Obsession présidentielle pour le Nobel
Depuis le début de son second mandat en janvier 2025, Donald Trump est obsédé par le prix Nobel de la paix. Il en parle constamment. Il affirme publiquement qu’il le mérite. Il cite régulièrement ses accords de paix—notamment le cessez-le-feu à Gaza qu’il a négocié en septembre—comme preuve irréfutable de sa légitimité. Il a même obtenu des nominations officielles de la part de Benjamin Netanyahu, du Pakistan, de l’Azerbaïdjan, du Rwanda et du Cambodge. Trump s’est convaincu que ce prix lui revenait de droit, qu’il était le pacificateur du monde moderne, l’homme qui mettait fin aux guerres que ses prédécesseurs avaient laissées pourrir. Cette conviction n’est pas nouvelle: déjà lors de son premier mandat, Trump avait exprimé sa frustration de ne pas avoir reçu le Nobel malgré ses rencontres avec Kim Jong-un et ses «accords historiques» au Moyen-Orient. Mais cette fois, avec un cessez-le-feu à Gaza approuvé quelques jours avant l’annonce du Nobel 2025, Trump était certain de gagner. Il avait déjà préparé son discours de remerciement, selon des sources proches de la Maison-Blanche.
Le 10 octobre: annonce du Nobel et effondrement
Le 10 octobre 2025, le Comité Nobel norvégien a annoncé que le prix Nobel de la paix était attribué à María Corina Machado, leader de l’opposition vénézuélienne, «l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civil en Amérique latine de ces derniers temps». Trump n’était même pas mentionné. Pas une allusion, pas une considération, rien. Le silence était assourdissant. La réaction de la Maison-Blanche a été immédiate et virulente. Steven Cheung, directeur de la communication, a publié un communiqué déclarant: «Le Comité Nobel a prouvé qu’il place la politique avant la paix. Le président Trump continuera à faire des accords de paix, à mettre fin aux guerres, et à sauver des vies. Il a le coeur d’un humanitaire, et il n’y aura jamais personne comme lui capable de déplacer des montagnes par la seule force de sa volonté.» Richard Grenell, envoyé de Trump pour le Venezuela, est allé encore plus loin, déclarant que «le prix Nobel est mort depuis des années». Trump lui-même, fait rare, n’a rien tweeté immédiatement—un silence qui en disait long sur sa blessure narcissique profonde.
Pourquoi Trump n’avait aucune chance
Les experts en relations internationales et les spécialistes du Nobel ont été unanimes: Trump n’avait aucune chance de gagner. Nina Graeger, directrice de l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo, a expliqué que le testament d’Alfred Nobel stipule que le prix doit être attribué à «celui qui a accompli le plus ou le mieux pour la fraternité entre les nations». Trump, avec son mépris pour les organisations internationales, son retrait des accords de Paris sur le climat, son langage agressif envers les alliés et ennemis, et son approche transactionnelle de la diplomatie, ne correspondait tout simplement pas aux critères. De plus, le Comité Nobel privilégie généralement la durabilité de la paix, le travail patient d’institutions qui renforcent la fraternité internationale, et les efforts discrets plutôt que les spectacles médiatiques. Le cessez-le-feu à Gaza, bien qu’important, n’avait que quelques semaines d’existence au moment de l’annonce—trop récent, trop fragile pour justifier un Nobel. Mais Trump, incapable de comprendre ces nuances, a vécu ce rejet comme une trahison personnelle, une injustice cosmique orchestrée par des élites européennes qui le haïssaient.
Gianni Infantino: l'ami fidèle qui invente un prix
Une relation de plus en plus étroite
Gianni Infantino, président de la FIFA depuis 2016, a construit une relation extraordinairement proche avec Donald Trump au cours des dernières années. Les deux hommes se sont rencontrés régulièrement, Infantino assistant à des événements présidentiels, Trump soutenant publiquement la FIFA et la Coupe du monde 2026 qui se tiendra aux États-Unis, au Canada et au Mexique. En juillet 2025, la FIFA a ouvert un bureau dans la Trump Tower à Manhattan—un geste symbolique fort. En octobre, Infantino a accompagné Trump en Égypte lors de la signature du cessez-le-feu à Gaza, une présence remarquée qui a suscité des interrogations sur les motivations du président de la FIFA. Infantino a également offert à Trump le trophée de la Coupe du monde des clubs de la FIFA avant même la finale, laissant les vainqueurs, Chelsea, avec seulement une réplique à soulever. Plus récemment, Ivanka Trump a été nommée au conseil d’administration d’un projet éducatif de 100 millions de dollars financé en partie par les ventes de billets de la Coupe du monde 2026—un lien supplémentaire entre les deux empires.
