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L’ordre du 4 octobre 2025

Tout a commencé par un mémorandum signé le 4 octobre 2025, dans lequel Donald Trump dénonçait les « groupes violents » qui, selon lui, cherchaient à entraver l’application de la loi fédérale par des démonstrations violentes, de l’intimidation et du sabotage d’opérations fédérales. Le président affirmait alors que « les forces régulières des États-Unis ne sont pas suffisantes pour garantir que les lois des États-Unis soient fidèlement exécutées, y compris à Chicago ». Sur cette base, il annonçait la mobilisation d’au moins 300 membres de la Garde nationale de l’Illinois, et même 200 gardes nationaux supplémentaires en provenance du Texas pour renforcer le dispositif. Cette décision explosive intervenait dans le contexte de l’opération « Midway Blitz », une campagne d’arrestations massives d’immigrants en situation irrégulière qui, depuis début septembre, transforme certains quartiers de Chicago en zones de tension extrême.

Une rhétorique de guerre civile

Le langage employé par Trump dans son mémorandum n’est pas anodin : il parle de « groupes violents », d' »entraves à l’application de la loi », de « sabotage » — des termes qui évoquent davantage une insurrection qu’une opposition politique légitime. Cette rhétorique martiale vise à construire une narratif justifiant l’intervention militaire, transformant des manifestations citoyennes en menaces à la sécurité nationale. Le président présente Chicago comme une ville hors de contrôle, où les autorités locales auraient perdu la maîtrise de la situation et où seule l’armée fédérale pourrait rétablir l’ordre. Pourtant, les statistiques criminelles de Chicago pour 2025 ne montrent aucune augmentation significative de la violence liée aux manifestations anti-ICE. La menace serait-elle fabriquée ? C’est précisément ce que suggèrent les juges fédéraux qui ont bloqué le déploiement, estimant que l’administration n’a fourni « aucune preuve crédible » d’une situation d’urgence réelle.

La mobilisation d’États multiples

L’aspect le plus troublant du mémorandum présidentiel concerne peut-être la mobilisation de gardes nationaux du Texas pour intervenir en Illinois. Traditionnellement, la Garde nationale d’un État opère sous l’autorité de son gouverneur et intervient sur son propre territoire. En fédéralisant des unités du Texas pour les déployer à Chicago, Trump franchit une ligne symbolique importante : il transforme la Garde nationale en force d’intervention nationale, détachée des autorités locales et entièrement soumise au commandement présidentiel. Ce précédent pourrait avoir des conséquences considérables : demain, des soldats de Floride pourraient être envoyés à New York, des gardes de l’Alabama à Seattle, créant ainsi une armée fédérale de fait capable d’intervenir partout sans l’accord des gouverneurs. C’est précisément ce scénario cauchemardesque que les fondateurs des États-Unis avaient cherché à éviter en établissant un système fédéral où les États conservent une large autonomie.

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