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John Brennan: le directeur de la CIA devenu ennemi public

John Brennan dirigeait la CIA durant ces mois cruciaux de 2016-2017, supervisent l’évaluation qui conclurait que la Russie avait mené une campagne d’ingérence sophistiquée pour favoriser Trump. Depuis, il est devenu l’une des bêtes noires préférées du président. Trump l’a accusé publiquement de trahison, a révoqué son habilitation de sécurité en 2018 durant son premier mandat, et a régulièrement appelé à son arrestation et à sa poursuite judiciaire. Brennan, de son côté, n’a jamais mâché ses mots: il a qualifié Trump de « danger pour la sécurité nationale », a dénoncé sa complaisance envers la Russie, a mis en garde contre son autoritarisme croissant. Cette confrontation publique entre un ancien directeur de la CIA et un président en exercice était déjà extraordinaire. Mais maintenant, Trump franchit une ligne que même ses prédécesseurs les plus vindicatifs n’avaient jamais osé traverser: il utilise le grand jury fédéral pour enquêter sur les décisions d’un directeur de la CIA prises dans l’exercice de ses fonctions officielles. Quelles accusations pourraient être retenues? Personne ne le sait encore avec certitude, mais les termes employés par Tulsi Gabbard — actuelle directrice du Renseignement national et instigatrice supposée de cette enquête — parlent de « fabrication et politisation du renseignement ».

Strzok et Page: le couple maudit du FBI

Peter Strzok et Lisa Page sont devenus les visages de ce que la droite américaine appelle le « Deep State » conspirant contre Trump. Strzok était un agent de contre-espionnage senior du FBI, Page était avocate au sein du Bureau. Ils ont tous deux participé à l’enquête initiale Crossfire Hurricane sur les liens entre la campagne Trump et la Russie. Ils ont également eu une liaison extraconjugale durant laquelle ils ont échangé des messages privés extrêmement critiques de Trump — des textos qui ont été découverts lors d’une enquête de l’inspecteur général et rendus publics, provoquant un scandale massif. Trump et ses alliés ont immédiatement instrumentalisé ces messages comme preuve d’un complot biaisé au sein du FBI. Strzok a été licencié en 2018, Page a démissionné la même année. Tous deux ont poursuivi le gouvernement pour violations de leur vie privée, obtenant des règlements financiers. Mais pour Trump, ça ne suffisait pas. Il les veut devant un tribunal, sous serment, forcés de répondre à des questions sur leurs actions, leurs motivations, leurs communications. Le fait que leurs messages personnels — aussi inappropriés soient-ils — ne prouvent aucunement une quelconque manipulation illégale de l’enquête n’a aucune importance. Dans l’univers trumpiste, ils sont coupables par association, par biais présumé, par leur simple participation à une investigation qui embarrassait le futur président.

James Clapper: l’ancien patron du renseignement dans la ligne de mire

James Clapper occupait le poste de directeur du Renseignement national sous Obama, supervisant l’ensemble des 17 agences de renseignement américaines. C’est sous son autorité qu’a été produite en janvier 2017 l’évaluation de la communauté du renseignement — ce document qui affirmait avec un haut degré de confiance que la Russie avait interféré dans l’élection et que Vladimir Poutine avait personnellement ordonné cette campagne d’influence pour favoriser Trump et nuire à Hillary Clinton. Ce rapport, déclassifié et rendu public quelques jours avant l’investiture de Trump, a été un moment fondateur dans le débat sur l’ingérence russe. Pour les uns, c’était une évaluation factuelle basée sur des preuves solides. Pour les autres — incluant Trump — c’était une manipulation politique conçue pour délégitimer sa victoire électorale. Clapper, comme Brennan, est devenu une voix publique critique de Trump après avoir quitté ses fonctions, multipliant les interventions médiatiques pour mettre en garde contre les dangers représentés par le président. Et maintenant, il se retrouve lui aussi visé par une citation à comparaître d’un grand jury qui cherche à démontrer… quoi exactement? Que l’évaluation de 2017 était frauduleuse? Que la communauté du renseignement a conspiré pour inventer des preuves d’ingérence russe? Les implications d’une telle accusation, si elle était prouvée, seraient absolument dévastatrices pour la crédibilité des institutions américaines. Mais si elle échoue — comme le suggèrent fortement tous les rapports précédents, y compris celui du procureur spécial John Durham nommé par Trump lui-même — l’enquête ne sera qu’un exercice d’intimidation politique.

 

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