L’annonce du FIFA Peace Prize
Le 5 novembre 2025, quelques heures avant de monter sur scène avec Trump au America Business Forum de Miami, Infantino a publié un communiqué annonçant la création du FIFA Peace Prize—Football Unites the World. Ce prix, présenté comme une reconnaissance annuelle pour «des individus qui ont contribué à unir les peuples du monde entier dans l’harmonie», sera remis pour la première fois le 5 décembre lors du tirage au sort de la Coupe du monde au Kennedy Center à Washington. «Dans un monde qui devient de plus en plus instable et fragmenté, il est essentiel de reconnaître les efforts remarquables de ceux qui se consacrent à résoudre les conflits et à favoriser l’unité dans la paix», a déclaré Infantino. Le communiqué précise que le prix honorera «des actions remarquables et exceptionnelles pour la paix». Infantino présentera lui-même le prix cette année «au nom des fans du monde entier». Le timing est suspect: trois semaines après le rejet du Nobel, quelques heures avant de partager une scène avec Trump, quelques semaines avant un événement à Washington où Trump sera présent. Coïncidence? Personne ne le croit.
«Vous verrez le 5 décembre»
Lorsque les journalistes ont demandé à Infantino si Trump serait le premier récipiendaire du FIFA Peace Prize, il a refusé de répondre directement. «Le 5 décembre, vous le découvrirez», a-t-il dit avec un sourire énigmatique lors de son discours à Miami. Mais plus tôt dans la journée, il avait été élogieux au sujet de Trump: «J’ai la chance d’avoir une grande amitié avec le président Trump, que je considère comme un ami très proche. Il a été extrêmement utile dans tout ce que nous faisons pour la Coupe du monde. Son énergie incroyable est quelque chose que j’admire vraiment. Il agit. Il fait ce qu’il dit. Il exprime ce qu’il croit, exprimant souvent des sentiments que beaucoup partagent mais pourraient hésiter à articuler. C’est une partie de son succès.» Ces paroles, prononcées quelques heures après l’annonce du prix, ne laissent aucun doute sur l’identité du probable récipiendaire. Infantino a créé ce prix pour Trump. C’est un cadeau, une consolation, un arrangement entre amis puissants qui se rendent des services mutuels.
Réactions: entre moquerie et indignation
Internet explose de sarcasme
Dès l’annonce du FIFA Peace Prize, les réseaux sociaux ont explosé de moqueries. Sur X (anciennement Twitter), les commentateurs politiques et les utilisateurs ordinaires ont immédiatement fait le lien entre le rejet du Nobel et la création du prix FIFA. «Ce perdant se donne à lui-même un faux prix Nobel de la paix au Kennedy Center le 5 décembre. Je ne peux pas», a tweeté un utilisateur. «A-t-il vraiment créé un prix pour Trump?» a demandé le journaliste Adam Crafton. «Je ne peux absolument pas imaginer pour qui ce prix aurait pu être inventé», a écrit sarcastiquement un autre commentateur. Les memes ont inondé les plateformes: des images de Trump avec des médailles en chocolat, des comparaisons avec des enfants qui inventent leurs propres trophées après avoir perdu une compétition, des montages d’Infantino comme un courtisan offrant des cadeaux à un roi capricieux. L’humiliation était totale, amplifiée par le fait que tout le monde voyait à travers la manoeuvre.
Critiques du monde footballistique
Au sein du monde du football, la réaction a été plus mesurée mais néanmoins critique. Plusieurs commentateurs sportifs ont exprimé leur malaise face à la politisation croissante de la FIFA sous Infantino. «La FIFA devrait se concentrer sur le football, pas sur la diplomatie présidentielle», a déclaré un analyste britannique. D’autres ont souligné que ce prix décrédibilisait l’institution footballistique, la transformant en un outil de relations publiques pour des leaders politiques controversés. Des joueurs et entraîneurs ont gardé le silence—probablement par prudence, sachant qu’Infantino contrôle le calendrier des compétitions et peut rendre la vie difficile à ceux qui le critiquent publiquement. Mais le silence lui-même était éloquent: personne dans le monde du football ne voulait être associé à cette mascarade, cette fabrication d’un prix pour flatter Trump.
