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Susan Collins et son épingle canadienne

Dans les couloirs du Capitole, Susan Collins arbore fièrement deux épingles sur son revers : le drapeau américain et celui du Canada. Ce geste symbolique en dit long sur sa position. La sénatrice du Maine n’a pas caché son opposition frontale aux tarifs imposés au voisin du nord, qualifiant la décision de « gigantesque erreur » qui risque de provoquer des perturbations économiques majeures dans les deux pays. Pour Collins, cette politique tarifaire menace directement les industries vitales de son État—la pêche au homard, la production de pâte à papier, les pommes de terre et les bleuets. Elle martèle un principe fondamental que l’administration Trump semble avoir oublié : il faut distinguer les alliés des adversaires, ne pas les traiter de la même manière. Son vote n’est pas une trahison mais un acte de lucidité, une défense acharnée des intérêts de ses électeurs qui subissent de plein fouet les conséquences d’une guerre commerciale absurde.

Mitch McConnell brise le silence

L’ancien leader républicain du Sénat, Mitch McConnell, a choisi ce moment crucial pour sortir de sa réserve habituelle. Dans une déclaration cinglante, il affirme que les tarifs douaniers rendent à la fois la construction et l’achat de biens plus coûteux en Amérique. McConnell invoque l’histoire économique pour rappeler que les guerres commerciales causent invariablement des dommages, et qu’aucune « lecture louche de Reagan » ne pourra révéler le contraire. Pour le sénateur du Kentucky, les enjeux sont personnels : les agriculteurs et distillateurs de son État souffrent des tarifs de rétorsion imposés par le Canada. Sur le parquet du Sénat, il a échangé un poing levé avec Rand Paul, son collègue du Kentucky, avant que les applaudissements n’éclatent à l’annonce du résultat du vote. Ce geste de camaraderie politique souligne une conviction partagée : avec tant d’enjeux géopolitiques en jeu, la dernière chose dont l’Amérique a besoin est de se battre contre ses propres alliés au lieu de s’unir contre les pratiques commerciales prédatrices de la Chine.

Rand Paul : le croisé constitutionnel

Rand Paul n’a jamais caché son opposition viscérale aux tarifs douaniers, qu’il considère comme une taxe déguisée sur les consommateurs américains plutôt qu’une punition infligée aux pays étrangers. Co-parrain de la résolution introduite par le démocrate Tim Kaine, Paul défend une position de principe : les pouvoirs d’urgence utilisés par Trump pour imposer ces tarifs violent l’esprit de la Constitution, qui stipule que les taxes doivent provenir de la Chambre des représentants. Pour ce libertarien convaincu, le vote du 29 octobre envoie un message clair à la Maison-Blanche—le règne par décret d’urgence n’est pas conforme à l’intention des pères fondateurs. Paul refuse de plier même face aux pressions intenses du vice-président Vance, qui avait tenté de rallier les républicains lors d’un déjeuner organisé la veille du vote. Cette résistance illustre une tension fondamentale au sein du parti : entre ceux qui prônent la loyauté absolue au président et ceux qui défendent les principes constitutionnels au-dessus de toute considération partisane.

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