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Un segment de fox news déclenche une crise diplomatique

Selon les sources de CNN, le segment visionné par Trump sur Fox News documentait les violences perpétrées par des groupes islamistes radicaux—notamment Boko Haram et des factions affiliées à l’État islamique—contre les populations chrétiennes du nord du Nigéria. Ces violences sont réelles, documentées, tragiques. Depuis des années, des églises sont incendiées, des villages chrétiens attaqués, des milliers de personnes déplacées ou massacrées. Mais—et c’est un « mais » crucial—ces violences s’inscrivent dans un contexte infiniment plus complexe que ce que Fox News a présenté. Le Nigéria est divisé grossièrement entre un nord majoritairement musulman et un sud majoritairement chrétien, mais cette division religieuse se superpose à des tensions ethniques ancestrales, à des conflits entre agriculteurs et éleveurs nomades pour l’accès à des ressources naturelles de plus en plus rares, et à une faillite sécuritaire de l’État nigérian incapable de protéger ses citoyens—musulmans ou chrétiens. En réalité, Boko Haram et les groupes jihadistes similaires ont fait plus de victimes musulmanes que chrétiennes, selon les experts et même selon Massad Boulos, conseiller de Trump pour les affaires arabes et africaines, qui a déclaré le mois dernier aux médias nigérians : « Des gens de toutes religions et de toutes tribus meurent, et c’est très malheureux. Nous savons même que Boko Haram et l’État islamique tuent plus de musulmans que de chrétiens. » Mais Fox News, fidèle à sa ligne éditoriale simplificatrice et alarmiste, a choisi de présenter la situation comme un génocide chrétien orchestré par des islamistes, avec la complicité passive du gouvernement nigérian.

De la rage présidentielle à l’ordre militaire en 60 minutes

Trump, selon les sources, a été « immédiatement enragé » par ce qu’il a vu. Il a demandé à son équipe de lui fournir davantage d’informations sur la situation. Puis, à peine Air Force One avait-il touché le tarmac de West Palm Beach que le président, encore dans The Beast, a commencé à publier sur Truth Social. « Le christianisme fait face à une menace existentielle au Nigéria. Des milliers de chrétiens sont en train d’être massacrés. Les islamistes radicaux sont responsables de ce massacre de masse », a-t-il écrit, annonçant qu’il désignait le Nigéria comme « Pays particulièrement préoccupant » en vertu de la loi internationale sur la liberté religieuse. Une désignation que Trump avait déjà imposée durant son premier mandat en 2020, et que Biden avait annulée. Mais Trump ne s’est pas arrêté là. Tout au long du week-end, il a continué à escalader sa rhétorique, publiant des messages de plus en plus agressifs. Samedi, il a ordonné au secrétaire à la Défense Pete Hegseth de « préparer une action possible », ajoutant qu’il avertirait le Nigéria que les États-Unis entreraient « les armes à la main » pour protéger les chrétiens. « Si nous attaquons, ce sera rapide, vicieux et radical, exactement comme les voyous terroristes attaquent nos chers chrétiens », a-t-il écrit, dans un style qui oscille entre le tweet enragé et la déclaration de guerre. Le dimanche, à bord d’Air Force One, interrogé par des journalistes sur la possibilité d’envoyer des troupes américaines ou de lancer des frappes aériennes au Nigéria, Trump a répondu : « Ça se pourrait. J’envisage beaucoup de choses. Ils tuent un nombre record de chrétiens au Nigéria. » Tout ça… en l’espace de 60 heures. À cause d’un segment de télévision.

Le pentagone pris de court et rappelé en urgence

Cette improvisation présidentielle a plongé le Pentagone dans le chaos. Selon CNN, le personnel de l’US Africa Command (AFRICOM)—le commandement militaire américain responsable des opérations sur le continent africain, basé en Allemagne—a été brusquement rappelé au quartier général durant le week-end pour des réunions d’urgence. « Le message a laissé beaucoup de gens se demander ce que le président voulait que l’armée fasse », ont confié deux sources au sein de l’AFRICOM à CNN. Un petit groupe de personnel a été mobilisé pour discuter des « options d’action possibles ». Le Pentagone, dans une déclaration laconique, a confirmé qu’il était en train d’élaborer « divers plans de contingence »—ce qui est, certes, l’une des fonctions principales de l’armée, mais qui prend généralement des semaines ou des mois de préparation stratégique, pas quelques heures après qu’un président ait regardé un reportage télévisé. Une des sources a décrit une « frustration plus large » au sein de l’armée face à la manière dont les décisions politiques potentielles sont relayées via les réseaux sociaux, « avec peu de planification préalable ». En d’autres termes : le président des États-Unis utilise Twitter—pardon, Truth Social—comme outil de commandement militaire, court-circuitant les processus stratégiques normaux, semant la confusion parmi ses propres généraux, et créant des situations où l’armée la plus puissante du monde se retrouve à improviser une potentielle invasion d’un pays souverain parce que le commandant en chef a eu une réaction émotionnelle devant sa télévision.

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