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Les chiffres sont implacables et dévastateurs pour Donald Trump. Selon l’agrégateur RealClearPolitics, son taux d’approbation net a atteint -7,9 points de pourcentage début novembre 2025, le plus bas de son second mandat. Le sondage Emerson College, réalisé les 3 et 4 novembre, montre que seulement 41% des Américains approuvent le travail de Trump, tandis que 49% le désapprouvent — une inversion complète par rapport à janvier où il jouissait d’un taux d’approbation de 49% contre 41% de désapprobation. En seulement neuf mois, Trump a perdu 8 points d’approbation et gagné 8 points de désapprobation, une trajectoire catastrophique pour n’importe quel président. Le sondage YouGov/Economist est encore plus brutal : il montre un taux d’approbation de seulement 39%, le plus bas depuis son retour en fonction, avec 58% de désapprobation, soit un taux net de -19 points. Même Rasmussen Reports, un institut de sondage souvent perçu comme favorable aux Républicains, confirme la tendance avec un taux d’approbation net de -8 points, le plus faible depuis janvier. Nate Silver, dans son analyse publiée sur Substack le 9 novembre, a souligné que le taux de « désapprobation forte » de Trump avait atteint un sommet de 45% pour son second mandat, indiquant que non seulement les gens désapprouvent Trump, mais ils le font avec intensité.

Ce qui est peut-être encore plus alarmant pour Trump, c’est que sa base électorale elle-même commence à montrer des signes de fatigue. Le sondage YouGov/Economist révèle que seulement 84% de ceux qui ont voté pour Trump en 2024 approuvent son travail présidentiel, contre 14% qui désapprouvent. Un taux d’approbation de 84% parmi ses propres électeurs peut sembler élevé, mais c’est une érosion significative — dans des circonstances normales, un président devrait avoir plus de 90% d’approbation parmi ceux qui l’ont élu. Cette fissure dans sa base est particulièrement troublante pour Trump, dont toute la stratégie politique repose sur la mobilisation fanatique de ses partisans. Si même eux commencent à douter, les fondations de son pouvoir politique s’effritent. Le titre de l’article de l’Independent capturait parfaitement cette dynamique : « Même les partisans de Trump commencent à se retourner contre lui alors que son taux d’approbation dégringole chez les Républicains ». Les experts attribuent cette chute à plusieurs facteurs convergents : la fermeture gouvernementale interminable, les politiques tarifaires qui ont provoqué une hausse des prix pour les consommateurs, les scandales de corruption impliquant des membres de son administration, et une perception croissante que Trump est plus intéressé par les guerres culturelles et l’auto-promotion que par la résolution de problèmes concrets affectant les Américains ordinaires.

La fermeture gouvernementale : le facteur déterminant

Si l’on cherche un coupable unique pour l’effondrement de la popularité de Trump, c’est sans aucun doute la fermeture gouvernementale qui a débuté le 1er octobre 2025. Quarante jours plus tard, le 9 novembre, cette paralysie était devenue officiellement la plus longue de l’histoire américaine, dépassant même le record de 34 jours établi par Trump lui-même en décembre 2018-janvier 2019 lors de sa première présidence. Cette fois, l’impasse concerne les subventions de l’Affordable Care Act (Obamacare) : les crédits d’impôt élargis, introduits sous l’administration Biden en 2021 et qui ont permis à 24 millions d’Américains de s’inscrire à l’assurance maladie, arrivent à expiration. Les Démocrates exigent leur renouvellement avant de voter pour rouvrir le gouvernement. Les Républicains, suivant les ordres de Trump qui déteste viscéralement l’héritage d’Obama, refusent. Le résultat? Des centaines de milliers d’employés fédéraux travaillent sans salaire, des parcs nationaux sont fermés, des services essentiels comme l’approbation de prêts hypothécaires et de petites entreprises sont suspendus, et l’économie américaine perd environ 1,5 milliard de dollars par jour selon les estimations économiques. Les files d’attente dans les aéroports s’allongent car le personnel de sécurité de la TSA appelle en masse, incapable de payer leurs factures sans salaire. Les bénéficiaires du programme SNAP (bons alimentaires) craignent que leurs prestations soient coupées, malgré des ordonnances judiciaires exigeant que les paiements continuent.

