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Les sondages qui font mal

Les chiffres de popularité de Trump s’effondrent. Un sondage Quinnipiac publié récemment montre que seulement 38% des électeurs approuvent sa gestion économique, le taux d’approbation le plus bas depuis février 2017. 57% désapprouvent. C’est un désastre politique en gestation. Et ce n’est pas tout : un sondage NPR/PBS News/Marist révèle que par une marge de 38% contre 27%, les Américains blâmeraient davantage les républicains que les démocrates en cas de shutdown. Trois sur dix accusent les deux partis, mais le message est clair : les républicains portent la responsabilité principale de ce chaos. Trump, qui avait fait de l’économie son cheval de bataille en 2024, se retrouve maintenant piégé par ses propres décisions.

Mais il y a plus troublant encore. Un sondage Reuters/Ipsos montre que plus de la moitié des Américains, y compris environ trois républicains sur dix, pensent que Trump utilise les forces de l’ordre fédérales pour s’en prendre à ses ennemis. Cette perception d’un président autoritaire, combinée à l’incompétence économique perçue, crée un cocktail toxique. Les divisions politiques s’intensifient, neuf mois après le début de son second mandat. Même au sein du Parti républicain, des voix commencent à s’élever, timidement certes, mais elles s’élèvent quand même. Thom Tillis et Don Bacon, deux figures républicaines ayant tenté d’affirmer une certaine indépendance face à Trump, ont annoncé leur retraite. Leur message? Le pragmatisme et la coopération bipartisane ne sont plus les bienvenus dans le parti de Trump.

Le Project 2025, ce poison interne

Comme si les problèmes économiques ne suffisaient pas, Trump s’est mis à parler ouvertement du Project 2025, cette initiative conservatrice controversée développée par la Heritage Foundation. Ce plan de 920 pages propose des expulsions de masse, un retrait des droits reproductifs, et l’élimination du langage sur la diversité et l’inclusion des politiques fédérales. Durant sa campagne, Trump avait tenté de prendre ses distances avec ce projet, trop impopulaire dans les sondages. Mais maintenant qu’il est au pouvoir, il en parle librement, notamment en mettant en avant Russell Vought, directeur de l’Office of Management and Budget, co-auteur du projet.

Maggie Haberman, correspondante de la Maison Blanche pour le New York Times, a rapporté que des législateurs républicains sont « discrètement frustrés » par ces références. Pourquoi? Parce que ça donne des munitions aux démocrates, alors que les républicains essaient de blâmer l’opposition pour le shutdown. « C’était absurde de penser que le président n’avait aucune connaissance du Project 2025 durant la campagne, » a dit Haberman. « Mais maintenant, il en parle ouvertement, et ça complique la narratif. » Les démocrates en profitent pour dénoncer l’agenda extrémiste de Trump. Et les républicains modérés, ceux qui restent, se retrouvent coincés entre leur base MAGA et des électeurs indépendants de plus en plus méfiants. C’est une fracture interne qui ne fait que s’agrandir.

Les retraites qui en disent long

Thom Tillis et Don Bacon ne sont pas les seuls à partir. Ils rejoignent une longue liste de républicains qui ont soit pris leur retraite, soit perdu en primaires après avoir osé s’opposer à Trump. Jeff Flake, Bob Corker, Liz Cheney, Adam Kinzinger… Tous ont payé le prix de leur indépendance. Charlie Dent, ancien représentant républicain centriste, l’a expliqué clairement : « Parce qu’ils ont des opinions divergentes sur certaines questions, ils se sentent indésirables dans la conférence républicaine au sens large. » Le Parti républicain est devenu un monolithe trumpiste, où toute dissidence est étouffée, où toute voix alternative est chassée.

Mais ce triomphe de Trump pourrait bien se transformer en cauchemar électoral. Un parti si entièrement redéfini à son image peut-il continuer à obtenir des majorités à la Chambre et au Sénat? Avec le départ des républicains capables de se distancier du président, le GOP perd sa capacité à séduire les électeurs modérés et indépendants. Les districts swing, ceux qui font basculer les élections, nécessitent des candidats capables de nuances, pas des idéologues purs et durs. Or, le parti de Trump ne produit plus que des clones, des imitateurs, des courtisans. Et les sondages pour les élections de mi-mandat montrent que davantage d’Américains prévoient de voter démocrate que républicain. Les républicains n’ont qu’une avance de sept sièges à la Chambre. Ça peut basculer très vite.

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