chaîne dévastatrice — les véhicules ont été propulsés les uns contre les autres, certains prenant feu instantanément dans un brasier d’essence et de métal tordu. Trois personnes ont perdu la vie sur place, leurs corps calcinés dans des carcasses de voitures méconnaissables. Quatre autres ont été grièvement blessées, incluant un mécanicien qui travaillait justement sur un pneu en bordure de route au moment de l’accident, happé par la violence du choc. Les autorités de la California Highway Patrol ont bouclé l’autoroute pendant plus de huit heures pour permettre aux enquêteurs d’analyser cette scène d’horreur. Singh lui-même a été blessé dans l’accident mais a survécu — assez pour être arrêté sur place et accusé d’homicide véhiculaire involontaire aggravé et de conduite sous l’influence de stupéfiants. Les tests toxicologiques préliminaires ont apparemment révélé la présence de drogues dans son système, bien que les résultats définitifs n’aient pas encore été rendus publics.

Le passé d’immigration de Jashanpreet Singh

Ce qui aurait pu rester une tragédie locale, un accident parmi tant d’autres sur les autoroutes surpeuplées de Californie, a explosé en crise nationale lorsque les autorités fédérales ont révélé le statut d’immigration de Singh. Selon le département de la Sécurité intérieure, Jashanpreet Singh est entré illégalement aux États-Unis en mars 2022, franchissant la frontière sud quelque part dans le secteur d’El Centro en Californie. Il a été immédiatement intercepté par les agents de la Border Patrol — mais au lieu d’être détenu et expulsé, il a été relâché à l’intérieur du pays sous la politique dite « d’alternatives à la détention », un programme mis en place par l’administration Biden qui permettait aux migrants en attente de leurs audiences d’immigration de circuler librement plutôt que d’être maintenus dans des centres de détention surpeuplés. Singh a donc disparu dans le vaste réseau d’immigrants sans papiers qui travaillent dans l’économie souterraine américaine, finissant par obtenir un permis de conduire commercial délivré par l’État de Californie — une autorisation qui lui permettait légalement de conduire des véhicules pesant jusqu’à 80 000 livres sur les routes publiques. L’agence d’Immigration and Customs Enforcement (ICE) a immédiatement placé un détainer sur Singh après son arrestation, signalant son intention de le prendre en charge dès que la justice californienne en aura terminé avec lui pour le poursuivre pour violations des lois d’immigration et probablement l’expulser. Pour l’administration Trump, ce cas est devenu instantanément un symbole parfait de tout ce qui ne va pas selon eux avec les politiques d’immigration permissives : un immigrant illégal, relâché par l’administration Biden, autorisé à obtenir un permis de conduire commercial par un État progressiste, qui finit par causer la mort de citoyens américains. C’est un narratif politique en or, exploité sans vergogne pour justifier des représailles massives.

L’instrumentalisation politique immédiate

Avant même que les victimes de l’accident aient été enterrées, avant que leurs familles aient eu le temps de commencer leur deuil, l’administration Trump avait déjà transformé cette tragédie en arme politique. Le secrétaire aux Transports Sean Duffy a publié jeudi 24 octobre un rapport accablant accusant la Californie d’avoir « négligemment » délivré un permis de conduire commercial à quelqu’un qui n’aurait jamais dû l’obtenir. Tom Homan, le conseiller à l’immigration de Trump et ancien directeur de l’ICE connu pour sa rhétorique particulièrement agressive contre les immigrants, a immédiatement utilisé le cas Singh pour attaquer le gouverneur Newsom, l’accusant de prioriser la protection des « criminels illégaux » plutôt que la sécurité des Américains. Les médias conservateurs, de Fox News à Breitbart en passant par The Gateway Pundit, ont saturé leurs couvertures avec cette histoire, la présentant comme la preuve définitive que les États progressistes mettent délibérément en danger la vie des citoyens américains par leurs politiques d’immigration laxistes. Les comptes Twitter pro-Trump ont diffusé massivement les images de l’accident, souvent accompagnées de commentaires incendiaires sur « l’invasion » d’immigrants illégaux et la nécessité de « reprendre le contrôle » des frontières et des États rebelles. Cette instrumentalisation cynique ignore commodément plusieurs faits gênants : d’abord, que Singh avait obtenu ses permis de travail en 2018 durant la première administration Trump, selon les autorités californiennes qui contestent vigoureusement la version fédérale ; ensuite, que les accidents mortels impliquant des chauffeurs de camion sont malheureusement fréquents en Californie et dans tout le pays, indépendamment du statut d’immigration des conducteurs ; enfin, que les statistiques montrent que les immigrants, y compris ceux en situation irrégulière, ne commettent pas plus d’infractions routières ou de crimes que les citoyens américains. Mais dans l’univers trumpien, les faits n’ont jamais vraiment compté — seule compte la narration politique qui sert les objectifs du moment.

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