Défenseurs de Trump célèbrent
Du côté des supporters de Trump, la réaction a été prévisible: célébration et victoire. Les comptes pro-Trump ont immédiatement tweeté que le président recevrait «le vrai prix de la paix», que le Nobel était «mort depuis longtemps», que la FIFA était «plus légitime» que le Comité Nobel norvégien. Certains ont affirmé que ce prix prouvait que le monde entier reconnaissait les efforts de Trump pour la paix, même si les «élites européennes gauchistes» refusaient de le faire. Cette rhétorique, aussi déconnectée de la réalité soit-elle, a trouvé un écho auprès de la base MAGA, toujours prête à interpréter n’importe quel événement comme une confirmation de la grandeur de Trump. La Maison-Blanche, interrogée sur le FIFA Peace Prize, n’a pas immédiatement commenté—un silence tactique qui laissait entendre qu’ils attendaient de voir comment l’opinion publique réagirait avant de se positionner officiellement.
La relation trouble entre FIFA et Trump
Un bureau dans la Trump Tower
En juillet 2025, la FIFA a ouvert un bureau permanent dans la Trump Tower à Manhattan. Ce choix d’emplacement n’était pas neutre: la Trump Tower est le symbole personnel de Trump, son fief new-yorkais, l’endroit où il a construit sa légende d’homme d’affaires. Installer la FIFA dans ce bâtiment créait un lien symbolique puissant entre les deux organisations. Infantino a justifié cette décision en affirmant que New York était un hub international stratégique pour la FIFA, particulièrement en vue de la Coupe du monde 2026. Mais les critiques ont immédiatement souligné que New York compte des milliers d’immeubles de bureaux—pourquoi précisément la Trump Tower, si ce n’est pour renforcer les liens avec le président? Cette installation a été interprétée comme un hommage, une déclaration de loyauté d’Infantino envers Trump, et possiblement un arrangement financier bénéfique pour les deux parties.
Ivanka au conseil d’un projet FIFA
Plus récemment, Ivanka Trump a été nommée au conseil d’administration d’un projet éducatif de 100 millions de dollars financé en partie par les ventes de billets de la Coupe du monde 2026. Ce projet, présenté comme une initiative philanthropique visant à promouvoir l’éducation par le football, a immédiatement soulevé des questions éthiques. Pourquoi Ivanka Trump, qui n’a aucune expérience particulière dans le football ou l’éducation sportive, a-t-elle été choisie pour ce poste? La réponse évidente: parce qu’elle est la fille du président, et que cela renforce les liens entre la FIFA et la famille Trump. Des observateurs ont dénoncé cette nomination comme du népotisme pur, une façon pour Infantino de continuer à cultiver sa relation avec Trump en offrant des positions lucratives et prestigieuses à sa famille. La FIFA a défendu ce choix en affirmant qu’Ivanka apportait une «perspective unique» au projet—une justification que personne n’a prise au sérieux.
Infantino présent à la signature du cessez-le-feu à Gaza
En octobre 2025, lorsque Trump s’est rendu en Égypte pour la signature du cessez-le-feu à Gaza, Gianni Infantino était à ses côtés. Sa présence a stupéfié les observateurs: que faisait le président de la FIFA à un sommet diplomatique sur le Moyen-Orient? Quel rôle jouait-il dans ces négociations? La réponse semblait être: aucun. Infantino était là comme un ami, comme un supporter, comme un témoin de la «grandeur» de Trump. Cette apparition a été largement critiquée comme une instrumentalisation du football à des fins politiques, une confusion des rôles qui décrédibilisait à la fois la FIFA et le processus de paix. Mais pour Infantino, cette présence aux côtés de Trump lors d’un «moment historique» renforçait sa stature personnelle et consolidait son alliance avec le président américain—une alliance qui, comme on le voit maintenant avec le FIFA Peace Prize, était destinée à produire des bénéfices mutuels.