Le public américain ne se demande pas qui blâmer — les sondages sont clairs : Trump et les Républicains portent la responsabilité. Un sondage ABC News/Washington Post/Ipsos de début novembre montrait que 62% des Américains considèrent Trump et le GOP comme « déconnectés » de la réalité, une perception aggravée par l’image de Trump jouant au golf à Mar-a-Lago pendant que des agents fédéraux font la queue dans des banques alimentaires. Trump lui-même a admis mardi 4 novembre que la fermeture était « un grand facteur, négatif » dans les défaites électorales républicaines, mais il a refusé d’accepter toute responsabilité personnelle, blâmant à la place les Démocrates pour leur « obstruction ». Cette incapacité à reconnaître l’évidence — que c’est sa propre intransigeance sur l’Obamacare qui a provoqué cette crise — illustre parfaitement l’arrogance qui alimente sa chute de popularité. Thomas Gift, professeur agrégé de science politique cité par Newsweek, a résumé la dynamique : « Il est difficile de regarder la fermeture et de ne pas voir qu’elle impacte les sondages de Trump. Même si les gens sont frustrés par les Démocrates, un dysfonctionnement prolongé aide rarement politiquement. Les fermetures tendent à renforcer la perception que Washington est brisé — et bien que les deux partis puissent être critiqués, le président porte habituellement le gros du blâme. »

Les défaites électorales dévastatrices du 4 novembre

Le mardi 4 novembre 2025 a été une journée catastrophique pour le Parti républicain et pour Trump personnellement. Les élections de mi-mandat — bien qu’elles soient techniquement des élections « off-year » puisqu’elles ne concernent pas le Congrès fédéral mais des postes gubernatoriaux, municipaux et d’autres questions référendaires — ont été largement interprétées comme un référendum sur la première année du second mandat de Trump. Et le verdict du public était sans appel : rejet massif. À New York, le candidat démocrate au poste de gouverneur a remporté une victoire à deux chiffres, consolidant le contrôle du parti dans cet État bleu crucial. Au New Jersey, un autre État que les Républicains espéraient secrètement pouvoir arracher aux Démocrates grâce à la frustration économique, les Démocrates ont également gagné par une marge confortable. En Californie, la Proposition 50, une mesure soutenue par les Démocrates qui permettra le redécoupage des circonscriptions congressionnelles en faveur du parti, a été adoptée, menaçant de faire perdre aux Républicains plusieurs sièges à la Chambre lors des vraies élections de mi-mandat en 2026. Mais le coup le plus symbolique et le plus dévastateur a été l’élection à la mairie de New York City de Zoh Mahmoud, un candidat ouvertement socialiste démocrate qui a écrasé ses adversaires dans une ville traditionnellement considérée comme modérée sur le plan économique.

Ces résultats ont déclenché la panique au sein du GOP. Si les Républicains perdent des États bleus comme New York et le New Jersey par des marges aussi larges, et si même des villes comme New York élisent des socialistes, que se passera-t-il lors des véritables élections de mi-mandat en 2026 où tous les sièges de la Chambre et un tiers du Sénat seront en jeu? Les stratèges républicains commencent déjà à préparer un scénario cauchemardesque où les Démocrates reprennent non seulement la Chambre (qu’ils ont perdue en 2024), mais potentiellement même le Sénat, malgré une carte électorale défavorable. Le sondage Emerson College réalisé juste après les élections a révélé des données encore plus inquiétantes pour le GOP : 71% des électeurs démocrates se sentent « motivés » à voter lors des élections de mi-mandat de 2026, contre seulement 60% des Républicains. Cette énorme différence de motivation — un écart de 11 points — suggère que les Démocrates sont énergisés et furieux, tandis que les Républicains sont découragés et apathiques. De plus, 43% des électeurs ont déclaré que leur vote en 2026 serait un rejet de Trump, contre seulement 29% qui verraient leur vote comme un soutien à Trump. Ces chiffres sont catastrophiques pour un président qui espère gouverner efficacement pendant trois ans supplémentaires.

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