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Mercredi 28 octobre 2025, lors d’une conférence de presse à Pékin, Peng Qing’en a frappé fort. « Nous ne renoncerons absolument pas à l’usage de la force », a-t-il martelé, ajoutant que la Chine se réservait le droit de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour ramener Taiwan sous son contrôle. Cette posture tranche brutalement avec les articles publiés la même semaine par l’agence de presse Xinhua, qui dessinaient un avenir post-réunification presque idyllique, promettant de respecter le mode de vie taiwanais et son système social. Mais la réalité vient de rappeler tout le monde à l’ordre : Beijing n’a jamais renoncé à cette option militaire. Jamais. La politique chinoise, c’est le bâton et la carotte—et aujourd’hui, le bâton est sorti du placard, bien visible, menaçant. La formule « un pays, deux systèmes », celle-là même qui a été appliquée à Hong Kong avec les résultats que l’on connaît, revient sur la table comme solution fondamentale. Pékin veut créer un espace pour une réunification pacifique, certes, mais cet espace est délimité par des frontières militaires qui se rapprochent chaque jour un peu plus de Taiwan. Les intentions chinoises ne laissent plus place au doute : soit Taiwan se soumet volontairement, soit elle sera prise de force.

Un contexte de tensions militaires explosives

Les mots de Peng Qing’en ne sortent pas de nulle part. Depuis le début de 2025, la pression militaire chinoise sur Taiwan s’est intensifiée de manière spectaculaire. En mars et avril, l’Armée populaire de libération a lancé des exercices massifs baptisés « Tonnerre dans le détroit-2025A », mobilisant des forces terrestres, navales et aériennes pour simuler un blocus complet de l’île. Le porte-avions Shandong lui-même a été déployé, conduisant des exercices de coordination navire-avion et testant des frappes sur des cibles terrestres et maritimes. Le ministère de la Défense taiwanais a détecté 27 avions chinois, 21 navires de guerre et 10 bateaux de gardes-côtes en seulement 24 heures. Puis les exercices ont recommencé en juillet avec les manœuvres « Han Kuang », où Taiwan a mobilisé un nombre record de 22 000 réservistes pour simuler la défense de l’île. Chaque mois apporte son lot d’incursions chinoises dans l’espace aérien et les eaux territoriales taiwanaises. Chaque mois, les sirènes d’alerte hurlent un peu plus fort. La machine de guerre chinoise ne s’arrête jamais. Elle teste, elle améliore, elle perfectionne ses capacités d’attaque surprise. Un rapport du ministère de la Défense taiwanais publié le 9 octobre 2025 avertit que la Chine peaufine ses aptitudes à lancer une offensive éclair, tout en déployant des outils d’intelligence artificielle pour compromettre la cybersécurité de l’île et identifier les vulnérabilités dans ses infrastructures critiques.

Le piège de la guerre hybride

Mais la menace ne se limite pas aux bombardiers et aux destroyers. Beijing mène une guerre hybride sophistiquée, une campagne d’usure psychologique destinée à affaiblir Taiwan de l’intérieur avant même qu’un seul coup de feu ne soit tiré. La Chine utilise des tactiques de « zone grise », des opérations non-combattantes comme les patrouilles de gardes-côtes et les incursions répétées, pour maintenir une pression constante sur l’île. L’objectif est clair : saper la confiance du public taiwanais envers son propre gouvernement, éroder le soutien aux dépenses de défense, créer un climat de fatalisme et de résignation. Les médias d’État chinois diffusent en boucle des messages de propagande promettant que la réunification sera indolore, que les Taiwanais conserveront leurs libertés, que tout ira bien. Mensonges, évidemment. Hong Kong a déjà montré ce qu’il advient des promesses de Beijing. Les cyberattaques se multiplient, ciblant les infrastructures énergétiques, les réseaux de communication, les systèmes financiers. L’intelligence artificielle est utilisée pour scanner chaque faille, chaque point faible dans les défenses taiwanaises. C’est une guerre invisible, silencieuse, mais mortelle dans ses conséquences. Taiwan se retrouve assiégée non seulement militairement, mais aussi informationnellement, économiquement, diplomatiquement. Le nœud coulant se resserre, comme l’a si bien dit Wu Qian, porte-parole de l’armée chinoise, dans une déclaration en mars 2025 : « Plus les séparatistes deviendront envahissants, plus le nœud coulant autour de leur cou se resserrera et plus l’épée au-dessus de leur tête sera tranchante. »

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