Précédents historiques de prix fabriqués
Les prix autoproclamés dans l’histoire
L’histoire politique est remplie d’exemples de leaders qui se sont fabriqué des prix et des honneurs pour compenser leur manque de reconnaissance légitime. En Union soviétique, Leonid Brejnev s’est auto-attribué quatre fois l’Ordre de Lénine, la plus haute distinction du pays. En Corée du Nord, Kim Jong-il a reçu des dizaines de «prix internationaux» décernés par des organisations satellites contrôlées par le régime. Saddam Hussein en Irak, Mouammar Kadhafi en Libye, et d’innombrables dictateurs à travers le monde ont créé des systèmes de récompenses fictifs pour légitimer leur pouvoir. Ces prix, bien qu’officiellement reconnus dans leurs pays, étaient universellement moqués à l’international comme des pantomimes, des faux-semblants grotesques qui révélaient l’insécurité profonde de ces leaders. Trump n’est pas un dictateur, mais le FIFA Peace Prize s’inscrit dans cette tradition de prix fabriqués pour flatter des ego blessés—sauf que cette fois, c’est une organisation internationale majeure qui se prête au jeu.
La différence avec le Nobel
Le prix Nobel de la paix, établi en 1901, tire sa légitimité de son histoire, de son indépendance, et de la rigueur de son processus de sélection. Le Comité Nobel norvégien est composé de cinq membres nommés par le parlement norvégien, et il opère de manière totalement indépendante de toute pression gouvernementale ou économique. Les nominations restent confidentielles pendant 50 ans. Le processus d’évaluation est long, méticuleux, basé sur des critères clairs énoncés dans le testament d’Alfred Nobel. Les lauréats—des figures comme Martin Luther King Jr., Nelson Mandela, Malala Yousafzai, le Dalaï-Lama—sont reconnus mondialement pour leur contribution authentique à la paix. Le FIFA Peace Prize, en comparaison, n’a aucune de ces caractéristiques: pas d’histoire, pas de processus transparent, pas de comité indépendant, pas de critères publics. C’est un prix inventé en novembre 2025, annoncé par un homme seul, destiné à être remis un mois plus tard à un récipiendaire mystérieux que tout le monde devine déjà. C’est une imitation bon marché du Nobel, une copie sans substance.
Risque de dévaluation des prix légitimes
L’existence du FIFA Peace Prize pose un problème plus large: elle contribue à la dévaluation de tous les prix de la paix. Si n’importe quelle organisation peut inventer son propre prix et le distribuer à ses amis politiques, alors tous les prix perdent de leur signification. Comment distinguer un prix légitime, mérité, d’un prix fabriqué pour des raisons politiques? Pour le grand public, la différence peut sembler floue—surtout si la FIFA, avec son milliard de téléspectateurs, réussit à donner au FIFA Peace Prize une visibilité comparable au Nobel. C’est exactement ce que Trump et Infantino espèrent: créer une équivalence dans l’esprit des gens, faire croire que recevoir le FIFA Peace Prize vaut autant que le Nobel. Et si cette stratégie fonctionne, cela ouvrira la porte à d’innombrables autres organisations qui créeront leurs propres prix pour des motifs similaires. La notion même de reconnaissance méritée sera diluée jusqu’à ne plus rien signifier.
Impact sur la crédibilité de la FIFA
Une organisation déjà entachée de scandales
La FIFA n’est pas étrangère aux controverses. En 2015, une vaste enquête du FBI a révélé des décennies de corruption au sein de l’organisation, menant à l’arrestation de plusieurs hauts responsables et à la démission du président Sepp Blatter. Depuis lors, la FIFA a tenté de nettoyer son image, de restaurer sa crédibilité, de montrer qu’elle pouvait être transparente et éthique. Infantino, élu en 2016 sur une plateforme de réforme, avait promis de tourner la page des scandales. Mais son mandat a été marqué par des accusations récurrentes de conflits d’intérêts, de népotisme, et de décisions opaques—notamment l’attribution controversée de la Coupe du monde 2022 au Qatar, un pays critiqué pour ses violations des droits humains et l’exploitation des travailleurs migrants. La création du FIFA Peace Prize pour Trump ne fait qu’aggraver cette perception de corruption et de compromission avec les pouvoirs politiques.
Réactions des fédérations nationales
Plusieurs fédérations nationales de football, particulièrement en Europe, ont exprimé en privé leur malaise face à la politisation croissante de la FIFA sous Infantino. Des responsables de fédérations européennes ont déclaré à des journalistes, sous couvert d’anonymat, qu’ils trouvaient le FIFA Peace Prize «embarrassant» et «contre-productif». Ils craignent que cette initiative ne discrédite davantage la FIFA aux yeux du public mondial, et qu’elle ne renforce l’image d’Infantino comme un leader autoritaire et opportuniste plutôt que comme un réformateur. Mais publiquement, ces fédérations restent silencieuses—Infantino contrôle les financements, les calendriers de compétition, et peut punir ceux qui le défient ouvertement. Cette peur généralisée au sein de la FIFA empêche toute opposition organisée, permettant à Infantino de continuer à instrumentaliser l’organisation pour ses propres fins.
