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Une exigence sans précédent au Pentagone

Le général Mark Hertling dénonce avec une véhémence rare les accords de non-divulgation que Pete Hegseth tente d’imposer aux commandants militaires servant au Commandement Sud. Ces documents, selon l’analyse percutante de Hertling, n’ont absolument aucune place dans le gouvernement américain—ils appartiennent aux salles de conseil d’entreprises privées cherchant à protéger des secrets commerciaux, pas aux tentes de commandement militaire où se prennent des décisions qui affectent la sécurité nationale et la vie de milliers de personnes. Dans son article du 28 octobre, il explique avec une clarté chirurgicale que les militaires américains ne servent pas des individus ou des administrations politiques temporaires, ils servent uniquement la Constitution et la nation. Ils ne dissimulent pas la vérité à la supervision parlementaire constitutionnellement mandatée, ils protègent la vérité contre l’exploitation par des ennemis étrangers.

Il existe une différence fondamentale—une ligne sacrée et infranchissable—entre le secret qui sauve des vies de soldats et de citoyens et le secret basé sur une loyauté mal placée envers un leader politique ou une administration spécifique. Le système américain a été conçu précisément avec l’intention délibérée de distinguer ces deux types de confidentialité radicalement différents. Les lois fédérales existantes régissant les informations classifiées sont amplement suffisantes pour protéger efficacement les secrets nationaux légitimes—demander aux officiers de signer des accords supplémentaires redondants est profondément inapproprié et constitutionnellement suspect. Hertling insiste sur un point capital qui devrait faire trembler tout Washington : s’il était commandant en poste aujourd’hui, il refuserait catégoriquement de signer un tel accord.

L’érosion de la confiance entre civils et militaires

Ce qui se joue actuellement dans les couloirs du Pentagone dépasse infiniment la question technique des accords de confidentialité. Il s’agit d’une érosion systématique, méthodique, presque chirurgicale de la confiance mutuelle qui a toujours existé entre le leadership civil démocratiquement élu et l’institution militaire professionnelle aux États-Unis. Cette confiance fragile mais essentielle repose sur plusieurs piliers sacrés construits patiemment sur plus de deux siècles. Une fois cette confiance brisée—une fois que les dirigeants politiques utilisent cyniquement les outils du secret non pas pour sécuriser la nation mais pour faire taire la dissidence interne et empêcher la supervision légitime—elle ne peut être restaurée par aucun nombre de signatures forcées sur un formulaire légal.

Hertling avertit avec la gravité profonde d’un homme qui a vu des démocraties vaciller dangereusement que les accords de non-divulgation substituent brutalement la peur légale et les menaces de poursuites judiciaires à la confiance professionnelle mutuelle. L’histoire récente fournit des exemples troublants de cette érosion. À la fin de 2020 et au début de 2021, Trump a tenté de faire en sorte que l’armée procède à un recomptage des bulletins de vote dans les États pivots—une demande qui aurait transformé l’armée en arbitre politique. Il a été bloqué par son propre procureur général Bill Barr et l’état-major interarmées qui ont rappelé qu’ils avaient prêté serment à la Constitution, pas à Trump personnellement. Mais aujourd’hui en octobre 2025, il existe un scepticisme généralisé quant à savoir si les hauts gradés actuels résisteraient de la même manière.

Le choix impossible des officiers

Cette position courageuse de Hertling expose l’ancien général à des critiques virulentes, mais elle établit un précédent vital pour d’autres officiers confrontés au même dilemme éthique. Des commandants en poste reçoivent ces documents actuellement et doivent décider maintenant—aujourd’hui, cette semaine—s’ils vont compromettre leur intégrité ou risquer leur carrière. L’entraînement militaire enseigne explicitement que les officiers ont le devoir de désobéir aux ordres illégaux. Mais déterminer ce qui constitue un ordre illégal dans des situations politiquement chargées n’est jamais simple. Un officier qui refuse risque une cour martiale, la fin de sa carrière. Un officier qui obéit à un ordre qu’il considère comme inconstitutionnel trahit son serment. C’est un choix impossible que personne ne devrait affronter dans une démocratie.

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