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Un visa révoqué dans l’ombre

Ce qui rend l’arrestation de Sami Hamdi particulièrement sinistre, c’est le calendrier et la méthode employés. Selon l’International Federation of Journalists (IFJ) et selon les témoignages de sa femme, la visa de Hamdi a été révoquée le 24 octobre 2025—deux jours avant son arrivée aux États-Unis. Mais Hamdi n’a jamais été informé. Il s’est présenté à l’aéroport de San Francisco le 26 octobre comme prévu, sans savoir qu’il était maintenant techniquement un visiteur non autorisé. Pire encore, sa révocation de visa n’a pas été une décision normale basée sur un examen des protocoles d’immigration. Selon plusieurs sources d’investigation, y compris des rapports du New Arab et de Press TV, la révocation a suivi une campagne massive des réseaux sociaux menée par Laura Loomer—une militante d’extrême droite avec des liens étroits avec l’administration Trump. Loomer, qui compte plusieurs millions de followers sur X (anciennement Twitter), a lancé une série de posts accusant Hamdi d’être un « jihadiste pro-Hamas ». Elle a fourni des « preuves »—extraits de discours, citations hors contexte, associations supposées—que des organisations comme RAIR (un groupe d’extrême droite classé comme groupe de haine par la Southern Poverty Law Center) ont utilisées pour justifier sa désignation comme « menace terroriste ». Et en quelques heures, la machine gouvernementale s’est mise en branle.

L’interception à l’aéroport

Le 26 octobre, à l’aéroport de San Francisco, Hamdi a été interpellé par des agents de l’ICE avant même qu’il ne puisse quitter la zone de transit du terminal. Il n’y a pas eu d’avertissement formel. Pas d’explication claire. Juste l’apparition d’agents, la demande de suivre, et puis—l’emprisonnement. Selon les déclarations de Soumaya Hamdi aux médias, son mari n’avait aucune idée qu’il serait arrêté. Il pensait qu’il était en route pour honorer ses engagements de conférences, y compris une présentation prévue au gala de Floride du Council on American-Islamic Relations (CAIR) le jour même de son arrestation. Au place, il s’est retrouvé enfermé dans une cellule. L’Administration de la Sécurité intérieure (qui supervise l’ICE) a justifié son arrestation en affirmant que Hamdi « soutient le terrorisme et minait activement la sécurité des Américains ». Mais aucune accusation formelle n’a jamais été portée. Aucun acte d’accusation. Aucune preuve présentée devant un tribunal. Il y a juste eu cette allégation nue, basée sur les posts d’une militante d’extrême droite et les sources d’organisations classées comme groupes de haine. Et cela a suffi pour emprisonner un journaliste britannique.

Rétroaction politique et réponse gouvernementale

Ce qui est révélateur dans cette affaire, c’est la rapidité avec laquelle l’administration fédérale a agi. En moins de 48 heures après que Loomer ait lancé sa campagne de dénigrement en ligne, le gouvernement américain avait révoqué le visa de Hamdi. En moins de 72 heures, il était enfermé. Cela suggère une coordination directe entre les militantes d’extrême droite avec accès aux réseaux sociaux et les agences gouvernementales. Ou du moins, une telle proximité idéologique que la distinction entre l’agenda de Loomer et l’agenda de Trump devient presque sans importance. Tricia McLaughlin, une porte-parole du Département de la Sécurité intérieure, a publié une déclaration justifiant l’arrestation : « Sous le président Trump, ceux qui soutiennent le terrorisme et minentent la sécurité nationale américaine n’auront pas la permission de travailler ou de visiter ce pays. C’est du bon sens. » Notez le langage : pas « ceux qui commettent des actes terroristes », mais « ceux qui soutiennent le terrorisme »—une définition si large et si vague qu’elle pourrait s’appliquer à presque n’importe qui, tant qu’un groupe de haine affirme qu’il le fait. Et en se basant sur des affirmations d’un groupe classé comme groupe de haine par la Southern Poverty Law Center, le gouvernement fédéral a emprisonné un citoyen britannique pour ses opinions. C’est un précédent terrifiant.

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