Conséquences à long terme pour le football
À long terme, la politisation de la FIFA pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour le football mondial. Si les fans, les joueurs, et les fédérations perdent confiance en l’intégrité de l’organisation centrale qui gouverne le sport, cela pourrait mener à des fractures, des scissions, voire la création d’organisations rivales. Des ligues et fédérations puissantes pourraient décider de quitter la FIFA et de créer leurs propres structures de gouvernance, fragmentant ainsi le football mondial. Cette menace n’est pas purement théorique: en 2021, douze clubs européens avaient tenté de créer une «Super League» indépendante de la FIFA et de l’UEFA, un projet qui a échoué face à la pression publique mais qui a révélé les tensions sous-jacentes. Si Infantino continue à utiliser la FIFA comme un outil de pouvoir personnel plutôt que comme une institution au service du football, il risque de provoquer une crise existentielle dont le sport mettra des décennies à se remettre.
Le 5 décembre: un événement sous haute surveillance
Le tirage au sort de la Coupe du monde
Le 5 décembre 2025, au Kennedy Center de Washington, aura lieu le tirage au sort de la Coupe du monde 2026. Cet événement, regardé par environ un milliard de téléspectateurs selon les estimations de la FIFA, déterminera les groupes de la compétition qui se tiendra aux États-Unis, au Canada et au Mexique à l’été 2026. C’est un moment majeur dans le calendrier footballistique, attendu par les fans du monde entier. Trump, en tant que président du pays hôte, sera évidemment présent. Infantino présidera la cérémonie. Et quelque part pendant l’événement—probablement au début, pour maximiser la visibilité—Infantino remettra le premier FIFA Peace Prize. Le timing est calculé pour garantir une audience massive, pour donner au prix une légitimité apparente par association avec un événement footballistique majeur. C’est une mise en scène soigneusement orchestrée pour transformer un prix fabriqué en un moment historique.
Spéculations sur le récipiendaire
Bien qu’Infantino refuse de confirmer officiellement que Trump sera le premier récipiendaire, toutes les preuves pointent dans cette direction. Le timing—trois semaines après le rejet du Nobel. Le lieu—Washington, capitale des États-Unis. La présence garantie de Trump à l’événement. Les éloges constants d’Infantino envers Trump dans les jours précédant l’annonce. La relation étroite entre les deux hommes. Tous ces éléments rendent pratiquement certain que Trump recevra ce prix. Certains observateurs ont spéculé que la FIFA pourrait tenter un double jeu—annoncer un autre récipiendaire pour éviter l’accusation de favoritisme, tout en donnant à Trump une «reconnaissance spéciale» ou un «prix honorifique». D’autres pensent qu’Infantino pourrait choisir un récipiendaire consensuel pour la première année, puis donner le prix à Trump en 2026. Mais la plupart des analystes estiment que Trump recevra le prix le 5 décembre—parce que c’était précisément la raison pour laquelle ce prix a été créé.
Réactions attendues et controverses prévisibles
Si Trump reçoit effectivement le FIFA Peace Prize le 5 décembre, les réactions seront explosives. Les supporters de Trump célébreront, les médias conservateurs parleront d’une «reconnaissance mondiale bien méritée», et la Maison-Blanche publiera probablement un communiqué triomphal. Mais les critiques seront tout aussi virulentes: accusations de corruption, de fabrication de prix, de dégradation de la notion même de paix. Des manifestations sont déjà planifiées à Washington pour le jour du tirage au sort, des groupes de défense des droits humains ayant annoncé qu’ils protesteraient contre la «farse» du FIFA Peace Prize. Les médias internationaux disséqueront chaque aspect de la cérémonie, analysant le langage corporel de Trump, les paroles d’Infantino, les réactions du public. Ce qui devrait être une célébration du football deviendra un cirque politique, un spectacle grotesque qui éclipsera complètement le tirage au sort lui-même. Et c’est exactement ce qui risque de se passer quand on mélange sport et politique de cette manière.
Conclusion
L’histoire du FIFA Peace Prize restera comme l’un des moments les plus grotesques de la politique contemporaine—un exemple parfait de ce qui se passe quand le narcissisme présidentiel rencontre l’opportunisme institutionnel. Gianni Infantino, président de la FIFA et ami proche de Donald Trump, a inventé un prix de la paix trois semaines après que Trump ait été snobé par le Comité Nobel norvégien. Ce prix, annoncé avec un timing suspect et destiné à être remis à Washington lors d’un événement où Trump sera présent, est si évidemment fabriqué pour le président américain que même ses propres supporters ont du mal à prétendre le contraire. C’est une pantomime, une mise en scène, une consolation offerte à un homme incapable d’accepter qu’il ne mérite pas le vrai prix Nobel de la paix. Trump, obsédé depuis des années par cette reconnaissance qu’il estime lui revenir de droit, a été profondément blessé par le rejet du 10 octobre. La Maison-Blanche a accusé le Comité Nobel de placer la politique avant la paix—une accusation riche venant d’une administration qui transforme chaque aspect de la gouvernance en guerre politique. Mais plutôt que d’accepter ce rejet avec dignité, Trump a trouvé en Infantino un allié prêt à lui offrir un substitut, un prix fabriqué qui ressemble vaguement au Nobel mais n’en a aucune de la légitimité. Cette histoire révèle quelque chose de profondément troublant sur l’état actuel des institutions internationales. La FIFA, déjà entachée de scandales de corruption, se transforme sous Infantino en un outil de relations publiques présidentielles. Le football mondial, ce sport qui devrait transcender la politique et unir les peuples, est instrumentalisé pour flatter l’ego d’un leader politique controversé. Les fédérations nationales, les joueurs, les fans—tous sont impuissants face à cette dérive, forcés de regarder pendant que leur sport est détourné pour des objectifs qui n’ont rien à voir avec le jeu lui-même. Le 5 décembre 2025, au Kennedy Center de Washington, devant un milliard de téléspectateurs, nous saurons officiellement qui recevra le premier FIFA Peace Prize. Mais en réalité, nous le savons déjà. Ce sera Trump. Ce ne peut être que Trump. Parce que c’était toute la raison de créer ce prix dès le départ. Et quand Infantino remettra cette récompense inventée à son ami le président, sous les applaudissements d’une foule soigneusement sélectionnée, ce sera un moment de honte pour le football mondial, pour la notion même de paix, et pour toutes les institutions qui prétendent récompenser le mérite plutôt que le pouvoir. L’ironie ultime, c’est que ce prix censé honorer la paix ne fera que diviser davantage. Il divisera ceux qui voient à travers la manipulation et ceux qui veulent désespérément y croire. Il divisera le monde du football entre ceux qui acceptent cette politisation et ceux qui la rejettent. Il divisera encore plus profondément l’Amérique entre les adorateurs de Trump et ses détracteurs. Un prix de la paix qui crée plus de division que d’unité—c’est exactement le genre de contradiction absurde qui définit notre époque. Trump n’aura pas son Nobel. Il ne le méritera jamais, peu importe combien de cessez-le-feu fragiles il négocie, peu importe combien de leaders étrangers il presse de le nominer. Le Comité Nobel a vu clair dans son jeu, a reconnu que la paix véritable exige plus que des spectacles médiatiques et des accords transactionnels. Mais Trump aura son prix FIFA, ce ersatz pathétique inventé par un ami opportuniste. Il pourra l’afficher dans son bureau, tweeter à son sujet, le mentionner dans ses discours. Ses supporters pourront prétendre que c’est équivalent au Nobel, que seule la jalousie européenne explique pourquoi il n’a pas le «vrai». Et pendant ce temps, le reste du monde regardera, horrifié ou amusé, pendant que le président des États-Unis et le président de la FIFA transforment le concept de prix de la paix en une blague, en une transaction cynique entre deux hommes puissants qui se rendent des services mutuels. C’est ça, l’Amérique de Trump en 2025: un pays où même la paix peut être achetée, fabriquée, arrangée entre amis. Où les institutions internationales se plient aux caprices présidentiels. Où la différence entre ce qui est mérité et ce qui est inventé s’estompe jusqu’à disparaître. Le 5 décembre ne sera pas une célébration de la paix—ce sera une célébration du pouvoir, du narcissisme, de la capacité à créer sa propre réalité quand la vraie refuse de coopérer. Et Gianni Infantino, l’homme qui a rendu tout cela possible, restera dans l’histoire comme celui qui a vendu l’intégrité du football mondial pour une amitié présidentielle. Bravo. Quelle réussite. Quel héritage.